Khaled Drareni

Khaled Drareni (خالد درارني en arabe), né le [1],[2] à El Biar à Alger, est un journaliste algérien et militant pour la liberté de la presse. Il est le fondateur de Casbah Tribune. Il est arrêté et incarcéré par les autorités algériennes le après avoir couvert des manifestations du Hirak, puis jugé et condamné à trois ans de prison ferme le pour « incitation à attroupement non armé et atteinte à l'intégrité du territoire national ». Sa condamnation est confirmée en appel, bien que réduite à deux ans, en . Il est libéré le 25 février 2021, et après cassation du jugement en mars, un nouveau procès est attendu.

Biographie

À partir de 2012, après huit années de journalisme, Khaled Drareni travaille pour la chaîne de télévision Dzaïr TV. Il précise son objectif : « Ma mission était de créer et de diriger le service français en toute liberté ». Il anime notamment des débats politiques avec l'émission principale de la chaîne Controverse. L'émission, est suspendue le [3]. Il intègre alors le groupe médiatique Echourouk, qu'il quitte au début de l'année 2019[4]. Il est le fondateur et directeur éditorial du site Casbah Tribune, le correspondant à Alger de l’ONG Reporters sans frontières et travaille pour la télévision francophone TV5 Monde[5]. Son fil Twitter est suivi par 146 000 abonnés[6]. Il animait régulièrement l'émission "Café Presse Politique" avec Ihsane El Kadi sur Radio M.

Couverture du Hirak et arrestation

Depuis le début des manifestations du Hirak en , Khaled Drareni a été convoqué ou arrêté, quatre fois, afin de répondre à des questions, concernant ses activités journalistiques[7]. Le , Khaled Drareni est de nouveau arrêté et placé sous contrôle judiciaire après avoir filmé une manifestation. Il est accusé « d'incitation à attroupement non armé et d'atteinte à l'intégrité du territoire national »[8]. Il est relâché dans un premier temps mais reste sous contrôle judiciaire[9]. L’ONG Reporters sans Frontières adresse une lettre ouverte au Président Abdelmadjid Tebboune, lui demandant d'« intervenir immédiatement pour que soit mis fin à des poursuites abusives, attentatoires à la liberté de la presse » [10]. Le , Khaled Drareni est placé sous mandat de dépôt à la prison d'El-Harrach à Alger[11]. Le , il est déplacé à la prison de Koléa[12].

Condamnation

Le , le parquet algérien réclame quatre ans de prison ferme contre Khaled Drareni et ses deux co-accusés, Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, deux figures du Hirak. Le procureur du tribunal de Sidi M’Hamed requiert également une lourde amende à l’encontre des trois accusés, ainsi que la privation de leurs droits civiques[13]. Malgré un dossier vide, il est condamné le à trois ans de prison ferme ainsi qu'à une amende de 50 000 dinars. Samir Benlarbi et Hamitouche sont eux condamnés à deux ans de prison avec sursis dont quatre mois fermes[14],[6].

Des rassemblements de soutien devant la Maison de la presse à Alger ont été organisés les 24 et [15] pour exiger sa libération.

Le , journée internationale de la démocratie, Khaled Drareni est condamné en appel à deux ans de prison ferme[16] et 200 000 dinars d'amende.

Alors que théoriquement, les journalistes sont protégés de l'emprisonnement en raison de leur statut, la peine a pu être prononcée, la qualification de journaliste lui ayant été refusée au motif qu'il ne détenait pas une inexistante carte de presse[17],[18].

Réactions

Cette condamnation est dénoncée en Algérie par Mohcine Belabbas, le président du RCD, dénonçant « une instrumentalisation de la justice dans le gestion des conflits politiques et contre le comportement citoyen », ainsi que par le Parti des travailleurs[19]

La peine prononcée fait l'objet de vives condamnations par un collège d'experts indépendants de l'ONU, qui réclame sa libération. Le collège met en avant que le journaliste ne faisait que son travail, et que « les accusations portées contre lui constituent une violation flagrante de la liberté d’expression, de la réunion pacifique et d’association »[20]. Amnesty International appelle aussi à sa libération « ainsi que celles des personnes détenues pour avoir osé faire état des violences policières et des arrestations arbitraires pendant les manifestations », évoquant une parodie de justice. La directrice de la zone Moyen Orient et Maghreb s'inquiète de la dérive répressive visant « les journalistes et les militant·e·s qui ont réclamé davantage de démocratie et le respect de l’état de droit en Algérie »[21].

En , une bâche géante de plus de 300 m2 représentant le visage souriant de Khaled Drareni est déployée sur la façade d’un immeuble à Paris. Cette œuvre, en hommage au journaliste, a été réalisée par l’artiste urbain C215 à l’initiative de RSF[22].

Libération

Le , soit trois jours avant le deuxième anniversaire de la première manifestation Hirak algéroise, Khaled Drareni est libéré sous conditions par la cour d'appel en même temps que 32 autres prisonniers, dans le contexte de l'annonce d'une grâce présidentielle[23]. Il s'agirait selon son avocat d'une mesure de liberté provisoire, dans l'attente d'une décision de la Cour suprême le sur son pourvoi en cassation[24]. Le 25 mars 2021, son pourvoi en cassation est accepté, et la Cour suprême casse le jugement. Khaled Drareni doit être rejugé à une date restant indéterminée[25].

Élections législatives de 2021

Le 10 juin 2021, à deux jours des élections législatives anticipées en Algérie, Khaled Drareni a été interpelé par des éléments de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), aux côtés du journaliste Ihsane El Kadi, directeur de Radio M et du site Maghreb Émergent[26].

Ils ont été relâchés dans la journée du 12 juin après une détention de 30 h à la caserne Antar des services de renseignements. Khaled Drareni détaille qu'il a été interrogé sur sa rencontre avec les journalistes français venus en Algérie couvrir les élections législatives, sur les financements dont il disposait, ses rapports avec les organisations MAK et Rachad, sur ses rapports avec Mohamed Larbi Zitout, Amir Dz et le journaliste Abdou Semmar. Les enquêteurs lui ont également demandé s’il était en train d’enquêter sur la vie privée du ministre algérien de la Communication Ammar Belhimer.[27]

Famille

Khaled Drareni est le fils de Sid Ahmed Drareni, un ancien combattant pendant la Guerre d’Algérie [28] et le neveu de Mohamed Drareni, un des fondateurs du syndicat l’Union générale des travailleurs algériens[29].

Notes et références

  1. « Liberté de la presse. Khaled Drareni, symbole de l’oppression des journalistes en Algérie », sur Courrier international,
  2. « Algérie : la presse résiste au rasoir ! », sur afric.com,
  3. Algérie : Khaled Drareni, star de la télé algérienne censurée par le pouvoir Le Point, 15 avril 2014
  4. Khaled Drareni claque la porte du groupe Echourouk L'ExpressDZ, 21 février 2019
  5. « Algérie : Un journaliste de renom poursuivi en justice », sur Human Rights Watch,
  6. Benoît Delmas, Maghreb : la liberté d'opinion sous les barreaux, lepoint.fr, 11 août 2020
  7. Non à la prise en otage du journaliste Khaled DrareniTSA (site web), 9 mars 2020
  8. En Algérie, le journaliste Khaled Drareni placé sous contrôle judiciaire Le Monde. 10 mars 2020
  9. Algérie : le journaliste Khaled Drareni libéré mais placé sous contrôle judiciaire France24, 10 mars 2020
  10. « RSF adresse une lettre ouverte au Président Abelmadjid Tebboune - Reporters sans frontières », sur RSF,
  11. Une pétition dénonce «l’acharnement sécuritaire et judiciaire» contre le journaliste : Placement sous mandat de dépôt de Khaled Drareni El Watan, 30 mars 2020
  12. Étrange transfert du journaliste Khaled Drareni à la prison de Koléa 31 mars 2020
  13. Le Monde avec AFP, « Algérie : quatre ans de prison requis contre le journaliste Khaled Drareni », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le )
  14. Le Monde avec AFP, « Algérie : le journaliste Khaled Drareni condamné à trois ans de prison ferme », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le )
  15. « Rassemblement de soutien pour Khaled Drareni devant la Maison de la presse à Alger », sur TSA, (consulté le )
  16. « Khaled Drareni condamné à deux ans de prison ferme », sur El Watan (consulté le )
  17. Ali Boukhlef, « La “carte de journaliste”, l’arme fatale des autorités », sur Liberté, (consulté le )
  18. « Le journaliste algérien Khaled Drareni condamné en appel à deux ans de prison ferme », sur Le Monde, (consulté le )
  19. « Mohcine Belabbas et le parti de Louisa Hanoune dénoncent la condamnation de Khaled Drareni - Algerie360 », sur www.algerie360.com, (consulté le )
  20. « Algérie : des experts de l’ONU demandent la libération du journaliste Khaled Drareni », sur ONU Info, (consulté le )
  21. « Amnesty International demande la libération immédiate de Khaled Drareni », sur dia-algerie.com (consulté le )
  22. RSF dévoile une bâche géante à Paris en soutien au journaliste algérien Khaled Drareni Le Monde, 15 octobre 2020
  23. « Algérie: plus de 30 détenus d'opinion libérés, dont le journaliste Khaled Drareni », sur TV5MONDE, (consulté le )
  24. « Algérie : le journaliste Khaled Drareni a été libéré de prison », sur Franceinfo, (consulté le )
  25. « Algérie : le journaliste Khaled Drareni, symbole de la liberté d'expression, sera jugé à nouveau », sur France 24, (consulté le )
  26. « Algérie : à deux jours élections législatives, plusieurs journalistes arrêtés », sur Europe 1 (consulté le )
  27. « Khaled Drareni dévoile les raisons de son arrestation », sur ObservAlgérie (consulté le )
  28. « Les parents de Khaled Drareni adressent une lettre à Tebboune », sur Algerie360,
  29. Saïd Djaafer Le journalisme dont Khaled Drareni est le nom Casbah Tribune, 30 mars 2020

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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