Karen Barad

Karen Michelle Barad, née le [1], est une théoricienne, physicienne et féministe américaine particulièrement connue pour sa théorie du « réalisme agentiel ».

Biographie

Elle est professeure d'études féminines, de philosophie et d'histoire de la conscience à l'Université de Californie à Santa Cruz[2]. Elle est l'auteure de Meeting the Universe Halfway: Quantum Physics and the Entanglement of Matter and Meaning, paru en 2007 chez Duke University Press, et de nombreux articles dans les domaines de la physique, la philosophie, les études scientifiques, la théorie post-structuraliste et la théorie féministe.

Sa recherche est pluridisciplinaire et inclut la physique, la philosophie continentale du vingtième siècle, l'épistémologie, l'ontologie, la philosophie de la physique, les études culturelles de la science, les études de science féministe, la théorie féministe, le matérialisme, la déconstruction, le post-structuralisme, le post-humanisme, la science et la justice, l'éthique, la théorie queer et trans.

Karen Barad a obtenu son doctorat en physique théorique des particules et en théorie des champs quantiques à l'Université Stony Brook (état de New York). Sa thèse présente les méthodes de calcul dans le but de quantifier les propriétés des quarks et fermions dans le cadre de la théorie de jauge sur réseau.

La recherche de Barad a été soutenue par la National Science Foundation, la Fondation Ford, la Fondation Hughes, la Fondation Irvine, la Fondation Mellon et la Fondation nationale pour les sciences humaines. Barad est co-directrice du programme de formation professionnelle pour jeunes diplômés « Science et Justice » à UCSC.

Réalisme agentiel

Le réalisme agentiel introduit par Karen Barad reconceptualise les modalités par lesquelles les objets et les connaissances sont examinés et créés dans le champ des activités scientifiques.

Selon la théorie du réalisme agentiel de Barad, le monde est composé de phénomènes qui sont « l'inséparable ontologie d'agencements intra-actifs ». L'intra-action (en opposition à interaction), un néologisme introduit par Barad, représente un profond tournant conceptuel dans les métaphysiques individualistes. Pour Barad, les choses et les objets ne précèdent pas leur interaction, mais plutôt, les « objets émergent à travers des intra-actions particulières ».

La matière est par conséquent un matériau discursif. La matière est substance dans son intra-actif devenir, non pas une chose isolée mais une suite d’agencements dynamiques. La matière est un processus de stabilisation et de déstabilisation d’intra-action interactif. La matière est active, réactive, vivante, articulée. L’espace et le temps ne préexistent pas mais sont reconfigurés dans l’intra-action.

Karen Barad prolonge et révise les positions philosophiques du physicien Niels Bohr, un des fondateurs de la physique quantique. Le réalisme agentiel de Karen Barad est à la fois une épistémologie (théorie de la connaissance), une ontologie (théorie de l'être), et une éthique. Barad utilise le terme d'onto-épistémologie.

Dans le réalisme agentiel de Barad, le monde est fait d'enchevêtrements d’organismes «sociaux» et «naturels», où la distinction entre chacun émerge d’intra-actions spécifiques. L’intra-activité est un dynamisme qui configure et reconfigure les relations de l'espace-temps-matière. En expliquant l’intra-activité, Barad révèle des questions sur la façon dont la nature et la culture interagissent et évoluent dans le temps et reformule leur compréhension dans leurs «interrelations». Ainsi, elle prête une attention particulière à la pratique responsable de la science et met l'accent sur les changements dans la compréhension des pratiques politiques retravaillant de manière singulière la théorie de la performativité de Judith Butler[3]. Karen Barad déconstruit la physique dans le but de reconfigurer la science en relation à la justice[4]. Enfin, elle utilise le réalisme agentiel pour produire une nouvelle interprétation de la physique quantique. Le réalisme agentiel est bien plus qu'un moyen de réflexion sur la science, il peut être utilisé pour lui-même faire de la science.

La plupart des recherches universitaires de Karen Barad traitent du concept de réalisme agentiel. Ses théories ont pris leur essor dans de nombreux champs académiques incluant : l'étude des sciences, les STS (Sciences, technologies et société), la technoscience féministe, la philosophie des sciences, la théorie féministe et la physique. En addition aux recherches de Bohr, son travail tisse de nouveaux liens avec les travaux de Michel Foucault et de Judith Butler concernant la matérialité de la pratique du discours comme Barad le démontre dans son article Getting Real: Technoscientific Practices and the Materialization of Reality paru dans le journal féministe Differencies en 1998.

Meeting the Universe Halfway (2007) est une découverte originale en physique théorique largement méconnue des écrits habituellement catégorisés dans l"études des genres ou la « théorie culturelle ». Dans ce livre, Karen Barad réfute que le réalisme agentiel est un outil d'analyse et un moyen d'approcher et de comprendre plusieurs champs des connaissances comme la politique ou l'éthique.

Les recherches de Karen Barad sur les différents points cités comme la science, l'éthique ou la connaissance révèlent des similitudes avec d'autres études scientifiques universitaires tels que Bruno Latour, Donna Haraway, Andrew Pickering[5], et Evelyn Fox Keller.

Œuvres

  • Karen Barad, Meeting the Universe Halfway: Quantum Physics and the Entanglement of Matter and Meaning, Durham, North Carolina, Duke University Press, 2007 (ISBN 9780822339175)

Notes et références

  1. Karen Barad par Ydalisse Pérez Badillo, Prezi, 17 septembre 2012
  2. Karen Barad, Feminist Studies, UCSC, ucsc.edu
  3. Karen Barad, Posthumanist Performativity - Toward an Understanding of how Matter comes to Matter, 2003
  4. Karen Barad, Quantum Entanglements and Hauntological Relations of Inheritance - Dis-continuities, SpaceTime Enfoldings, and Justice to Come, 2010
  5. Post-Humanist Performativity and the Mangle of Practice, 18 février 2013

Liens externes

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