Joseph Duruey

Joseph Duruey, seigneur de Sannois, né en 1741 et mort guillotiné à Paris le , est un administrateur et financier français, administrateur du Trésor du roi Louis XVI sous l'ancien Régime, puis de la Trésorerie nationale de 1790 à 1792 et conseiller d'État.

Biographie

Joseph Duruey exerce la fonction de maître des requêtes à Poitiers en 1782[1].

Il achète une charge de secrétaire du roi en 1782 et obtient le poste de receveur général des Finances de la Généralité de Poitiers en 1783.

Puis, il achète la charge d'agent de change et il est nommé à la cour de Versailles, trésorier des Affaires étrangères, et banquier de la cour en 1787.

Il est administrateur de la Caisse d'Escompte de 1787 à 1792 et administrateur du Trésor royal sous l'ancien Régime, puis de la Trésorerie nationale de 1790 à 1792.

Condamné par le Tribunal révolutionnaire de Paris, il est guillotiné le 28 ventôse de l'An II (), sur la place de la Révolution à Paris.

Il était propriétaire du château de Mortefontaine.

Famille

La famille Duruey résidait au XVIIe siècle à Paris. Edmé Duruey, grand-père de Joseph, était cocher du duc de Mecklembourg (1623-1692), époux d'Élisabeth-Angélique de Montmorency-Bouteville, (1627-1695) à Paris.

Joseph est le fils de Pierre Duruey (1697-1767) et d'Anne Nicole Loignon de Beaupré. Il épouse à Paris le à Saint-Eustache, Jeanne Morin, qui lui donne deux filles :

  • Antoinette, (1768-1816). Elle épouse Vincent Philippe de Laage de Bellefaye (1764-1824), fils de Clément de Laage, ancien fermier général, qui fut guillotiné au cours de la même année que Joseph Duruey, en 1794. Le jeune ménage de Laage de Bellefaye est à l'origine d'une nombreuse postérité.
  • Angélique, (1770-1851). Elle épouse Antoine Pierre de Chaumont de La Galaisière (1759-1846).

Le , Joseph Duruey et son épouse, Jeanne Morin, achètent à Louis Le Peletier de Mortefontaine[2], le château de Mortefontaine dans l'Oise. Le domaine tombe dans le giron de l'État, comme Bien national, après la condamnation de Duruey, en 1794. C'est le frère du Premier consul, Joseph Bonaparte qui s'en portera acquéreur par acte du [3].

La Révolution

Joseph Duruey, ancien administrateur de la trésorerie royale, est maintenu à son poste avec le titre d'administrateur de la Trésorerie nationale, sous les régimes de l'Assemblée nationale constituante (-) et de l'Assemblée nationale législative (-). Pendant ces périodes, il est également confirmé à son poste d'administrateur de la Caisse Nationale d'Escompte

  • Le , l'Assemblée, informée des besoins urgents de l'État, décrète la levée d'un grand emprunt national de 30 millions dont l'émission est confiée aux soins de Joseph Duruey.
  • Le , le roi autorise Joseph Duruey à signer et à délivrer à la Caisse d'Escompte, cent soixante dix millions d'assignats, conformément aux décrets votés par l'Assemblée nationale les 19 et .

Mais, au mois de février 1791, le roi informe en grand secret Joseph Duruey de son intention de partir en exil en suivant le Plan d'évasion vers Montmédy concocté par l'évêque de Pamiers[4]. Et pour financer son projet, il sollicite un prêt de son fidèle trésorier: Selon les actes enregistrés en au procès du roi[5]: Joseph Duruey lui a prêté la somme de 3.200.000 livres, à un taux d'intérêt de 5%, prélevée sur sa cassette personnelle. La fuite avortée du roi à Varennes les 20 et , n'avait pas permis aux révolutionnaires de découvrir l'origine de ce financement et Joseph Duruey ne semble pas avoir été recherché comme complice à cette époque[6].

Toutefois, à la suite de la prise du palais des Tuileries en date du , sous le régime de la Convention nationale, le ministre de l'intérieur Jean-Marie Roland de La Platière découvre une Armoire de fer dissimulée dans le mur des appartements royaux et communique à l'Assemblée des documents compromettant gravement l'entourage de Louis XVI, et notamment les relevés de comptes de Joseph Duruey[7].

Emprisonné à la Conciergerie Joseph Duruey, administrateur de la Trésorerie nationale, est condamné à mort comme conspirateur, le 28 ventôse de l'an 2, () et guillotiné le même jour[8].

Notes et références

  1. Sylvie Nicolas, Les derniers Maîtres des requêtes de l'ancien Régime (1771-1789). Dictionnaire prosolographique. Vol 51. Mémoires et documents de l'École des Chartes-1998
  2. C'est ce personnage qui est à l'origine du nom de la rue Le Peletier, à Paris, dans le 9e arrondissement
  3. Geneviève Mazel, Les grandes heures de Mortefontaine. Bulletin no 59-60. Beauvais 1993; (Gemos)
  4. Dès septembre 1790, il semble, en effet, que le plan initial est apporté par l'évêque de Pamiers, qui l'aurait mis au point avec le marquis de Bouillé, commandant de les troupes de l'Est (André Castelot, Le Rendez-vous manqué de Varennes, Librairie académique Perrin, 1971, p.47)
  5. Poncelin de La Roche-Tilhac, Le procès de Louis XVI ou collection complète des opinions, discours et mémoires des membres de la Convention nationale sur les crimes de Louis XVI, Debarle. 1795. T.1, p.7: "En fin de compte final de cette expédition de Varennes, le projet par le roi est arrêté le 16 avril dernier sur une lettre signée Choiseul-Stainville (Liasse D02)...Nous estimons qu'elle a couté 6.066.800 livres à la liste civile, dont 3.200.000 livres avaient été empruntées au sieur Duruey dans les mois de février et d'avril 1791. Le reste fut fourni par le trésorier Setpteuil depuis mai jusqu'en juin (Liasse A, no 5, Livre vert, liasse D"
  6. Duruey est intervenu à titre personnel dans le prêt accordé au roi, sa position d'administrateur de la Trésorerie nationale ne lui permettant pas de détacher des fonds publics au profit du souverain. En revanche, Jean-Baptiste Tourteau de Septeuil, ancien valet de chambre et confident de Louis XVI, venait d'être nommé trésorier de la liste civile - indépendante de la Trésorerie nationale depuis 1790 -et, à ce titre, il pouvait disposer librement des fonds au profit du roi. Pour sa part, Septeuil a réussi à échapper aux poursuites des commissaires chargés de l'arrêter en 1792. Il a survécu jusqu'en 1812.
  7. Dufriche-Valazé, député du département de l'Orne, Rapport fait à la convention nationale au nom de la commission extraordinaire des VINGT-QUATRE, le 6 novembre 1792, l'an Ier de la République, sur les crimes du ci-devant roi, dont les preuves ont été trouvées dans les papiers recueillis par le Comité de Surveillance de la Commune de Paris, Imprimé par ordre de la Convention nationale.(Parmi les dossiers, figuraient les traites au bénéfice de Duruey, portant la signature et le sceau de Louis XVI)
  8. Il est précédé par Arnaud de La Porte, ancien maître des requêtes, intendant de la Liste civile, ministre de la Maison du roi, qui est guillotiné le 24 août 1792

Articles connexes

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