Jeannie de Clarens

Jeannie de Clarens, née Rousseau le à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord) et morte le [1],[2] à Montaigu (Vendée), est une résistante déportée, membre du réseau Alliance.

Pour les articles homonymes, voir Clarens et Rousseau.

Elle était grand officier de la Légion d'honneur, et titulaire de la médaille de la Résistance et de l'Agency Seal Medal (en) décernée par la CIA.

Biographie

Famille

Après la Première Guerre mondiale dans laquelle il a combattu, son père, Jean Rousseau, a été haut fonctionnaire (diplomate) au ministère des Affaires étrangères pour lequel il a effectué de nombreux voyages au Proche-Orient. Ce qui explique probablement que sa fille parle plusieurs langues dont couramment l'allemand.

Formation

Après de brillantes études, elle a été diplômée de Sciences Po en 1940[3].

Résistance

R. V. Jones, R. James Woolsey et Jeannie de Clarens en 1993.

En , après la débâcle Paris se vide et son père décide de quitter la capitale occupée. Il emmène son épouse et sa fille unique à Dinard. Le maire de la ville, ami de ses parents, la sollicite pour un travail d'interprète afin de faciliter les négociations entre les services locaux et les autorités allemandes. Walther von Reichenau, commandant de la 6e armée y a installé son Quartier général.

Dès cette époque, elle communique toutes les informations qui peuvent être utiles pour connaître les projets et les préparatifs de l'occupant.

En 1941, soupçonnée, elle est arrêtée par la Gestapo et emprisonnée à la prison de Rennes. Elle est relâchée par manque de preuves mais est contrainte de quitter la région. De retour à Paris fin 1941, Jeannie devient secrétaire dans un bureau de relations publiques, chargée de faire le lien entre l’occupant et les industriels français. La même année[4], elle est recrutée par Georges Lamarque, alias « Pétrel », au sein du sous-réseau « Les Druides » qu'il dirige, et qui est rattaché au réseau de renseignement Alliance. Son nom de code dans le réseau est Amniarix[5].

Elle réalise en 1943 un des plus grands exploits du réseau « Alliance ». Ayant réussi à être engagée dans un organisme professionnel d’entente entre le patronat français et les services allemands à la recherche de fournisseurs, elle a réussi à accumuler de nombreuses informations sur les « armes secrètes » (V1 et V2) mises au point par les Allemands à Peenemünde. Le rapport très précis et détaillé qu’elle transmet en 1943, qui constitue les premières informations concernant ces armes, est la « confirmation indispensable » dont ont besoin les services britanniques[6]. Le rapport est transmis au professeur Reginald Victor Jones[4], et décide l'armée britannique à bombarder la base de Peenemünde. Le bombardement, effectué le avec près de 600 avions, fit d’énormes dégâts et tua plus de 500 techniciens et experts, retardant ainsi de plusieurs mois les attaques de V2 sur l’Angleterre.

Déportation

Alors qu'elle doit partir pour Londres présenter un nouveau rapport, elle est arrêtée à La Roche-Derrien le [7] en compagnie de plusieurs camarades du réseau, dont deux seuls parviennent à s'échapper. Emprisonnée et interrogée à la prison Jacques Cartier de Rennes, elle est déportée de Pantin le 15[4] ou le vers le KL Ravensbrück (matricule 57661). Puis elle est envoyée au camp de travail de Torgau où elle organise une manifestation pour protester contre l'utilisation des prisonnières à la fabrication de munitions. Transférée alors au camp disciplinaire de Königsberg, elle y recense les prisonnières et fait passer ce recensement au camp de prisonniers de guerre du Stalag I-A tout proche, en espérant qu'il sera transmis à la Croix-Rouge. Puis elle s'évade du camp pour rejoindre clandestinement celui de Ravensbrück, afin de s'y cacher[4]. Bien que dénoncée, elle survit à la libération du camp, et est rapatriée par la Croix-Rouge en [4].

Notes et références

  1. lefigaro.fr, « Décès de l'ancienne résistante Jeannie de Clarens », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
  2. (en) « Jeannie Rousseau de Clarens, Valiant World War II Spy, Dies at 98 », sur The New York Times, (consulté le )
  3. « Sciences Po », sur Le Figaro
  4. (en) David Ignatius, « Amniarix, "The Reluctant Spy" : After Five Decades, a Spy Tells Her Tale. », The Washington Post, (lire en ligne)
  5. Les vétérinaires morts pour la France pendant la guerre de 1939-1945, dans le Bulletin de la Société française d'histoire de la médecine et des sciences vétérinaires, octobre 2010.
  6. Fourcade, tome 2, p. 281.
  7. Fourcade, tome 2, p. 273.

Bibliographie

Marie-Madeleine Fourcade, L'Arche de Noé, t. 2, Paris, éditions Fayard, coll. « Le Livre de poche » (no 3140), (réimpr. 1998) (1re éd. 1968), 446 p. 

Liens externes

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