Jeanne de Divion

Jeanne de Divion, née vers 1293 et brûlée vive le dimanche à Paris, est une aventurière française.

Biographie

Elle était la fille et l’héritière d’Havet de Divion, gentilhomme de la châtellenie de Béthune, héritier d’une des plus illustres familles d’Artois, mais complètement ruinée. Pour renflouer sa fortune, celui-ci avait épousé Sara Louchard, fille d’un riche banquier juif d’Arras.

Havet se joint en 1315 à la ligue des barons dirigée par Robert III d'Artois, en révolte contre la comtesse Mahaut d'Artois (1268-1329). Il s’empare des biens que possède, à Houdain, Thierry Larchier d'Hirson (chancelier de la comtesse Mahaut d’Artois et évêque d’Arras[2]).

D’une grande beauté et d’une vive intelligence, Jeanne de Divion hérite de son père un esprit d’intrigue et de sa mère un don de prescience. Comme sa mère, elle fait un beau mariage en épousant le représentant d'un des plus anciens lignages nobles de Champagne, le chevalier artésien Pierre de Broyes[3]. Très versée en astrologie, elle mène une vie dissolue et devient à partir de 1316, la concubine de l’évêque Thierry Larchier d’Hirson.

À la mort de l'évêque en 1328, la comtesse Mahaut est exécutrice testamentaire de son ancien conseiller ; elle fait délivrer à Jeanne de Divion la somme de 3 000 livres qu’il lui a léguée, mais attaque le testament comme étant fondé sur une liaison adultère avec un évêque, et obtient la restitution. Jeanne de Divion est alors arrêtée et mise sous la garde de Martin de Neufport, sergent de la prévôté de Beauquesne, qu’elle parvient à convaincre de la conduire à Paris pour implorer la protection de Mahaut. Elle parvint alors à s’échapper et à rencontrer Robert d'Artois, auquel elle fournit de faux titres lui permettant de revendiquer le comté d’Artois, dont il estimait avoir été dépossédé au profit de Mahaut d'Artois. Mais, cette dernière († 1329) meurt subitement, et l'année suivante sa fille Jeanne II de Bourgogne meurt à son tour ; la rumeur accuse Jeanne et Robert de les avoir empoisonnées.

Les faux en écriture étant découverts, le roi Philippe VI de Valois fait arrêter en 1331 Jeanne de Divion par Mahieu Maistrier, sergent d’armes de Jeanne de France, comtesse de Bourgogne et d’Artois, afin de la livrer au parlement. Elle est condamnée et brûlée vive, sur la Place aux Pourceaux, à Paris[4] près de la porte Saint-Honoré.

Ouvrages et adaptations

Jeanne de Divion dans Les Rois Maudits

Jeanne de Divion apparaît dans le 6e tome des Rois maudits de Maurice Druon. Elle est incarnée par Annie Bertin dans l’adaptation télévisuelle faite par Claude Barma, en 1972 et par Sophie Broustal dans celle de Josée Dayan, en 2005.

Druon s’éloigne de la réalité historique en faisant de Jeanne un personnage secondaire de comparse. Elle est décrite comme une intrigante de petite bourgeoisie, sotte, bavarde et sans réelle personnalité.

Or, en réalité, tous les témoins de son temps lui reconnaissent un esprit supérieur mis au service d’une bien mauvaise cause. Robert d’Artois l’a traitée en égale : elle était noble et il ne l’aurait jamais tutoyée ou menacée comme une vulgaire faussaire. Ils reconnaissent également la beauté de Jeanne – formosa pellex – et sa grande perversité. Curieusement, le personnage de Béatrice d'Hirson est un condensé de celui de Jeanne de Divion.

Notes et références

  1. Tirée de Pierre Dufour (Paul Lacroix), Histoire de la prostitution chez tous les peuples du monde : depuis l'antiquité la plus reculée jusqu'à nos jours, Paris, Librairie encyclopédique de Périchon, 1861.
  2. Antoine Le Roux de Lincy, in Revue de Paris
  3. Antoine Le Roux de Lincy, Revue de Paris, 1839, p. 192
  4. Jacques Vivent, La Guerre de Cent Ans, 1954, p. 47

Bibliographie

  • Charles Clémencet, L’Art de vérifier les dates des faits historiques, 1818.
  • Antoine Le Roux de Lincy, « Le Procès de Robert d’Artois », in: Revue de Paris, 1839, p. 190 — en ligne.
  • Alexandre Dumas, La Comtesse de Salisbury, 1861.
  • René de Belleval, La Première campagne d’Édouard III en France, 1864.
  • Edmond Lecesne, Histoire d’Arras depuis les temps les plus reculés jusqu’en 1789, 1876
  • Édouard Bourgeois, Histoire de Divion, 1895.
  • Thomas de Cauzons, Magie et la sorcellerie en France, 1910.
  • Henri d'Alméras, « Un procès de faux et d’envoûtement au Moyen Âge », in: Œuvres libres, Paris, Fayard, septembre 1927 — lire en ligne.
  • Raymond Cazelles, La Crise politique et la crise de la royauté sous Philippe de Valois, 1958.
  • Gilette Ziegler, Histoire secrète de Paris, 1967.
  • Nicolas Chareyron, Jean Le Bel - Le Maître de Froissart, Grand Imagier de la guerre de Cent Ans, De Boeck Université, 1996
  • A. d’Hericourt, Archives historiques du Nord de la France (notice sur Jeanne de Divion).[Où ?]
  • Hubert Lamant, Histoire et généalogie de Divion.[Où ?]
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