Jean Eschbach

Jean Eschbach, alias « capitaine Rivière », né le à Guebwiller et mort le à Poligny, est un industriel et un résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est membre de la Septième colonne d'Alsace (réseau Martial) dès sa création. Il participe à la fondation et aux combats du Groupe mobiles d'Alsace (GMA) Vosges et devient chef d'état-major de Marcel Kibler le responsable des Forces françaises de l'intérieur d'Alsace (FFIA). Il commande le camp de concentration de Natzweiler-Struthof la à libération. Enfin, à la tête de section de FFIA, il assure la défense du nord de Strasbourg, jusqu'à l'arrivée de l'armée française, lors de l'offensive allemande de janvier 1945.

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Biographie

Jean Eschbach est né allemand pendant l'annexion de l'Alsace de 1870-1918. Comme beaucoup d'Alsaciens, il changera trois fois de nationalité au gré des événements historiques de sa région (1870 Allemand, 1918 Français, 1940 Allemand, 1945 Français). Il est profondément francophile et patriote.

Première Guerre mondiale

Comme beaucoup d'Alsacien, il est mobilisé dans l'armée allemande mais, le , il déserte au cours d'une patrouille de reconnaissance sous un tir d'artillerie à quelques kilomètres au nord-est d'Ypres, dans les Flandres. Il rejoint l'armée française où il devient interprète au deuxième Bureau comme officier de réserve. Après la guerre il continue de travailler pour ce service[1].

L'entre-deux-guerres

Pendant l'entre-deux-guerres, il s'engage politiquement et adhère à l'Action française et à sa fédération nationale des Camelots du roi. Il y fait connaissance de Paul Armbruster et de Paul Dungler, chef de la section de Thann[1].

En 1920, il ouvre le magasin de fourrures Balzer rue des Grandes-Arcades à Strasbourg. En 1935, il quitte l'Alsace pour s'installer à Sainte-Foy-la-Grande. En 1939, il achète une tannerie à Poligny[1].

Résistant pendant la Seconde Guerre mondiale

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il n'est pas mobilisable,[Notes 1] mais il s'engage comme volontaire dans l'armée française en décembre 1939. Lors de la campagne de France, il participe aux combats de Dunkerque. Après l'armistice, il revient à Poligny[1].

Septième colonne, GMA et FFI

Très rapidement, il reprend contact avec le deuxième Bureau et ses amis de l'Action française qui viennent de créer la Septième colonne d'Alsace (réseau Martial) dirigée par Paul Dungler[2]. Il adhère à l'organisation clandestine et en devient un élément essentiel. Sous le nom de code de « Mozart », il effectue de nombreuses liaisons entre l'Alsace et l'état-major de Lyon. À Poligny, il recueille les évadés d'Alsace ainsi que de nombreux renseignements venants de cette région ou d'Allemagne.

Après l'occupation de la zone libre, il prend le nom de code de «  Jean Rivière ».

En août 1943, Paul Dungler part en Afrique du Nord ce qui l'éloigne de la résistance alsacienne. Désormais, c'est Marcel Kibler allias « Marceau » qui prend la tête du réseau. Dès sa création en 1940, la Septième colonne d'Alsace (réseau Martial) prévoyait une mobilisation en Alsace pour appuyer l'arrivée des troupes françaises de libération. Elle dispose d'une organisation pour la levée de combattants. C'est cette ossature qui sert à la création des Forces françaises de l'intérieur en Alsace (FFIA) dont Marcel Kibler prend le commandement. Jean Eschbach devient son chef d'état-major avec le grade de capitaine[3].

Le 15 mai 1944, ils installent leur poste de commandement dans la ferme Vuilmin au lieu-dit la Basse-Jolie à Neuveville-lès-Raon pour préparer l'intervention du Groupe mobile d'Alsace (GMA) Vosges en cour de création[3].

Il accompagne Marcel Kibler à la réunion clandestine de Grendelbruch, du 17 au , qui met en place l'organisation des FFIA et donne les ordres pour la libération de l'Alsace. Par dérision Jean Eschbach le surnomme, le lieu de réunion, un chalet, « Berchtesgaden », car « comme Hitler de son nid d'aigle près de Berchtesgaden en Bavière, rêve de la conquête du monde, la Résistance d'Alsace va du haut de ce chalet, préparer la libération de son pays »[4],[2],[5].

Il participe aux combats du Groupes mobile d'Alsace (GMA) Vosges qui est presque totalement détruit au combat de la ferme de Viombois. Fin septembre, il rallie la 2e DB avec deux Britanniques des Special Air Service (SAS) de l'opération Loyton[3],[4].

Jean Eschbach retraverse plusieurs fois les lignes allemandes pour faire des reconnaissances pour la 2e DB et maintenir le contact avec la Résistance alsacienne[4]. Puis il organise la participation des FFIA aux combats de la libération[1].

Début décembre 1944, Marcel Kibler le nomme responsable du camp de concentration de Natzweiler-Struthof qui a été libéré[Notes 2] et où sont détenus les civils allemands faits prisonniers lors de la libération de Strasbourg[Notes 3][3].

La défense de Strasbourg avec les FFI

Le , les Allemands lancent l'opération Nordwind. Surprise, l'armée américaine décide de reculer vers Haguenau abandonnant la défense de Strasbourg menacée par une tête de pont établie par les Allemands, le 5 janvier à Gambsheim. Marcel Kibler demande à Jean Eschbarch de rejoindre Strasbourg pour participer à sa défense. A son arrivée, il se porte volontaire pour organiser la défense au nord de la ville auprès du commandant Kiefer alias « François », responsable des FFI du Bas-Rhin. Sa mission est de tenir jusqu'à l'arrivée de l'armée française et de « nettoyer » le confluent de l'Ill et du Rhin[4].

Il installe son PC au nord de la Roberstau au lieu-dit « Fuchs am buckel » et établit une première ligne de défense s'appuyant sur le Fort Ney et l'ouvrage intermédiaire Neuf-empert avec les sections FFI de la vallée de Schirmeck, de Molsheim, Haguenau et de Barr. Il est rapidement renforcé par une section du 3e régiment de tirailleurs algériens. À l'arrivée de l'armée française, Jean Eschbach a nettoyé le confluent et le tient en s'appuyant sur les casemates de la ligne Maginot. Il déplace son PC à la Wantzenau et avec ses sections participe aux combats de Killstett[4].

Une fois démobilisé, Jean Eschbach reprend sa tannerie à Poligny.

Décorations

Reconnaissance

Notes et références

Notes

  1. Il a 45 ans et quatre enfants et de ce fait non mobilisable.
  2. Jean Eschbach a réalisé le plan de libération du camp qui devait être libéré par le Groupe mobile Alsace (GMA) Vosges. Ce plan est abandonné à la deuxième réunion de Grendelbruch.
  3. Les prisonniers militaires sont détenus au camp de sûreté de Vorbruck-Schirmeck.

Références

  1. Eric Le Normand (ill. Christophe Clavel), La résistance des Alsaciens, copyright 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 1152172696, lire en ligne)
  2. Bernard Reumaux, Alfred Wahl et Saisons d'Alsace, Alsace, 1939-1945 : la grande encyclopédie des années de guerre, Nuée bleue, (ISBN 978-2-7165-0647-2 et 2-7165-0647-7, OCLC 402294507, lire en ligne)
  3. A. Simon, Marcel Kibler, alias commandant Marceau, raconte la résistance alsacienne, J. Do Bentzinger, (ISBN 978-2-84960-137-2 et 2-84960-137-3, OCLC 249026250, lire en ligne)
  4. Eschbach, Jean. Auteur., Jean de Poligny : G. M. A. Vosges : d'après les souvenirs du capitaine Rivière, imp. Jacques et Demontrond, (OCLC 879644400, lire en ligne)
  5. Béné, Charles., L'Alsace dans les griffes nazies ..., t. 7 : 1944-1945 : Le tribut de pleurs et de souffrances payé par l'Alsace française pour la libération., Fetzer, 52, rue Jules-Ferry, 1971-<[1988]> (OCLC 2012758, lire en ligne)
  6. Cité dans l'article Wikipédia King's Medal for Courage in the Cause of Freedom.

Voir aussi

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie

  • Eric Le Normand (avec l'aide de Sébastien Eschbach), Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « Jean Eschbach », dans La résistance des Alsaciens, Fondation de France, département AERI, (ISBN 978-2-915742-32-9).  DVD pédagogique ;
  • André Simon, Marcle Kibler raconte la résistance Alsacienne, Jérôme Do Benteinger, , 262 p. (ISBN 9782849601372). 
  • Jean de Poligny, G.M.A Vosges : D'après les souvenirs du capitaine Rivière, , 245 p. 
  • Bernard Reumaux et Alfred Wahl (préf. André Bord), Alsace 1939-1945 : La grande encyclopédie des années de guerre, La Nuée bleue, , 1664 p. (ISBN 978-2-7165-0647-2)

Articles connexes

Liens externes

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