Jean Desbouvrie

Jean Baptiste Desbouvrie dit Jean Desbouvrie, né le à Roubaix, dans le (Nord), et mort le dans la même ville, est un dresseur d'oiseaux amateur et inventeur français.

Il pensait pouvoir utiliser les hirondelles à des fins de communication militaire. À la fin du XIXe siècle, Desbouvrie parvint à convaincre le gouvernement français de lui confier des études de faisabilité sur l'utilisation militaire d'hirondelles comme messagères. Il est surnommé L'hirondelliste militaire par la presse[1].

Ses premières expériences montre que les hirondelles disposent d'une capacité à retrouver leur nid et que, quand elles le font, elles battent de vitesse les pigeons voyageurs. Desbouvrie réussit à contrarier le comportement migrateur naturel de ses oiseaux. Cependant, après avoir obtenu le soutien du gouvernement, Desbouvrie néglige ses recherches, qu'il n'a jamais menées à bien dans le cadre d'une expérimentation rigoureuse.

Outre ses expériences sur les oiseaux, Desbouvrie travaille sur l'alcoolisme. Il soumet à l'Académie nationale de médecine de Paris, un mémoire sur l'alcoolisme chronique. L'académie a publié son mémoire, qui présente l'alcoolisme chronique comme un problème majeur de santé publique et apporte une solution contre la gueule de bois. La théorie avancée par Desbouvrie est qu'en consommant de la nourriture comportant une quantité appropriée d'albumine et de graisse, il est possible de se protéger contre les effets négatifs de l'alcool.

Biographie

Jean Desbouvrie, né Jean Baptiste Desbouvrie[2][3], dans le hameau dit du Triez Saint-Joseph à Roubaix, est le fils de Frédéric Joseph Desbouvrie, domestique (1820-1885) et de Catherine Joseph Derain, ménagère (1807-1866). Le grand-père de Jean Desbouvrie est Félix Desbouvrie, originaire de Luingne en Belgique. Jean Desbouvrie a un frère, Marie Joseph Henri (1847-1907) et une sœur, Joséphine Joseph (1845). Son père se remarie en 1869 avec Rosine Augustine Joseph Tettelin (1819-1887).

Au cours de ses tournées de travail de Roubaix à Tourcoing[4] pour le compte de son père qui est marchand dans les déchets de coton, alors qu'il a 11 ans, il profite de ses livraisons pour capturer des hirondelles en volant des nids le long de son chemin. Il montre un grand intérêt grandissant pour les oiseaux et se persuada que, contrairement aux croyances populaires, on pouvait dresser les hirondelles. Il parvint finalement à dresser une douzaine d'hirondelles, qui le suivaient, lui tournaient autour et se posaient sur ses épaules en pleine rue. Il a non seulement pu les apprivoiser, mais aussi les élever, les faire tenir dans leur cage, entrer et sortir comme des pigeons et, ce qui est plus extraordinaire, les acclimater. « Si l'hirondelle nous quitte à la fin de l'été » dit-il, « c'est moins par peur du froid que par manque de nourriture[5]. »

Jean Desbouvrie, alors sans emploi, se marie le avec Julie Marie Debuchy (1850-1899) à Roubaix, sans profession, fille de Pierre François Joseph Debuchy (1817-1871), marchand de patate et de Fidéline Joseph Dervaux (1817-1888), ménagère[6]. Le père de Jean Desbouvrie est à ce moment, marchand de fruits. Le couple aura sept enfants, Jean Baptiste Frédéric (1870), Henri (1873-1941), Justine (1876-1941), Julia Marie (1878-1879), Jules (1880-1942), Julia (1882-1927) et Charles Henri (1885-1962). Le couple habite depuis la naissance de Justine en 1876, rue Turgot.

Il travaille comme marchands de déchets avec son père et ce dernier fait paraitre dans le journal de Roubaix du , une annonce pour dire que messieurs Frédéric Desbouvrie, père et fils n'ont rien de commun avec Auguste Desbouvrie, marchands de déchets, rue de France[7]. Le père de Jean Desbouvrie décède en , rue Rollin à Roubaix. Son nom est parfois orthographié Desbouvries comme sur des articles de presse ou dans le recensement de la ville de Roubaix de 1896[8].

Hirondellier de Jean Desbouvrie sur le quai de la Vigne, au bord du Canal de Roubaix (actuel quai de Rouen).

Recherches sur les hirondelles

Remplacer les pigeons par les hirondelles

Dans le Nord de la France et en Belgique le passe-temps des ouvriers pendant leurs moments de loisirs est de s'occuper de l'élevage et du dressage des pigeons voyageurs. Des sociétés, qui ont de nombreux adhérents, sont constituées dans le but d'organiser des concours à longue distance pour les pigeons. Souvent les prix affectés aux gagnants sont fort importants. La colombophile est en expansion depuis ces dernières années. En 1849 est créée la première association colombophilie de Roubaix, Le cercle Union[9]. Lors de la Guerre franco-allemande de 1870, des pigeons voyageurs ont été utilisés par les français pour communiquer à l'insu de l'occupant prussien. Le préfet français du département du Nord, Achille Testelin décide d’envoyer à Paris, avant que les lignes de chemin de fer ne soient coupées, des pigeons qui pourraient rapporter des nouvelles de la capitale. 1 500 pigeons sont réunis à Roubaix et Tourcoing, accompagnés de deux colombophiles, Julien François de Tourcoing et Louis Leman de Roubaix. Jean Desbouvrie qui a connu ce conflit pense que l'on obtiendrait des résultats plus satisfaisants encore si l'on pouvait remplacer les pigeons par les hirondelles, dont le vol est de beaucoup plus rapide.

Élevage et entraînement des hirondelles

Le pont de la Vigne et le quai de Rouen sur la gauche (L'hirondellier de Jean Desbouvrie apparait à gauche).

Jean Desbouvrie achète vers 1885, une petite maison, sur le quai de la Vigne (actuel quai de Rouen), à côté du pont de la Vigne dit pont Salembier, sur le bord du canal de Roubaix qui relie l'Escaut à la Deûle, dans le hameau dit de la Grande Vigne, limitrophe de Wattrelos[10],[11],[12]. Cette maison appelée parfois Villa de Desbouvrie lui sert d'élevage d'hirondelle et de lieu de démonstration. Il y fabrique un hirondellier qui occupe l'étage supérieur. Il y a deux chambres, l'une est transformée en une grande cage, l'autre adjacente s'ouvre sur un balcon et fait office d'antichambre[13]. Albert de Rochas d'Aiglun relate les expériences de Desbouvrie dans la revue des sciences Cosmos en 1885 et ce dernier précise qu'il a une préférence pour les Hirondelles à gorge rousse[4].

La cage contient vingt jeunes oiseaux, douze d'entre eux sont autorisés à entrer et à sortir à loisir, les huit autres sont maintenus en captivité et vendus à des amateurs. Les hirondelles sont facilement identifiables, ont un peu de soie colorée sur les pattes et l’âge et la qualité de chaque oiseau sont enregistrés. Par exemple, une pièce de soie rouge indique une hirondelle parfaitement entraînée, tandis qu'une pièce bleue en désigne une dont l'entraînement n'est pas encore terminé. Quatre des petits prisonniers, les plus âgés pas plus de vingt jours, ont été relâchés.

La revue The Zoologist : a monthly journal of natural history cite Desbouvrie : « Donnez-lui un abri exposé au sud et une nourriture qu’elle pourra manger, elle restera avec nous tout au long de l’hiver comme de l’été. En effet quand la belle saison est finie, l'air cesse d'être rempli d'insectes et l'hirondelle migre pour échapper à la famine[5]. »

Il explique qu'un jour, il a ouvert la cage et les oiseaux se sont soulevés dans les airs, ont fait plusieurs fois le tour de la maison, puis se sont dirigés vers la campagne, disparaissant à l'horizon. Vingt-cinq minutes après il a vu le retour du plus jeune qui s'est perché sur le balcon et les trois autres ne sont pas revenus avant une heure. Ils sont tous ensuite entrés dans la salle des cages, quand il leur a donné de la nourriture[14].

Un rapport de 1889 décrit l'entraînement des hirondelles : « Quatre de ses petits prisonniers, dont le plus vieux n'avait pas 20 jours, ont été lâchés. Il pleuvait à verse à ce moment, circonstances peu favorables à l'essai. Les oiseaux se sont élevés dans les airs, ont effectué plusieurs tours dans le ciel autour de la maison, avant de disparaître dans la campagne. 25 minutes plus tard, le plus jeune rentrait et se perchait sur le balcon ; les trois autres ne revinrent pas avant une heure. Ils sont tous rentrés dans la pièce qui leur servait de cage quand Desbouvrie leur a donné un peu de nourriture, directement dans sa main[note 1],[5]. »

Application potentielle de l'entraînement des hirondelles

Les pigeons voyageurs ont été un facteur de communication significatif durant la guerre Franco-Prussienne de 1870. The American Magazine en 1892, en présentant les essais de Desbouvrie, précise à quel point les pigeons voyageurs étaient utiles lors de cette guerre : À plusieurs reprises, en effet, les habitants des villes assiégées regardaient le succès du vol des pigeons comme le seul espoir, capable de faire la différence entre la mort et la famine[note 2],[15].

À la fin du XIXe siècle, la Russie a entraîné des faucons militaires pour porter des messages ou chasser les pigeons messagers[15]. Une hirondelle entraînée aurait pu présenter de nombreux avantages par rapport aux pigeons : ces oiseaux volent plus haut et plus vite, sont plus difficiles à atteindre pour un chasseur ou un oiseau de proie. Les hirondelles sont aussi capables de se nourrir en vol[15].

Premières démonstrations publiques

Il fait plusieurs démonstration du travail de ses hirondelles à Lille sur la place de la république puis à Libercourt, Douai, Arras puis Amiens[16].

De nombreux pigeonniers ont été installés et un décret du , émis par Sadi Carnot, président de la république, les a placé sous la direction du Génie militaire. L'attrait pour la colombophilie et les besoins de l'armée française dans ce domaine pousse Jean Desbouvrie à persévérer dans ce domaine[16].

Intérêt du gouvernement pour ses travaux

L'Esplanade des Invalides lors de l'Exposition Universelle de Paris de 1889.
Plan d'un hirondellier militaire - Paris 1889

Le Ministère de la Guerre dirigé par Charles de Freycinet qui a eu connaissance de dépêches parlant du travail de Desbouvrie demande à Robert Degouy, capitaine de génie, de mener une enquête sur le travail de Desbouvrie et de voir dans quelle mesure ces hirondelles entraînées peuvent être utiles à l'armée en tant que messagers en temps de guerre. Robert Dugouy rend visite à ce dernier à Roubaix qui espère faire construire aux frais de l'état, le premier hirondellier du monde au Fort du Mont Valérien[17].

Desbouvrie n'a pas encore été en mesure de tester leur efficacité, en raison du fait que les oiseaux actuellement en possession de Desbouvrie sont trop jeunes et nécessitent une formation supplémentaire avant de pouvoir être expérimentés équitablement[18]. Il est alors convenu d'un grand lâcher d'hirondelle d'ici un mois, devant l'envoyé du ministre des la guerre qui fera un rapport[17]. Jean Desbouvrie tente alors de transformer sa passion en métier sur deux plans, réussir à intéresser le gouvernement pour en obtenir une rente, et tirer profit de la vente des hirondelles non dressées.

Desbouvrie participe à l'Exposition universelle de Paris de 1889, le où une expérience rapporte une distance de 150 km en 75 minutes[13]. Un article d'Adrien Marx paru dans le Figaro du , souligne les différents travaux sur ces expériences et sur les retours de plusieurs journaux sportif qui préconisaient l'utilisation d'hirondelles comme estafette militaire. Jean Desbouvrie ainsi que Gaspard de Cherville citent des exemples de domestication et de dressage qui ne laissent aucun doute sur les assertions des naturalistes. Cet article met en avant l'avantage de l'utilisation des hirondelles par rapport aux pigeons. Adrien Marx indique qu'il est criminel de retarder la construction d'hirondellier militaire. Il souligne aussi l'hésitation du ministère de la guerre sur ce sujet[19].

Il fait une deuxième démonstration le , devant le palais de la Guerre situé à l'Esplanade des Invalides[20], avec une hirondelle sauvage qui avait son nid dans une ferme près de Roubaix, a été capturée et emmenée dans une cage à Paris, où elle a été relâchée. Elle est revenue à son nid en moins de 90 minutes, après avoir parcouru 258 km, soit plus de deux milles à la minute. Jean Desbouvrie est certain qu'une vitesse beaucoup plus grande sera obtenue avec des oiseaux dressés. Si le gouvernement accepte son idée, ce dont il est convaincu, il propose de construire deux hirondeliers sur les hauteurs de Montmartre et une autre sur le mont Valérien. Celui de la côte Montmartre devait être construit en premier si les résultats étaient confirmés par le capitaine Degouy[18].

La supériorité des hirondelles sur les pigeons en tant que porteurs, à la fois en ce qui concerne la rapidité de leurs voyages et la difficulté de les tirer, est évidente mais ils doivent encore être jugés à grande échelle avant qu'un verdict puisse être prononcé. Néanmoins, les résultats déjà obtenus sont remarquables et la perspective du messager des zéphyrs, comme l'appelle un vieux poète le petit oiseau sacré, mise au service militaire, est une autre preuve de l'utilitarisme de l'époque.

Édouard Charton s’intéresse à son histoire et est publié dans le magazine Le Magasin pittoresque, un article ou se trouve un dessin de sa maison d'après une photographie de Samuel Elkan, de la Maison Elkan de Roubaix[21].

Dans une série de dessin fait par Albert Tissandier sortie sous le titre Vol en montgolfière et conception d'avions en Europe on y trouve un plan d'hirondellier dessiné à Paris le [22].

Jean Desbouvrie se rend compte que si l'on peut contrarier le comportement migrateur des hirondelles et les garder près de soi en hiver, les contraintes de l'hiver ne permettent pas d'utiliser les hirondelles d'un point de vue militaire. Il tente maladroitement de prolonger les études, mais des échecs finiraient par le faire sombrer peu à peu dans l'alcoolisme.

Études de ses travaux

Dans le livre Bird Navigation, de Geoffrey Vernon Townsend Matthews, ornithologue anglais et spécialiste de la biologie de la conservation et édité par l'Université de Cambridge en 1955[23], Percy Wragg Brian relate que Desbouvrie semble avoir soudainement fait un blocage[24], prétendant d'abord que les oiseaux étaient trop jeunes et avaient besoin de plus d'entraînement, puis garantissant pouvoir les faire se reproduire en captivité mais continuant malgré cela à s'approvisionner exclusivement dans des nids sauvages selon Zoologist: A Monthly Journal of Natural History[15]. Toujours dans le livre Bird Navigation, il est décrit les tentatives de dressage réalisées sur d'autres espèces que les pigeons. Ce livre mentionne Desbouvrie comme un pionnier dans cette expérimentation, et cite également quelques passages de Pline l'Ancien décrivant « Caecina of Volterra » (ou « Caecina Paetus ») lâchant des hirondelles peintes pour annoncer le résultat d'une course de chevaux[24].

Albert de Rochas d'Aiglun, auteur d'études historiques sur les sciences militaires, écrira un article sur Desbouvrie dans le magazine Cosmos en 1885[25].

Un article du Globe du paru dans le Zoologist: A Monthly Journal of Natural History, considère favorablement les essais de Desbouvrie tout en notant que des tests supplémentaires devaient être menés et précise que ce dernier n'avait pas confiance dans le succès de cette expérience[5].

Le magazine The American Magazine paru en 1892, a rejeté le projet avec cette critique : « Engager des hirondelles dans une guerre est une très belle idée, d'autant plus qu'à l'avenir, les guerres européennes auront toutes lieu par un « temps d'hirondelle », quand un vent chaud souffle du sud ensoleillé. » (« The idea of engaging swallows in war is a pretty one, as, in future, all European wars will have to be conducted in « swallow time » — when the warm winds blow from the sunny south. »)

Conclusion de ses recherches

Il a consacré plus de trente années à ses oiseaux dans son hirondellier situé au pont Salembier[13]. Il a maintenu un registre tout au long de sa vie, enregistrant l'âge et la santé de chaque oiseau[5]. Les oiseaux non dressés étaient vendus comme oiseau de compagnie[13]. Un défi majeur a été de surmonter le comportement naturel des oiseaux migrateurs[5]. Il pensait que les oiseaux migraient vers le sud en raison d'une raréfaction des insectes. Desbouvrie n'a jamais révélé avec quoi il nourrissait ses oiseaux en hiver, invoquant le secret professionnel[13], cependant des études ultérieures ont montré qu'il suffisait d'interrompre la première migration des nouveau-nés pour les empêcher de savoir où aller les années suivantes, et donc bloquer l'instinct migratoire[24].

Recherches sur l'alcoolisme

Travaux sur les effets néfastes de l'alcool

Outre sa passion pour les hirondelles, Jean Desbouvrie travaille sur les effets néfastes de l'alcool. Il invente dans le but de combattre l'alcoolisme, une recette permettant de luter contre ses effets. D'après lui, une absorption dans des proportions appropriées d'albumine et de graisse une heure avant de boire de l'alcool permettait de lutter contre ses effets. À cette fin, il dépose le 11 février 1888, la marque Chocolat Albumino-Gélatineux au greffe du tribunal de commerce de Roubaix[26].

Il soumet à l'Académie nationale de médecine de Paris, un mémoire sur l'alcoolisme chronique et une boite de chocolat (en assurant qu'il avait expérimenté la prescription sur lui-même). Son travail fait l'objet d'un rapport d'Étienne Lancereaux, médecin français et président de l'Académie nationale de médecine[27]. Dans ce mémoire, Desbouvrie préconise de supprimer des alcools, toutes substances dangereuses et d’empêcher les débitants de délivrer de l'alcool à forte dose.

Présentation à l'Académie de médecine

Couverture du bulletin médical dans lequel a été publié la première fois le remède préventif contre la gueule de bois.
L'hirondellier de Jean Desbouvrie, Journal de Roubaix du 21 septembre 1932.

En 1888, le bulletin de l'Académie de médecine publie un article sur un mémoire de Desbouvrie et demande des vérifications de l'invention qu'il déclare avoir faite. Il considérait l'alcoolisme chronique comme un problème de santé publique, et affirmait le besoin de lutter contre ses effets[28],[29]. Dans ce mémoire, Desbouvrie réclamait du gouvernement qu'il n'autorise que des alcools « épurés », qu'il fasse diminuer la taille des verres et, en attendant, il affirmait qu'une absorption dans des proportions appropriées d'albumine et de graisse une heure avant de boire de l'alcool permettait de lutter contre ses effets[28],[30],[31]. À cette fin, il a inventé le chocolat Desbouvrie, contenant les bonnes proportions de ces ingrédients et a accompagné son mémoire d'une boîte de ces chocolats. Il a assuré aux membres de l'académie avoir testé sur lui-même cette prescription[28].

En décembre 1890, sous couvert d'Henri Carette et se présentant comme le propriétaire de la découverte des affinités chimiques des éléments nuisibles contenues dans les boissons alcooliques, il envoie une lettre à Wilhelm Liebknecht pour lui demander de lui fournir des noms de société pour se fournir en produits alimentaires pour ses recherches[32]. Malheureusement, l'académie ne donnera pas suite, notamment pour ce qui concerne la recommandation d'épurer l'alcool[29].

Fin de vie

Le vers 22h00, deux agents de police, Henri Platetvoet et Daudremme, entendent des cris près du quai de la Vigne et apprennent que pendant une dispute avec sa femme, Desbouvrie, dans l'hirondellier, a jeté à la tête de sa femme une lampe à pétrole allumée, lui causant de très graves brûlures et la laissant dans un état désespéré[33]. Affreusement brûlée à la tête et sur diverses parties du corps »[34]. La femme de Desbouvrie voulait monter à l'étage avec une lampe à pétrole, ce que son mari lui aurait interdit. Ce dernier était ivre à ce moment. Cette histoire est relayée par le New York Herald[35].

Le docteur Arthur Ballenghien, se déplace sur place et voit que la femme de Desbouvrie est grièvement brûlée, il l'emmène à l'hôtel-Dieu à Roubaix et Desbouvrie est alors arrêté et passe la nuit à la prison de Roubaix. Le samedi , sa femme reçoit les derniers sacrements et l'on croit à un dénouement fatal[36].

Le 6 janvier, un juge d’instruction de Lille, Édouard Victor du Bahuno du Liscoët[37], descend sur Roubaix pour instruire l'affaire. Ce dernier, interroge la femme de Debouvrie dont l'état s'est amélioré et qui ne se rappelle pas comment l'accident est arrivé. Du Liscouët rencontre ensuite Jean Debouvrie au poste de police et ce dernier nie être l'auteur de l'accident. Au quai de la Vigne, la scène du crime est reproduite en présence de l'accusé[38]. Jean Desbouvrie est envoyé à la prison de Lille[39] et le , une dernière confrontation est faite entre Jean Desbouvrie et son épouse. jean Desbouvrie prends le train pour Lille et le 23 février, le parquet rend une ordonnance de non lieu en faveur de Desbouvrie[40]. Selon la presse, son invention du chocolat contre l'alcoolisme est issue de son penchant pour le genièvre, la liqueur favorite des gens du Nord.

Un article du The Globe and Mail parait dans le Orleans County Monitor du sur ses expériences passées[41]. Après cet article, la presse ne mentionne plus d'expériences et travaux sur les hirondelles.

En 1896, il envoie une communication au sujet de son travail au ministère de la guerre, à la commission d'examens des inventions intéressants les armées de terre siégeant à l’hôtel des Invalides[42]. Toujours en 1896, il tient un bureau de vote à l'Hôtel de ville de Roubaix lors des Élections municipales françaises de 1896[43]. En 1896, la famille habite au 17 rue Duflot et il teinturier.

Jean Desbouvrie emménage avec sa femme au 112 rue de la Basse Masure à Roubaix. Sa femme y décède le , à 15 heures à 49 ans[44] et est inhumée au cimetière de Roubaix, au carré 7, emplacement 347. Jean Desbouvrie y décède à son tour le , lui aussi à 15 heures, décès déclaré par Henri et Jules, deux de ses fils[45] et est inhumé au carré 22 emplacement 556. L'hirondellier de Jean Desbouvrie sera déplacé sur 50 mètres, sur le long du canal et deviendra l'estaminet A l'ancien hirondellier. Il est détruit en 1932 pour permettre l'agrandissement du cimetière de Roubaix (actuel cimetière du Cartigny) et son prolongement vers la rue de Cartigny[46]. On trouve un Jean Baptiste Desbouvries, Quai de Rouen (ancien quai de La Vigne) en 1923[47] et plus tard, la cour Desbouvrie dans la rue du Cartigny[48].

Postérité

Parmi ses enfants :

  1. Jean Baptiste Frédéric, mort très jeune.
  2. Henri, cocher, épousera Marie Julie Desrousseaux.
  3. Justine, restera célibataire.
  4. Julia Marie, morte très jeune.
  5. Jules, soldat du 5e régiment de hussards pendant la Première Guerre mondiale et garçon brasseur, épousera Irma morel.
  6. Julia, épousera Jules Joseph Lequenne, colombophile qui tiendra l'estaminet à L'Enflé rue Blanchemaille à Roubaix et qui servira de siège à la société colombophile des Voltigeurs de l'Enflé[49].
  7. Charles Henri, est successivement, cocher de luxe puis propriétaire d'un estaminet au 18 rue Condorcet, épousera Alida Ghyselinck[50]. Il met en vente son estaminet de la rue Condorcet le 10 aout 1912 et le 15 aout suivant, une maison propre à double commerce est vendue et dont la description indique que ce lieu conviendrait à un amateur colombophile[51], ce qui pourrait être l'hirondellier de Jean Desbouvrie. Il habite en 1913, au 42 rue de la Vigne.

Distinctions et honneurs

En 1889, lors du Concours international d'animaux de Basse-cour de Bergues, il reçoit la médaille de vermeil et un diplôme d'honneur pour ses hirondelles de guerre[52].

Le , à l'Alcazar de Lille, Paul Minsart, directeur du Choral Nadaud de Roubaix, donne une romance dédiée à Jean Desbouvrie et intitulée les hirondelles de guerre. Le jour même, il organise chez lui au Pont salembier, des expériences sur ses hirondelles[11]. Jean Desbouvrie organise un concours de poésie le , et Alexandre Desrousseaux, accepte la demande de ce dernier, d'en être le président d'honneur[11].

Notes et références

Notes

  1. « Four of the little prisoners, the oldest not more than twenty days, were let loose. It was raining in torrents at the moment, a circumstance by no means favorable to the trial. The birds rose in the air, flew round the house several times, and then darted off into the country, disappearing into the country. Twenty-five minutes after the youngest returned and perched on the balcony; the other three did not come back before an hour. They all then entered the cage-room, when Desbouvrie gave them some food, which they ate out of his hand. ».
  2. « Upon several occasions, indeed, the inhabitants of the beleaguered cities looked upon the successful flights of these birds as their only hope betwixt death and starvation. ».

Références

  1. Journal de Roubaix du 05/01/1891 (gallica.bnf.fr)
  2. Naissance de Jean Baptiste Desbouvrie - page 68 (archivesdepartementales.lenord.fr)
  3. Il est appelé généralement Jean Desbouvrie sauf sur le Journal de Roubaix du 5 Janvier 1891, où il est appelé Jean Baptiste Desbouvrie
  4. « Les hirondelles messagères », Cosmos, revue des sciences et de leurs applications, no 330, , p.215 (lire en ligne).
  5. (en)The Zoologist : a monthly journal of natural history, 1889, page 398-399 (biodiversitylibrary.org)
  6. Mariage entre 1869 et 1869 Commune de ROUBAIX (archivesdepartementales.lenord.fr)
  7. Journal de Roubaix du 16 mai 1873 (bn-r.fr)
  8. Recensement de la ville de Roubaix de 1896 (bn-r.fr)
  9. Musée colombophile Crespin (constateur.com)
  10. Journal de Fourmies : hebdomadaire du 12-09-1889 (gallica.bnf.fr)
  11. Journal de Roubaix du 14 juillet 1890 (bn-r.fr)
  12. (en)The west coast times du 25/111889 (paperspast.natlib.govt.nz)
  13. « Hirondelles de guerre », (consulté le ).
  14. L'Indépendant de Mascara, radical autonomiste du 07/08/1890 (gallica.bnf.fr)
  15. (en)Zoologist: A Monthly Journal of Natural History, West, Newman, 1889 (books.google.com)
  16. La Presse du 05/01/1891 (gallica.bnf.fr)
  17. Journal de Roubaix du 19/07/1889 (bn-r.fr)
  18. (en)Poachers and Poaching, John Wilson, 1891 (books.google.com)
  19. Le Figaro du 9 septembre 1889 (gallica.bnf.fr)
  20. L’Indicateur de Roubaix et de Tourcoing du 15 septembre 1889 (bn-r.fr)
  21. Le Magasin pittoresque, publié sous la direction de M. Édouard Charton (gallica.bnf.fr)
  22. (en)Early balloon flight and aircraft design in Europe (loc.gov)
  23. (en)The Life Sciences (books.google.fr)
  24. (en)Bird Navigation: The Solution of a Mystery ? (books.google.com)
  25. Cosmos (Paris. 1885): revue des sciences et de leurs applications (books.google.fr)
  26. Bulletin officiel de la propriété industrielle et commerciale (books.google.fr)
  27. La Province médicale, paraissant à Lyon tous les samedis / réd. en chef Victor Augagneur, 1888 (gallica.bnf.fr)
  28. (en)Medical Record, Volume 34, 1888 (books.google.com)
  29. Annales médico-psychologiques. - 1891 (web2.bium.univ-paris5.fr)
  30. Medical Record, Volume 34, 1888 (books.google.com)
  31. (en)The Cincinnati Lancet-clinic, Volume 60 (books.google.com)
  32. (en)Correspondance de Wilhelm Liebknecht (iisg.nl)
  33. journal de Roubaix du 5/01/1891(bn-r.fr)
  34. Journal des débats politiques et littéraires du 04/01/1891(bn-r.fr)
  35. The New York Herald du 4 janvier 1891(retronews.fr)
  36. Journal de Roubaix du 5 janvier 1891 (bn-r.fr)
  37. Fiche Magistrat : Edouard Victor Bahuno du Liscoët (du) (annuaire-magistrature.fr)
  38. Le Grand écho du Nord de la France du 06/01/1891(gallica.bnf.fr)
  39. Journal de Roubaix du 8 janvier 1891(bn-r.fr)
  40. Journal de Roubaix du 23 février 1891(bn-r.fr)
  41. (en)Orleans County Monitor du 6 avril 1891(chroniclingamerica.loc.gov)
  42. journal de Roubaix du 01/08/1896(bn-r.fr)
  43. Journal de Roubaix du 5 mai 1896(bn-r.fr)
  44. Décès entre 1899 et 1899 Commune de ROUBAIX (archivesdepartementales.lenord.fr)
  45. Décès en 1905 Commune de ROUBAIX (archivesdepartementales.lenord.fr)
  46. Journal de Roubaix du 21 septembre 1932 (bn-r.fr)
  47. Bulletin des régions libérées. France. Ministère des régions libérées. (gallica.bnf.fr)
  48. Le Réveil du Nord du 12 septembre 1941 (retronews.fr)
  49. [=Journal%20de%20Roubaix&pr_annee=1892&pr_mois=04&pr_jour=23&date_debut=&date_fin=&from=presse&sort=tri_titre%20asc,date_formated%20asc&start=0&nb=3 Journal de Roubaix du 23 avril 1892] (bn-r.fr)
  50. Généalogie de Charles Desbouvrie (genealo.net)
  51. Journal de Roubaix du 15 aout 1912 (bn-r.fr)
  52. Journal de Roubaix du 23/10/1889 (bn-r.fr)

Annexes

Articles connexes

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