Canal de Roubaix


Le canal de Roubaix est situé sur la Communauté urbaine de Lille dans le Nord de la France. Sa longueur est de 12,2 km entre la Marque (rivière) et la frontière avec la Belgique.

Le canal de Roubaix, vers 1936, peint par Charles-Henry Bizard (1887-1954), tableau conservé au musée de Roubaix.

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Canal de Roubaix
Géographie
Pays France
Coordonnées 50° 40′ 20″ N, 3° 07′ 22″ E
Début Marque canalisée à Wasquehal (lieu-dit Triest)
Fin Canal de l'Espierres à Leers à la frontière franco-belge
Traverse Nord
Caractéristiques
Longueur 12 km au sens strict ou 20 km y compris la Marque canalisée (7,5 km). Au total en comprenant l’embranchement de Croix et le canal de Tourcoing 23 km
Gabarit Freycinet
Mouillage 2,20 m (avec un tirant d'eau admis de 1,80 m)
Hauteur libre 3,50 m
Infrastructures
Écluses 10 (+ 2 sur la Marque canalisée et 1 sur la branche de Croix)
Histoire
Année début travaux 1823
Année d'ouverture 1877

Localisation

Le canal de Roubaix fait partie de la liaison de voies navigables entre France et Belgique, commencée en 1823, ouverte en 1877 et complétée en 1893 par l'embranchement de Tourcoing. Celle-ci comprend également la Marque canalisée et le canal de l'Espierres, totalise 28,7 km. L'ensemble comprend, de plus, 2 embranchements, celui de Croix et celui du canal de Tourcoing soit au total environ 31 km.

Le canal de Roubaix traverse au sein de la Communauté Urbaine de Lille, les communes de Wattrelos, où il prend la suite du canal de l'Espierre, Leers, Roubaix, Tourcoing, Croix, Wasquehal et Villeneuve-d'Ascq, où il rejoint la Marque canalisée.

Histoire

Imaginé par Vauban dès 1699 pour relier la Marque à l’Escaut, demandé officiellement en 1813 par le Maire de Roubaix, sa construction débute en 1827 pour l’approvisionnement en charbon, en eau, en matières premières (importation de balles de laine et coton) et l'expédition des produits finis de l’industrie textile en développement[1].

Le projet initial de parcours direct comprenait un souterrain à Croix.

Deux tronçons de ce projet sont réalisés :

  • En 1828, la canalisation de la Marque de la Deûle au port du Dragon à Wasquehal et un embranchement jusqu’au pont du Breucq à Croix et un peu au-delà. La branche de Croix existe encore. Seule la partie terminale d’environ 300 mètres à l’est du pont du Breucq (route D 24, rue du professeur Perrin à Croix) qui longeait la rue Le Nôtre à Croix a été comblée dans les années 1960.
  • En 1843, de Leers à Roubaix dans le prolongement du canal de l’Espierres en Belgique construit à la même époque, comprenant la partie encore existante de la frontière jusqu'au pont Nyckès et un tronçon disparu à l’emplacement des boulevards Gambetta et du Général-Leclerc jusqu’à l’actuel Eurotéléport.

Les travaux du tronçon central sont abandonnés en 1845 à la suite d’éboulements. L’achèvement du canal est décidé sur ce même tracé en 1861 à ciel ouvert avec échelles d’écluses et non plus de souterrain. Le projet est encore modifié en 1866 pour permettre un passage par la ville de Tourcoing qui n’accepte de participer au financement qu’à cette condition.

Le canal est ouvert en 1877 sur son parcours actuel contournant le centre de Roubaix par le nord et rejoignant la Marque canalisée près de l'impasse du Triest à Wasquehal, 400 m en aval du confluent entre les parties canalisée et non canalisées de la Marque et la branche de Croix définitivement en impasse.

La partie en impasse à Roubaix de la place du Galon d’eau jusqu’à l’emplacement de l’actuel Eurotéléport, surnommée «le Vieux canal», est comblée en 1881 pour réaliser le boulevard Gambetta. Le parc Barbieux est aménagé à partir de 1878 sur les terrains vallonnés issus des terrassements du tronçon central du projet de parcours direct abandonné et le boulevard de Paris, actuel boulevard du Général-de-Gaulle, est ouvert sur les terrains réservés pour ce projet.

L’embranchement du canal de Tourcoing de 1,5 km de longueur, du pont du Fresnoy à la rue du port est ouvert en 1892[2].

A l'occasion de la Mi-Carême 1901, le groupe d'ami de l'Estaminet du Capreau à Wasquehal, tenu par Jules Delbecque chante sur l'air de la Faridondaine, la Faridondon, la chanson, Les Boers du Capreau qui dénonce entre autres la construction du Grand Boulevard, qui sera ouvert en 1911, et du creusement du Canal de Roubaix. Les habitants du Capreau craignent des mesures d’expropriation, comme le laisse supposer une partie du chant "Au Capreau, y n’a ps d’mines d’or, Ch’est pos comm’ au Transvaal, Mais si plaisot à nous milords, D’printe l’rue Nationale, Faudrot pou mette’ opposition, Printe des rinforts à l’Planque au Riz." Cette identification aux Boers s’effectue durant les premières phases d’urbanisation des terres entre Lille et Roubaix, à la faveur de l’apparition de ces deux éléments de structuration de la métropole que sont le Grand Boulevard et le Canal de Roubaix. Elle renvoie donc à une problématique sociale et territoriale liée à l’industrialisation de la région et exprimée dans La Croix du Nord du [3].

Le canal endommagé au cours des deux guerres mondiales (destruction des écluses par l'armée allemande lors de sa retraite de 1918, obstructions lors des combats de la résistance en 1944) est reconstruit et rouvert en 1920 puis en 1948. Un projet de canal à grand gabarit lancé dans les années 1960 est abandonné vers 1975.

La fonction de transport de la voie d'eau décline à la suite de la fermeture des industries locales de filature dans les années 1970-1980 et le canal est fermé en 1985.

À cette époque, le canal abandonné n'est plus entretenu ce qui crée une source de nuisances[4]. À la même période les élus locaux envisagent de le remblayer pour construire une voie urbaine rapide. Ce projet sera abandonné à la suite de la mobilisation de riverains[5].

Le Canal aujourd'hui

La mobilisation d'une quarantaine d'acteurs locaux et nationaux de Belgique et de France aboutit à une première tranche de travaux visant la réouverture entre 2002 et 2003. C'est notamment l'association Collectif Canal a porté durant de nombreuses années le projet de remise en navigation et favoriser aussi le tourisme fluvial. Au terme de longues études, la Commission européenne décide de soutenir financièrement le projet transfrontalier de remise en navigation à travers les programmes FEDER et Interreg. Blue Links, un projet européen de travaux de 37 millions d’euros sur trois ans, est mis sur pied pour rouvrir les canaux à la navigation de plaisance en 2008[6].

En 2005, l’Établissement Public Voies navigables de France entreprend les travaux de curage pour permettre la remise en navigation du canal. Il adjuge les travaux à l'entreprise Ghent Dredging : celle-ci réalise le curage de 150 000 m3 permettant au canal de « respirer » à nouveau en passant d'un tirant d'eau allant parfois jusqu'au débord, vers le gabarit 1,90 m/2,20 m, symboliquement nécessaire lors du passage des 38 m d'antan (spits). En plus de la requalification des 13km de berges, 14 ponts et 13 écluses ont été modernisés.

Les travaux se sont terminés, côté France, en 2009 et le canal de Roubaix a été rouvert officiellement à la circulation fluviale le [7].

Véloroute du canal de Roubaix

Les anciens chemins de halage de cette liaison sont aménagés en voie verte d'une largeur de m à surface "stabilisée" revêtue de sable de Marquise ou asphaltée sur quelques tronçons, généralement sur une rive, sur les deux rives sur les parties urbaines à Roubaix constituant la « véloroute du canal de Roubaix» reliée à la «véloroute de la Deûle» qui est un élément de l'Eurovéloroute 5. Les rives de l'embranchement de Croix et du canal de Tourcoing ont également été aménagées pour les cyclistes et les piétons. Cette véloroute en grande majorité en site propre comporte de courts tronçons sur voies ouvertes à la circulation et la traversée d'un important rond-point à Roubaix.

Ces voies d'eau réaménagées constituent une coulée verte dans un environnement urbain comprenant une grande partie de parcours arborés. La véloroute traverse également des friches industrielles en cours de requalification, notamment l'écoquartier de l'Union à Roubaix.

Écluses et ponts

La liaison de la Deûle à l'Escaut comporte quinze écluses.

Deux sur la Marque canalisée, l'écluse n° 1 de Marquette seule accessible à la navigation commerciale, l'écluse n° 2 de Marcq-en-Baroeul ouverte uniquement à la navigation de plaisance.

Dix écluses sur le canal de Roubaix proprement dit de la Marque à la frontière.

  • Ecluse du Triest
  • Ecluse du Plomeux
  • Ecluse du Noir Bonnet
  • Ecluse du Cottigny
  • Ecluse de la Masure
  • Ecluse de l’Union
  • Ecluse du Nouveau Monde
  • Ecluse du Calvaire
  • Ecluse du Galon d’eau
  • Ecluse du Sartel

Trois sur le canal de l'Espierres en Belgique

Une autre écluse, 3bis de Wasquehal, non comprise dans la liaison Blue Links, est située à Wasquehal à l'entrée du port du Dragon sur l'embranchement de Croix en impasse, sur le court tronçon de la Marque canalisée, faisant partie du projet de parcours direct abandonné au milieu du XIXe siècle. On peut remarquer l'indication de la distance vers Roubaix de 4,6 kilomètres sur la maison éclusière correspondant à ce projet. Une autre ancienne écluse est condamnée au confluent avec la Marque à l'entrée de l'embranchement de Croix.

32 ponts ou passerelles enjambent le canal dont 6 ponts levants.

Bibliographie

  • Emile Moreau, Etude sur les travaux publics de la ville de Roubaix. 1re partie, Question des eaux, Roubaix, 1874. Accessible en texte intégral sur NordNum.

Divers

  • Le canal est présent dans le film La vie est un long fleuve tranquille qui raconte la vie de familles roubaisiennes bourgeoises et ouvrières.
  • Le canal a connu un pic de pollution de métaux lourds, à la suite d'une contamination provenant du canal de la Deûle au début des années 1970. Cette pollution a diminué ensuite, car à partir de 1976, de nouvelles populations de poissons ont été constatées. La baisse de fréquentation du canal a aussi entraîné moins d'éclusées et donc moins de consommation d'eau, ce qui a été bénéfique pour la faune et la flore.

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

Liens externes

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