Jean-Baptiste Mortaize

Joseph-Casimir Mortaize, Jean-Baptiste Mortaize, en religion, né le à Rabat-les-Trois-Seigneurs, en Ariège, et mort le , est un moine chartreux, français qui fut prieur de la Grande Chartreuse de 1831 à 1863 et donc 61e ministre général de l'ordre des Chartreux. La restauration de l’ordre cartusien, après la révolution française, est l’œuvre de dom Jean-Baptiste Mortaize[1].

Biographie

Joseph-Casimir Mortaize est le fils d'Étienne Mortaize et d'Anne Rousse, second de leurs quatre enfants. Le curé de la paroisse, ami de la famille, se charge de lui donner les premières leçons de latin. Un peu plus tard, on l'envoie continuer ses études au collège de Pamiers, puis au grand séminaire de Toulouse[2].

Il est diacre du séminaire de Toulouse quand il entre à la Grande Chartreuse le 9 avril 1824. Il fait profession le 24 juin 1825 et est chargé du cours de théologie et d'initier les postulants à la récitation de l'office divin et aux divers usages et cérémonies propres à l'ordre de Saint-Bruno. Il est ordonné prêtre en décembre 1825. En 1827, il est nommé maître des novices et en 1829 vicaire[note 1], et à cause de circonstances exceptionnelles, il est comme le prieur de la maison[note 2]. Il est élu prieur de Chartreuse, à l'unanimité au premier tour de scrutin, et général de l’Ordre le 6 octobre 1831[3].

A cette époque, l'observance religieuse dans la Grande Chartreuse souffre, en plus d'un point du grand âge des religieux, de la diversité des us et coutumes apportés par ceux-ci de toutes les maisons dont ils sont originaires, mais surtout de l'interruption forcée de toutes les traditions cartusiennes pendant les années de la première République et de l'Empire [4]; Le nouveau général veut restaurer l'ordre de saint Bruno tout entier. Le jour même de son installation il se met à l'oeuvre, en réclamant la stricte observance du statut cartusien. Le « Statut, tout le Statut, rien que le Statut »[5].

Dom Jean-Baptiste sollicite de Rome les dispenses nécessaires pour le rétablissement des chapitres généraux. Le 2 juillet 1837, toutes les difficultés sont aplanies, et ces grandes assises de l'Ordre, interrompues depuis près d'un demi-siècle, reprennent leurs cours[6].

Sous son généralat, la liqueur de la Grande-Chartreuse est développée, vers 1840[7].

En 1843, on peut entreprendre la restauration de la chartreuse de Montrieux[8] et en 1844, de celle du Reposoir. En Italie, la chartreuse de Pavie est rendue par l'Autriche à sa destination primitive.

Le village de Saint-Pierre-de-Chartreuse et le bourg de Saint-Laurent-du-Pont sont en grande partie reconstruit aux frais du monastère suite aux incendies de 1845 et 1854[9].

Dès 1852, une nouvelle maison est fondée à Montauban pour les religieuses chartreusines; et en 1854, le gouvernement constitutionnel du Piémont lui arrache la chartreuse de Turin, en 1855 il fait entreprendre la restauration de la Chartreuse de Portes; en 1858, celle de Vauclaire[10], et, un peu plus tard, des négociations s'ouvrent avec le conseil d'Etat de Fribourg, en Suisse, pour le rétablissement de la Valsainte[11].

Il transporte à la correrie, nouvellement réparée, l'hospice des malades, établi depuis longtemps à la porte du monastère ; il élève et reconstruit en partie la chapelle consacrée aux frères et aux domestiques.

Pendant presque tout le cours de son généralat, il n'a cessé de demander sa démission dans les assemblées des chapitres généraux ; il s'adresse plusieurs fois à Rome sans pouvoir l'obtenir. En conflit avec des prieurs pour des questions administratives, il démissionne le 16 février 1863 et se retire à Pavie où il meurt le 15 janvier 1870.

Notes et références

Notes

  1. Le général des Chartreux gouverne l'ordre avec des collaborateurs qu'on appelle officiers : le vicaire, le scribe, le sous-scribe, le procureur de la Grande Chartreuse, le coadjuteur. Il se fait aider dans son administration, pour le spirituel par le vicaire et pour le temporel par le procureur.
  2. Le général, Benoît Nizzatti passe chaque année quelques mois à la petite chartreuse de Currière, ses infirmités ne pouvant lui permettre un séjour prolongé à la Grande Chartreuse, et fait lui-même la visite des maisons d'Italie.

Références

  1. Éditions Larousse, « Archive Larousse : Grande Encyclopédie Larousse - Chartreux », sur www.larousse.fr (consulté le ), lire en ligne sur Gallica
  2. de Franclieu 1879, p. 296-297.
  3. Boutrais 1930, p. 196.
  4. Laurent Borne, « « Fleur du désert » : dom Éphrem Coutarel, un chartreux en révolution », Annales historiques de la Révolution française, no 355, , p. 125–157 (ISSN 0003-4436, lire en ligne, consulté le )
  5. Dom Victor-Marie Doreau, Vie du père dom Jean Sallier, de l'ordre des Chartreux, 1806-1861, Paris, , 381 p. (lire en ligne), p. 140
  6. « Transversalités : revue de l'Institut catholique de Paris », sur Gallica, (consulté le )
  7. de Franclieu 1879, p. 306.
  8. « Revue Mabillon : archives de la France monastique », sur Gallica, (consulté le )
  9. de Franclieu 1879, p. 311.
  10. « Bulletin de la Société d'études des Hautes-Alpes », sur Gallica, (consulté le )
  11. de Franclieu 1879, p. 312.

Bibliographie

 : documents utilisés comme source pour la rédaction de cet article :

  • Aimée-Marie de Franclieu, Vie de la mère Elisabeth Giraud, fondatrice des soeurs du Saint-Rosaire, Paris, J.Vic, , 318 p. (lire en ligne), p. 296-315.
  • Lefebvre, F.A., Saint Bruno et l’Ordre des chartreux, t. 2, Paris, Librairie catholique internationale, , 682 p. (lire en ligne), p. 173.
  • Franclieu, Aimée-Marie de, Dom Jean-Baptiste Mortaize : 61e général des Chartreux, Grenoble, impr. de É. Vallier, , 10 p..
  • Cyprien-Marie Boutrais, La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), Grenoble, Arthaud, , 528 p. (lire en ligne), p. 196-199
  • Devaux, Augustin et Van Dijck, Gabriel, Nouvelle Bibliographie Cartusienne : Cartusiana, Grande Chartreuse, 2005, Maisons de l'Ordre, , 785 p..

Articles connexes

Liens externes

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