Jacques Brunius
Jacques Brunius, nom d'artiste de Jacques Henri Cottance, est un acteur, réalisateur, homme de radio et écrivain français, né à Paris le , mort à Exeter (Angleterre) le .
Pour les articles homonymes, voir Borel et Jacques Borel.
Suivant les films et les textes, il est crédité sous différents pseudonymes : Borel, Jacques Borel, Brunius, J.B. Brunius, Jacques B. Brunius, Jacques-Bernard Brunius, John La Montagne, Olaf Apollonius, Jacques Berne.
Biographie
Si la mémoire retient surtout les personnages de l'homme au « bairait » de L'affaire est dans le sac, et celui du canotier entreprenant de Partie de campagne, Brunius fut plus que cela : proche de Jean Renoir, et des frères Jacques et Pierre Prévert, par là membre de la nébuleuse surréaliste qui se tenait à distance du groupe d'André Breton, et fréquentait plutôt la rue du Château puis le groupe Octobre. Il se rapproche du groupe « Contre-attaque » en 1935, puis entre dans le groupe surréaliste en . Il collabore à toutes les revues surréalistes, ne fût-ce que pour un seul numéro, et noue des liens d'amitié avec André Breton, liens qui ne se déferont qu'à la mort de ce dernier. Pendant la guerre, il est à Londres, journaliste membre de l'équipe des Français parlent aux Français à la BBC. Pour la RTF il traduisit en français la pièce radiophonique de Dylan Thomas, Au bois lacté, dont l'adaptation fut réalisée par Alain Trutat. Il était également ami de E. L. T. Mesens, membre du groupe surréaliste en Angleterre, rédigeant à propos des collages de son ami le texte Rencontres fortuites et concertées[1]. Il publie en 1954 aux éditions Arcanes En marge du cinéma français un recueil d'articles sur le cinéma d'avant-garde en France, vu sous ses aspects poétique, technique, et sémiologique, avec des illustrations de Man Ray ou Denise Bellon.
Il est le fondateur, avec Jean George Auriol, de La Revue du cinéma en 1928. Il a été l'éditeur des épisodes inédits de Vathek[2].
On lui doit la reconnaissance du Facteur Cheval à Hauterives (Drôme) d'où sa famille était originaire : il fit paraître un article intitulé « Ferdinand Cheval, facteur, constructeur du Palais de l'Idéal » dans la revue belge Variétés en , puis ses photos du Palais dans le numéro spécial Le Surréalisme en 1929. Il écrivit ensuite sur lui de nombreux articles (Cahiers d'art, Vu, etc.) et lui consacra son court métrage Violons d'Ingres, présenté à l'exposition universelle de New York en .
Il fut l'époux de Colette Hulmann, sœur de la photographe Denise Bellon, née Denise Hulmann, avec laquelle il a collaboré pour des reportages publiés dans divers journaux. Il fut ensuite l'époux de l'actrice anglaise Cecile Chevreau[3]. Rémi Waterhouse, scénariste, dialoguiste, cinéaste et producteur qui a commencé sa carrière avec Yannick Bellon, est son petit-fils. Sa sœur, Simone Cottance, fut une collaboratrice d'Henri Langlois.
Filmographie
Réalisateur
- 1931 : Voyage aux Cyclades, en collaboration avec Roger Vitrac, Éli Lotar et Albert Jeanneret
- 1932 : Films publicitaires, en collaboration avec Jean Aurenche
- 1934 : Autour d'une évasion, en collaboration avec Cesare Silvagni
- 1936 : La vie est à nous, coréalisateur
- 1937 : Records 37, en collaboration avec Jean Tarride, commentaire de Robert Desnos
- 1937 : Venezuela
- 1938 : Sources noires, documentaire sur l'industrie pétrolière
- 1939 : Violons d'Ingres, court-métrage
- 1951 : The Changing Face of Europe
- 1951 : Somewhere to Live
- 1952 : Brief City
- 1952 : To the Rescue
- 1953 : The Blakes Slept Here
Assistant réalisateur
- 1927 : Le Chauffeur de Mademoiselle d'Henri Chomette
- 1929 : Le Requin d'Henri Chomette
- 1930 : L'Âge d'or de Luis Buñuel
Acteur
- 1930 : L'Âge d'or de Luis Buñuel : Un passant
- 1932 : L'affaire est dans le sac de Pierre Prévert : Adrien, le client au béret
- 1934 : L'Hôtel du libre échange : Le monsieur du train
- 1936 : Partie de campagne de Jean Renoir : Rodolphe
- 1936 : Moutonnet de René Sti
- 1936 : Le Crime de Monsieur Lange de Jean Renoir : M.. Baigneur
- 1936 : La vie est à nous de Jean Renoir & alia : Le président du conseil d'administration
- 1938 : Le Temps des cerises de Jean-Paul Le Chanois : Le petit-fils du directeur
- 1938 : Le Schpountz de Marcel Pagnol : L'Accessoiriste
- 1938 : La Bête humaine de Jean Renoir : Un garçon de ferme
- 1939 : L'Héritier des Mondésir d'Albert Valentin
- 1950 : Le Cheval de bois (The Wooden Horse) de Jack Lee : André
- 1951 : Andalousie de Robert Vernay
- 1951 : Une fille à croquer
- 1951 : De l'or en barres (The Lavender Hill Mob) de Charles Crichton : Agent des douanes
- 1952 : 24 Hours of a Woman's Life de Victor Saville : Le concierge, Pension Lisa
- 1953 : South of Algiers : Kress
- 1953 : La Belle Espionne (Sea Devils) : Joseph Fouché
- 1953 : Always a Bride : Inspector
- 1953 : Laughing Anne : Frenchie
- 1954 : Le Cargo de la drogue (Forbidden Cargo) d'Harold French : Inspecteur Pierre Valance
- 1955 : Deux Anglais à Paris (To Paris with Love) : Monsieur Marconne
- 1955 : Captain Gallant of the Foreign Legion (série télévisée) : Pakka
- 1955 : BBC Sunday-Night Theatre (série télévisée) : Pierre Chassaigne
- 1955 : Commando sur la Gironde (The Cockleshell Heroes) de José Ferrer : le pêcheur français
- 1955 : Barbie (TV) (série télévisée) : M.. Morrisot
- 1956 : Wicked as They Come : Inspector Caron
- 1956 : La Maison des secrets (House of Secrets) : Lessage
- 1957 : Un yacht nommé Tortue (True as a Turtle) : Monsieur Charbonnier
- 1958 : Le Prisonnier du Temple (Dangerous Exile) de Brian Desmond Hurst : De Chassagne
- 1958 : Ordres d'exécution (Orders to Kill) : Cmndt. Morand
- 1960 : The Four Just Men (série télévisée) : The Mayor
- 1961 : The Greengage Summer : M. Joubert
- 1964 : La Rolls-Royce jaune (The Yellow Rolls-Royce) d'Anthony Asquith : Duc d'Angoulême (England)
- 1965 : Le Chant du monde de Marcel Camus
- 1965 : Le démon est mauvais joueur (Return from the Ashes) : 1er Détective
Œuvres
Auteur
- 1954, En marge du cinéma français, Arcanes, Paris, 1954 (réédition présentée et commentée par Jean-Pierre Pagliano :Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, 1987)
- 2016, Dans l'ombre où les regards se nouent. Écrits sur le cinéma, l'art, la politique 1926-1963. Édition établie et présentée par Grégory Cingal avec la collaboration de Lucien Logette, Paris, Éditions du Sandre, 2016.
Traducteur
- 1948 : Lewis Carroll, Le Jabberwocky, Les Cahiers du Sud (réédition : Disney-Hachette, 1994 (ISBN 2-23-000389-5))
- 1969 : James Saunders, Un parfum de fleurs, traduit de l'anglais par Jacques Brunius, Gallimard, (ISBN 2070303543)
- 1969 : James Saunders, La prochaine fois je vous le chanterai, traduit de l'anglais par Jacques Brunius, Gallimard, (ISBN 2070303535).
Radio
- 1960 : Norman Frederik Simpson, Un tintement du tonnerre, pièce en 1 acte, traduite et adaptée pour la radio par Brunius, Radiodiffusion française, France III - National,
- 1966 : Lewis Carroll, maître d'école buissonnière, France-Culture, , dix heures.
- 1970 : Dylan Thomas, Au bois lacté, traduit de l'anglais par Jacques Brunius.
- 1983 : A la recherche de Brunius, gentleman surréaliste, émission de Paule Chavasse et Jean-Pierre Pagliano, France Culture, .
Citations
« J'étais convaincu que Brunius était un grand acteur ; il l'était. Il est possible que son talent d'acteur soit venu du fait que, quoique professionnel, il ait réussi à garder dans son genre un côté improvisé, amateur, dilettante ; ce qu'il n’était pas. »
— Jean Renoir, Écrits 1926-1971
« Jacques-Bernard Brunius avait su par ses connaissances techniques et son extrême rigueur dans le travail souriant, nous guider, mon frère et moi, sur un terrain que nous ne connaissions pas du tout, celui du découpage et de la préparation d'un film.(...) C'est certainement à l'amitié naissante que Brunius éprouvait pour nous, amitié qui ne s'est jamais démentie par la suite, que nous devons, mon frère et moi, d'avoir fait vraiment du cinéma pour la première fois. »
Notes et références
- Rencontres fortuites et concertées
- William Beckford, Vathek et les épisodes, introduction de J. B. Brunius, avec la préface de Stéphane Mallarmé, illustrations de Edmond Maurice Pérot, Stock, 1948
- Cecile Chevreau sur monkeyheaven.com
Voir aussi
Sources et bibliographie
- Jean-Pierre Pagliano, Brunius. Éditions L'Âge d'Homme, Lausanne, 1987
- Bruno Montpied, Violons d'Ingres, un film de Jacques Bernard Brunius, Création franche no 25, Bègles, automne 2005.
- Lucien Logette, Un béret et quelques violons, La Quinzaine littéraire, 1- no 1025, p. 26
- Nathaniel Greene, « Jacques-Bernard Brunius, pionnier du film de montage », 1895, no 70, 2013
- Alain Keit, Brunius et le cinéma, collection « Le Cinéma des poètes », Nouvelles éditions Jean-Michel Place, 2015.
- Jacques-B. Brunius, Dans l'ombre où les regards se nouent. Écrits sur le cinéma, l'art, la politique (1926-1963). Éditions établie et présentée par Grégory Cingal avec la collaboration de Lucien Logette, Éditions du Sandre, Paris, 2016.
Vidéo
- Jacques-Bernard Brunius, un cinéaste surréaliste, quatre films de Brunius : Autour d'une évasion, Violons d'Ingres, Records 37, Sources noires, Doriane films, 2012, [présentation en ligne] sur DorianeFilms.com
Liens externes
- (en) Jacques Brunius sur l’Internet Movie Database
- Photos (en archive)
- Brunius sur 1895.revues.org
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