Imad Moughniyah

Imad Mougniyah (arabe : عماد فايز مغنية), né le à Tayr Dibba (Liban) et mort à Kafr Souseh, dans le Governorat de Damas (Syrie) le , était un des dirigeants du Hezbollah libanais.

Le , peu après 22 h 45, il est tué par l'explosion d'une bombe posée dans sa voiture à Damas en Syrie[1].

Carrière politique et militaire

Il était, depuis les années 1980, un des chefs du Hezbollah chiite libanais dont il fut un des activistes. Il fut alternativement décrit comme la tête de sa section sécurité, un important officier de son service de renseignements, et comme un fondateur de cette organisation. Il dirigeait la branche internationale du Hezbollah en particulier des liaisons avec la Syrie et l'Iran.

C'est en réaction contre l'occupation israélienne du Liban en 1982 qu'il rejoignit le mouvement chiite Amal. Il est soupçonné d'être l'organisateur de la double attaque meurtrière contre l'ambassade américaine à Beyrouth et contre les bases des Marines américains et des paras français, qui en 1983, avaient forcé les Occidentaux à se retirer du Liban.

Il utilisait le nom Hajj (ou Hajj Radwane) comme pseudonyme et était recherché par le Mossad, la CIA et Interpol qui le recherchait à la demande de l'Argentine à la suite de sa participation présumée à l'attentat de 1994 contre l'Association mutuelle israélite argentine[2]. Il faisait aussi partie de la liste européenne des terroristes recherchés[3].

Selon Robert Baer[4], Imad Moughniyah était le chef de l'Organisation du Jihad islamique, responsable d'un grand nombre d'attentats et d'enlèvements dans les années 1980, notamment :

Recherché activement par les services secrets israéliens, américains et français, il s'était réfugié en Iran vers la fin des années 1980 où il collabora avec les responsables du ministère du Renseignement et de la sécurité avant de devenir le chef des opérations extérieures du Hezbollah[5]. En 1994, son frère trouve la mort dans l'explosion d'une voiture piégée à Beyrouth, une opération imputée au Mossad israélien. À l'époque, des informations laissaient entendre qu'Imad était déjà la personne visée. Son cousin et beau-frère Moustapha Badreddine, membre du Parti islamique Dawa irakien, a été condamné à mort par le Koweït pour sa participation présumée à l'attentat-suicide du 12 décembre 1983 (en) contre l'ambassade américaine au Koweït[6].

Depuis Téhéran, Moughnieh revenait périodiquement au Liban, passant par l'aéroport de Damas avant de prendre la route.

Le , peu après à 22 h 45, il est tué par l'explosion d'une bombe posée dans sa voiture — une Mitsubishi Pajero — à Damas en Syrie[1],[7],[8]. Le Hezbollah a accusé Israël d'avoir assassiné Moughniyeh, ce que nie le gouvernement israélien.

L’ancien conseiller aux affaires du Proche-Orient de trois présidents américains Bruce Riedel, qui a occupé des positions élevées au sein de la CIA pendant près de trente ans, a aussi affirmé que « le Mossad est derrière l’assassinat de Imad Moughnieh ». Selon lui, les États-Unis ne seraient pas impliqués : « Car un attentat à la voiture piégée s’inscrit dans le cadre des méthodes traditionnellement employées par le Mossad[1],[9] ».

Selon des sources pro-israéliennes, le Hezbollah était depuis quelque temps divisé entre ses chefs. D'après Salim Neqqash, un ami de Moughniyah, la photo publiée par le FBI n'est pas celle de Moughniyah et ajoute qu'il n'a subi aucune chirurgie esthétique[10]. Selon un diplomate occidental en poste à Beyrouth[11], la mort de Moughniyah est un sérieux coup porté au Hezbollah et qui « implique une pénétration du mouvement au plus haut niveau ». Le gouvernement américain a jugé que le monde était « meilleur » depuis la mort de Moughniyah.

Références

  1. Un chef recherché du Hezbollah tué par une bombe à Damas « Copie archivée » (version du 20 février 2008 sur l'Internet Archive) Le Monde (consulté le 13 février 2008)
  2. (en) The 5 Iranians and 1 Lebanese on Interpol wanted , 8 novembre 2007, Ya Libnan
  3. Liste des personnes recherchées par l'Union européenne
  4. Robert Baer La chute de la CIA : les mémoires d'un guerrier de l'ombre sur les fronts de l'islamisme (trad. Daniel Roche de See not evil, Three Rivers Press, New York, 2001), collection Folio documents, Gallimard, 2002 (ISBN 2-07-042854-0)
  5. Le Figaro du 14 février 2008 : Un chef terroriste du Hezbollah liquidé à Damas
  6. Ahmad al-Khaled, Hezbollah leader Mugniyah killed, Kuweit Times, 14 février 2008
  7. Nouzille, Vincent, (1959- ...)., Les tueurs de la République : assassinats et opérations spéciales des services secrets, Paris, Fayard, dl 2015, 348 p. (ISBN 978-2-213-67176-5 et 2213671761, OCLC 905100818, lire en ligne), p. 134
  8. (en) Ronen Bergman, Rise and Kill First : The Secret History of Israel's Targeted Assassinations, Grande-Bretagne, John Murray, , 2018e éd., 784 p., 12,8 x 5,4 x 19,8 cm (ISBN 978-1-4736-9472-9, présentation en ligne), p. 602
  9. .
  10. (ar) Alarabiyah (consulté le ).
  11. Le Figaro du  : La liquidation de Moughniyeh place le Hezbollah devant des choix difficiles.

Liens externes

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