Humusation

L’humusation est un néologisme créé par ses adeptes de l'époque, principalement belges et français, mi-juin 2014, désignant un processus naturel de 12 mois, divisé en 4 étapes distinctes, de restitution du corps humain en humus sain et fertile, établi sur le modèle de la forêt, afin que celui-ci, à l'aide des micro-organismes, bactéries, champignons, ... provenant de la faune du sol, puisse retourner aux couches superficielles de la Terre, de manière écologique, en les régénérant[1].

Le processus recherche d'une part, à procurer une après-mort du berceau au berceau, 100 % soutenable pour l'avenir de l'humanité et la continuité de la vie sur terre, en garantissant la régénération de l'humus dans le respect des défunt.e.s et des familles ainsi que, d'autre part, à permettre une fixation de CO² , grâce à la plantation d'arbres rendue possible par l'utilisation de l'humus créé.

Processus[1]

La première étape est l’ "accueil" du corps. Revêtu d’un linceul biodégradable, le corps du défunt repose dans un cercueil réutilisable, dont la base est une civière en inox réfrigérante, afin de ne pas recourir, pour sa conservation, à des substances toxiques pour le sol et pour le processus d’humusation. Hormis ce détail technique, tout se déroule comme pour des funérailles conventionnelles.

La deuxième étape est la mise, proprement dite, en "humusation". Le corps est déposé sur un lit de 20 cm de fins broyats de copeaux de bois, à même le sol, puis recouvert d’environ 2 autres mètres cubeS du même mélange végétal (dont 10% de lignite et un accélérateur de compost[alpha 1]), gorgé d’eau de pluie, par immersion durant une semaine[alpha 2]. La butte d’humusation prend alors la forme d’un tumulus végétal.

Une stèle commémorative, en matériau naturel, est installée et permet aux proches de savoir où venir se recueillir pendant la troisième étape.

La troisième étape est la "symbiose" du corps et de la terre. Elle dure 12 mois. C'est l'étape de décomposition naturelle des matières en présence et permettant la transformation de la dépouille humaine en humus sain et fertile.

Dans un premier temps, la température qui atteint environ 60 degrés à l’intérieur du tumulus, permet de tuer les pathogènes et d'écarter les risques sanitaires[2].

Après plus ou moins 4 mois, lorsque toutes les parties molles sont décomposées, les humusatrices.teurs (personnes agréées aux techniques d'humusation mises en place par la Fondation d'Utilité Publique "Métamorphose pour mourir.. puis donner la vie !") enlèvent les éventuels résidus non humains présents (plombage, pacemaker, prothèse, ....), émiettent les os et les dents en les incorporant à tout le broyat pour en faciliter leur décomposition pendant la suite du processus, pour finalement, reformer la butte.

Cette bio-décomposition des dépouilles humaines est faite uniquement sous le contrôle d’humusateur.trice.s agréé.e.s, dans un lieu clôturé et sécurisé nommé "Humusatorium" (centre de mise en humusation).

Pour une humusation réussie, il faut notamment : une butte érigée sur un sol vivant ; un broyat fin gorgé d’eau, avec un bon rapport carbone/azote (du brun et du vert) ; un taux d’humidité suffisant à tout moment ; une bonne aération ; un cycle de douze mois ; du personnel dûment formé pour mettre en œuvre les bonnes pratiques du processus.

L’humusation d’un seul corps humain permet de produire 1,5 m³ d'humus.

La quatrième étape est appelée le “cadeau” à la Terre. Douze mois après la mise en humusation, une partie de l'humus obtenu (+/- 1 % = +/- 15 litres[alpha 3]) est réinsérée par les humusatrices.teurs, selon les techniques agréées, dans de l'humus originel, au sein d'un espace distinct dédié au souvenir et recueillement des proches nommé "Bois du souvenir" pour y faire pousser un arbre[alpha 4].

Le passage (transfert de l'humus), d'un lieu à un autre, peut donner lieu à une cérémonie symbolique.

La stèle commémorative est déplacée à l'endroit de pousse de l'arbre.

Sous le contrôle des humusateurs.trices et selon les techniques agréées, l'humus restant est utilisé pour régénérer, de manière non commerciale, des sols malmenés de la Région entourant l'humusatorium et nécessitant d'être régénérés.

Dans le monde

Belgique

  • 2014 : pétition lancée pour légaliser l'humusation[3].
  • 2017 : approbation d'une motion, à l'unanimité, par le Conseil Communal de la ville de Liège visant à faire reconnaître le principe d’humusation comme mode légal de sépulture en demandant à la Région Wallonne de financer des tests scientifiques[4]. Ces derniers ont été confiés à l’UCLouvain par le Ministre de l’Environnement de l’époque, Carlo di Antonio, justifiant cette démarche par le fait que les pratiques actuelles sont très polluantes[5].
  • 2018 :
    • 15 janvier : motion déposée au conseil communal de Mons par le groupe Ecolo pour faire reconnaître l’humusation comme mode légal de sépulture[6].
    • 19 novembre : adoption par la région de Bruxelles-Capitale d'une ordonnance en faveur de l’humusation, qui ne sera d’application qu’après confirmation de tests concluants. C’est la première mention du terme " humusation" dans la législation belge.
    • 14 décembre : l'UCLouvain, mandaté par la Région Wallonne en vue de valider scientifiquement le processus d'humusation, engage des expérimentations sur des porcs[7].
  • 2020 :
    • 26 octobre : suite aux conclusions de l'étude de l’UCLouvain (non encore publiées), le ministre des Pouvoirs locaux, Christophe Collignon déclare qu'« il a été décidé de ne pas prolonger la réflexion sur une possible réglementation de l’humusation en Wallonie », tant pour les animaux que pour les humains[8].
    • 03 décembre : publication du rapport d'expérimentation de l'UCLouvain[7]. L'UCLouvain conclue que "l'humusation naturelle telle qu'étudiée ici n'apporte pas une réponse satisfaisante aux enjeux présentés dans la préface".
    • 04 décembre : publication de la critique du rapport de l'UCLouvain par la Fondation Métamorphose[9] (créatrice de la technique) expliquant que contrairement à ce que l'UCLouvain aurait conclu, l'UCLouvain n'aurait pas utiliser les techniques précises préconisées par la Fondation Métamorphose ni même collaborer avec cette dernière pour la réalisation des tests pour garantir ainsi l'efficacité du procédé créé. Certains paramètres (taux d’humidité du broyat, épaisseur du linceul, influence de certains activateurs de compost, taille du tas, ...) méritant d’être étudiés de manière plus approfondie afin que l’humusation puisse être validée "scientifiquement" et fournir toutes les garanties nécessaires pour la réussite du procédé préconisé dont, par exemple, un taux d'humidité adéquat dans les buttes (l'une d'elles ayant été enterrée lors des tests de l'UCLouvain, ce qui n’est pas le processus préconisé) et l'impérieuse nécessité de recourir à des spécialistes du compostage experts en humusation pour la réalisation des tests.
  • 2021 :
    • 8 juin : pétition lancée sur le site du Parlement wallon[10] afin que des porteurs du projet puissent se faire entendre des autorités "pour que le Parlement Wallon autorise les tests scientifiques sur l'humusation de quelques corps humains", aucune des demandes d’audition adressées à la Commission des Pouvoirs Locaux en charge des funérailles et sépultures n’ayant abouti.

Canada

    Depuis 2010, le Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires Rurales de la Province d’Ontario préconise aux éleveurs industriels de faire le compostage des cadavres de leurs bovins à la ferme plutôt que de faire appel aux services d’équarrissage[11].

    États-Unis

    • Depuis 2008, le Cornell Waste Management Institute, financé par le département des transports de New York, Cornell Cooperative Extension et le Collège d'Agriculture et des Sciences Vivantes, préconise de composter les biches et cerfs qui ont été percutés par des véhicules[12].
    • En 2019, l’État de Washington légalise la méthode "Recompose[13]"[14]. Le gouverneur Jay Inslee la présente comme un « effort réfléchi pour réduire notre empreinte environnementale »[14]. Cette technique se rapproche de l’humusation dans une version plus « high tech » même si restant quelque peu différente.

    France

    Actuellement interdite en vertu de l'article 16-1-1 du Code civil qui dispose que « les restes des personnes décédées […] doivent être traités avec respect, dignité et décence ».

    En 2016, le ministère de l'Intérieur répond à la sénatrice du Rhône Élisabeth Lamure (Les Républicains) que la pratique « soulèverait des questions importantes, tenant notamment à l’absence de statut juridique des particules issues de cette technique », et évoque la nécessité d'« une réflexion approfondie qui pourrait se poursuivre dans le cadre du Conseil national des opérations funéraires »[14].

    En 2019, Science et Vie souligne cependant que « les mentalités changent et, avec elles, le sens du "respect", de la "dignité" et de la "décence" »[15].

    Pour exemple, le cercueil est encore obligatoire, mais outre le bois, « les cercueils peuvent également être fabriqués dans un matériau ayant fait l'objet d'un agrément par le ministre chargé de la santé, après avis du Conseil supérieur d'hygiène publique de France », comme l'indique l'article R. 2213-25 du Code général des collectivités territoriales. Après leur utilisation en Europe du nord, des cercueils en "carton" (« matériau complexe de papier ») ont été mis sur le marché (moins coûteux et plus légers que les cercueils en bois)[16].

    Notes et références

    Notes

    1. L'accélérateur de compost a pour but de favoriser le compostage en aérobie pour éviter de devoir retourner la butte.
    2. Technique d'immersion ayant pour but de créer une réserve d'eau nécessaire pour assurer le bon déroulement du processus d'humusation.
    3. L’arbre n’a besoin, au départ, que d’un seau de terreau de plus ou moins 15 litres pour couvrir le sol autour de la graine. C’est dans la phase critique de la mise en terre qu’il aura besoin d’un coup de pouce. Après, c'est l’arbre lui-même qui nourrit l’humus. Il est alors autonome.
    4. En accord avec les lois forestières en vigueur du pays.

    Références

    1. Francis Busigny, " Playdoyer pour l'Humusation : une nouvelle pratique funéraire en harmonie avec les processus du vivant. ", Belgique, à compte d'auteur, , 122 p.
    2. Compostage (biologie)
    3. « Pétition pour légaliser l'HUMUSATION / Petitie om HUMUSATIE te legaliseren: », sur Petitionenligne.fr (consulté le )
    4. « Humusation des corps : pas pour demain mais l'idée progresse », sur rtbf.be, (consulté le )
    5. Florence Lambeaux, « Feu vert pour expérimenter le compostage des morts (humusation) ! – Canal C – Votre média en Province de Namur », sur www.canalc.be (consulté le )
    6. « De cadavre à compost : l'humusation fait débat à Mons », sur lavenir.net, (consulté le )
    7. « Compostage des corps, une fausse bonne idée écologique ? », sur UCLouvain (consulté le )
    8. « Funérailles: la Wallonie tourne le dos à l’humusation, jugée trop polluante », sur sudinfo.be, (consulté le )
    9. « Critique scientifique du rapport de l'UCLouvain daté du 19/10/2020 », sur HUMUSATION, (consulté le )
    10. « Une pétition sur le site internet du Parlement de Wallonie », sur Parlement de Wallonie (consulté le )
    11. « Compostage de cadavres de bovins à la ferme », sur www.omafra.gov.on.ca (consulté le )
    12. (en-US) Cornell Waste Management Institute, « Composting Road Kill », video/moving image, (lire en ligne, consulté le )
    13. (en-US) « Recompose — Ecological Death Care », sur Recompose (consulté le )
    14. Claire Lesegretain, « Aux États-Unis, « l’humusation des corps » est désormais légalisée », sur la-croix.com, (consulté le ).
    15. Kheira Bettayeb, « La nouvelle vogue des enterrements "écologiques" », Science et Vie, no 1227, , p. 46-47 (lire en ligne, consulté le ).
    16. S. M.-P., « Toussaint ; Funérailles : et si vous choisissiez un cercueil en carton ? », Dauphiné libéré, (lire en ligne, consulté le )

    Voir aussi

    • Portail de la mort
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