Holcim

Holcim (anciennement Holderbank ou Holderbank Financiere Glaris Ltd.) est un cimentier, entreprise familiale (famille Schmidheiny) devenue multinationale au cours du XXe siècle et qui compte parmi les plus grands producteurs mondiaux de ciment. Son siège principal est en Suisse, à Zurich.

Holcim

Création 1912
Disparition
Personnages clés famille Schmidheiny (propriétaire)
Forme juridique société anonyme[1]
Action SIX : HOLN
Siège social Rapperswil-Jona[1]
Actionnaires En 2015, Eurocement, 2nd actionnaire détient 10,8% des voix au CA derrière Thomas Schmidheiny (20%), et devant le fonds d'investissement américain Harris Associates[2]
Activité Fabrication de ciment et de béton, production de granulat, exploitation de carrières, fourniture au secteur du BTP de services connexes
Produits Ciment et dérivés
Filiales Holcim (Belgium) (d), Holcim (United Kingdom) (d) et Holcim (Canada) (d)
Effectif 90 000 (en 2011), 130 000 après la fusion avec Lafarge en 2015[2]
Site web www.holcim.com

Chiffre d'affaires CHF 21,65 Mrd (2010)
Résultat net CHF 1,62 Mrd (2010)
Société suivante LafargeHolcim

En 2015, Holcim fusionne avec le no 1 mondial du secteur, le groupe français Lafarge dont le nouvel ensemble prend le nom de LafargeHolcim.

Historique

Une partie de l’une des usines allemandes d’Holcim
Wagon Holcim
Silos et autres installations du port d'Onehunga près d'Auckland en Nouvelle-Zélande

Holcim est fondée en 1912 sous le nom de « Financière Glaris » dans le village d'Holderbank du canton d'Argovie, à partir de la fusion en 1904 de la « Fabrique argovienne de ciment Portland » (société créée 10 ans plus tôt le à Holderbank par Adolf Gygi) avec la « Rheintalischen Cementfabrik Rüthi », détenue par Ernst Schmidheiny[3].

Très vite, E. Schmidheiny, qui dirige la Financière Glaris, prend conscience que le marché intérieur suisse n'offre pas de grandes opportunités d'expansion pour l'entreprise. Après l’armistice qui clôt la Première Guerre mondiale fin 1918, les besoins en ciment explosent en Europe et au début des années 1920 ; la société commence à investir dans l'industrie cimentière d'autres pays européens. Cette tendance se poursuit hors d'Europe avec des investissements en Égypte, au Liban et en Afrique du Sud.

En 1930, E. Schmidheiny rebaptise son entreprise en Holderbank, nom qui sera conservé jusqu'en 2001[3]. La Holderbank comprend la holding « Holderbank Financière Glaris » (HOFI) et la Société cimentière suisse « Schweizerische Cement-Industrie Gesellschaft » (SCI) basée à Ennenda[3]. Ernst Schmidheiny meurt et lègue son patrimoine industriel à ses deux fils, Ernst junior et Max, qui vont poursuivre l'expansion industrielle et financière du groupe avec le soutien d'Hans Gygi (fils d’Adolf Gygi) puis de Thomas Schmidheiny[3] (3e génération).

Selon B Ruers, ancien sénateur néerlandais et co-fondateur du « Dutch Asbestos Committee and Solicitor », le groupe fait partie des entreprises qu'il considère comme ayant monté (d'abord en Suisse puis à échelle internationale) un cartel du ciment puis, avec notamment des membres de la famille belge Emsens et l'industriel français Guillaume Cuvelier un « Cartel international de l'amiante » (amiante-ciment en l'occurrence) qui a conduit à une production d'amiante-ciment (Eternit) par environ 200 usines en Europe au milieu du XXe siècle[4]. Le cimentier suisse Ernst Schmidheiny joue, en 1920 et dans les années qui suivent, un rôle central pour le développement du Groupe Eternit et de la production d'éternit en Europe en créant une usine en Allemagne, puis en fondant en 1929 le groupe ou cartel « International Asbestos cement company » SAIAC (ou SAIAC AG), dont le secrétariat établi en suisse est dirigé par Schmidheiny, lui-même présenté dans le rapport annuel de 1929 de Turner & Newall (producteur d'amiante-ciment et membre de SAIAC) comme une « ligue des nations miniatures » (the miniature League of Nations)[4].

Dans les années de la seconde après guerre et particulièrement dans les années 1950 et les 1960 l'entreprise développe un réseau de holdings en Amérique du Nord et en Amérique Latine. En 1951, la société s'installe au Canada sous le nom de Ciment St-Laurent ; elle commence ses activités canadiennes en construisant une cimenterie à Beauport, dans la région du Québec.

Dans les années 1970, l'entreprise s'étend vers les marchés émergents de l'Asie-Pacifique. Dans les années 1980, Holcim continue à s'étendre vers de nouveaux marchés, y compris l'Europe de l’Est. Holcim devient alors leader au niveau mondial.

En , le groupe Financière Glaris « Holderbank » se rebaptise Holcim. En 2002, Holcim acquiert Ciments d'Obourg en Belgique. En 2007, Holcim compte 90 000 employés et est présente dans plus de 70 pays à travers le monde.

Le , dans le cadre du plan de nationalisation de l'industrie du ciment du président vénézuélien Hugo Chávez[5], Holcim conclu un accord de cession de ses filiales vénézuéliennes[6].

En , le groupe français Lafarge et Holcim annoncent un projet de fusion entre les nos 1 et 2 du ciment. La nouvelle entité sera basée en Suisse[7]. En , Cement Roadstone Holdings (CRH) acquiert les actifs de Lafarge et de Holcim dans le cadre de leur fusion, pour un total de 7,34 milliards de dollars[8].

Le a lieu la fusion de Lafarge et d'Holcim, dont le nouvel ensemble prend le nom de LafargeHolcim[9].

À partir d'aout 2015, Holcim France change de nom, d'identité visuelle et d'actionnaires en rejoignant le groupe irlandais Cement Roadstone Holdings qui employait alors environ 76 000 salariés sur 3 300 sites, produisant environ 300 millions de tonnes de matériaux de construction avec 40 % de son bénéfice réalisé dans le secteur résidentiel, 30 % dans le non-résidentiel et 30 % dans les infrastructures[10], pour devenir (dans le périmètre français[Quoi ?]) EQIOM.

Il lui est reproché de fermer yeux sur les stratégies de répression et de criminalisation de son partenaire au Guatemala, Cementos Progreso[11].

Holcim est accusée de recycler en Roumanie les déchets sales venus de l’étranger, générant une pollution à grande échelle[12].

Alliances et partenariats stratégiques

Après une longue période où les alliances se sont notamment constituées au sein de cartels, l'entreprise a depuis 1992 notamment cherché à développer de nombreux partenariats stratégiques multisectoriels ou de type PPP (Partenariat public privé), par exemple avec la Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (GTZ)[13],[14], de manière à s'implanter plus durablement dans les pays ou régions où elle a installé ses actifs.

Selon Schmidheiny, Holliday, et Watts en 2002[15], ces partenariats permettent d' « améliorer la gestion des risques d’entreprise et des attentes des partenaires, à développer de nouveaux marchés, de nouveaux produits et de nouvelles prestations, à respecter la législation et les contrats, ainsi qu’à optimiser les procédés commerciaux et à accroître la productivité »[14]. Le partenariat avec GTZ visait principalement à « élaborer et de tester des directives applicables au niveau international sur l’utilisation de déchets dans les fabriques de ciment. Cette alliance stratégique s’étend jusqu’en 2006 et sa mise en œuvre est testée dans quatre pays pilotes : le Chili, le Mexique, le Maroc et les Philippines », 4 pays où Holcim et GTZ sont présents depuis plusieurs années en y jouissant selon Stefanie Koch (Consultante et coordinatrice du développement durable/responsabilité sociale au sein de Holcim Group Support Ltd.) « d’une excellente réputation »[14]. GTZ était dans ce cas chargé de produire des conseils, des cours et formations et faire monter en compétence les élus et acteurs locaux dans le domaine de la production de lois ou directives gouvernementales encourageant ou imposant la valorisation thermique de déchets en cimenterie, et dans les domaines techniques et organisationnels pouvant faciliter le projet d'Holcim d'utiliser des déchets à la place des combustibles traditionnels (fuel, gaz, charbon)[14].

Métiers

En 2006, no 1 mondial du marché du ciment avec une production de 220 millions de tonnes par an, puis derrière Lafarge avec une production de 205 millions de tonnes par an[Quand ?].

Holcim est aussi carrier et fournit aussi des liants routiers et des services liés au ciment

Chiffres (2010)

Détail des implantations dans les pays (en rouge) où Holcim détient au moins une cimenterie.
  • 90 000 employés
  • Ciment : 220 millions de tonnes
  • Gravier et sable : 170 millions de tonnes
  • Béton : 38 millions de m3

Suisse[16]

Carrière et fabrique de ciment du groupe Holcim au Mormont (Suisse).
  • 1 300 employés ;
  • Ciment : 2,5 millions de tonnes ;
  • Gravier, sable et ballast : 6 millions de tonnes ;
  • Béton : 1,5 million de m3 ;
  • 1 300 000 tonnes de CO2 émises en 2019, ce qui fait d'Holcim le plus gros pollueur de Suisse[17].

Données boursières

  • Actionnaires principaux :

(2005) : Flottant 65 %, famille Schmidheiny 35 %.

Aspects légaux et environnementaux

  • En 1992, S. Schmidheiny défend l'idée d'un point de vue spécifique du marché et d'une logique du business concernant la soutenabilité du développement[18] ;
  • En 1993 l'EPA (Agence américaine pour la tutelle environnementale) fait payer à Holcim de Holnam Holly Hill (en Caroline du Sud) une amende de 838 850 dollars pour ne pas avoir respecté les limites sur les émissions atmosphériques en Caroline du Sud (l'autorisation était dépassée de 50 %)[19]. Cette même année, au Texas, l'organisme pour la protection de l'atmosphère impose une amende de 135 000 dollars à Holcim de Midlothian pour avoir surpassé de 50 % ces limites[19] ;
  • En 1994, l'usine Holcim de Clarksville (Missouri), après avoir brûlé dans ses fours des déchets dangereux (depuis 1986), doit payer 100 874 dollars d'amende pour avoir omis d'analyser certains des déchets introduits dans les fours. De son côté, l'établissement de Florence (Colorado) a pour la troisième fois été recalé aux tests d'émissions polluantes[19] ;
  • En 1997 au Texas, Holcim annonce une nouvelle technologie qui se traduira par un air plus propre et se voit accorder un permis de doubler la production, mais sans tenir ses promesses ; selon les autorités locales de régulation environnemental et sanitaires, l'usine n’a pas installé l'équipement promis dans la demande de permis, a fait des changements qui ont aggravé la pollution de l'air, puis a menti dans ses déclarations d'émissions durant neuf ans[19] ;
  • En 1999, les inspecteurs fonctionnaires de l'État de Iowa (États-Unis) détectent qu'Holcim a omis de signaler avoir dépassé ses autorisations de rejet dans l'air. Le « Michigan Department of Environmental Quality » donne à l'Holcim de Dundee une amende de 576 500 dollars) pour émissions de 750 % supérieures aux limites consenties[19] ;
  • En 2000, S Schmidheiny & B Stigson publient un pladoyer pour l'éco-efficience qui peut selon eux « créer plus de valeurs avec moins d'impacts »[20] mais cette même année Holcim doit payer une importante amende parce que plusieurs installations (dont un broyeur à charbon) de l’usine de LaPorte (Colorado) polluait deux fois plus que les autorisations d'émissions accordés à cet établissement[19] ;
  • En 2002 selon un rapport de la TNRCC (Texas Natural Resource Conservation Commission) Holcim a violé les règlements l’obligeant à déclarer ses émissions, méprise certains des normes les plus élémentaires régissant les émissions de pollution de l'air. Cette même année l’entreprise est accusée de greenwashing par les ONG environnementales quand elle vient plaider pour l'autorégulation volontaire des entreprises par elles-mêmes (idée alors aussi soutenue par l'administration Bush) au Sommet de la Terre de Johannesbourg après que le Suisse Stephan Schmidheiny a au Sommet de la Terre de 1992 à Rio combattu les projets de réglementer les entreprises au profit de l'environnement, dont en fondant le Conseil des entreprises pour le développement durable, une coalition de 160 sociétés internationales comme AOL Time Warner, AT & T, Bayer, BP, Coca Cola et Dow Chemical[19],[21],[22],[23] ;
  • En 2003, l’entreprise doit payer une amende de 14,6 millions d'euros pour sa participation à un cartel accusé de maintenir artificiellement les prix du ciment à un haut niveau ;
  • En 2005, l'EPA (Environmental Protection Agency) classe Holcim comme un « contrevenant hautement prioritaire » (« high priority violator/significant non-complier »") après que la cimenterie Ada d’Oklahoma ait été condamnée à une amende de 321 000 $ pour avoir violé ses limites de pollution plus de 1 000 fois en une seule année ;
  • En 2006 en Inde l’entreprise est poursuivie et mise à l’amende pour avoir omis de se conformer aux réglementations d'acquisition lors de son achat de la compagnie «  Associated Cement Company » ;
  • En 2008, la justice colombienne fixe une amende de 424 000 $ à Holcim pour entente sur les prix ;
  • En 2010 c’est une amende de 280 000 $ que l’entreprise doit payer en Australie pour dynamitage effectué dans une zone du patrimoine national comprenant des témoignages d’art rupestre indigène datant de jusqu'à il y a dix mille ans[24].
  • En 2011, Holcim offre un prix de 2 millions de dollars aux lauréats d'un concours (Holcim Awards) qu'il a organisé sur le thème de la construction durable.

Notes et références

  1. « Holcim Ltd », Registre du commerce du canton de St. Gall (consulté le )
  2. Les 7 chiffres du nouveau géant Lafarge-Holcim, article signé Marie Théobald, publié le 09/05/2015 par Le Figaro
  3. « Holcim, une entreprise plus que centenaire », Le Temps.ch, 7 avril 2014.
  4. B. Ruers, The International Asbestos Cartel ; in World Asbestos Report, 2004.
  5. « Venezuela : nationalisation des filiales ciment de Lafarge, Cemex et Holcim », leblogfinance.com, avril 2008.
  6. « Venezuela-Nationalisations : Lafarge indemnisé », Le Journal du dimanche.
  7. (en) « Holcim, Lafarge agree to create cement giant », Natalie Huet, Reuters, 7 avril 2014.
  8. (en) « CRH confirms $7.34 billion deal to buy assets from Lafarge SA, Holcim: WSJ », Reuters, 1er février 2015.
  9. « LafargeHolcim, un colosse est né », BatiActu.com avec AFP, 15 juillet 2015.
  10. « Accord finalisé entre CRH et LafargeHolcim », BatiActu.com, 27 mai 2015.
  11. https://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2011-10-28-Guatemala-le-pays-ou-la-droite-est
  12. Benjamin Ribout, « Les déchets «sales» finissent en Roumanie », TDG, (ISSN 1010-2248, lire en ligne, consulté le )
  13. GTZ et Holcim, Co-Processing of Waste in Cement Plants, fact sheet, Eschborn, GTZ, 2004.
  14. Stefanie Koch (2010), « L’importance des partenariats multisectoriels pour le secteur privé : l’expérience de Holcim », Annuaire suisse de politique de développement [En ligne], Vol. 24, n°2 | 2005, mis en ligne le 19 février 2010, Consulté le 22 juillet 2015. URL:http://aspd.revues.org/355
  15. Holliday, C.S., Schmidheiny, S., Watts, P., 2002, Walking the Talk: The Business Case for Sustainable Development, Sheffield, Greenleaf. (Traduction française : De la parole aux actes. 67 expériences de développement durable dans l’entreprise, Paris, Victoires-Editions, 2003.)
  16. Cargo magazine, n° 4, 2010
  17. « Climat : Holcim et Lonza, les plus gros pollueurs en Suisse », sur RTS info, Radio télévision suisse, (consulté le ).
  18. Schmidheiny, S. (1992). The business logic of sustainable development. Columbia Journal of World Business, 27(3-4), 18-24.
  19. Lucy Komisar (2002), USA: Holcim -- Global Greenwasher ; Transnational Corporations Push Voluntary Self-Regulation at Johannesburg Earth Summit, Pacific News Service, 26 août 2002
  20. Schmidheiny, S., & Stigson, B. (2000). Eco-efficiency: creating more value with less impact. World Business Council for Sustainable Development.
  21. Schmidheiny S (1992) Changing course: A global business perspective on development and the environment (Vol. 1). MIT press.
  22. Schmidheiny S (1992) with the Business Council for Sustainable Development. Changing course: a global business perspective on development and the environment, 2.
  23. Holliday C.O, Schmidheiny S & Watts P (2002) Walking the talk: The business case for sustainable development. Berrett-Koehler Publishers.
  24. , Parlement du Queensland Liste

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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