Henri Nick

Henri Nick (1868-1954) est un pasteur réformé français qui s’est distingué par son engagement social dans la région de Lille.

Biographie

Famille et formation

Henri Nick naît à Paris le dans une famille de la bourgeoisie parisienne. Son père, Georges-Henri Nick est un Allemand qui sera naturalisé français en 1875 et qui occupe les fonctions de directeur d'agence à la Société générale, une banque fondée en 1864. Il meurt malheureusement en 1878. La mère d’Henri Nick, née Héléna Roussel, l’élève à Paris où il fréquente le lycée Janson-de-Sailly, mais il part ensuite pour Montpellier où il passe son bac de lettres classiques en 1885 avant d’entrer à la faculté de théologie protestante de Montauban. Il s’y lie d’amitié avec deux jeunes gens de son âge qui vont devenir des figures du protestantisme français et du christianisme social : Wilfred Monod et Élie Gounelle. Pendant ses études à Montauban, il fait une expérience religieuse, qu'il appelle une conversion, dans le cadre d’un groupe de « Réveil » animé par Wilfred Monod[1],[2]. Il devient pasteur en 1890 et, après une suffragance à Saint-Christol-lès-Alès, prend le poste pastoral de Mialet dans le Gard. Il se marie le au Vigan (Gard) avec Hélène-Marie Lèques, une jeune femme née en 1870 qu’il a rencontrée dans le cadre du « Réveil » et qui sera sa plus proche collaboratrice pendant vingt-deux ans, car elle meurt prématurément en 1917. Ils auront six enfants[3].

Ministère pastoral

Au cours de son premier ministère à Mialet, Henri Nick se préoccupe d’évangélisation et parcourt les Cévennes n’hésitant pas à prêcher en plein air à l’instar de John Wesley. Il collabore avec son ami Élie Gounelle qui est à Alès, notamment dans le cadre du développement des activités des UCJG. Son ministère est couronné de succès puisque plusieurs dizaines de personnes sont gagnées et converties en quelques années[1]. Il réalise cependant qu’il serait plus urgent encore de se tourner vers les populations ouvrières profondément déchristianisées. Il pense qu’elles recevraient favorablement le message chrétien, celui-ci une fois débarrassé des compromissions qu’entretiennent la plupart des Églises avec les puissants. En 1897, à l’instigation Élie Gounelle, il part donc s’installer dans la région de Lille pour fonder des "fraternités", microsociétés alternatives alliant prédication et service social[2]. Alors qu'Élie Gounelle s’était implanté à Roubaix en 1896, Henri Nick s’installe comme pasteur à Lille où il fut chargé de l'évangélisation dans le quartier populaire de Fives, la zone la plus déshéritée de la ville à laquelle il va se consacrer pendant une cinquantaine d'années. Dès 1897 il ouvre une petite salle avec l’aide de la Mission populaire évangélique (ou "mission MacAll") et commence les distributions de bibles et de tracts. À partir de 1901, il installe sa salle paroissiale qu’il appelle le « Foyer du peuple » dans un baraquement, jusqu’à ce qu’il puisse s’assurer, en 1903, toujours avec l'aide la mission MacAll, d'une grande salle, située au 165 rue Pierre-Legrand. Cette salle de six cents places ne suffit pas toujours car il est fréquent que les célébrations réunissent plus de mille personnes[1]. Très soucieux des problèmes de pauvreté, d’insalubrité, d’alcoolisme et de prostitution, il y organise des visites médicales, des réunions pour les jeunes mères, des séances d’information et d’échange contre l’alcoolisme avec l'aide de la Croix bleue, en parallèle avec ses cultes et séances d'évangélisation. Il part aussi sur le terrain faire des tournées en utilisant des chants, des prédications et des débats. Contrairement à MacAll , il ne fait pas de la conversion un passage obligé et ouvre sa maison du peuple à tous. Il ouvre également une coopérative de consommation (une banque alimentaire) et organise des camps de vacances pour les enfants d’ouvriers. Dès 1914, ceux-ci partent en colonies de vacances à Sangatte[4]. Durant la guerre de 1914-1918, il est aumônier militaire et sera décoré. Après la guerre, veuf, il rentre à Lille et reprend ses activités auprès des ouvriers et des plus défavorisés. Il relance une colonie de vacances à Aubengue près de Wimereux dans le Pas-de-Calais. Quelques années plus tard il rachètera un hôtel à Sainte-Cécile plage, dans la commune de Camiers, dont il fera une maison de vacances.

Henri Nick prend le parti des ouvriers au moment des grandes grèves des années 1930, ce qui ne va pas sans soulever des difficultés importantes au sein du protestantisme français[4]. À la fin de sa vie, le pasteur Henri Nick a fait de son Foyer du peuple une église évangélique indépendante de bonne dimension. En 1962, elle devint paroisse de l’Église Réformée de France (ERF), aujourd’hui fusionnée dans l'Église protestante unie de France[5]. Il meurt le à Lille.

Juste parmi les nations

Au début de la Seconde Guerre mondiale, le pasteur Henri Nick, veuf et âgé de 70 ans, vit à Lille avec sa fille Jeanne, qui était sourde et travaillait dans un laboratoire d'analyse médicale. En , les Nick se rendent au Chambon-sur-Lignon puis rentrent à Lille. Le foyer de son fils Pierre-Élie Nick, médecin à Inchy près de Cambrai, et de sa belle-fille Odile devient un relais précieux pour le "réseau Nick" qui va se consacrer à la Résistance et à l'aide aux juifs persécutés. Le réseau compte parmi ses membres actifs le pharmacien d'Inchy, Jean-Marie Laude, membre de Libération-Nord, l'abbé Mathieu, supérieur de Notre-Dame de Grâce et Maurice Lozé, curé doyen d'une paroisse du Cambrésis qui travaille à la mairie d'Inchy et a ainsi accès aux cachets et aux tampons indispensables à la fabrication de faux papiers, le docteur Léonce et Madame Edmée Baron, de Lille, Anne-Marie Capitain, enseignante au Château de la Huda à Trélon (Nord) et Jeanne Rousselle, qui dirige l'établissement, et le pasteur Marcel Pasche, de Roubaix. Les Nick assistent le Comité clandestin de secours aux juifs mis sur pied en 1942 par Léon Léser, en lui procurant de nombreux lieux de refuge ou des familles d'accueil. Le pasteur Henri Nick participera au réseau Wisigoth-Lorraine, réseau consacré à l’évasion des aviateurs alliés vers l'Espagne, dont le chef, Michel Dégremont, un protestant du Cateau, était son ami[6]. Le , Yad Vashem a décerné au pasteur Henri Nick, ainsi qu'au docteur Pierre-Élie Nick et à son épouse Odile, le titre de Juste parmi les Nations[7].

Notes et références

  1. (en) Christophe Chalamet , Revivalism and Social Christianity: The Prophetic Faith of Henri Nick and André Trocmé, Pickwick Publications, Eugene, OR, 2013, (ISBN 9781610978583)
  2. Grégoire Humbert, Henri Nick, écrivain parce que pasteur, Revue NORD no 56, décembre 2010. Aux éditions Ampelos sous la direction de Grégoire Humbert, 6 volumes de correspondance de guerre 1914-1918, ainsi qu'un recueil d'allocutions du pasteur. France Culture a consacré une émission dans l'Atelier Fiction : "Un amour dans la tourmente", diffusée le 9 Novembre 2018, qui reprend des extraits de la correspondance d'Henri et Hélène Nick, une émission que l'on peut écouter en podcast.
  3. Dont la mère de la future actrice Édith Scob.
  4. Musée virtuel du protestantisme, Le protestantisme dans le Nord
  5. Site de la paroisse EPUdF de Fives-Lille, consulté le 11 septembre 2011
  6. Yves-Marie Hilaire, Les protestants du nord et la Seconde Guerre Mondiale, Revue du Nord, année 1978, volume 60, numéro 237, p. 445-450
  7. Dossier du Yad Vashem pour l’attribution de Médaille des Justes

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