Gui de Châtillon (archevêque)

Gui de Châtillon, ou Gui Ier, mort à Reims le , est un prélat français, archevêque de Reims.

Pour les articles homonymes, voir Châtillon.

Gui Ier de Châtillon
Biographie
Naissance Xe siècle
(France)
Décès
Reims
Évêque de l’Église catholique
Archevêque de Archidiocèse de Reims

Biographie

Famille

Gui de Châtillon est le fils de Hervé (alias Hérivée) de Châtillon (947/957-999), seigneur de Châtillon, vidame de Reims et de son épouse Gisèle de Cambrai, et donc petit-neveu de Hervé (ou Hérivée) de Châtillon (mort le ), archevêque de Reims, légat du pape en France, et chancelier du roi Charles le Simple, et qui inféoda plusieurs terres de son église à son frère Eudes de Châtillon, dont Basoches et Châtillon. Il avait deux frères : Gervais, vidame de Reims, qui aura une descendance dite des Vidames de Reims, et Miles ou (Milon) de Châtillon (mort en 1076), seigneur de Châtillon et Basoches, époux d'Avenelle de Montfort (988-1031) qui aura Gui Ier de Châtillon neveu de l'archevêque de Reims[1].

Carrière ecclésiastique de 1047 à 1049

En 1047 il apparaît dans une charte de son suffragant, Gébuin, évêque de Laon (1031-1049) donnée à Laon pour l'abbatiale Saint-Pierre-au-Grand-Cloître de l'abbaye Saint-Vincent de Laon, « simul etiam domini Widonis, archipresulis, et plurimorum episcoporum nostrorum subterfirmationibus »[2]

Le , il souscrit avec l'évêque de Laon la restitution du château de Vic-sur-Aisne à l'abbaye Saint-Médard de Soissons[3]

Par une charte de 1048 Gui donne à perpétuité un autel dédié à saint Quentin aux moines de l'abbaye Saint-Vincent de Laon, un autel dédié à saint Quentin et situé dans le pagus de Mouzon [4], à la suite de la demande de leur abbé : Erchenvé (v.1031-1059), l'acte est donné en public par l'évêque soucieux d’obtenir la rémission de ses péchés et guidé par l’amour pour le saint et martyr Vincent[5], y souscrit également Gébuin de Laon (vers 1030-1050), l'évêque de Laon qui sera déposé deux ans plus tard pour simonie[6]

Au milieu du XIe siècle fut trouvé dans l'église Saint-Pierre de l'abbaye Saint-Bertin de Saint-Omer, le cercueil de Bertin de Sithiu, c'est-à-dire saint Bertin, que saint Folquin, (Folquin de Thérouanne), alors évêque de Thérouanne, avait jugé plus prudent de cacher la relique de saint Bertin, dans un lieu secret, au point que la relique y resta 206 ans et ne fut retrouvée qu'en 1049. Malgré tout, l'abbaye fut pillée et brûlée par les envahisseurs normands en 860. Après cette découverte les religieux de l'abbaye souhaitaient le mettre dans une châsse et invitèrent en 1049, à cette cérémonie, l'archevêque de Reims, Gui de Châtillon, ainsi que Drogon (1030-1078), l'évêque de Thérouanne, et Adèle (1009-1079), comtesse de Flandre, ainsi que plusieurs autres personnages distingués[7]

Le pape Léon IX arriva le à Reims pour la dédicace et consécration de l'église abbatiale de Saint-Remi, en basilique et le Concile de Reims quelques jours plus tard[8]. Il alla jusqu'à la cathédrale entouré de prélats, puis passa la nuit au Palais épiscopal. Le , il partit pour l'abbaye Saint-Remi de Reims. Le , avec l'aide des archevêques de Reims : Gui de Châtillon ; de Trèves : Eberhard (1047–1066) ; de Lyon : Halinard (1046-1052) ; de Besançon : Hugues Ier de Salins (1031-1066), il sortit la châsse de saint Remi, le lendemain commence la dédicace en faisant trois fois le tour de la basilique.

Concile de Reims en 1049

Les 3, 4 et [9],[10] : concile est tenu par le pape Léon IX pour remédier à plusieurs abus dans le cadre de la réforme de l'Église (simonie, nicolaïsme...) et qui faisait la suite de ceux de Rome et de Pavie. Le pape venait à l'initiative de l'abbé de Saint-Remi pour consacrer la nouvelle église. Henri Ier avait convoqué le ban et l'arrière-ban de son domaine et il ne vint que Frotland, évêque de Senlis, et Gui de Châtillon, archevêque de Reims qui les accueillait. Le concile se tenait avec vingt évêques, cinquante abbés et de nombreux clercs, parmi eux : l'archevêque de Trêves, celui du Lyon et celui de Besançon, l'évêque de Porto nouvellement nommé: Jean[11] Sesmando[12] . Le concile prit des sanctions canoniques contre Guillaume le Conquérant à la suite de son mariage avec sa cousine Mathilde de Flandres[13]. Ainsi que contre des gens d'église : furent excommuniés l'archevêque de Sens: Gilduin de Joigny (1032-1049), et celui de Saint-Jacques en Galicie, l'évêque d'Iria-Flavia à Compostelle, pour avoir affirmé que son siège était apostolique ; cette excommunication revenait à nier la présence du corps de l'apôtre à Compostelle)[14], les évêques de Beauvais : Drogon , d'Amiens: Foulques d'Amiens (1036-1058) pour son absence, l'abbé de l'abbaye Saint-Médard de Soissons. Furent déposés les évêques de Langres: Hugues de Breteuil (1031-1049) et celui de Nantes: Budic pour népotisme et sidomie. Douze canons furent promulgués contre l'usure, contre le port des armes par les clercs, l'accès aux charges ecclésiastiques sans élection préalable, la protection des pauvres...

De l'archiépiscopat de Gui nous sont parvenus une quinzaine d'acte[15] dont trois originaux[16].

En 1053, Gui de Châtillon[17] confirma la donation de son neveu Manassès dit Le Chauve, vidame de Reims qu'il a faite à Hérimar, abbé de Saint-Remi, de certaines terres voisines de Viré pour y bâtir une ferme à condition de lui payer 100 sols de rente sa vie durant , en présence de Roger comte de Porcien, son beau-frère de Manassès de Rethel, Renaud comte de Soissons, et Gui Ier de Châtillon († ap.1089), fils de Milon de Châtillon († 1076), seigneur de Châtillon et Basoches[18]

Dans l’énumération des souscripteurs laïques des trois chartes datées de 1053 on retrouve deux Manassès, ainsi que le comte de Soissons. Elles débutent par le signum d’un comte Manassès : il s’agit probablement d’un comte de Rethel et seigneur d’Omont. Puis, on trouve la souscription du vidame Manassès (connu sous le surnom de Chauve), neveu de l’archevêque Guy[19]. L’un des deux comtes Renaud, qui souscrivent à la suite du vidame, doit être Renaud I de Soissons, mort en 1057[20]. Le second Rainoldus est peut-être le comte Renaud de Porcien attesté en 1045 à l’occasion de la fondation d’une collégiale à Chaumont-Porcien[21].

Le pape Léon IX confirma l'abandon de la part que Gui avait dans le marché qui se tenait le 12 des calendes de novembre. Ce marché avait lieu le , et le pape défend à quiconque de maltraiter et d'empêcher ceux qui viendraient ou rentreraient du marché de leur extorquer quoi que ce soit[22]

Après la mort de Gui de Châtillon, archevêque de Reims, le roi de France Henri Ier nomma Gervais à cet archevêché[23]

Monnaies

Ebalus (Ebles Ier), évêque de Reims avait enlevé à l'abbaye Saint-Vanne de Verdun, le droit de battre la monnaie dans la ville de Mouzon pour la réunir à celle de Reims; Richard de Saint-Vanne, abbé s'en plaignit vivement en 1040 auprès de Gui de Châtillon, successeur d'Ebalus, sur le siège de Reims, qui lui accorda pour le dédommager l'autel de Viviers (altare de Vivariis)[24], l'archevêque y reconnait expressément que les abbés de Saint-Vanne tenaient légalement la monnaie de Mouzon de la libéralité de l'empereur Henri[25] - [26]. Il est dit aussi d'après Richard de Vassebourg archidiacre de Verdun (14..-1567)[27] que l'archevêque donna en dédommagement la paroisse de Vignes[28]

Il existe des monnaies de la plupart des archevêques de Reims à dater de Gui de Châtillon jusqu'au XIVe siècle. De ce prélat est parvenu deux monnaies :

  • La première, WIDO en 2 lignes dans le champ +

REMOR PRESVL
R/.+ VITA XPISTIANA
croix cantonné d'un A et d'un m Denier (M. Saubinet)[29].

  • La seconde, variété WIDO REMOR ARCHIPSVL

R/VITA X PISTINA croix

La plus ancienne de ces deux pièces est la première, le simple titre de praesul qu'y prend l'évêque semble le démontrer. Joachim Lelewel (1786-1861), spécialiste de l'histoire monétaire considérait le denier de Gui comme la plus ancienne monnaie épiscopale marquée d'un nom déterminée. Mais à l'époque ou il publiait cette observation les deniers des évêques de Laon contemporains d'Hugues Capet et Robert, n'étaient pas encore connus. Les dessins de ces deux pièces figurent sur la planche 4 no 4 [30]

Armoiries

Armoiries de la Maison de Châtillon : « de gueules aux trois pals vairé d'argent et d'azur, au chef d'or chargé d'un lambel d'azur »

Notes et références

  1. Étienne Pattou, op. cit.
  2. Paul Chaffenet, Un acte inédit de Guy archevêque de Reims en faveur de l'abbaye Saint-Vincent de Laon (vers 1048), dans Revue belge de philologie et d'histoire, t. 93, p. 632/619-645 p., fasc. 3-4, note no 90
  3. Marie Fauroux, Recueil des actes des ducs de Normandie de 911 à 1066, Caen, 1961 (Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, 36), no 114 cité dans : Chaffenet, op. cit., p. 632, note no 91
  4. Deux copies du XVIIIe siècle sont conservées à la BnF de Paris dans la collection Picardie 110 copie de dom Grenier, et Picardie 267 fo 226-257 ro, fo 253 vo no 116
  5. Paul Chaffenet, op. cit.
  6. Liste des évêques de Laon
  7. La vie des Pères et martyrs et des autres principaux saints, Vedeilhié, Paris, 1771, vol. 8, p. 427
  8. Père Anselme (1625-1694), Pat lat, t. 142, p. 1421-1423.
  9. Migne 1847, p. 498-500.
  10. Le moine Anselme, de l'abbaye Saint-Remi de Reims en tint un témoignage.
  11. Remy Ceillier, Rondet, Histoire générale des auteurs sacrés..., chez Barois, 1757, chap. XXI, p. 355
  12. (en) Diocese of Porto sur www.gcatholic.org
  13. Quarante générations de Français face au sacré, Alain Derville PU Septentrion, 2006, page 235.
  14. Adeline Rucquoi, « Charlemagne à Compostelle », Cahiers d’études, de recherche et d'histoires Compostellanes, , p. 8 (ISSN 0994-8597, lire en ligne [sur academia.edu]).
  15. Demouy, op. cit. de 15 (1034-1035) à 30 (1053) inclus
  16. Demouy, op. cit., 17 (1040), 26 et 27 (1053)
  17. François-Alexandre Aubert de La Chenaye-Desbois , Dictionnaire de la noblesse..., p. 348 et suivantes
  18. Gérard Jacob-Kolb, Description historiques de la ville de Reims, chez Brissart-Person, 1816, p. 68/126 p.
  19. Généalogie de la Maison de Châtillon, op. cit.
  20. Liste des comtes de Soissons
  21. Liste des comtes de Porcien
  22. Dans Patrick Demoy, Les archevêques de Reims et les foires (XIe – XVe siècles), dans : Actes du Congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, 1988/19/p.p. 82/81-94, note no 9 : Archives départementales de la Marne 56 H I, éd G. Marlot, Metropolis Remensis Historia, Reims, 1679, t. II, p. 107
  23. Louis Moreri, Le Grand Dictionnaire historique..., Paris, 1732, J-B. Coignard, t. III, p. 852.
  24. la charte de ce dédommagement est imprimée dans Gallia Christiana, t. XXIII, pr, p. 558
  25. Monnoies des Prélats et barons de France, 1790, t. II, p. 258
  26. Jacques-Paul Migne (1800-1875), Dictionnaire numismatique, Ateliers Catholiques, Petit-Montrouge, 1852, vol unique col:1208-1209
  27. Richard de (V) ou Wassebourg, Les antiquités de la Gaule belgique, Royaume de France..., Paris, 1549, 2 vol. in-fol
  28. Guillaume Marlot (1596-1667), Histoire de la Métropole de Reims, p. 85
  29. Note : On remarquera au sujet du A et de l'm qui cantonnent la croix que les deux lettres se trouvent également sur les monnaies du roi de France: Henri Ier (1008-1060), contemporain de Gui de Châtillon.
  30. Eudes comte de Champagne, les monnaies féodales

Annexes

Bibliographie

  • Patrick Demouy, Recueil des actes des archevêques de Reims d’Arnoul à Renaud II (997-1139), thèse de IIIe cycle, Nancy, 1982 II, 3 vol. dact. 304 + 657 p.
  • [Alletz 1758] Pons Augustin Alletz, Dictionnaire portatif des conciles, Paris, , 762 p., sur books.google.fr (lire en ligne).
  • [Chéruel 1855] Adolphe Chéruel, Dictionnaire historique des institutions, mœurs et coutumes de la France, L. Hachette et Cie, , sur books.google.fr (lire en ligne).
  • [Migne 1847] Abbé Migne, Dictionnaire universel et complet des conciles, t. 2 (conciles de Reims), 1424 p., sur books.google.fr (lire en ligne), p. 482-530.
Les deux tomes font partie de l'Encyclopédie théologique en 50 volumes.
  • [Pontal 1995] Odette Pontal, Les conciles de la France capétienne jusqu'en 1215, Paris, éd. du Cerf, coll. « Histoire », .

Articles connexes

Liens externes

  • Portail du catholicisme
  • Portail de Reims
  • Portail du royaume de France
  • Portail du comté de Champagne
  • Portail du Moyen Âge central
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.