Michel-Louis Guérard des Lauriers

Michel Louis Guérard des Lauriers, né à Suresnes le et mort le , est un dominicain, un théologien et un évêque sacré illicitement dans une mentalité sédévacantiste, en lien avec sa doctrine sédéprivationniste.

Famille

La famille Guérard des Lauriers est une famille d'ancienne bourgeoisie de Normandie, établie ensuite en Bretagne[1]. Michel Guérard, dit des Lauriers, (né en 1741) était bourgeois de Caen.

Biographie

Michel-Louis Guérard des Lauriers passe son baccalauréat avec mention très bien[réf. nécessaire] en 1916. Il est mobilisé en 1917 et sert comme aspirant. Après sa démobilisation, il poursuit ses études et entre à l'École normale supérieure. En 1924, il obtient l'agrégation de mathématiques[2].
Il entre au noviciat dominicain d'Amiens en 1927, puis rejoint le couvent et université dominicaine du Saulchoir à Kain près de Tournai et est ordonné prêtre le . Docteur en théologie et en philosophie, il enseigne au Saulchoir à partir de 1933.

En 1940, il soutient à Paris une thèse de doctorat en mathématiques intitulée Sur les systèmes différentiels du second ordre qui admettent un groupe continu fini de transformations[3],[4].

Sous le pape Pie XII, il est appelé à enseigner à l'université pontificale du Latran et à l'Angelicum, à Rome.

Présence publique

Lors du IIe concile du Vatican, le père Guérard des Lauriers s'implique dans les événements ecclésiaux. En 1969, il participe à l'écriture du Bref examen critique du nouvel Ordo Missae, signé par les cardinaux Bacci et Ottaviani, étude critiquant la doctrine du rite romain rénové par Paul VI.

En 1970, Paul VI demande la démission de plusieurs enseignants conservateurs des universités romaines, dont celle du Père Guérard des Lauriers[pourquoi ?].

Celui-ci rejoint alors le séminaire d'Écône et soutient la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X. C'est là qu'il développe la thèse de la vacance du Saint-Siège, en raison de l'hérésie, selon lui, du pape régnant qui, s'il demeurait Pape « materialiter » ne l'était plus « formaliter ». Pour cette raison, Marcel Lefebvre le renvoie en 1977[réf. nécessaire].

S'appuyant sur Cajetan et saint Robert Bellarmin, il développe sa thèse et explique que Paul VI n'est pape que matériellement (papa materialiter) et non formellement. Cette théorie est connue sous le nom de Thèse de Cassiciacum ou sédéprivationnisme.

Guérard des Lauriers considère douteuse la validité du nouveau rite d'ordination promulgué par Paul VI. En conséquence, il estime nécessaire d'assurer la succession apostolique, pour la préservation de la foi catholique. Il obtient d'être sacré évêque par Pierre Martin Ngo Dinh Thuc, ancien archevêque de Hué (Vietnam) le à Toulon. Il entre rapidement en conflit avec les autres formes de sédévacantisme qu'il considère comme trop radicales parce qu'elles refusent toute légitimité à l'élection des Papes depuis Jean XXIII.

Michel-Louis Guérard des Lauriers ordonne alors un certain nombre de prêtres et d'évêques dans l'esprit du sédéprivationnisme[5].

Guérard des Lauriers meurt à l'âge de 89 ans à Cosne dans la Nièvre, le . Son inhumation est présidée par Franco Munari assisté de quelques clercs, en présence de quelques pères dominicains et des fidèles qui le soutenaient.

Fondations

Il fonde avec deux frères, les Pères Innocent-Marie et Marie-Dominique, la Fraternité Saint-Dominique, un couvent de spiritualité dominicaine à Avrillé le .

En 1979, il aide à la fondation de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier à Chémeré-le-Roi en Mayenne avec le RP Louis-Marie de Blignières.

Succession apostolique

Michel-Louis Guérard des Lauriers a été consacré évêque le à Toulon. Par la suite, il a lui-même consacré trois évêques[6] sédévacantistes :

  • l'Allemand Gunter Storck (1938-1993) le , qui ouvrit ensuite un séminaire du Très-Précieux-Sang en Allemagne,
  • le dominicain américain Robert McKenna (1927-2015) le ,
  • l'Italien Franco Munari, alors supérieur de l'Institut Mater Boni Consilii, le .

Rejet de la légitimité des sacres par le Vatican

Il est à noter que le Saint-Siège a statué sur les sacres effectués par Ngo-Dinh-Thuc. Dans une notification du 12 mars 1983 confirmant une note du de la Congrégation pour le Doctrine de la Foi, il y est indiqué que les prêtres :

  • du Palmar de Troya (cinq prêtres ont été « sacrés » évêques),
  • le père M.-L. Guérard des Lauriers,
  • l'abbé Moises Carmona,
  • l'abbé Adolfo Zamora,
  • l'abbé Benigno Bravo,
  • l'abbé Roberto Martinez,
  • l'abbé George Musey
  • et tous les prêtres « sacrés » évêques par les dits « évêques » cité ci-avant encourent les peines :
  1. " Les évêques qui ont ordonné d’autres évêques, et les évêques qu’ils ont ordonnés encourent, outre les sanctions prévues par les canons 2370 et 2373, § 1 et 3 du Code de droit canonique, l’excommunication ipso facto très spécialement réservée au Siège apostolique, dont il est question dans le décret publié par la S. Congrégation du Saint-Office le (AAS XLIII, 1951, p. 217 et s.). La peine prévue par le canon 2370 s’applique aussi aux prêtres assistants, s’il y en avait.
  2. Les prêtres ainsi ordonnés illégitimement sont, en vertu du canon 2374, suspendus ipso facto, de l’Ordre qu’ils ont reçu, et même frappés d’irrégularité s’ils accomplissent un acte réservé à cet ordre (can. 987, § 7).
  3. Enfin, quoi qu’il en soit de la validité des ordres, l’Église ne reconnaît ni ne reconnaîtra l’ordination de ceux qui, déjà, ont ainsi été ordonnés illégitimement ou de ceux qui éventuellement seraient ordonnés par eux. Pour tous les effets juridiques, l’Église considère que chacun d’eux est resté dans l’état qui était le sien auparavant, demeurant fermes, jusqu’à ce qu’ils viennent à résipiscence, les sanctions pénales indiquées ci-dessus. Nonobstant toutes choses contraires."

Cette Congrégation doit enfin mettre en garde les fidèles, afin qu’ils ne donnent en aucune manière leur participation et leur soutien aux activités liturgiques ou autres organisées par les personnes sus-indiquées[7]

La licéité de ces ordinations et de ces sacres n'est pas reconnue par l’Église catholique, les clercs concernés ne sauraient exercer de ministère légitime, tous sacrements donnés par ces dits prêtres ou évêques sont illicites[8].

Notes et références

  1. Pierre-Marie Dioudonnat, Le Simili-Nobiliaire-Français, éd. Sedopols, 2012, p.379
  2. Notice IdRef de Sudoc
  3. Notice de l'Université de Bordeaux
  4. « Lauriers: Sur les systèmes différentiels du second ordre qui admettent un groupe continu fini de transformations »
  5. Luz, Frédéric., Le soufre et l'encens : enquête sur les Églises parallèles et les évêques dissidents, Paris, C. Vigne, , 319 p. (ISBN 2-84193-021-1, OCLC 35551976, lire en ligne)
  6. Paul Airiau, p.122 in Jean-pierre Chantin (dir.), Les Marges du christianisme. "Sectes", dissidences, ésotérisme., Collection "Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine", éditions Beauchesne, 2001
  7. .http://www.doctrinafidei.va/documents/rc_con_cfaith_doc_19830312_poenae-canonicae_fr.html
  8. « Code de Droit Canonique - IntraText », sur www.vatican.va (consulté le )

Publications

  • Le Saint-Esprit, âme de l'Église, Étiolles (Seine-et-Oise), Monastère de la Croix, 1948.
  • Garabandal, S.l., 1965.
  • Lettera ad un religioso di Simone Weil ; trad. di Mariella Bettarini. Risposta alla Lettera ad un religioso di Guérard des Lauriers ; trad. di Carmen Montesano (Lettre à un religieux), Torino, Borla, 1970.
  • La mathématique, les mathématiques, la mathématique moderne, Paris, Doin, 1972.
  • Homélie (prononcée le pour l'anniversaire de la mort de l'amiral Hervé de Penfentenyo, Versailles, R.O.C., 1973.
  • La charité de la vérité, Villegenon, Sainte Jeanne d'Arc, 1985.
  • La présence réelle du Verbe incarné dans les espèces consacrées, Villegenon, Sainte Jeanne d'Arc, 1987.

Bibliographie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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