Groupe Charles-Martel

Le Groupe Charles-Martel (aussi appelé Cercle, Commando, Organisation ou Club Charles-Martel) est un groupe terroriste armé français d'extrême droite . Ses attaques ont principalement touché des propriétés ou des entreprises algériennes et visaient le gouvernement ou des ressortissants algériens. Dans un tract signé « Club Charles Martel », les rédacteurs s'attaquent à Robert Badinter, Jacques Attali et Gaston Defferre, qualifiés de « racistes anti-français »[2] dans le contexte de l'après-guerre d'Algérie[3].

Groupe Charles-Martel
Club Charles-Martel, Cercle Charles-Martel, Commando Charles-Martel
Idéologie Nationalisme
Objectifs frapper les immigrés, les intérêts algériens, l'Église, les Juifs et les protestants[1]
Statut inactif
Fondation
Date de formation 1973
Pays d'origine France
Actions
Mode opératoire Attentats à la bombe, assassinats
Victimes (morts, blessés) 6-7 morts, entre 25 et 50 blessés
Zone d'opération France (Provence-Alpes-Côte d'Azur et Paris)
Période d'activité 1973-1983

Le groupe est nommé en l'honneur de Charles Martel, maire du palais et chef militaire franc connu pour avoir vaincu les envahisseurs du califat omeyyade lors de la bataille de Poitiers en 732.

Listes des attentats

Le refus d'une diplomatie franco-algérienne

Le , un attentat à la bombe au consulat algérien de Marseille, fait 4 morts et 22 blessés[4] puis provoque une grève générale décrétée par le Mouvement des travailleurs arabes (MTA). En 1974, le lieu principal du tournage de Dupont Lajoie, d'Yves Boisset, est la cible de jets de pierre, de grenades et de cocktails Molotov[5]. Le , une double attentat à l'explosif contre les bureaux de Toulouse et Lyon de la compagnie Air Algérie puis le , une voiture piégée explose devant le consulat algérien, à Paris. L'attentat est revendiqué par le groupe Charles-Martel pour protester contre la visite du président français, Valéry Giscard d'Estaing, en Algérie[6]. Un an plus tard, la veille de Noël, le , le groupe revendique l'attentat ayant entraîné la mort du prince Jean de Broglie, artisan des accords d'Évian, le [7]. Le , deux Algériens sont enlevés à Paris, à titre de représailles pour l'enlèvement de deux ressortissants français en Mauritanie[8]. Le , Laïd Sebaï, gardien de nuit de l'amicale des Algériens, est assassiné et l'attentat est à nouveau revendiqué par le groupe. Le , un mitraillage a lieu contre un foyer Sonacotra à Nice[9], puis Henri Curiel, militant communiste et anticolonialiste, est assassiné le [10]. Le , une bombe au foyer des étudiants protestants, à Paris, fait 4 blessés[11]. Le , un attentat à la bombe a lieu contre l'association des étudiants musulmans nord-africains de Paris[12], peu avant l'attaque à la bombe, le , contre le consulat d'Algérie à Aubervilliers[13] et revendiquée par le Club Charles-Martel « contre l’Église, les juifs, les crèves la faim du tiers monde »[14].

L'enjeu politique du groupe

Le , le problème du Groupe Charles-Martel est débattu au Sénat et à l'Assemblée nationale, puis le par le gouvernement français[15],[16]. Après l'élection à la présidence de la république de François Mitterrand, un attentat est perpétré contre la société polonaise Botrans le [17], puis le des cocktails Molotov sont lancés contre une mosquée à Montpellier[18] et le , des tirs à l'arme à feu contre un bar fréquenté par des Maghrébins font 3 blessés légers[19]. Le a lieu le plasticage de la mosquée de Romans-sur-Isère[20] puis le , à 16 heures, deux hommes à moto jettent une bombe à Marseille, blessant grièvement deux enfants[21]. Le , un attentat à la bombe vise l'agence d'Air Algérie à Marseille[22] et le , une plainte contre X est déposée par le MRAP pour un tract distribué à Vitrolles et intitulé « Communiqué du Groupe Charles Martel ».

Des revendications incertaines par un Commando Charles-Martel

Le , une bombe incendiaire dans les locaux d'un club social algérien à Paris[23], puis le l'incendie d'une amicale algérienne, toujours à Paris, sont revendiqués par un Commando Charles-Martel[24]. Après les mandats de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, le , Bernard Salkin, un retraité de 68 ans, menace au nom du groupe de commettre des attentats contre les cinémas qui projetteraient Hors-la-loi. Il est arrêté et condamné à un mois de prison avec sursis et 3 000 euros[25]. Outre les attentats, le Groupe Charles-Martel est responsable de nombreux tractages[26] :

« Ce n’est pas de gaieté de cœur, Monsieur le Président, que nous nous sommes groupés en unités de défense et il convient de tenter de marquer les motivations qui nous ont poussé à de telles extrémités.
En ces temps présents et à notre avis (mais nous nous appuyons sur les leçons de l’histoire d’après lesquelles on peut tirer certaines lois), nous pensons que le plus grand péril pour la France est l’occupation de notre sol par des ethnies totalement inassimilables et d’un apport qualitatif nul. En termes anthroposociologiques cela s’appelle une invasion intersticielle.
Les arabes (appelons les ainsi pour plus de commodité, les vrais arabes étant de grands seigneurs), ont toujours transformé leurs terres en champs de ruines. Ceci les regarde et nous indiffère lorsqu’ils sont chez eux, mais devient proprement insupportable lorsqu’ils déversent leur natalité sur notre sol. Tout être vivant sur son propre territoire possède un degré d’agressivité croissant avec le degré de pénétration de l’intrus. C’est une loi biologique à laquelle l’homme n’échappe pas. (…)
Que pensez-vous, Monsieur le Président, de l’existence de consulats algériens à Nanterre et à Aubervilliers, ne sont-ce pas plutôt des Mairies avec leurs règlements, leurs lois, leur justice, leurs juges et leurs prisons[27] ? ».

Une constance dans le temps

Il est peu probable que les acteurs du groupe ou des groupes ayant commis ou revendiqué ces actions terroristes à caractère raciste soient toujours les mêmes sur près d'un demi-siècle de présence épisodique. Il semblerait donc que le Groupe ou Commando Charles Martel relève non pas d'un groupe ou d'un commando en réalité, mais plutôt d'un simple label pouvant servir, par son « fléchage », à la commission ou à la revendication d'actes racistes et terroristes d'extrême-droite à caractère raciste, qui sont la seule constante relevée au fil des années, les méthodes, procédés et moyens employés pouvant varier au cours du temps.

Articles connexes

Sources

Bibliographie

  • Gilbert Abas, Les coups tordus des services secrets français, 2014 p.118

Notes et références

  1. Ralph Schor, Français et immigrés en temps de crise (1930-1980), L'Harmattan, , p. 90.
  2. « Contexte de la guerre d'Algérie »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ), sur Ourouk.fr
  3. « L’OAS, le côté obscur d’une armée en déroute », El Watan, 3 juillet 2008.
  4. Attentat à la bombe, INA.fr
  5. Philippe Durant, Gabin, Ventura, Delon : Les légendes du Polar, Sonatine, , 226 p. (ISBN 978-2-35584-324-2, lire en ligne).
  6. Visite du président français, sur Start.UMD.edu
  7. Jesús Ynfante, Un crime sous Giscard. L'affaire de Broglie, l'Opus Dei, Matesa, préface de Pierre Vidal-Naquet, Éditions François Maspero, 1981, p. 16.
  8. Africa contemporary record: annual survey and documents, Volume 10, 1977
  9. , sur Start.UMD.edu
  10. « Assassinat d'Henri Curiel »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ), sur Marianne.fr
  11. « Bombe au foyer des étudiants protestants »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ), sur frstrategie.org
  12. Journal officiel du Lundi 16 juin 1980
  13. « Attaque contre le consulat d'Algérie »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ), sur frstrategie.org
  14. Article, sur frstrategie.org
  15. « Cécile Goldet »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le )
  16. info, sur les archives de l'Assemblée Nationale
  17. Attentat contre la société polonaise Botrans, sur Start.umd.edu
  18. « Cocktails molotov contre une mosquée à Montpellier »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ), sur frstrategie.org
  19. « Tirs à l'arme à feu dans un bar fréquenté par des maghrebins »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ), sur frstrategie.org
  20. L'Histoire, page 94, Société d'éditions scientifiques (Paris, France) - 2004
  21. « Explosions racistes », L'Express, 23 novembre 2006.
  22. « Attentat à la bombe à l'agence d'Air Algérie »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ), sur Ourouk.fr
  23. Pauline Stafford, Susan Reynolds, Janet Laughland Nelson, Jane Martindale, Law, laity, and solidarities, Manchester University Press, 2001, p. 12.
  24. En gros et en détail : Le Pen au quotidien, 1987-1997 - Page 61
  25. AFP, « Un mois de prison avec sursis pour menace contre les cinémas projetant "Hors la loi" », La Croix, (lire en ligne)
  26. Georges Mauco Les étrangers en France et le problème du racisme, 1977, p. 209.
  27. Tract adressé au président de la République en janvier 1974, cité dans Nadia Boehlen, Les sociétés allemande et française face à l'immigration, 1945-1974, thèse présentée à l'Université de Genève pour l'obtention du grade de Docteur en relations internationales, 2004.
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