Maire du palais

Pendant la période mérovingienne, les maires du palais[1] étaient les plus hauts dignitaires des royaumes francs, après les rois. À l'origine simples intendants du roi dans son palais, ils vont progressivement étendre leur pouvoir et leurs fonctions, à partir du VIIe siècle, jusqu'à se trouver en mesure de déposer les rois.

Pour les articles homonymes, voir Maire (homonymie).

En 751, Pépin le Bref dépose le dernier roi mérovingien, Childéric III, et se fait reconnaitre comme souverain du royaume franc par le pape Zacharie et fonde ainsi la dynastie carolingienne.

Histoire

Origines et fonctions

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Les sources ne signalent pas cette fonction avant Clovis Ier (mort en 511), mais Grégoire de Tours (538-594) et la Chronique de Frédégaire (VIIe siècle) en parlent comme d’une dignité déjà établie.

À l'origine, le maire du palais était l'intendant du roi ; c'est un serviteur chargé des affaires domestiques du palais. Représentant des puissantes aristocraties régionales, il commande les intendants chargés de l'exploitation du domaine royal, gère la fortune du souverain et dirige le gouvernement intérieur du palais.

Les maires du palais portaient aussi le titre de princes ou ducs du palais, et de ducs de Neustrie, d'Austrasie ou de Bourgogne.

Prise de pouvoir

Ils n’étaient d’abord établis que pour une période définie, puis à vie, et la fonction devint finalement héréditaire.

Leur institution n’était que pour commander dans le palais, mais leur puissance s’accrut, ils devinrent bientôt ministres, et l’on vit ces ministres, sous le règne de Clotaire II, à la tête des armées. Le maire était tout à la fois le ministre et le général né de l’État ; ils étaient tuteurs des rois en bas âge ; on vit un maire exercer cet office  : Théodebald, encore enfant, exerça la fonction sous la tutelle de sa grand-mère sous Dagobert III, en 714.

L’usurpation du pouvoir ne devint sensible qu’en 660, par la tyrannie du maire Ébroïn, ils déposaient souvent les rois, et en mettaient d’autres à leur place.

Tout au long de cette période, on vit l'avènement de la famille des Pépinides (descendants de Pépin de Landen ou Pépin l'Ancien), qui donna naissance à la dynastie carolingienne.

Le pouvoir des maires du palais alla en s'accroissant. Petit à petit, les chefs des serviteurs du palais vont intervenir dans les affaires de l'État : ils acquièrent des pouvoirs politiques, s'attribuent le pouvoir judiciaire et la direction des fonctionnaires. Devenus les plus proches collaborateurs du souverain, ils ne tardent pas à entrer en concurrence avec leur maître, et à partir du VIIe siècle, ils dirigèrent progressivement le royaume des Francs à la place du souverain. L'office devint un enjeu entre les aristocrates et se transmit bientôt de père en fils.

Dagobert Ier, conscient de la menace qu'ils représentaient, se sépara du maire Pépin de Landen afin de reprendre personnellement le pouvoir. Mais à sa mort, le royaume retomba définitivement aux mains des maires pépinides. En fait, l'ascension des Pépinides ne se fit pas sans heurts et pendant près de 20 ans de 662 à 680, ils furent écartés du pouvoir par la famille de Wulfoald ; de plus, Ansegisel, père de Pépin de Herstal fut assassiné durant cette même période. Les souverains descendants de Dagobert Ier, souvent très jeunes et d'une espérance de vie très courte, ne pouvaient régner sans l'aide des maires du palais. Ceux-ci profitèrent de la situation pour accroître encore leur puissance et diriger le pays à la place des souverains : ils nommaient les évêques, les comtes et les ducs, signaient les accords avec les pays voisins, décidaient et menaient les campagnes militaires... Les maires du palais ont également tissé à leur profit un réseau de fidélités, par des dons et des alliances matrimoniales.

Changement de dynastie

Pépin, fils de Charles Martel, lequel fut après son père maire du palais, étant parvenu à la couronne en 751, mit fin à leur fonction. Cependant, différentes dynasties de maires du palais subsistèrent mais avec moins de pouvoir. Ceux qui les ont remplacés ont été appelés grands-sénéchaux, et ensuite grands-maîtres de France ou grands-maîtres de la maison du roi et ensuite chanceliers de France.

Le dernier roi mérovingien, Childéric III, est enfermé dans un monastère par Pépin le Bref, en 751. Pépin demande alors au pape Zacharie de le reconnaître comme souverain du royaume franc. Il ne s'agit pas d'un coup d'État à proprement parler puisque Pépin obtient du pape le sacre royal et fonde la dynastie carolingienne. Le pape Zacharie avait tout intérêt à se ranger du côté des Francs qui peuvent le défendre contre les Lombards qui menaçaient l'Italie.

Les rois fainéants

Pour légitimer leur prise du pouvoir et la rupture avec la monarchie héréditaire de Clovis, les Pépinides forgèrent le mythe des « rois fainéants » (fait néant), qui apparaît pour la première fois dans la Vita Karoli Magni, une biographie de Charlemagne.

Subsistance

Certaines lignées de maires du palais subsistèrent au delà de la période mérovingienne, notamment au sein des administrations féodales, transmettant le nom "du Palais" ou "Dupalais". On retrouve de telles lignées notamment dans le Forez, à l'époque intégré dans le royaume de Bourgogne, ainsi que dans le Lyonnais[2].

Principaux maires du palais

Austrasie

La charge de maire du palais d'Austrasie fut surtout occupée par les Pépinides.

Neustrie

Bourgogne

À sa mort, les nobles du royaume de Bourgogne décident de ne plus avoir de maire du palais. Ils sont gouvernés directement par la Neustrie, mais cela n'empêche pas la reine Nantilde de nommer un maire du palais de Bourgogne[28] :

  • 642-643 : Flachoad (ou Floachatus)[29] († 643), marié à Ragnoberte, nièce de la reine Nantilde[27]

En 690, après avoir vaincu la Neustrie, Pépin le Jeune nomme ses fils « duc des Bourguignons ».

  • 690-708 : Drogon († 708), duc de Champagne et des Bourguignons, fils de Pépin le Jeune[30]
  • 708-714 : Grimoald II († 714), duc des Bourguignons, fils de Pépin le Jeune[24]

Aquitaine

Articles connexes

Notes et références

  1. En latin et selon les sources : magister palatii, praefectus aulae, rector aulae, gubernator palatii, maior palatii, major domus, rector palatii, moderator palatii, praepositus palatii, provisor aulae regiae, provisor palatii ou major domus regiæ.
  2. « Les rois fainéants - Journal d'un Instit », sur instit34.canalblog.com, (consulté le )
  3. Venance Fortunat, Poèmes (Carmina), livre VII, chap. 4, lettre de Fortunat à Gogon, maire du palais d’Austrasie. ; Grégoire de Tours, Historia Francorum
  4. « Grégoire de Tour : Histoire des Francs : livre VI », sur remacle.org (consulté le )
  5. Settipani 2000, p. 203-7
  6. Settipani 1989, p. 76 et Settipani 2014, p. 179-180
  7. Settipani 1989, p. 48 et Settipani 2014, p. 129-131
  8. Site de la FMG : Adalgisel
  9. Site de la FMG : Otton
  10. Site de la FMG : Pepin et Grimoald
  11. Settipani 1993, p. 131
  12. Site de la FMG : Wulfoad
  13. Settipani 1993, p. 153-4
  14. Settipani 1993, p. 164-5
  15. Settipani 1993, p. 165-7
  16. Settipani 1993, p. 179-182
  17. Settipani 1993, p. 180-1
  18. Site de la FMG : Maiores Domus of the Kingdom of Neustria
  19. Site de la FMG : Aega
  20. Site de la FMG : Erchinoald et Leudegisius
  21. Site de la FMG : Ebroin, Warrato et Ghislemar
  22. Site de la FMG : Berthechar
  23. Site de la FMG : Nordbert
  24. Settipani 1993, p. 163
  25. Settipani 1993, p. 166
  26. Settipani 1993, p. 182
  27. Site de la FMG : Maiores Domus of the Kingdom of Burgundy
  28. Site de la FMG : Merovingian Nobility : Introduction.
  29. Montesquieu, De l'esprit des lois.
  30. Settipani 1993, p. 161-2

Bibliographie

  • Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France, Paris, (lire en ligne).
  • Christian Settipani, Les Ancêtres de Charlemagne, Paris, , 170 p. (ISBN 2-906483-28-1)
    • 2e édition, revue et corrigée, Oxford, P & G, Prosopographia et Genealogica, coll. « Occasional Publications / 16 », (1re éd. 1989), 347 p. (ISBN 978-1-900934-15-2)
  • Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1), Villeneuve-d'Ascq, éd. Patrick van Kerrebrouck, , 545 p. (ISBN 978-2-95015-093-6)
  • Christian Settipani (dir.), Onomastique et Parenté dans l'Occident médiéval, Oxford, Linacre College, Unit for Prosopographical Research, coll. « Prosopographica et Genealogica / 3 », , 310 p. (ISBN 1-900934-01-9)
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