Grotte de Marsoulas

La grotte de Marsoulas, dite encore grotte des Fées, est une petite grotte ornée située sur la commune française de Marsoulas, dans le département de la Haute-Garonne en région Midi-Pyrénées.

Pour les articles homonymes, voir Grotte des Fées.

Elle est célèbre pour avoir été la première grotte ornée paléolithique dont l'art est officiellement reconnu dans les Pyrénées.

Situation

Elle se trouve à environ 80 km au sud de Toulouse, à la limite ouest de la commune de Marsoulas avec Salies-du-Salat[1],[2] au quartier de Las Roques, en rive droite dans la vallée du Laouin affluent du Salat[1],[3], à 200 m en aval du pont de la D69 sur le Salat entre Salies et Marsoulas[4].

Autres sites proches

La grotte de Tarté, autre site préhistorique (Moustérien, Châtelperronien, Aurignacien (grattoirs épais dits « de Tarté ») et Gravettien), se trouve sur la même colline à 500 m au nord-ouest (mais sur le territoire de la commune de Cassagne)[5]. L'abri de Téoulé, troisième site préhistorique proche, est à quelques centaines de mètres en aval de la grotte de Tarté[6],[7].

Altitude

La grotte de Marsoulas s'ouvre à l'aplomb du ruisseau du Laouin, qui coule à 301 m d'altitude à cet endroit[1]. Une source y sourd à m au-dessus du Laouin. Selon Méroc et al (1947), le porche de la grotte est à 10 m au-dessus de la source[4] et serait donc à 312 m d'altitude, ce qui la rapproche des 315 m d'altitude donnés par Martel (1911)[8],[9],[n 1].

Description

Également appelée « grotte des Fées »[11],[12], la grotte de Marsoulas est une grotte de petites dimensions mais d'une grande richesse archéologique. Elle est constituée d'une simple galerie rectiligne d'environ 70 m de long, avec la paroi gauche toujours verticale et la paroi droite inclinée, ce qui donne une section en triangle-rectangle de environ m de large sur m de haut. La voûte à l'entrée s'est effondrée ; restent à cet endroit les parois, qui forment à l'extérieur un corridor ouvert[13].
À 29 m de la porte se trouve une étroiture, avec abaissement du plafond et resserrement des parois. Au-delà, la circulation ne peut se faire qu'en rampant, sur les 20 derniers mètres de sol sec. À 40 m de l'entrée le sol s'incline abruptement vers le bas pour rejoindre le lit du ruisseau actuel[13].

Histoire

Campagne de fouille de 1931

La grotte est rendue publique en 1883, suite aux fouilles de David Cau-Durban[14].

Des peintures et des gravures pariétales y sont identifiées par Félix Régnault en 1897[15]. Mais Régnault ne réussit pas à convaincre ses contemporains de l'ancienneté des peintures. Il faut attendre la visite des préhistoriens Cartailhac et Breuil en 1902, qui passent par là en revenant du congrès de l'AFAS à Montauban et en « officialisent » l'ancienneté remontant au Paléolithique[13].
Les fouilles conduites par Félix Régnault ont essentiellement livré des vestiges magdaléniens, et dans une moindre mesure des indices aurignaciens et aziliens.[réf. nécessaire]

C'est la première grotte ornée paléolithique dont l'art est officiellement reconnu dans les Pyrénées. Cartailhac, qui en devient propriétaire[13] peu avant sa mort[16], réalise une première étude et des relevés des œuvres pariétales de la grotte[17]. Breuil réalise également les relevés, mais seulement une très petite partie en est publiée.

Henri Bégouën et Townsend Russel fouillent le talus d'entrée en 1931[13], ce qui révèle une grande quantité de mobilier préhistorique, notamment une conque longue de 31 cm avec des traces d'ocre[18]. Ce coquillage, vieux de 18 000 ans, est alors décrit comme un « vase à eau ». Redécouvert dans les réserves du Muséum d’histoire naturelle de Toulouse, un examen plus approfondi suggère qu'il s'agit d'un instrument à vent dont la fonction reste hypothétique : instrument de liturgie, d'appel, d'agrément[19].

D'autres chercheurs cités sont Louis Méroc (1904-1970), L. Michaud, André Leroi-Gourhan[20], Aleth Plénier (sa thèse porte sur la grotte), Denis Vialou, Pascal Foucher et Sébastien Lacombe[13].

Art pariétal

Les premières gravures rencontrées sont à trois mètres de l'entrée actuelle[13].

L'art pariétal y est représenté par des figures gravées et peintes s'étendant sur une cinquantaine de mètres[13], essentiellement sur la paroi gauche. Il comprend essentiellement des bisons et des chevaux, accompagnés de cervidés, de capridés, d'anthropomorphes et de signes barbelés ou quadrangulaires. L'un des bisons se distingue par un remplissage constitué de ponctuations rouges.

Les images sont souvent difficiles à déchiffrer à cause de la superposition de nombreuses lignes fines gravées[21].

Protection

La grotte est classée monument historique depuis 1910[22]. Cartailhac (†1921), qui l’avait achetée, l'a léguée au musée de Toulouse[16].

Elle est fermée au public pour raison de conservation.

Un fac-similé grandeur nature de la grande frise de Marsoulas a été élaboré au Parc pyrénéen de l'art préhistorique de Tarascon-sur-Ariège.

Galerie

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • [Fritz & Tosello 2002] Carole Fritz, Gilles Tosello et Karim Gernigon, « Marsoulas - Grotte de Marsoulas », Bilan scientifique 1998 du Service Régional de l'Archéologie de Midi-Pyrénées, Ministère de la Culture et de la Communication, Service régional de l'archéologie, , p. 63-65 (lire en ligne [PDF] sur culture.gouv.fr, consulté le ).
  • [Azéma 2016] Marc Azéma, « Le bison ponctué de la grotte de Marsoulas », futura sciences, (lire en ligne [sur futura-sciences.com]).
  • [Begouën & Russell 1933] Henri Begouën et James Townsend Russell, « La campagne de fouilles de 1931 à Marsoulas, Tarté et Roquecourbère », Muséum d'Histoire Naturelle, (présentation en ligne).
  • [Cartailhac & Breuil 1902] Émile Cartailhac et Henri Breuil, « Photo du relevé du bison à points rouges », sur documents.univ-toulouse.fr, (consulté le ) (tiré de cette page (univ. de Toulouse)).
  • [Foucher 1991] Pascal Foucher, « Expérience en double aveugle sur l'art pariétal de la grotte de Marsoulas », Bulletin de la Société préhistorique de l'Ariège, t. 46, , p. 75-118 (lire en ligne [sur researchgate.net], consulté le Date invalide (/07/2019)).
  • [Fritz & Tosello 2007] Carole Fritz et Gilles Tosello, « La grotte de Marsoulas - Grands bisons et petits humains », Les Dossiers d’Archéologie, no 324, , p. 20-29 (lire en ligne [PDF]).
  • [Fritz & Tosello 2010] Carole Fritz et Gilles Tosello, Marsoulas, renaissance d'une grotte ornée (livre + DVD), Paris, Errance, , 64 p. (présentation en ligne). Pour la bande-annonce de la DVD de Marc Azéma, « Marsoulas, la grotte oubliée », accompagnant ce livre, voir Azéma 2006, section « Filmographie ».
  • [Fritz et al. 2010] Carole Fritz, Gilles Tosello, Marc Azéma, Olivier Moreau, Guy Perazio et José Péral, « Restauration virtuelle de l’art pariétal paléolithique : le cas de la grotte de Marsoulas », In Situ, no 13, (lire en ligne [sur journals.openedition.org]).
  • [Leroi-Gourhan 1988] André Leroi-Gourhan, « Marsoulas, Haute-Garonne », dans Dictionnaire de la Préhistoire, Paris, Presses universitaires de France, , p. 693-694.
  • [Méroc et al. 1947] Louis Méroc, Lucien Michaut et Marcelle Ollé, « La grotte de Marsoulas (Haute-Garonne) », Bulletin de la Société méridionale de spéléologie et de préhistoire, no 9, , p. 285-305 (lire en ligne).
    • [Méroc et al. 1947 (carte)] Louis Méroc, Lucien Michaut et Marcelle Ollé, « La grotte de Marsoulas (Haute-Garonne) » (page de frontispice avec carte), Bulletin de la SMSP, no 10, , p. 284 (lire en ligne).
    • [Méroc et al. 1947 (Art)] Louis Méroc, Lucien Michaut et Marcelle Ollé, « La grotte de Marsoulas (Haute-Garonne) » (liste des décorations et relevé de leurs emplacements), Bulletin de la SMSP, no 11, , p. 306-320 (lire en ligne [sur docs.google.com]).
  • [Russell 1932] (en) James Townsend Russell, « Report on archeological research in the foothills of the Pyrenees », Smithsonian miscellaneous collections, vol. 87, no 11, (lire en ligne [sur babel.hathitrust.org], consulté le ).

Filmographie

Notes et références

Notes

  1. Jeannel et Racovitza (1908) donnent une altitude de 420 m[10].

Références

  1. « Grotte de Marsoulas, carte IGN interactive » sur Géoportail.. La grotte marquée d'une étoile rose est la grotte de Tarté. La grotte de Marsoulas est 500 m plus bas en amont du Lavin (vers le sud-est).
    Couches « Cartes IGN classiques », « Limites administratives » et « Hydrographie » activées. Vous pouvez bouger la carte (cliquer et maintenir, bouger), zoomer (molette de souris ou échelle de l'écran), moduler la transparence, désactiver ou supprimer les couches (= cartes) avec leurs échelles d'intensité dans l'onglet de "sélection de couches" en haut à droite, et en ajouter depuis l'onglet "Cartes" en haut à gauche. Les distances et surfaces se mesurent avec les outils dans l'onglet "Accéder aux outils cartographiques" (petite clé à molette) sous l'onglet "sélection de couches".
  2. Russell 1932, p. 1.
  3. Méroc et al. 1947, p. 286.
  4. Méroc et al. 1947, p. 3.
  5. Russell 1932, p. 4.
  6. Méroc et al. 1947, carte en frontispice de Méroc et al. 1947, p. 284.
  7. Méroc et al. 1947, p. 3, note 3.
  8. [Martel & Fournier 1911] Édouard-Alfred Martel et E. Fournier, « Rapport sur la seconde mission pour l'exploration des Pyrénées (juillet-août 1909) », Annales du Ministère de l'agriculture, , plan p. 79-80. Cité dans Méroc et al. 1947, p. 3, note 3.
  9. [Martel 1930] Édouard-Alfred Martel, La France ignorée : des Ardennes aux Pyrénées, . Cité dans Méroc et al. 1947, p. 3, note 3.
  10. [Jeannel & Racovitza 1908] R. Jeannel et Racovitza, « Énumération des grottes visitées (2e et 3e séries) », Biospeologica - Arch. Zool. Exp., t. 8 « 4e série », , p. 327-414 et 5e série, 1910, p. 180. Cité dans Méroc et al. 1947, p. 3, note 3.
  11. Méroc et al. 1947, p. 285.
  12. [Menu & Plenier 1988] Michel Menu et Aleth Plenier, « Grotte de Marsoulas (Grotte des Fées) », Archéologie de la France Informat, (lire en ligne [sur journals.openedition.org], consulté le ).
  13. Fritz & Tosello 2007, p. 21.
  14. [Cau-Durban 1885] D. Cau-Durban, « La Grotte de Marsoulas », Matériaux pour l'Histoire de l'Homme, vol. II (19e année, 3e série), , p. 341-349 (présentation en ligne).
  15. [Régnault 1897] Félix Régnault, « Peintures de Marsoulas », Bulletin de la Société Archéologique du Midi de la France, , p. 127.
  16. Russell 1932, p. 2.
  17. [Cartailhac 1902] Émile Cartailhac, « Note sur les dessins préhistoriques de la grotte de Marsoulas », Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 46, no 5, , p. 478-483 (lire en ligne [sur persee]).
  18. Bégouën & Russell 1933.
  19. (en) C. Fritz, G. Tosello, G. Fleury, E. Kasarhérou, Ph. Walter, F. Duranthon, P. Gaillard & J. Tardieu, « First record of the sound produced by the oldest Upper Paleolithic seashell horn », Science Advances, vol. 7, no 7, (DOI 10.1126/sciadv.abe9510)
  20. [Leroi-Gourhan 1978] André Leroi-Gourhan, « Marsoulas », dans André Leroi-Gourhan, Préhistoire de l'Art Occidental, Paris, éd. Lucien Mazenod, coll. « L'art et les grandes civilisations », , p. 300-301.
  21. Fritz & Tosello 2007, p. 20.
  22. « Grotte (lieu-dit Laouin, Marsoulas) », notice no PA00094376, base Mérimée, ministère français de la Culture.
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