Grotte d'Aurignac

La grotte d'Aurignac ou abri d'Aurignac est un abri sous roche contenant un gisement archéologique, situé sur la commune d'Aurignac, en Haute-Garonne (Occitanie, France). Occupé au Paléolithique supérieur, il a donné son nom à l'Aurignacien, une culture préhistorique du début de cette période.

Il a été classé monument historique par arrêté du 26 mai 1921[1].

Toponymie

L'abri tire son nom de |la commune sur laquelle il se trouve, Aurignac, nom qui dérive lui-même de l'occitan Aurinhac.

Géographie

Il est aujourd'hui réduit à un petit abri-sous-roche qui se trouve sur la commune d'Aurignac, à environ 1,6 km au nord-ouest du village, dans le vallon du ruisseau de Rodes, affluent de la Louge, longé par la route D635 joignant Aurignac à Boulogne-sur-Gesse[2].

Géologie

L'abri se situe sur le versant nord de la crête de Fajolles, un éperon calcaire datant de l'Yprésien[3], au pied de laquelle coule le ruisseau de Rodes. Cette formation est longue de 1,2 km[4]

Histoire

L'abri d'Aurignac est découvert en 1852 par Jean-Baptiste Bonnemaison et étudié à partir de 1860 par Édouard Lartet, l'un des inventeurs de la science préhistorique.

Édouard Lartet.

En 1924 Louis Méroc signale sommairement la présence d'abris sans les localiser ni les décrire précisément. Il effectue un sondage à la pelle mécanique à une trentaine de mètres en amont de l'abri éponyme en 1961, et nomme ce nouveau site "Aurignac II"[5].

En 2017 un spéléologue découvre une dizaine d'abris sur la crête de Fajolles : les abris de Riout. Il déclare immédiatement sa découverte à l'équipe du musée et aux services de la DRAC. Ces abris pourraient avoir été des lieux d'habitation. Ils représentent plusieurs centaines de mètres carrés de surface[6].

En 2018[7],[8] les fouilles reprennent, avec une équipe dirigée par Mathieu Lejay et Lars Anderson du laboratoire TRACES (UMR 5608) et de l'Université Toulouse-Jean-Jaurès[9],[10].

Site éponyme de l'Aurignacien

Les fouilles de Lartet au XVIIIe siècle, ainsi que celles qu'il entreprend à Massat, contribuent à l'époque à démontrer la contemporanéité de l'Homme avec des espèces animales disparues, hypothèse avancée dès 1851 par Jean-Baptiste Noulet.

Par comparaison, il est établi que la couche la plus ancienne de la grotte est postérieure à l'Acheuléen (- 1,7 Ma à −300 000 ans) mais antérieure au Solutréen (environ 22 000 à 17 000 avant le présent), définissant ainsi une nouvelle culture préhistorique : l'Aurignacien (environ 39 000 à 28 000 ans AP), première culture du Paléolithique supérieur en Europe. Le site d'Aurignac est donc le site éponyme de l’Aurignacien.

C'est à l'époque de l'Aurignacien que sont réalisées les peintures pariétales de la grotte Chauvet (Ardèche, France), plus ancienne grotte ornée découverte et datant de 36 000 ans.

Fréquentation

L'abri est d'une grande richesse archéologique, en particulier en ce qui concerne les vestiges aurignaciens. On y distingue trois périodes d'occupation différentes :

  • première occupation humaine à l'Aurignacien, il y a environ 35 000 ans, durant laquelle l'abri a servi de campement aux premiers Homo sapiens venus s'installer en Europe.
  • Occupation par la faune : hyène des cavernes (Hyaena crocuta spelaea), renard (genre Vulpes), 10 herbivores dont le cheval (Equus caballus), l'aurochs (Bos primigenius) et le renne (Rangifer tarandus) après le départ des aurignaciens, il y a environ 35 000 ans.
  • Nouvelle utilisation humaine, comme lieu de sépulture au Chalcolithique (IIIe millénaire av. J.-C.) : 17 individus découverts en 1852 par Jean-Baptiste Bonnemaison.

Collections

De nombreux objets issus de la grotte, conservés au Musée d'archéologie nationale et au Muséum de Toulouse, sont aujourd'hui exposés au musée-forum de l'Aurignacien qui a ouvert ses portes au public en octobre 2014 à Aurignac.

Notes et références

  1. « Grotte préhistorique », notice no PA00094268, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. « Aurignac, carte IGN interactive » sur Géoportail.
  3. [Cavaillé & Paris 1974] Albert Cavaillé et Jean-Pierre Paris, Notice explicative de la carte géologique à 1/50 000 « Le Fousseret » no 1033, Orléans, BRGM, , 27 p. (lire en ligne [PDF] sur ficheinfoterre.brgm.fr), p. 8.
  4. « Aurignac, carte IGN interactive » sur Géoportail.
  5. [Méroc 1963] Louis Méroc, « Circonscription de Toulouse » (Les fouilles de 1961, à Aurignac II - Centenaire des fouilles d'Édouard Lartet : p. 198-200), Gallia Préhistoire, t. 6, (lire en ligne [sur persee]).
  6. [Riout 2019] Vivien Riout, « Cavités de la zone d'Aurignac » (abris de Riout : p. 131-132), Bulletin de la Société Méridionale de Spéléologie et de Préhistoire, t. 61, , p. 123-132 (lire en ligne [sur smsp-speleo.blogspot.com], consulté en ).
  7. Armelle Parion, « Site préhistorique d’Aurignac : les fouilles relancées après 60 ans de silence », sur sudouest.fr, 02/0/2019 (consulté en ).
  8. « Aurignac. Trois semaines au cœur du chantier de fouilles », sur ladepeche.fr, (consulté en ).
  9. « Nouvelle campagne de fouilles archéologiques : site préhistorique d'Aurignac (31), 10 au 30 juin 2019 », sur pole-prehistoire.com (consulté en ).
  10. [Tartar 2020] Élise Tartar, « Industrie en matières osseuses d'Aurignac II », dans Mathieu Lejay, Aurignac II (Aurignac, Haute-Garonne), Rapport d’opération de fouille programmée 2020, Bordeaux, Service Régional d'Archéologie de Nouvelle Aquitaine, (présentation en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

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