Gisèle d'Estoc

Gisèle d'Estoc, nom de plume de Marie-Paule Alice Courbe, est une écrivaine et sculptrice française, féministe et anarchiste, duelliste et travestie, née le à Nancy et morte le à Nice.

Biographie

Gisèle d'Estoc étudie la sculpture et expose ses œuvres au Salon[1] jusqu'en 1899. Elle entame une relation amicale très forte avec Marie-Edmée Pau, également artiste, dans laquelle les deux jeunes femmes développent leur affinité pour Jeanne d'Arc en explorant, selon Melanie C. Hawthorne, les identités de genre[2].

À la fin du Second Empire, après un premier mariage, elle emménage à Paris et commence une carrière littéraire. Ses thèmes privilégiés sont la justice sociale et le féminisme. Elle est d'avis que les femmes doivent être responsable d'elles-mêmes, tançant notamment en 1890 la journaliste Séverine pour avoir envoyé son conjoint de battre en duel pour elle. Elle conclut sa diatribe par « à capacités égales salaire égal »[1].

Elle entame après 1862 une relation amoureuse avec Guy de Maupassant (qui reste proche d'elle jusqu'à sa mort[3]), puis avec Rachilde, femme de lettres et travestie comme elle, qu'elle critique plus tard dans un pamphlet  sous le nom de Raclife  dans La vierge réclame. Elle a également une liaison difficile avec une écuyère du cirque Medrano, Emma Rouër, qu'elle bat en duel à la fin de cette liaison, la blessant au sein gauche[3]. Son dernier compagnon est Léo d'Arkaï (alias Louis-Joseph Pillard)[1],[3].

Elle adhère sous le nom de G. d'Estoc à la Ligue de l'affranchissement des femmes que vient de créer Marie-Rose Astié de Valsayre. Le « G » majuscule rend son prénom épicène, tandis que le nom évoque sa pratique de l'escrime et du travestissement. Elle adhère au Groupe des escrimeuses, sous l'influence également d'Astié, qui pense qu'un groupe de femmes prenant l'épée pour défendre leurs causes est nécessaire[1]. Elle est également candidate aux législatives de 1893. Elle décède l'année suivante de la lèpre, à 49 ans[3].

Après sa mort, son histoire est racontée par Pierre Borel, biographe, qui en dresse une image peu flatteuse, la qualifiant de « goule fin de siècle »[1].

Elle inspire plus tard Mélanie C. Hawthorne qui écrit sa biographie. Elle inspire également Madeleine Pelletier qui admire en elle une « voie d'affranchissement lumineuse » par la pratique de l'escrime et du travestissement[1].

Publications

  • G. d’Estoc, Comme quoi les Jésuites pourraient bien ne pas descendre du singe - avis à Darwin, Paris, Librairie anti-cléricale, 1880.
  • G. d’Estoc, La Vierge réclame, premier volume d’une hypothétique série « Les Gloires malsaines », illustrations de Fernand Fau, Paris Librairie Richelieu, 1887.
  • Gyz-El, Noir sur blanc, récits lorrains, Nancy, A. Voirin, 1887.
  • G. d’Estoc, Cahier d'amour (1893) suivi de Guy de Maupassant - Poèmes érotiques, Arléa, 1993 (édition établie et présentée par Jacques-Louis Douchin).

Notes et références

  1. Sylvie Chaperon et Christine Bard, Dictionnaire des féministes. France : XVIIIe-XXIe siècle, Presses Universitaires de France, (ISBN 978-2-13-078722-8, lire en ligne), p. 447.
  2. (en) Melanie C. Hawthorne, Finding the Woman Who Didn't Exist : The Curious Life of Gisèle d'Estoc, Lincoln/London, University of Nebraska Press, , 203 p. (ISBN 978-0-8032-4034-6, lire en ligne).
  3. François Forestier, « Gisèle d’Estoc, la « ninja féministe » qui coupa le souffle à Maupassant », sur L'Obs, (consulté le )

Liens externes

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