Gabonzuzi

Gabonzuzi ou Gabon-zuzi est le mot basque désignant la torche de Noël en référence à une vieille coutume de mettre une maison en bois dans le feu pour la nuit de Noël[1]. Dans beaucoup de villages de Vasconie, on désigne ainsi le tronc d'arbre que l'on met dans la cheminée la nuit de Noël. C'est l'un des objets et symboles caractéristiques du solstice d'hiver et de la fête d'Eguberri ou de la Nativité. On le désigne sous plusieurs noms dont Gabon subil, Gabon mukur, Olentzero enbora, Sukubela (Licq en Soule), etc.

À Ezkirotz et à Elkano, on met trois troncs à brûler dans la cheminée : le premier est pour Dieu, le second pour Notre-Dame et le troisième pour la famille. À Eraso ainsi qu'à Arakil, on ajoute un morceau de bois pour chacun des membres de la famille et un pour les nécessiteux. À Olaeta on brûle dans la cheminée un tronc de hêtre pendant la dernière nuit de l'année. On brûle en même temps tout le bois restant du tronc de l'an passé.

Gabonzuzi a des vertus spéciales du fait qu'il a brûlé la nuit de Noël et celle de la Saint-Sylvestre. Avec son feu on prépare le repas de la nuit de Noël à Oiartzun (Guipuscoa) ainsi qu'à Abadiano et Antzuola.

À Elduain, on cherche à faire un grand feu car, d'après ce que l'on dit aux enfants, on évite ainsi qu'Olentzero descende par la cheminée, armé de sa faux. Il pourrait ôter la vie à ceux qui vivent dans la maison.

À Ezkirotz, le tronc consacré à Dieu est placé sur le seuil de la porte principale de la maison, le premier jour de l'an ou le jour de la Saint-Antoine le . On fait passer par-dessus les animaux domestiques. On pense que de cette façon ils ne mourront pas accidentellement l'année qui vient. On retrouve cela à Oiartzun et Arakil.

À Agurain, on pense que Gabonzuzi a le pouvoir d'éloigner les orages. Les gens le brûlent chaque fois que la menace se fait sentir.

Dans les maisons conservant un taureau pour la reproduction, la pratique suivante a lieu :
on met dans le feu de la cheminée deux bâtons, le temps du repas de la nuit de Noël. Puis on fend le plus large des deux par son extrémité carbonisée et on y place le second de telle manière qu'il traverse la fente et forme avec le premier une croix. On porte cette croix dans l'étable où se trouve le taureau, on la cloue ou on l'accroche sur un mur ou sur un poteau. On pense qu'ainsi le taureau ne contractera pas durant l'année la maladie dite mamin partidu.

Dans la vallée d'Aezkoa on recueille le charbon et la cendre produits par la combustion de Gabonzuzi. Lorsqu'une vache a la mamelle endurcie on fait brûler ces restes et on les applique à la manière de fumigation sur la mamelle.

À Amorebieta, on dit que Gabonzuzi empêche la belette de nuire aux gens de la maison et à ses animaux. Ils veillent à ce que le feu durant la nuit de Noël ne s'éteigne pas, ils cherchent ainsi à éviter que quelqu'un de la famille meure durant l'année.

À Bedia, on conserve le tronc et ses charbons. De cette façon on pense prolonger la bénédiction sur la maison.

À Ibarrune lorsqu'il brûle dans la cheminée, ses cendres sont conservées jusqu'à la Saint-Étienne. Ce jour-là elles sont portées dans les champs cultivés et réparties sur le sol en faisant des croix. On pense qu'ainsi les animaux nuisibles mourront.

À Licq, le Gabonzuzi favorise la naissance de femelles dans le troupeau de brebis.

À Eraso quand quelqu'un meurt, on met Gabonzuzi à côté de son corps.

Étymologie

Gabon signifie « nuit de Noël » en basque. Le suffixe a désigne l'article : Gabona se traduit donc par « la nuit de Noël ». Le K, lui, indique le pluriel. Gabonak signifie « les fêtes de Noël ». Prononcer gabone.

Ne pas confondre avec Gau on qui veut dire « bonne nuit » mais qui, dans certaines façons de parler se dit aussi gabon (contraction, accent ?) car gaba en Navarre par exemple signifie « nuit ».

Gabonzuzi est un des termes pour désigner le tronc que l'on fait brûler la nuit de Noël en basque.

Références et notes

Il n'existe pas de genre (masculin, féminin) dans la langue basque et toutes les lettres se prononcent. Il n'y a donc pas d'association comme pour le français ou QUI se prononce KI.

Bibliographie

  • Claude Labat, Libre parcours dans la mythologie basque : avant qu'elle ne soit enfermée dans un parc d'attractions, Bayonne; Donostia, Lauburu ; Elkar, , 345 p. (ISBN 9788415337485 et 8415337485, OCLC 795445010)
  • José Miguel Barandiaran et traduit et annoté par Michel Duvert, Dictionnaire illustré de mythologie basque [« Diccionario Ilustrado de Mitología Vasca y algunas de sus fuentes »], Donostia, Baiona, Elkarlanean, , 372 p. [détail des éditions] (ISBN 2903421358 et 9782903421359, OCLC 416178549)
  • José Miguel Barandiaran (trad. Olivier de Marliave, préf. Jean Haritschelhar, photogr. Claude Labat), Mythologie basque [« Mitología vasca »], Toulouse, E.S.P.E.R, coll. « Annales Pyrénéennes », , 120 p. [détail des éditions] (ISBN 2907211056 et 9782907211055, OCLC 489680103)
  • Wentworth Webster (trad. Nicolas Burguete, postface Un essai sur la langue basque par Julien Vinson.), Légendes basques : recueillies principalement dans la province du Labourd [« Basque legends »], Anglet, Aubéron, (1re éd. 1879), 328 p. [détail de l’édition] (ISBN 2844980805 et 9782844980809, OCLC 469481008)
  • Jean-François Cerquand, Légendes et récits populaires du Pays Basque : Recueillis dans les provinces de Soule et de Basse-Navarre, Bordeaux, Aubéron, (1re éd. 1876), 338 p. [détail de l’édition] (ISBN 2844980937 et 9782844980939, OCLC 68706678, lire en ligne)
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