François de Menthon

François de Menthon est un résistant, homme politique et un juriste français, né le à Montmirey-la-Ville (Jura) et mort le à Menthon-Saint-Bernard (Haute-Savoie)[1],[2].

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François de Menthon

François de Menthon vers 1944-1945.
Fonctions
Garde des sceaux, ministre de la Justice

(11 mois et 16 jours)
Gouvernement France libre
Prédécesseur Jules Abadie
Successeur lui-même

(9 mois et 10 jours)
Gouvernement Gouvernement provisoire de la République française
Groupe politique MRP
Prédécesseur lui-même
Successeur Pierre-Henri Teitgen
Député de Haute-Savoie

(13 ans, 1 mois et 17 jours)
Gouvernement IVe République
Législature Ire constituante
IInde constituante
Ire
IIe
IIIe
Maire de Menthon-Saint-Bernard
Groupe politique MRP
Successeur François Dutour
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Montmirey-la-Ville
Date de décès
Lieu de décès Annecy
Nationalité Française
Parti politique MRP
Père Henri de Menthon
Mère Marguerite Picot de Moras d'Aligny
Conjoint Nicole Le Gouz de Saint-Seine
Enfants [Bernard de Menthon]

[Jean de Menthon]

[Jacques de Menthon]

[Etienne de Menthon]

[Olivier de Menthon]

[Sixte de Menthon]

[Michel Reveyrand-de Menthon]

Entourage Famille de Menthon
Religion Catholique

Agrégé de droit, il fut professeur à la faculté de droit de Nancy.


Biographie

Il est le fils d'Henri de Menthon (1865-1952) et de Marguerite Picot de Moras d'Aligny (1875-1934). Il est l'oncle maternel de l'acteur Jean Sorel (né Jean de Chieusses de Combaud-Roquebrune).

Avant-guerre

Élève à Dijon à l'école Saint-François-de-Sales entre 1910 et 1916, il suit ensuite les cours de la Faculté de droit avant de devenir licencié ès lettres en 1920 et professeur agrégé (1930) de droit.

Il adhère à 19 ans à l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF), qu'il préside de 1926 à 1930. Il est élu conseiller municipal de Nancy, où il enseigne le droit de 1929 à 1939, à l'occasion d'une élection partielle en juin 1933. Mais la liste sur laquelle il figure en 1935 est battue par celle du maire sortant, le radical Camille Schmitt. Il milite alors au Parti démocrate populaire.

La Résistance

En 1939, il demande à partir au combat. En 1940, il est blessé et fait prisonnier, mais réussit à s’évader et rejoint la Résistance dès 1940. Il reçoit à plusieurs reprises Jean Moulin au château de Menthon-Saint-Bernard. Fondateur du mouvement Liberté à Annecy, puis à Lyon en novembre 1940 et éditeur de son journal clandestin, dont les deux premiers numéros ont été imprimés à Annecy et les suivants à Marseille. Il fut l’un des responsables du mouvement Combat issu de la fusion de Liberté avec le mouvement fondé par Henri Frenay Petites ailes de la France fin 1941.

Le 1er mai 1942, à l'appel de la BBC et de la presse clandestine, de nombreux Français en zone nord et en zone sud manifestent contre Laval et pour De Gaulle (attentats, sabotages et déraillements en zone nord, manifestations de protestation en zone sud)[3]. Menthon participe à l'une de ces manifestations devant la mairie d'Annecy. Notable et professeur de droit, il attire l'attention des membres du Service d'ordre légionnaire (SOL), même si ces derniers ignorent ses fonctions au sein de la Résistance. Le lendemain, 2 mai, ils agressent Menthon, le déshabillent et le plongent dans la vasque sur la place de la mairie. Cette histoire provoque une crise municipale à la suite de la plainte déposée par Monsieur de Menthon, mais Darnand et Laval couvrent le SOL[4].

En 1943, il rejoint le général de Gaulle à Londres puis à Alger où il est nommé commissaire à la Justice au sein du Comité français de la Libération nationale d'Alger.

Haut fonctionnaire

À la Libération, François de Menthon devient ministre de la Justice dans le Gouvernement provisoire de la République française du général de Gaulle de septembre 1944 jusqu'au 8 mai 1945. Il s'est occupé entre autres du procès du maréchal Pétain, de la condamnation de Charles Maurras à la prison à vie (28 janvier 1945) et de l'épuration de certains fonctionnaires du régime de Vichy. À l'époque, il fut critiqué par les communistes et les socialistes, adeptes d’une épuration plus massive des anticommunistes, pour avoir épargné certains agents importants comme René Bousquet.

Puis il fut nommé, par le général de Gaulle, procureur au tribunal de Nuremberg. Il donna du crime contre l'humanité la définition suivante : « crime contre le statut d'être humain motivé par une idéologie qui est un crime contre l’esprit visant à rejeter l’humanité dans la barbarie ». Mais en 1946, de Gaulle se retire du gouvernement. Menthon, alors ancien ministre de la Justice, quitte Nuremberg et se voit remplacé par Auguste Champetier de Ribes.

Œuvre politique

Compagnon de la Libération, fondateur du MRP, il est député de la Savoie de 1946 à 1958. Du 24 juin au 16 décembre 1946, il est ministre de l’Économie nationale dans le Gouvernement Georges Bidault (1). Il milite pour un régime parlementaire rénové. Le samedi , lors des incidents du Palais Bourbon provoqués par les communistes (dont Jeannette Vermeersch, Alfred Malleret-Joinville entre autres) qui prennent d'assaut la tribune présidentielle, alors président du groupe M.R.P., il est frappé et a une côte cassée[5].

Il se consacre aussi à la cause européenne et devient président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (alors Assemblée consultative) de 1952 à 1954. Il présente en cette qualité le premier drapeau étoilé officiel de la communauté européenne.

Ses positions contre de Gaulle vont l'éloigner des postes ministériels après 1958 et d'une carrière politique qui s'annonçait prometteuse. Il retourne à l’enseignement universitaire à l’Université de Nancy et à ses mandats locaux. Nommé maire de Menthon-Saint-Bernard en 1944, il est élu maire de cette commune de 1945 à 1977 et pendant vingt-deux ans président de l'Association des maires et conseiller général.

Porté par des convictions politiques fondées sur un idéal humaniste et chrétien, il fut aussi le fondateur du mouvement de la Jeunesse ouvrière chrétienne, car selon son fils Olivier de Menthon : « Il estimait que le rôle des catholiques était de participer à l'évolution de la société » et « La Foi était au cœur de son existence. »

Décorations

  • Officier de la Légion d'honneur
  • Compagnon de la Libération par décret du 16 octobre 1945 (à compter du 1er septembre 1943)
  • Croix de guerre 39-45

Livres

  • La Loi sur l’indignité nationale - Imprimerie Moderne, Beyrouth 1944
  • Le Procès de Nuremberg : l’accusation française - Office français d'Édition, Paris 1946
  • Le Procès de Nuremberg, son importance juridique et politique - Éd. du Mail, Paris 1946
  • Vers la Quatrième République - Éd. Hachette, Paris 1946
  • L'expansion économique au service du progrès social - Imprimerie F. de Beroud, Paris 1951

Citations

  • « La noblesse n'a que des devoirs et aucun droit. »

Références

  1. Autorité BnF
  2. Munzinger-Archiv
  3. La Seconde Guerre mondiale au jour le jour, Presses de la Cité, 1988, p. 756
  4. Ministère de l'Intérieur, Cabinet du Secrétaire général pour l'Administration, Synthèse des rapports des préfets de la zone libre pour le mois de juin 1942, 15 juillet 1942, http://www.ihtp.cnrs.fr/prefets/fr/fzl0642mi.html
  5. « L'affaire des généraux », dans Mémorial de notre temps, Paris Match éditions Pierre Charron, , 614 p., p. 216-231

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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