Filler (anime)

Le mot filler fait partie du vocabulaire lié à l'animation japonaise. Un filler est, dans le jargon de l'amateur d'anime, un épisode d'une adaptation animée ne faisant pas partie de la trame originale du manga. Sa création peut être motivée par diverses raisons, comme des contraintes techniques de production (par exemple, afin de combler le nombre d'épisodes prévu par l'adaptation quand le contenu adapté est insuffisamment dense, ou encore pour pallier le rattrapage narratif d'une adaptation sur son œuvre originelle quand elle serait toujours en cours de création ou de publication), d'un désir de développer la diégèse, voire parfois dans le cas d'une œuvre originale d'un simple manque d'inspiration scénaristique. C'est un nom d'origine anglo-saxonne issu du verbe to fill (« remplir »). En français, ce genre d'épisode est parfois appelé « épisode de remplissage ».

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Ce type d'épisode n'est pas à confondre avec le « hors-série », qui n'est souvent pas pensé pour s'intégrer au récit et n'a aucune obligation d'être canonique avec l'adaptation à laquelle il serait rattaché.

Caractéristique

Ce genre d'épisode se retrouve généralement dans les mangas prolifiques en nombre de tomes.

La principale cause réside dans la différence de rythme entre la diffusion des épisodes de l'anime et la parution des tomes[1] (quand l’œuvre publiée est toujours en cours), qui est telle que l'adaptation ne peut que rattraper le récit d'origine. Interviennent ici les fillers, dont le rôle est ainsi de ralentir momentanément l'anime afin de laisser le temps au manga d'avancer. Ils apparaissent sous plusieurs formes :

  1. les épisodes fillers classiques. Ils proposent un contenu ne dénaturant pas la trame originale, et peuvent se présenter comme :
    • un ou plusieurs épisodes marchant plus ou moins indépendamment des autres [2].
    • un arc narratif complet et indépendant [3].
  2. un « flashback-filler » : épisode isolé n'ayant pas la moindre histoire en lui-même mais faisant le bilan des évènements qui se sont déroulés jusqu'alors [4].
  3. une « série-filler » partant sur les mêmes bases, mais dérivant très tôt afin de proposer un récit original [5].
  4. le « final-filler » : le récit suit alors la trame d'origine, mais propose une fin inédite, parfois pour couper court à un récit qui continue très longuement [6]. Il peut être confondu avec une « fin alternative », qui ne conclut pas canoniquement une œuvre ou son adaptation et est généralement proposée a posteriori de celle-ci.

La caractéristique principale souvent observée est la baisse plus ou moins significative de la qualité à différents niveaux de conception des épisodes : scénario, animation, character-design. En effet, censés durer généralement très peu de temps, ou tout du moins ne pas durer longtemps afin de remplir un vide, les éléments inclus qui ne seront pas réutilisés par la suite sont souvent moins recherchés.

Le problème le plus couramment vu dans les cas d'insertion de filler est la continuité du récit. Par exemple, les personnages spécialement créés pour un arc de filler ne disparaissent pas tous et doivent parfois être intégrés à un récit qui existait sans eux. La difficulté consiste donc à les utiliser sans dénaturer ni le récit original, ni le rôle qu'ils ont jusqu'alors tenu[7].

Origine

L'une des origines de ce terme est dans ce qu'on appelle en français un interlude. En effet, la télé étant à l'origine uniquement en direct, il n'y avait généralement pas de diffusion durant la nuit, cependant, afin de ne pas couper le temps d'antenne lors d'éventuels « blancs techniques » au cours de la journée, l'habitude avait été prise de les remplir avec de courtes vidéos pré-enregistrées.

Une autre origine possible se trouve dans l'obligation donnée aux artistes musicaux de remplir les disques vinyle, quitte à produire des morceaux de qualité moindre.

Exemples

Certaines séries ont utilisé des fillers pour diverses raisons. Quelques exemples classiques sont :

  • Saint Seiya : l'un des précurseurs en la matière, puisque plusieurs dizaines d'épisodes contenus dans l'adaptation animée mettent en scène des personnages et des combats que le manga ne mentionne pas. C'est le cas par exemple des Chevaliers d'acier, ou de toute la saga Asgard. On peut raisonnablement penser, au vu du succès de la série, que ces fillers étaient destinés à rallonger la série afin de bénéficier le plus longtemps possible de sa popularité et des revenus qu'elle générait. En réalité, le cas de Saint Seiya va même plus loin puisque la version animée a effectué certains ajouts en totale contradiction avec le manga. Ainsi Hyôga, le Chevalier du Cygne, est présenté dans la série comme étant l'élève du Chevalier Cristal, lui-même disciple de Camus, Chevalier d'or du Verseau. Le Chevalier Cristal est une pure invention, puisque dans le manga, Hyôga est lui-même l'élève de Camus. Cela donne lieu à des contradictions, notamment lorsque Hyôga affronte Camus et répète à de nombreuses reprises qu'il ne peut pas « lever la main sur son maître ». L'arc Asgard a été créé pour que la version animée ne rattrape pas le manga, alors toujours en cours de publication en 1988. Les flash-backs très nombreux et répétitifs insérés dans l'anime ainsi que les intrigues annexes partageaient cette même fonction d'allongement artificiel de la durée de vie de la série.
  • Naruto : Au milieu de l'année 2005, la série télévisée commençait à rattraper la version manga. Les créateurs de Naruto ont donc décidé, pour permettre au manga de prendre de l'avance sur l'anime, de se lancer dans une série de fillers qui a duré un peu moins de 2 ans pour presque une centaine d'épisodes (épisodes 136 à 220).
  • Bleach : cette autre série populaire s'est également lancée dans une série de fillers (épisodes 64 à 109) mettant en scène une nouvelle catégorie de personnages, les Bounts. Cependant, les autres fillers ont été fortement critiqués, car peu intéressants et coupant totalement avec le scénario (par exemple les 2 arcs fillers concernant les zanpakutos, qui se déroulent dans le monde réel/soul society alors que les héros sont censés combattre l'espada dans le Hueco Mundo).
  • Dragon Ball : Comme Saint Seiya, la version animée de Dragon Ball fut célèbre pour ses nombreux fillers : personnages rajoutés ou surdéveloppés, intrigues annexes non présentes dans le manga, nombreux flash-backs à répétition, longues attentes délayées… Dragon Ball Z a connu plusieurs arcs entièrement hors-série : par exemple, l'arc Garlic Jr ou l'arc Tenkaichi Kaïokaï. Dans le même principe, de nombreux épisodes ont été rallongés ou créés pour éviter le rattrapage du manga par l'anime (Liste complète des fillers de Dragon Ball Z). À la fin de la première série, un épilogue inédit a été créé de la même manière [8]. En tout, la série animée originelle de Dragon Ball Z a pris 200 épisodes pour arriver à la mort de Cell (tome 35 du manga) ; la nouvelle version, intitulée Dragon Ball Z Kai et respectant plus scrupuleusement le manga (sans aucun filler), n'en a pris que 98.
  • Fairy Tail : Après l'arc Sept ans plus tard, une série d'épisodes fillers est lancée (128-150). Les potentiels mages de Rang S rentrent en conflit avec la Légion de l'église de Zentopia et voient apparaitre la nouvelle Oracion Seis, ce qui engendre un nouvel arc, La Clé du ciel étoilé. Cet arc est critiqué du fait que sa fin est assez brève, voire bâclée.
  • Yu-Gi-Oh! : L'un des rares cas où les filler sont largement plébiscités par la communauté, en effet l'arc narratif du Sceau d'Orichalque, exclusif à l'anime, souvent considéré par les fans comme le meilleur arc narratif de l'oeuvre.

Notes

  1. De 2 à 4 chapitres par épisode en fonction du récit et de l'extrait à adapter. La période de diffusion étant couramment la même, une semaine, l'anime va donc 2 à 4 fois plus rapidement
  2. Ex : Naruto dès la fin de la trame originale de la première partie.
  3. Ex : Bleach avec l'arc des Bounts qui suit l'arc de la Soul Society
  4. Ex : Naruto épisode 26 dans lequel un personnage secondaire fait un reportage et interviewe les différents protagonistes d'une très importante épreuve.
  5. Ex : Fullmetal Alchemist qui part du même point mais diverge très tôt pour proposer une variation avec sa propre conclusion.
  6. Ex : Negima qui propose une variation très différente sur l'origine des pouvoirs d'un des personnages afin de clôturer l'adaptation
  7. Il existe cependant quelques cas d'auteurs ayant intégré un personnage filler intéressant par un moyen ou un autre dans le récit original, comme le personnage de Mei est intégré dans le dernier chapitre de Love Hina après son apparition dans l'anime.
  8. épisode 149 à 153 de Dragon Ball
  • Animation et bande dessinée asiatiques
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