Canon (fiction)

Dans un univers de fiction, le canon est l'ensemble des faits s'étant déroulés, ainsi que tous les personnages, événements et lieux, considérés comme authentiques ou officiels, dont l'existence est indiscutable, émanant de l'auteur originel. Il s'oppose aux productions non-canon, souvent de la fan-fiction.

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Les termes alternatifs mythologie, chronologie, univers et continuité sont souvent utilisés. Si le canon est généralement constitué de l’œuvre de l'auteur, il peut s'y ajouter des éléments que l'auteur reconnaît comme faisant partie de l'univers de fiction, mais qui n'ont pas été explicitement intégrés à l’œuvre.

Histoire du concept

La notion est liée à l'extension du système scolaire et universitaire depuis le XIXe siècle, mais elle peut aussi être appliquée à des époques où la diffusion de la culture était beaucoup plus restreinte, de l'Antiquité au Moyen Âge. Depuis l'époque des Lumières on peut distinguer trois grandes tendances : l'extension du goût bourgeois pour le roman, une poésie plus populaire, la comédie, le mélodrame, c'est-à-dire une « démocratisation » des genres, des personnages et du public, qui à son tour suscite des contradictions plus élitistes ou hermétiques ; un mouvement de construction des identités politiques nationales comportant la construction de littératures nationales ; depuis les années 1970 une internationalisation des références, conformément aux rapports de force culturels favorables à la culture anglo-saxonne et défavorables à la culture française, qui fut longtemps dominante en Europe, du siècle de Louis XIV à Jean-Paul Sartre et Albert Camus[1].

L'utilisation du mot canon est une référence au canon biblique, l'ensemble des textes formant les Saintes Écritures. Ce terme s'appliqua pour la première fois à une œuvre de fiction en désignant les romans de Sherlock Holmes écrits par Arthur Conan Doyle. Le but était de les distinguer des nombreux pastiches écrits par d'autres auteurs[2].

Canon et hors-canon dans les fictions

Le canon dans un univers de fiction constitue un tout, cohérent et solide. Généralement, est considérée comme canon par défaut toute production venant du créateur original de l'univers. Les créations d'auteurs tiers, les adaptations (cinématographiques ou autres), ou les créations non officielles (non autorisées par les ayants droit, le plus souvent des fanfictions dans le cadre de fictions littéraires par et pour des fans) sont généralement exclues du canon. Ce qui est hors-canon est considéré comme n'existant pas dans l'univers de base, mais plutôt dans un univers parallèle possible. On peut d'ailleurs distinguer une certaine hiérarchie descendante dans les productions : le créateur original invente les évènements, les créateurs tiers publiés rajoutent des nouvelles histoires à partir de la trame originale, et les fans vont imaginer leurs fictions à partir des deux sources précédents, mais il y a très rarement d'inspiration transversale à chaque niveau, et encore moins dans un sens ascendant (un fan qui inspirerait le tiers publié).

Lorsque l'auteur original s'exprime sur son univers, mais hors du contexte d'une œuvre (c’est-à-dire dans des lettres, des interviews, ou sur son site internet), ses propos sont la plupart du temps considérés également comme canons[réf. souhaitée].

Tout élément présentant une contradiction avec l'univers tel qu'il a été créé au départ, est généralement considéré non-canon sauf si l'auteur l'a reconnue dans ce cas la dernière version est considéré comme canon, ce qui est simple pour des œuvres d'auteurs tiers, mais plus complexe lorsque c'est l'auteur originel lui-même qui se contredit.

Il arrive que les œuvres d'auteurs tiers dépassent l'œuvre de base, en quantité et en richesse. On parle alors d'un univers étendu, gigantesque extrapolation de l'univers de base, mais généralement considéré non-canon, ou au mieux, semi-canon : Star Wars, dont le canon de base est constitué par les six films réalisés ou écrits par George Lucas et leurs novélisations, plus les films suivants et spinoff par Disney, possède assurément l'univers étendu le plus important et probablement le plus connu, avec plus de 200 romans et plus de 200 bandes dessinées, écrits par des dizaines d'auteurs différents, et une centaine de jeux vidéo. Mais parmi les médias précités, tous n'ont pas le même degré de canonisme : les BD Star Wars Tales peuvent être canon ou non selon leur cohérence avec le reste de l'univers. Cependant, depuis la reprise de la franchise par Disney, tout l'univers étendu existant a été déclaré comme non-canon au profit d'un nouvel univers officiel, davantage recentré sur les six films d'origine.

Dans l'univers Star Trek qui comprend plus de 700 épisodes sur 6 séries 'live', 13 films, une série animée, des centaines de romans, comics, jeux et autres ouvrages, une définition du canon s'imposa à mesure du développement de la saga, dans le but de conserver une cohérence interne et car l'intégration de l'ensemble des publications engendrerait une trop lourde complexité pratique et deviendrait un obstacle réel à la créativité.

La Paramount avait ainsi défini que seuls les événements des séries live et des films étaient canons, à l'exception notable de certains éléments de la série animée (cependant, à la suite de la sortie en DVD de la série animée en 2006, le statut de celle-ci fut remis en question sur le site officiel, soumis à un sondage du public[3]. Depuis elle fait partie de la liste des œuvres canons disponible sur le site officiel.[4]) et de deux romans (Star Trek: Voyager : Mosaic et Pathways écrits par la productrice Jeri Taylor — leur canonicité a depuis été déclaré en 2006 par la Paramount « ouvert à interprétation » et certains éléments canons ont contredit certaines informations issues de ces romans. Ils ne sont pas listés parmi les œuvres canon du site officiel). Les romans et les comics étaient donc spécifiquement définis comme non-canons (ces œuvres sont qualifiées d' "officielles" lorsqu'elles ont été publiées avec l'approbation du bureau de licences de la Paramount).

Par ailleurs, certains éléments non-canons ont fait l'objet de consensus dans la franchise (exemple : le fait que l'USS Enterprise fut construit en 2245 fut établi par le créateur Gene Roddenberry ; la date de naissance de James T. Kirk le était communément admise en référence à la date de naissance de William Shatner) ; parfois, ces faits non-canons sont repris dans des productions canons (par exemple, le prénom Nyota d'Uhura ne fut déclaré canon qu'en 2009 dans le film Star Trek). Toutefois, l'utilisation de personnages, races et autres éléments issus de publications non-canons dans des séries et films se révèle très rare car cela impliquerait le versement de royalties à leurs auteurs[5].

Notes et références

  1. François Genton : « Le canon littéraire : son actualité allemande et quelques exemples », 19 décembre 2007 http://www.iides.net/seminaire_commun/docs/docs_1.html
  2. Peter Haining, « Introduction » in (en) Arthur Conan Doyle, The Final Adventures of Sherlock Holmes, New York, Barnes & Noble Books, (ISBN 978-1-56619-198-2) Edited by Peter Haining.
  3. archive de startrek.com
  4. startrek.com la section Database est définie dans la sitemap comme le "official Star Trek canon" https://intl.startrek.com/sitemap.
  5. What is Canon? sur Ex Astris Scientia

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