Fernand Grenier

Fernand Grenier est né le à Tourcoing (Nord) et décédé le à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Il a été le dirigeant du Parti communiste français, et a été élu municipal et député de la ville de Saint-Denis. Il est rendu célèbre comme résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. Il fut le représentant du PCF et des FTP auprès du général de Gaulle à Londres, auteur de l'amendement du 21 avril 1944 accordant aux femmes le droit de vote et d'éligibilité. Il a été député à l'assemblée consultative provisoire à Alger, puis ministre de l'Air (civil et militaire) du gouvernement provisoire formé par De Gaulle à Alger.

Pour les articles homonymes, voir Fernand Grenier (homonymie) et Grenier (homonymie).

Fernand Grenier
Fonctions
Député 1937-1940
puis 1945-1968
Gouvernement IIIe République-IVe République-Ve République
Groupe politique communiste
Maire de Saint-Denis

(2 ans et 3 mois)
Prédécesseur Jacques Doriot
Successeur Marcel Marshall
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Tourcoing (Nord, France)
Date de décès (à 91 ans)
Lieu de décès Saint-Denis (Seine-Saint-Denis, France)
Nationalité française
Parti politique Parti communiste français

Biographie

1901-1932 : militant communiste d'Halluin (Nord)

Le père de Fernand Grenier était domestique [1] et sa mère, bobineuse, tous deux nés en Belgique[2]. Fernand passe son enfance à Tourcoing où il obtient le certificat d'études, et devient apprenti puis ouvrier boulanger. Il est ensuite employé municipal de la commune d'Halluin dans la banlieue lilloise. Il adhère au Parti communiste juste après le Congrès de Tours, en 1922 et devient secrétaire de la section des Jeunesses communistes d'Halluin. En novembre 1924, il suit les cours de l'« École léniniste » de Bobigny, au côté de Jacques Duclos et se fait remarquer par ses capacités à écrire dans les journaux syndicaux et politiques. Promu à des responsabilités au sein de la Région Nord, en 1927, il est condamné à huit mois de prison au motif d'action antimilitariste à cause de ses écrits contre la guerre publiés dans le journal de la jeunesse communiste, .

1933-1939 : vainqueur de Doriot à Saint-Denis

Soupçonné de trotskisme en 1930 à cause de son amitié avec Albert Cornette, secrétaire de la CGTU, il connaît une brève période de disgrâce jusqu'en 1932 où il reprend des responsabilités dans le Nord, puis comme permanent du Comité central, à Paris où il est chargé de l'animation de l'Association des Amis de l'Union soviétique (AUS), fonction qu'il va conserver jusqu'en 1939. En 1933, il séjourne un mois en URSS. L'association compte 70 000 adhérents en 1936 et sa revue Russie d'aujourd'hui est tirée à plus de 130 000 exemplaires.

En 1935, Fernand Grenier est chargé de la reconquête de la ville de Saint-Denis, alors dans le département de la Seine[3], dont le maire Jacques Doriot, vient d'être exclu du Parti. Aux élections législatives d'avril-mai 1936, Doriot est réélu avec 700 voix d'avance.

En mai 1937, Doriot est révoqué de ses fonctions de maire de Saint-Denis par le ministre de l’Intérieur du Front populaire, Marx Dormoy, ce qui entraîne une élection partielle. Grenier se présenta à nouveau contre lui et, le , il l'emporte par 10 552 voix contre 6 547 à Doriot[4], qui démissionne par la suite de son poste de député.

Le , Fernand Grenier devient député de Saint-Denis après avoir facilement battu le remplaçant de Doriot. À la Chambre des députés, il siège à la commission des Comptes définitifs et des Économies et à celle des Affaires étrangères. Il est déchu de son mandat de député, comme tous les communistes, le Parti communiste étant dissous le par le président du Conseil Édouard Daladier après le pacte germano-soviétique.

1939-1944 : les années de guerre

Mobilisé en septembre 1939, il est démobilisé près d'Annecy.

Avec d'autres députés communistes, il est déchu de son mandat parlementaire le , puis de son mandat de conseiller municipal de Saint-Denis en février 1940[4].

Fernand Grenier se réinstalle à Saint-Denis, et suivant la politique de semi-légalisation qui était celle du parti jusqu'en octobre 1940[5], il remet en marche les organisations communistes de la ville sans entrer dans la clandestinité. Il est arrêté le , puis interné dans le camp aménagé dans un des bâtiments du sanatorium d'Aincourt (Seine-et-Oise[6]), puis à Fontevraud (Maine-et-Loire), et enfin à Châteaubriant (Loire-Inférieure), d'où il s'évade le en compagnie d'Eugène Hénaff, Henri Raynaud et Léon Mauvais. Après avoir difficilement repris contact avec l'appareil clandestin, il est choisi pour représenter le Comité central lors des premiers contacts avec des envoyés de la France libre. Il rencontre ainsi Rémy le , et en sa compagnie, il gagne l'Angleterre en , porteur d'une lettre du Comité central du Parti communiste et d'une autre de Charles Tillon, dirigeant des Francs-tireurs et partisans (FTPF). Il s'exprime une première fois sur l'antenne de la BBC le . Il représente dès lors les communistes auprès des différentes instances successives de la France libre, mais il n'a pu accepter en un poste de commissaire du Comité français de la Libération nationale (CFLN) proposé par de Gaulle sans l'aval de Jacques Duclos, alors responsable clandestin du parti dans la France occupée. Le Parti communiste présente des exigences pour la participation des communistes au gouvernement provisoire. Ce n'est que le 4 avril 1944 qu'un compromis est trouvé et que de Gaulle nomme deux commissaires communistes, dont Grenier, commissaire à l'Air. Le conflit qu'il a avec de Gaulle à propos de l'affaire du Maquis du Vercors se traduit finalement par son remplacement par Charles Tillon.

Droit de vote des femmes

C'est à la suite de l'amendement que Fernand Grenier dépose le à l'Assemblée consultative provisoire à Alger que le droit de vote des femmes est établi en France[7]. L’article 17 précise « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes »[8].

Après la guerre

Fernand Grenier représente le PCF à l'Assemblée consultative jusqu'en octobre 1945, date à laquelle il est réélu député de la Seine à l'Assemblée constituante, mandat de député qu'il conserve jusqu'en 1968. Il fait partie du comité central du PCF jusqu'en mai 1964. Membre du Comité national de l'Association France-URSS, il est toujours resté pro-soviétique.

Ceux qui l'ont connu à Londres pendant la guerre, ou plus tard, dans les instances du Parti communiste ou à Saint-Denis, parlent de lui comme d'un homme au commerce agréable et bon vivant.

Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (97e division) à Paris.

Mandats

  • 1er août 1937 - 21 janvier 1940 : député de la Seine - communiste
  • 21 octobre 1945 - 2 avril 1967 : député de la Seine - communiste
  • 5 mars 1967 - 30 mai 1968 : député de Seine-Saint-Denis - communiste[9]

Distinctions

  • Rosette d’officier de la médaille de la Résistance
  • Chevalier de la Légion d’honneur en 1982
  • Distinction honorifique polonaise

Ouvrages de Fernand Grenier

Parus aux Éditions sociales, Paris :

  • Au pays de Staline (1950)
  • La Marche radieuse (1951)
  • C'était ainsi : souvenirs (1959)
  • Ceux de Châteaubriant (1961)
  • L'U.R.S.S. au rythme de notre temps (1966)
  • Journal de la drôle de guerre : (septembre 1939-juillet 1940), préface d'Étienne Fajon (1969)
  • Ce bonheur-là (1974)

Controverses

Président de l'association France-URSS, Fernand Grenier écrit en 1949 un livre intitulé Au pays de Staline. Il y fait l'éloge du dirigeant de l'Union soviétique, considéré à l'époque d'abord comme le vainqueur de la bataille de Stalingrad, écrivant notamment :

« Que Staline ait pris la part la plus active à l'élaboration des décisions, certes, cela n'est pas douteux ; dans toute direction collective, l'apport de chacun est proportionnel à son expérience et à ses qualités personnelles et Staline se classe incontestablement à la tête de la magnifique équipe des dirigeants soviétiques. [longues citations de Staline] »

 Fernand Grenier, Au pays de Staline, page 81, Éditions sociales 1950.

Notes et références

  1. Yves Le Maner, notice Fernand Grenier dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, 2000
  2. Pour la profession des parents, voir sur le site des Archives départementales du Nord, acte de mariage n°122 du 8 avril 1899 à Tourcoing.
  3. La ville est dans la Seine-Saint-Denis depuis la création de ce département .
  4. Yves Le Maner, « GRENIER Fernand, Joseph », sur maitron.fr (consulté le )
  5. Voir l'article Histoire du PCF, 1940
  6. Aincourt est dans le Val-d'Oise depuis la création de ce département le 1er janvier 1968.
  7. Marie Kirschen, « Est-ce vraiment de Gaulle qui a donné le droit de vote aux femmes ? », liberation.fr, 29 avril 2015.
  8. Michele Pedinielli, « 21 avril 1944 : les Françaises obtiennent le droit de vote », Retronews, (lire en ligne, consulté le )
  9. « Fernand Grenier 1901 - 1992 », sur assemblee-nationale.fr.

Annexes

Bibliographie

  • Fernand Grenier, C'était ainsi, Éditions sociales, 1959
  • Stéphane Courtois et Marc Lazar, Histoire du Parti communiste français, PUF, Paris ; 2e édition, 2001
  • Yves Le Maner, article « Fernand Grenier » in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, Éditions ouvrières, 1997
  • Philippe Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, tome 4, Fayard, 1984
  • Max Lagarrigue, in Dictionnaire des résistants d'Île-de-France, AERI, 2002
  • « Fernand Grenier », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960

Articles connexes

Liens externes

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