Fernand Colomb

Fernand Colomb (ou Fernando ou Hernando), né le à Cordoue et mort à Séville le , est le second fils de Christophe Colomb et de sa maîtresse Beatriz Enriquez de Arana.

Ouvrage contenant la Historia del Almirante publié à titre posthume en 1571.

Biographie

Après la mort de son épouse, Filipa Moniz Perestrelo, Christophe Colomb a une liaison avec une jeune orpheline de Cordoue, Beatriz Enriquez de Arana, donnant naissance à Fernand Colomb le . Lorsqu'il s'embarque pour son voyage de découverte en 1492, il confie l'enfant à Filippa, ainsi que son fils aîné Diego[1].

En 1493, alors que Colomb s'embarque pour son deuxième voyage, Fernand et Diego sont confiés à la cour des rois catholiques, pour servir de pages auprès de l'infant Jean d'Aragon (1478-1497), alors âgé de seize ans. De ce fait, Fernand était officiellement reconnu comme un fils de l'Amiral de la mer Océane et son séjour y a été documenté par le futur historien Gonzalo Fernández de Oviedo y Valdés, qui servait également de page[2]. Il avait comme tuteur l'humaniste Pierre Martyr d'Anghiera, qui devait se faire dès cette époque l'historien de la conquête du Nouveau Monde[2].

Sa formation et son goût des livres font de lui un humaniste. Au début des années 1500, il fait quelques contributions au Livre des prophéties que son père est en train de rédiger avec l'aide du père chartreux Gaspar Gorricio[3].

Fernand Colomb est un grand voyageur. En mai 1502, il embarque à bord de la Capitana pour accompagner son père lors de son quatrième et dernier voyage vers le Nouveau Monde. Après avoir exploré la côte de Veragua et l'isthme de Panama jusqu'au golfe de Darién, ils décident de rentrer en Espagne. En juin 1503, ils sont en Jamaïque, mais leurs bateaux sont très détériorés et il leur faudra un an pour atteindre Hispaniola et pouvoir de là gagner l'Espagne, où ils arrivent en novembre 1504. Fernand fera plus tard un compte rendu détaillé de cette expédition dans son Historia del Almirante.

Il retourne à Saint-Domingue en 1509 pour accompagner son frère Don Diego lors de la prise de fonction de ce dernier en tant que gouverneur d'Hispaniola. Il est accompagné de Bartolomé de las Casas, qui se fera plus tard l'historien de la colonisation et le champion des droits des autochtones[4]. De retour quelques mois plus tard, il rejoint la Cour royale, afin de travailler à la longue série de procès  les Pleitos colombinos  intentée contre la Couronne, entre 1508 et 1536, pour faire reconnaître les droits de la famille Colomb en Amérique, en vertu des capitulations de Santa Fe.

En 1511, sept ans avant l'entreprise de Magellan, Fernand est obsédé par l'idée d'effectuer la circumnavigation du globe et présente au roi un plan détaillé de ce projet[5], arguant qu'il prouverait la rotondité de la Terre en plus de favoriser la conversion universelle et d'accroître le savoir humain. Il se présente comme doté de toutes les compétences nécessaires pour mener à bien un tel projet, grâce à ses connaissances en navigation, météorologie, astronomie, zoologie, cosmographie, cartographie, mathématiques et dessin. Il n'obtient pas les fonds nécessaires à ce grand projet[4].

En 1512, il se rend à Rome pour représenter son frère Diego dans une poursuite en paternité devant la Rota. Au cours des années qu'il passe dans cette ville, il étudie le grec et la littérature ancienne, en plus de s'intéresser à la médecine, à l'astronomie et à la comptabilité en partie double. Il donne aussi libre cours à sa passion pour les livres. En 1516, la mort de Ferdinand le Catholique bouleverse la scène politique et il quitte l'Italie pour rentrer en Espagne[6].

En 1520, il accompagne la cour de Charles-Quint dans le nord de l'Europe, à la suite de son élection comme empereur du Saint-Empire à la suite de la mort de son grand-père Maximilien d'Autriche. Il visite Anvers et Bruxelles, rencontre Érasme au Collège des Trois-Langues à Louvain et se rend au couronnement de Charles Quint à Aix-la-Chapelle. Il va ensuite à Cologne puis à Worms. Ayant reçu de Charles-Quint une somme substantielle pour services rendus, il se met en route pour Venise, en passant par Strasbourg, Bâle, Milan, Pavie et Gênes, le plus souvent à cheval. Arrivé dans la «capitale spirituelle du livre imprimé», il y achète des livres en quantité et les fait expédier en Espagne par bateau[7]. Après quelques mois, il remonte en Allemagne puis se rend en Angleterre avec la cour impériale, pour finalement regagner l'Espagne en 1522.

En 1524, il est choisi par Charles-Quint pour mener la délégation espagnole de neuf experts chargée de renégocier avec le Portugal la ligne de démarcation des possessions coloniales, le traité de Tordesillas étant rendu caduc à la suite de la découverte des Moluques par l'Espagne[8]. Il continue à recevoir de l'empereur une pension de 200 000 maravedis par an.

Après la mort de son frère Diego en 1526, le nom de la famille perd beaucoup de son lustre. Toutefois, cette même année, l'empereur lui confie la tâche de mettre à jour pour l'Espagne la carte de navigation maritime, le Padrón Real, un outil de référence majeur visant à assurer au pays un avantage dans ses ambitions coloniales par rapport à ses concurrents. Fernand y travaille au cours des années qui suivent avec Alonso de Chaves et Diego Ribero[9].

De 1529 à 1531, il quitte l'Espagne pour un périple qui le mènera en Italie puis à Bâle et Fribourg, puis à Louvain, où il recrutera les érudits Jean Hammonius, Nicolaus Clenardus et Johannes Vasaeus pour travailler au catalogage de son énorme bibliothèque.

En 1534, le jugement Sentencia de las Dueñas retire à la famille Colomb le titre de vice-roi des Indes ainsi que tout droit à une part des profits extraits du nouveau continent[10]. En réaction à ce jugement, Fernand entreprend de faire la biographie de son père à partir de tous les documents dont il dispose et de réfuter les attaques dont ce dernier était l'objet. En 1536, un nouveau verdict redonne au fils de Diego les titres d'amiral des Indes, marquis de la Jamaïque et duc de Veragua tandis que Fernand reçoit une pension annuelle de mille ducats à laquelle l'empereur ajoute 500 pesos d'or pour sa bibliothèque[11].

Pierre tombale couvrant la sépulture de Fernand Colomb dans la cathédrale de Séville.

Son ambition est de faire de cette Bibliotheca Hernandina une entité parfaitement organisée, pour tous les livres du monde dans toutes les langues[12]. Il prend entente avec les libraires de cinq des plus grandes villes d'imprimerie  Rome, Venise, Nuremberg, Anvers et Paris  pour que chaque année ils envoient à Lyon les livres et feuillets publiés chez eux, jusqu'à concurrence de 12 ducats, et que le libraire de Lyon ajoute également des livres à l'ensemble pour la même somme et expédie le tout en Espagne. Il exclut les riches manuscrits préférant le matériel imprimé: « Consciemment ou non, dans ses derniers jours, Fernando avait succombé en un sens à la folie visionnaire de son père qu'il avait pourtant pris grand soin d'effacer de sa biographie[12]. » Les lecteurs auraient accès au contenu des livres par une petite fenêtre métallique à travers laquelle il leur serait possible de tourner les pages du livre, mais non de le tenir en main.

À sa mort, sa bibliothèque comptait 15 370 livres et plus de 3 000 gravures.

Fernando meurt le 12 juillet 1539 à Séville[13]. Sa pierre tombale, dans la cathédrale de Séville, reproduit son blason qui contient la devise A Castilla y León Nuevo Mundo dio Colón («Colomb a donné le Nouveau Monde à Castille-et-León»). L'écu est encadré par les quatre catalogues par lesquels Fernand estime avoir, comme son père, contribué à l'expansion du savoir humain: Livre des auteurs, Livre des savoirs, Livre des condensés, Livre des contenus.

Il a certainement mis en place « le système de technologie de l'information le plus sophistiqué inventé jusqu'alors[14] », anticipant les bases de données et l'accès au savoir à distance que l'Internet a finalement permis de réaliser[15]. Il a aussi été le premier à enregistrer la déclinaison magnétique, à diriger une équipe chargée d'établir une carte sur des principes scientifiques et à concevoir la création d'une bibliothèque vraiment universelle[15].

Ouvrages

Cosmografia

À partir de 1517, il commence à rédiger une Cosmografia ou description de l'Espagne. Ce manuscrit de 700 feuillets remplis d'une écriture fine et serrée répertorie 3 300 villes, probablement dans l'intention de réaliser une carte extrêmement détaillée divisée en un damier de latitudes et longitudes, se perd dans une infinité de détails de tout ordre collectés par une équipe d'assistants. Fernando peut toutefois poursuivre et améliorer sa méthode grâce à l'appui du jeune Charles Quint[16] jusqu'à ce que le projet soit brutalement arrêté par décision royale en 1523[17].

Vocabulario

En 1518, il entreprend la rédaction d'un Vocabulario ou dictionnaire latin. Cet ouvrage ne donne pas le sens des mots  comme le fait le Diccionario latino-español d'Antonio de Nebrija publié en 1495 , mais recueille plutôt des exemples de leur emploi par les auteurs anciens[18]. Fernand l'abandonne en 1523, alors qu'il était arrivé au mot bibo (je bois), couvrant déjà 1476 pages et sans doute près de 3000 entrées[17].

Memorial

En 1523, il se met à rédiger le Memorial de los Libros naufragados pour garder la trace des 1674 volumes achetés à Venise et perdus dans le naufrage du bateau qui devait les lui apporter en Espagne.

Libro de materias

Le Livre des contenus vise à extraire les principaux sujets abordés dans un livre et à les classer en ordre alphabétique. Ce travail d'abord entrepris sur les volumes de Suétone et de Lucrèce est étendu à l'ensemble de sa bibliothèque au début des années 1530[9].

Historia del Almirante

Entre 1536 et 1539, Fernando rédige une Historia del Almirante pour honorer la mémoire de son père. Il est ainsi le premier biographe à retracer l'histoire de sa vie et de ses découvertes en se basant sur une multitude de documents originaux en sa possession: lettres, contrats, journaux de bord, annotations en marge des livres consultés. Tout en s'attachant à réfuter les affirmations fantaisistes et injurieuses de ses adversaires, il est particulièrement soucieux d'accorder à son père la primeur de la découverte du nouveau monde. À cette fin, il présente cet exploit non pas comme découlant logiquement de son éducation  sur laquelle Hernando reconnaît ne pas savoir grand chose , mais de ses extraordinaires qualités de discipline, d'endurance et de contrôle de soi, qualités qui l'ont soutenu dans sa conviction qu'il trouverait une terre à l'Ouest et lui ont permis de garder la tête froide et de persévérer quand tout semblait perdu[11]. Ce faisant, il passe sous silence l'idée de son père qu'il avait atteint Cipangu en Extrême-Orient. Il fait également l'impasse sur le Livre des prophéties qui présentait ces découvertes comme faisant partie du plan de Dieu pour l'humanité. Il omet aussi de mentionner les visions qu'a eues son père à partir de 1498, dans lesquelles il se voyait choisi par Dieu, ainsi que son projet de démarrer un trafic d’esclaves Arawak. En cela, Fernando Colomb tient compte des connaissances géographiques de l'époque et du nouveau regard que Bartolomé de Las Casas oblige à porter sur la colonisation et ses atrocités[11].

Cet ouvrage, qui aura un énorme retentissement dans toute l'Europe, n'a pas été publié de son vivant. Sa belle-sœur, María de Toledo, a hérité du manuscrit et l'a transmis à son fils Luis Colón. Ce dernier l'a remis à un marchand génois, Baliano de Fornari, qui l'a fait imprimer à Venise.

Le plus ancien exemplaire connu de cet ouvrage est une édition vénitienne de 1571 (traduction d'Alfonso Ulloa). Selon Jacques Heers il s'agit d'« une apologie et, presque, une hagiographie[19] ».

Libro de los Epítomes

Son œuvre majeure est le Livre des condensés des ouvrages de son immense bibliothèque.

À partir de 1520, il se met à collectionner les livres afin de constituer une bibliothèque universelle, accumulant ainsi plus de 15 000 ouvrages, en suivant les conseils de savants en Espagne et aux Pays-Bas, notamment Érasme. Pour chaque livre, il inscrit la date de l'achat, l'endroit et le montant payé[20]. Ces notes sont précieuses pour renseigner sur les taux de change entre les monnaies de l'époque[7].

Un Abecedarium énumère en ordre alphabétique tous les auteurs et titres de livres de sa bibliothèque. Afin de renseigner sur l'aspect du volume et ses caractéristiques, il invente un système de «biblioglyphes» qui n'est pas sans présenter des ressemblances avec l'alphabet utopien de Thomas More, publié en 1516[17].

À partir de 1523, Colomb fait dresser par une équipe de bibliothécaires, tenus de résider et dormir sur place, un catalogue très détaillé de tous ses livres sous le titre Libro de los Epítomes Livre des condensés »). Grâce à ces données bibliographiques, on peut mieux connaître les éditions faites en Europe avant 1540, dont beaucoup sont maintenant perdues[21]. Ce fameux catalogue d'une épaisseur d'un pied, que l'on avait longtemps cru perdu, a refait surface en 2013, lorsqu'un professeur québécois en histoire médiévale et de la Renaissance, Guy Lazure, le trouve par hasard à la bibliothèque de l'Université de Copenhague[20].

Outre cette bibliothèque, Fernand Colomb amasse une remarquable collection d’estampes de toutes sortes, qui a malheureusement été dispersée, sans doute à une date ancienne. Selon Mark McDonald, elle consistait en 3 204 gravures, que nous ne connaissons plus aujourd’hui que par leur description, méticuleusement établie par les secrétaires de Colomb (ce qui permet d'en retrouver quelques-unes dans les musées et bibliothèques). Ce catalogue manuscrit a été publié en 2004[22].

À sa mort, il lègue sa bibliothèque à la cathédrale de Séville[23], mais divers problèmes de succession, outre des ennuis avec l'Inquisition, ont entrainé la disparition d'environ les deux tiers des volumes. Ce qui en subsiste constitue de nos jours la Biblioteca Colombina, toujours à Séville ; elle est riche de nombreuses pièces rares, voire uniques.

Éditions de son œuvre

  • Historie del S.D. Fernando Colombo; : nelle quali s'ha particolare, & vera relatione della vita, & de' fatti dell' ammiraglio D. Cristoforo Colombo suo padre, Francesco de' Franceschi Sanese, Venetia, 1571 (lire en ligne)
    • Christophe Colomb raconté par son fils, Perrin, 1986, préface de Jacques Heers.

Notes

  1. Wilson-Lee, p. 28.
  2. Wilson-Lee, p. chapitre I.
  3. Wilson-Lee, p. chapitre III.
  4. Wilson-Lee, p. chapitre VI.
  5. (es) Proyecto de Hernando Colón en nombre y representacion del Almirante, su hermano, para dar la vuelta al mundo, conservé à la New York Public Library.
  6. Wilson-Lee, p. chapitre VII.
  7. Wilson-Lee, p. chapitre X.
  8. Wilson-Lee, p. chapitre XII.
  9. Wilson-Lee, p. chapitre XIII.
  10. Wilson-Lee, p. chapitre XIV.
  11. Wilson-Lee, p. chapitre XV.
  12. Wilson-Lee, p. chapitre XVI.
  13. Wilson-Lee, p. 325.
  14. (en) « the most sophisticated piece of information technology ever designed » selon Wilson-Lee, p. chapitre XVI.
  15. Wilson-Lee, p. chapitre XVII.
  16. Wilson-Lee, p. chapitre VIII.
  17. Wilson-Lee, p. chapitre XI.
  18. Wilson-Lee, p. chapitre IX.
  19. Heers 1981, p. 18.
  20. Stéphane Baillargeon, « Découverte à Copenhague d'un catalogue de la bibliothèque Colomb », Le Devoir, (lire en ligne)
  21. (en) Alison Flood, « How Christopher Columbus's son built 'the world's first search engine' », The Guardian, (lire en ligne)
  22. Mark P. McDonald, “‘Extremely curious and important’!: reconstructing the print collection of Ferdinand Columbus”, dans Christopher Baker, Caroline Elam, Genevieve Warwick (éd.), Collecting prints and drawings in Europe, c. 1500-1750. Ashgate, 2003.
  23. Heers 1981, p. 19.

Bibliographie

  • Henry Harrisse. Excerpta Colombiniana : bibliographie de quatre cents pièces gothiques françaises, italiennes & latines du commencement du XVIe siècle non décrites jusqu'ici, précédée d'une histoire de la Bibliothèque Colombine et de son fondateur. Paris : H. Welter, 1887.
  • Henry Harrisse, Fernand Colomb. Sa vie, ses œuvres. Essai critique, Librairie Tross, Paris, 1872 (lire en ligne)
  • Henry Vignaud, Études critiques sur la vie de Colomb avant ses découvertes, H. Welter éditeur, Paris, 1905 (lire en ligne).
  • Jean Babelon, La bibliothèque française de Fernand Colomb, Paris, Champion, 1913 en ligne
  • Henry Vignaud, Le vrai Christophe Colomb et la légende : la date exacte de la naissance du grand Génois, sa famille, les indications qu'il avait, Toscanelli, prétendu initiateur de la découverte de l'Amérique, l'objet véritable de l'entreprise de 1492, Auguste Picard éditeur, Paris, 1921 (lire en ligne)
  • Catherine Weeks Chapman. « Printed collections of polyphonic music owned by Ferdinand Columbus », in Journal of the American Musicological Society, 21 (1968) p. 32-84.
  • Jacques Heers, Christophe Colomb. Paris : Hachette, 1981.
  • Jeanne-Mance Rodrigue, La bibliothèque de Hernando Colon (1488-1539) et la censure, Sherbrooke, 1994.
  • Mark P. McDonald, The print collection of Ferdinand Columbus 1488-1539 : a Renaissance collector in Seville. 2 vol., Londres, British Museum Press, 2004.
  • (en) Edward Wilson-Lee (ill. Joe McLaren), The Catalogue of shipwrecked books : Young Columbus and the Quest for a Universal Library, Londres, William Collins, , 416 p. (ISBN 9780008146245)

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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