Félix Mangini

Félix Mangini, né le à Lyon (Rhône), mort le (à 66 ans) à Saint-Pierre-la-Palud (Rhône), est un ingénieur pionnier du chemin de fer en France, un philanthrope pionnier de l'habitat social à Lyon, et un homme politique français.

Félix Mangini
Naissance
Lyon (Rhône)
Décès (à 66 ans)
Saint-Pierre-la-Palud (Rhône)
Nationalité française
Diplôme
ingénieur civil
Profession
ingénieur ferroviaire
Activité principale
philanthrope
Autres activités
Formation
Ascendants
Lazare Mangini
Famille
Marc Seguin (beau-père)
Lucien Mangini (frère)
Léon Bérard (gendre)
Louis Gallavardin (gendre)

Biographie

Fils de Lazare Mangini, qui fut un collaborateur et ami précieux des pionniers du chemin de fer les frères Seguin, Félix Mangini suit les cours de l'École des mines de Paris entre 1858 et 1861. En 1863, son père s'installe dans la vallée de la Brévenne, achetant une propriété au lieu-dit la Pérollière, sur la commune de Saint-Pierre-la-Palud[1]. Félix Mangini la fera raser, reconstruire et lui fera adjoindre un château de style florentin en 1885, œuvre de l'architecte lyonnais Gaspard André. Le domaine, vendu par ses héritiers en 1942 à la Compagnie du gaz de Lyon, est désormais une propriété d'EDF[2].

Il fait partie d'un groupe d'amis comprenant Joseph Gillet, Édouard Aynard et Auguste Isaac, baptisée la « bande à Aynard ». Avec l'abbé Camille Rambaud, ils constituent un groupe de bienfaiteurs et d'entrepreneurs qui investissent significativement dans les œuvres de bienfaisance de la région lyonnaise, dans la mouvance des « chrétiens modérés » et du catholicisme social de la fin du XIXe et du début du XXe siècle[3].

Vie professionnelle

Associé à son frère Lucien Mangini, il est, dans un premier temps, entrepreneur dans le secteur des houillères. Mais il s'oriente bientôt dans l'ingénierie ferroviaire, en disciple de Marc Seguin, dont il épouse la fille Marie-Pauline[4].

Les frères dirigent les travaux de construction de la ligne de chemin de fer de Lyon à Montbrison[1], dont l'exploitation leur est concédée par le décret impérial no 17275 du 16 octobre 1869[5],[6].

Il crée en 1864 la société anonyme, dénommée Compagnie de la Dombes, pour construire et exploiter une ligne de chemin de fer et dessécher et mettre en valeur six mille hectares au moins d'étangs, avec François Barthélemy Arlès-Dufour, Louis Frémy, Alexandre Bodin, Comte Le Hon, Amédée Sellier et Lucien Mangini, ce dernier agissant en son nom personnel et celui de messieurs Henri Germain, Louis Guérin et Gabriel Saint-Olive[7]. Toujours avec son frère Lucien, il prend la tête de la compagnie des Dombes et des chemins de fer du Sud-Est, qui prend la suite de la première société, dont les deux frères assurent à la fois les rôles d'ingénieurs, de constructeurs et d'administrateurs[4]. Sous leur direction, de grands travaux sont entrepris pour le déploiement de leur réseau, dont l'un des plus importants est la construction de la gare Saint-Paul, entre 1872 et 1875, avec une façade de l'architecte Louis Sainte-Marie-Perrin[5]. Félix quitte toutefois la société, après la vente de ses lignes à la compagnie PLM en 1883.

Il est le fondateur ou le collaborateur de plusieurs sociétés et fondations :

  • En 1864, aux côtés du soyeux Arlès-Dufour et de Henri Germain, il participe à la création de la Société d'enseignement professionnel du Rhône, dont il sera le président de 1870 jusqu’à sa mort.
  • En 1885, il lance la construction des « maisons Mangini », quai Pierre-Scize à Lyon, sur un emplacement qu'il avait proposé pour la construction de la faculté de droit et des lettres. Leur gestion est reprise par la société suivante[5].
  • En 1886, il crée la Société des logements économiques, devenue par la suite Office public des HLM du Rhône puis OPAC du Rhône.
  • En 1891, il crée également la Société d'alimentation, avec le financement d'Édouard Aynard. Elle distribue des repas à bon marché dans deux restaurants sociaux, aux Brotteaux et à la Guillotière[3].
  • En 1897, il fonde L'Œuvre lyonnaise des tuberculeux indigents, association reconnue d'utilité publique. Cette société participe à la création du sanatorium d’Hauteville aux côtés de Joseph Gillet et d'Aynard à nouveau, pour soigner et guérir les habitants de la région lyonnaise atteints de la tuberculose. Cet établissement de cent-vingt lits, ouvert le 23 août 1900, vient répondre à l'absence de prise en charge des tuberculeux dans la région lyonnaise.
  • Il est également administrateur des Hospices civils de Lyon.

Il est maire de Saint-Pierre-la-Palud pendant trente-huit ans. Il est également conseiller général du Rhône et membre de la chambre de commerce de Lyon.

Il meurt en 1902 dans sa commune, où il est inhumé[8].

Famille

Sa fille, Hélène Mangini (1879-1958), se marie à Léon Bérard, pionnier de la chirurgie thoracique. Ils construisent une extension du domaine de la Pérollière dans le même style que le bâtiment de Gaspard André, qu'ils baptisent du nom de « Villa Félix » en honneur de Félix Mangini[9].

Publication

  • Les Petits Logements dans les grandes villes et plus particulièrement dans la ville de Lyon, Paris, A. Storck, , 98 p.

Postérité

La villa Pérollière, monument historique.

Travaux

Il semble que la loi Bonnevay du 23 décembre 1912, portée par le ministre Laurent Bonnevay, s'appuie en partie sur les réflexions de Mangini au sujet du logement social. Il est en effet intéressant de noter que cette loi, qui a permis aux villes de se doter d'offices HLM, prend sa source là où Mangini indiquait que le logement social pouvait être une activité « assurément lucrative »[10].

Lieux et odonymes

  • À Lyon, dans les jardins de l'hôtel de préfecture du Rhône, un monument inauguré en 1907 par son ami Émile Loubet, ancien président de la République, rend hommage à la mémoire de Félix Mangini philanthrope. Le monument est l'œuvre du sculpteur Alfred Boucher et de l'architecte Louis Rogniat.
  • La villa Pérollière, demeure familiale à Saint-Pierre-la-Palud, est inscrite aux monuments historiques depuis 1992.
  • À Hauteville-Lompnes, une des voies principales porte le nom d'avenue Félix-Mangini et l'ancien sanatorium Félix Mangini s'appelle désormais centre Orcet-Mangini.
  • Depuis 2013, une voie du 9e arrondissement de Lyon s'appelle rue Félix-Mangini[8].

Notes et références

  1. « L'histoire de Félix Mangini », sur saintpierrelapalud.fr, (consulté le ).
  2. Les Amis de l'Arbresle, « La saga Mangini - III - Le domaine de la Pérollière », sur amis-arbresle.com (consulté le ).
  3. Jacques Prévotat et Jean Vavasseur-Desperriers, Les “Chrétiens modérés” en France et en Europe (1870-1960), Presses universitaires du Septentrion (lire en ligne), p. 200-212.
  4. Paul Lemonnier, « Félix Mangini (1836-1902) », Bulletin de l'Association des Anciens élèves de l'Ecole des Mines de Paris, (lire en ligne).
  5. « Maurice Berthault - La construction de la gare Saint-Paul et l'aménagement des abords », sur archives-lyon.fr (consulté le ).
  6. « Histoire de lignes oubliées… Ligne de Lyon Saint-Paul à Montbrison », sur lignes-oubliees.com, (consulté le ).
  7. Bulletin des lois de la République Française, vol. 24, Paris, Imprimerie nationale, coll. « Bulletin des lois », (lire en ligne), chap. 1071 (« Partie supplémentaire »), p. 661-672.
  8. [PDF] Conseil municipal de Lyon, « 2013/5116 - Dénomination d'une voie nouvelle à Lyon 9e (ZAC du quartier de l'Industrie-Nord) : “rue Félix Mangini” », sur lyon.fr, Ville de Lyon, (consulté le ).
  9. « Historique », sur villafelix.monsite-orange.fr (consulté le )
  10. Mangini, Les Petits Logements…. Cité par « Loin d’Utopie, Laurent Bonnevay et les HBM en 1912 », sur linflux.com, Bibliothèque municipale de Lyon, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Bernadette Angleraud et Catherine Pelissier, Les Dynasties lyonnaises : des Morin-Pons aux Mérieux : du XIXe siècle à nos jours, Paris, Perrin, , 830 p. (ISBN 2-262-01196-6), p. 408-409
  • Édouard Aynard, La Vie et les œuvres de Félix Mangini : Conférence, Paris, A. Storck, sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France
  • Frédéric Dumarest, L'Œuvre lyonnaise des tuberculeux indigents et le sanatorium Félix Mangini à Hauteville, résultats médicaux et sociaux après cinq années de fonctionnement : Communication au Congrès international de la tuberculose, Paris, A. Rey, , 13 p.
  • Laurence Duran-Jaillard, Les Voies des Mangini. Entrepreneurs et humanistes lyonnais, Lyon, Libel, 2018.
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