Embouchure (musique)

En musique, l'embouchure désigne la partie supérieure d'un instrument à vent en contact avec les lèvres du musicien afin de produire le son. Par extension, c'est aussi le nom donné à la position de la bouche utilisant l'objet précédent[1].

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Embouchure de cor d'harmonie.

Familles d'instruments

Embouchure d'un flutiste srilankais.
  • Dans tout instrument de la famille des cuivres, l'embouchure désigne la pièce métallique en forme d'entonnoir sur laquelle le musicien pose ses lèvres afin de les faire vibrer pour en émettre un son. L'embouchure est la caractéristique des instruments de la famille des cuivres et non le métal. Le saxophone bien qu'en cuivre ne fait pas partie de cette famille car il possède une anche et non une embouchure. À contrario, l'olifant, le cornet à bouquin, le didgeridoo et le cor des Alpes (respectivement en ivoire, en corne et en bois) sont des instruments de la famille des cuivres car ils possèdent une embouchure.
  • L'embouchure désigne également la plaque métallique percée d'un trou ovale que l'on retrouve sur les flûtes traversières modernes (de la famille des bois).
  • Dans le cas des instruments à anche simple, le bec désigne le dispositif d'embouchure; pour ceux à anche double, il est limité à la seule anche.

L'embouchure des cuivres

Matières

  • Il existe des embouchures en plastique (appelées aussi, à tort, embouchures cristal), en bois et en corne, voire en ivoire. Les embouchures en plastique pour les instruments modernes sont plutôt rares car elles altèrent le timbre de l'instrument. Leur usage est réservé aux instrumentistes ayant une allergie aux alliages de cuivre. Les embouchures en plastique ou en bois conduisent également moins bien la chaleur que les embouchures en métal, d'où leur intérêt pour les musiciens militaires ou fanfares qui doivent souvent jouer par des températures extérieures très basses : elles permettent de maintenir les lèvres à une température correcte et donc d'avoir de la souplesse. Souvent, une dorure suffit à régler ce problème. Le bois, la corne et l'ivoire sont les matériaux utilisés pour les embouchures des instruments anciens.
  • Il existe cependant des embouchures dont la cuvette est en ébène, d'un grand confort de jeu : cela surtout pour les instruments graves (trombone, tuba)
  • Chaque taille d'instrument possède sa propre embouchure : une embouchure de tuba sera plus grosse qu'une embouchure d'euphonium ou de trombone elles-mêmes plus grosses que celle d'une trompette.
  • L'embouchure se dit mouthpiece en anglais, Mundstück en allemand, boquilla en espagnol. En anglais, le mot embouchure désigne la forme que prend la bouche du musicien pour produire le son.

Caractéristiques

Coupe d'une embouchure de trompette.

Une embouchure se distingue par (cf. le schéma ci-contre) :

  1. le diamètre intérieur de son bord
  2. la largeur du bord
  3. la forme du bord (plat, arrondi ou tranchant)
  4. son bord intérieur
  5. sa cuvette et sa profondeur
  6. son grain (diamètre de l'étranglement de l'embouchure)
  7. son cône de queue (l'évasement ou la conicité interne de sa queue)
  8. sa queue et sa longueur

Influence des différentes parties sur le jeu et sur le timbre

  • La profondeur de la cuvette joue sur le timbre de l'instrument et sur la facilité d'émettre les notes graves ou aiguës. Plus la cuvette est profonde, plus l'instrument possède un timbre doux et rond. L'émission des notes graves est facilitée. En revanche si la cuvette est peu profonde, l'instrument possède un timbre brillant et éclatant. L'émission des notes aiguës est alors facilitée.
  • La largeur et le profil des bords de l'embouchure assurent le confort du musicien. La trompe de chasse est le seul instrument à utiliser des embouchures à bords tranchants (bords très fins et biseautés). Les bords trop minces sont pourtant à éviter car ils affaiblissent les lèvres en y coupant la circulation sanguine. Ils empêchent également toute souplesse dans le jeu. L'unique intérêt des bords tranchants serait de permettre le jeu à cheval car ils maintiennent fermement l'embouchure sur les lèvres. Cela n'est pas prouvé car la Garde républicaine joue au trot (voire au galop pour la Garde républicaine portugaise) avec des embouchures classiques. La pratique des bords tranchants dans la vénerie relève donc de la tradition. Quelques ordres de grandeur :
    • épaisseur du bord d'une embouchure de trompe : environ mm
    • épaisseur du bord d'une embouchure de cor : environ 3-mm
    • épaisseur du bord d'une embouchure de trompette ou de trombone : environ 6-mm
  • Le diamètre de l'embouchure dépend de l'instrument et des lèvres du musicien.
  • Le cône de queue participe à une amplification du signal sonore à l'entrée de l'instrument.

Fabrication ancienne

Autrefois, avant l'existence des tours à métaux, les embouchures étaient composées de plusieurs pièces (jusqu'à 7). L'ensemble était assemblé par une brasure. Les bords des embouchures étaient plats.

Fabrication moderne

  • Les embouchures actuelles sont tournées dans un bloc de laiton. L'embouchure peut ensuite subir divers traitements comme la dorure, l'argenture (le plus fréquent) ou le vernissage. Les embouchures en bois sont également tournées. Les embouchures en plastiques sont, quant à elles, moulées sous injection. L'apparition des tours a permis de créer des embouchures à bords arrondis, ce qui participe grandement au confort du musicien et à la pureté du timbre.
  • Les embouchures à bords dévissables permettent de combiner plusieurs cuvettes différentes à un ou plusieurs bords. L'intérêt est d'avoir un maximum de configurations possibles avec un minimum de matériel. Le musicien peut donc adapter son embouchure (ou plutôt la cuvette de son embouchure) au registre (aigu ou grave) tout en gardant le bord qui convient à ses lèvres.

Techniques de jeu

Du fait de l'utilisation d'une embouchure pour produire les sons, il existe des techniques fondamentales communes aux cuivres. Chaque instrumentiste ayant une morphologie et des capacités qui lui sont propres, ces règles peuvent donc souffrir quelques exceptions. Ce qui suit explique ce que fait le musicien, de façon plus ou moins consciente, lors du jeu.

Les cuivres peuvent être considérés comme un simple tube ouvert sans corps vibrant à l'intérieur. La production du son est assurée par la vibration des lèvres dans l'embouchure, qui entraîne la vibration de l'air contenu dans l'instrument et les bronches du musicien (le tout étant appelé « colonne d'air ». L'apprentissage de cette vibration est fondamentale. Les débutants commencent souvent leur apprentissage par des exercices sur embouchure seule.

Rôle des lèvres et de l'air

La position des lèvres dépend de la morphologie de chacun. Toutefois, Philip Farkas dans sa thèse « L'art de jouer les cuivres », en observant ses collègues du pupitre des cuivres de l'orchestre symphonique de Chicago a remarqué que, quel que soit l'instrument pratiqué, la lèvre supérieure occupe environ les deux tiers de l'embouchure ; le dernier tiers étant occupé par la lèvre inférieure.

Pour émettre un son, l'exécutant tend ses lèvres sur l'embouchure et les fait vibrer. La note doit être attaquée par un coup de langue. Pour aller dans l'aigu, la vibration doit s'accélérer, en tendant les lèvres et en augmentant la pression d'air. Pour aller dans le grave, il faut desserrer les lèvres et diminuer la pression d'air. Dans le médium grave et dans l'extrême grave, un mouvement de la mâchoire accompagne la détente des lèvres. Ce mouvement d'ouverture écarte les dents et permet à l'air de passer plus facilement. À noter que pour un musicien expérimenté, la maîtrise de la tension des lèvres se fait inconsciemment: le musicien fait varier la pression de l'air, et la raideur des lèvres s'adapte seule.

La maîtrise du débit d'air permet d'exécuter les nuances allant du pianissimo au fortissimo, nuances qui correspondent, respectivement, aux petits et grands débits d'air.

Combiner les petits débits et les grandes pressions est difficile, la pression ayant tendance à accélérer le débit. Ceci explique alors pourquoi le musicien redoute de jouer piano dans l'aigu. L'oreille humaine étant plus sensible aux notes aigües, l'homogénéité du son sur la tessiture des instruments à embouchure demande beaucoup d'entraînement.

En fonction des instruments, les exigences physiques varient : plus l'instrument est petit, plus la pression nécessaire est élevée mais moins le débit est important : une trompette nécessite un débit de quelques cL d'air par seconde mais on a mesuré plus de 2 bars dans la bouche de certains trompettistes (Adolf Scherbaum entre autres). À l'opposé, un tuba ou un sousaphone nécessite une pression a peine supérieure à la pression atmosphérique mais un grand débit (en jouant forte il est difficile d'aligner dix notes avec une seule respiration).

Rôle de la langue

La langue joue un rôle de clapet. C'est elle qui laisse, ou non, passer l'air. Pour détacher les notes, la langue vient taper sur les dents du haut. Elle doit donc être très rapide et synchronisée avec l'émission des notes pour pouvoir jouer les passages staccato rapides. C'est le fameux « coup de langue ». La langue participe aussi à l'émission des notes graves et aiguës. Ainsi, pour faciliter l'émission de notes graves, la langue se retire au fond de la bouche ; dans l'aigu, la langue monte vers le palais.

Notes et références

Bibliographie

  • Le Cor, Kurt Janetzky, Bernhard Bruchle, Éd. Payot-Lausanne
  • La Trompette, Edward Tarr, Éd. Payot-Lausanne
  • L'Art de jouer les cuivres, Philip Farkas, Éd. Leduc
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