Ego

L'ego (ou égo, d'après les rectifications orthographiques de 1990) désigne la représentation et la conscience que l'on a de soi-même.

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Il est considéré soit comme le fondement de la personnalité (notamment en psychologie) soit comme une entrave à notre développement personnel (notamment en spiritualité).

Différentes définitions de l'ego

C'est un substantif tiré du pronom personnel latin et grec « ego » signifiant « moi » ou « je »

Philosophie

Selon Vincent Carraud, « Le moi n'est pas une donnée première et intemporelle, mais résulte du doute porté à son point extrême — c'est pourquoi l'Antiquité et le Moyen Âge l'ont ignoré[1]. »

Descartes au XVIIe siècle exprime sa certitude quant à l'existence d'un sujet pensant à travers le Cogito ergo sum.

Husserl emploie le terme ego transcendantal pour désigner le « moi sujet » qui anime la conscience[2].

Mais l'ego peut également être défini comme le moi en tant qu'objet de la conscience ; ainsi selon Sartre, « l'ego n'est pas le propriétaire de la conscience, il en est l'objet[3]. »

Selon André Comte-Sponville, l'ego « est moins ce que je suis que ce que je crois être, moins le je que le me (par exemple quand on dit « je me connais », « je me sens triste »...)[4] ».

Psychanalyse

Cette notion est au cœur de ce qu'on appelle l'ego-psychology, doctrine psychanalytique développée aux États-Unis par Ernst Kris, Heinz Hartmann et Rudolph Loewenstein. Sur le même axe de réflexion, Anna Freud a fait de l'ego le centre de la réalité du sujet.

Spiritualité

Pour un certain nombre de courants spirituels, l'ego est la représentation fausse qu'un individu se fait de lui-même. Cette représentation fait écran à la vraie nature de l'homme [réf. souhaitée]. Certains auteurs comme le sage indien Krishnamurti (1895-1986)[Lesquels ?][5] parlent de l'ego comme d'une fausse personnalité constituée de souvenirs et d'expériences. La confusion entre l'ego/« fausse personnalité » et sa vraie nature produit une illusion qui prive ceux qui en sont prisonniers d'une vraie liberté et les enchaîne à des schémas de souffrance (égocentrisme, orgueil, vanité, amour-propre, « perception erronée du monde »).

Dans cette conception, une personne libérée de son ego connaît l'éveil spirituel. Les méthodes pour se libérer de l'emprise de l'ego sont diverses et chaque école spirituelle a plus ou moins la sienne[6].

Dans le champ de la spiritualité moderne et du transpersonnel, l’ego est souvent utilisé en distinction du soi (le moi supérieur). En anglais : self ou higher-self.

Pour certains enseignements spirituels, les relations humaines, et ce qu’elles entraînent à l’échelle planétaire, s’effectuent par « ego » interposés. Pourtant, l'ego n'a pas réellement de réalité, il ne serait qu'un « complexe » produit par des constructions mentales ou des dysfonctionnements psychiques[7].

Bouddhisme

Le bouddhisme perçoit l'ego comme une construction mentale ayant une existence sur un plan conventionnel, mais n'ayant pas d'existence autonome ou intrinsèque. Il n'est ni dans le corps ni dans l'esprit : « Même si nous parlons de l'ego existant comme d'une chose solide qui offre divers aspects, essentiellement il n'y a pas de substance solide. L'ego ne vit effectivement dans le temps que comme un processus continuel de création ; il est perpétuellement en train de mourir et en train de renaître[8]. »

L'ego fait référence à l'impression qu'il existe un centre[9]. La voie bouddhiste consiste, entre autres, à libérer l'être humain de cette perception qui le place au centre de tout, et surtout, de le libérer de la souffrance, qui a pour cause notamment la croyance à l'existence du moi. Voir le concept de non-soi.

Christianisme

L'ego, en tant que sentiment du moi ou du je, est mal perçu dans le christianisme, parce qu'il peut conduire à l’égocentrisme voire à l’égoïsme, qui est l'opposé de ce qui est prôné par la foi chrétienne : l’amour du prochain[10].

Islam

L'ego porte le nom arabe de nafs dans l'islam. Il en est l'un des concepts centraux quel qu’en soit le courant de pensée. Le djihad nafs (communément appelé le combat contre soi-même) est essentiel et central en ce qui concerne la vie du croyant. Il consiste à ne pas céder aux désirs que proposent les « diables » qui sont assignés à chaque homme [réf. souhaitée].

Notes et références

  1. Carraud 2010.
  2. France Farago, Frédéric Guillaud et Maël Lemoine, Philosophie, terminales L, ES, S, Editions Bréal, , 606 p. (ISBN 978-2-7495-0276-2, lire en ligne), p. 25.
  3. Sartre 2003.
  4. André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique, PUF, .
  5. Krishnamurti (trad. de l'anglais), L'impossible question, Paris, Presses du Châtelet, , 237 p. (ISBN 978-2-84592-310-2)
  6. (en) « Arnaud Desjardins et Lama Denis Teundroup parlent de l'ego ».
  7. voir Michel Cazenave, « Revue 3e millénaire no 79 ».
  8. Chögyam Trungpa, Méditation et action, Arthème Fayard, , p. 132.
  9. Chögyam Trungpa, La certitude de la voie, Seuil, 2011, (ISBN 978 2021 02826 3), p. 160.
  10. Marc Pernot, pasteur de l'Eglise Protestante Unie de France, « Jésus ne mégote pas sur l’ego (Matthieu 8:5-13) » (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Paul Sartre, La transcendance de l'ego et conscience de soi et connaissance de soi, Vrin, , 217 p. (ISBN 978-2-7116-1648-0, lire en ligne)
  • Laurent Schmitt, Le Bal des ego, Éditions Odile Jacob, , 208 p. (ISBN 978-2-7381-6918-1, lire en ligne)
  • Vincent Carraud, L'invention du moi, Paris, Presses Universitaires de France - PUF, , 323 p. (ISBN 978-2-13-057851-2)

Articles connexes

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