Devisement du monde

Le Devisement du monde, que l'on trouve aussi sous d'autres titres comme Le Livre des merveilles ou Le Livre de Marco Polo (en italien : Il Milione), retrace les aventures de l’explorateur marchand vénitien Marco Polo qui est allé jusqu'en Chine, a vécu à la cour du grand Kubilai Khan et en est revenu en 1295. L'ouvrage est écrit en 1298 en langue franco-vénitienne sous la dictée de Marco Polo par Rustichello de Pise, écrivain italien. Les deux étaient emprisonnés à Gênes, capturés à l'issue de différentes batailles entre leurs Républiques.

Pour les articles homonymes, voir Livre des merveilles et Merveilles du monde.

Une page du Livre des merveilles du monde de Marco Polo.
Débarquement dans un port chinois.

L'Œuvre

Delle meravigliose cose del mondo, 1496

Paru en 1298, le livre qui a rendu Marco Polo mondialement célèbre est « le premier récit de voyage écrit en français qui donne une vision d'ensemble de la Perse, de l'Asie centrale et de l'Extrême-Orient. Avant [...], Jean de Plan Carpin (1182-1252) et Guillaume de Rubrouck avaient décrit leur voyage au pays des Tartares. Mais ils l'avaient fait en latin. Ils n'avaient d'ailleurs pas pris la même direction et ils n'étaient pas allés aussi loin[1]. » Premier récit de voyage rédigé en français, il est aussi le plus ancien dont le souvenir est resté très vivant[n 1].

À la fois description de villes et de pays lointains, comme l'indique le titre original[n 2], manuel à marchands et récit de voyage comportant des éléments merveilleux et légendaires, le livre ne fait que rarement mention de l'expérience vécue du voyage en tant que telle[2].

Langue de rédaction

Le livre a été rédigé sous la dictée de Marco Polo par Rustichello de Pise, écrivain italien de langue franco-vénitienne[3] célébré pour ses compilations de romans courtois. Il fut donc le premier éditeur du livre de Marco Polo.

Les recherches de 1827 du comte Baldelli Boni ont été mises à jour quant à la langue de rédaction du manuscrit. Baldelli Boni avait démontré que ce texte avait été rédigé en français[4], car on trouvait de nombreux gallicismes dans les plus anciens manuscrits italiens et latins[5].

Cependant, des recherches ultérieures ont montré qu'il s'agit plutôt d'une autre langue, dite langue franco-vénitienne: cette langue, vraisemblablement une langue écrite et non orale, était la langue de culture dans l'Italie du Nord au XIIIe siècle[6],[7],[8] et qui a produit un certain nombre d'ouvrages littéraires[3]. En effet, la version en franco-vénitien est attestée par plusieurs manuscrits, ce qui en prouve une circulation autonome[9]. La rareté des copies plus anciennes en franco-vénitien s'explique vraisemblablement par le fait qu'elles ont été détruites à force d'être utilisées comme modèle[10]

Le titre original de l'œuvre est donc bien Le Devisement du Monde[11]. En italien, cet ouvrage est appelé Il Milione, qui était le surnom attribué à Marco Polo.

La première traduction en latin fut rédigée entre 1302 et 1314 par le frère dominicain Francesco Pipino[12] avec le titre Liber Marci Pauli de Veneciis de consuetudinibus et condicionibus orientalium regionum (Iter Marci Pauli Veneti ex Italico Latine versum) [13],[14]. Cette édition connut un succès international, elle fut imprimée en premier en 1483[15] et supplanta longtemps l'édition originale en franco-vénitien.

En 1307, Marco Polo offre la "première copie" de son livre[n 3] à Thibault de Cepoy  noble au service de Charles de Valois, frère de Philippe le Bel  qui était de passage à Venise au retour d'une expédition pour le roi de France[n 4]. Cette version, qui est la plus sobre, incorpore de nombreuses corrections de l'auteur. La langue vulgaire utilisée est un dialecte picard-champenois typique des marchands des foires de Champagne[16], qui était aussi la langue littéraire courante à l'époque[17].

L'exemple des poules noires du chapitre 154 montre comment le sabir[non neutre] de Rustichello se calque sur l'italien, et ce que fit ensuite Cepoy pour en faire du français correct[non neutre]:

  • Galine che non ano pena ma ano pello chome le gate et sono tute negre (vénitien) ;
  • Galine qe ne ont pennes mes ont peaus come gate et sont toute noire (Rustichello, 1298) ;
  • Gelines qui n'ont nulles plumes mais ont poil et sont toutes noires (Cepoy, 1307).

Une histoire énigmatique

Rédigé dans la prison de Gênes, le manuscrit original, aujourd'hui disparu, sera rapidement retranscrit et traduit dans une sorte d'édition sauvage dont, « en quelques mois, toute l'Italie en fut pleine », écrit Ramusio[18]. Au total, 141 copies manuscrites ont été conservées : un manuscrit entier et des fragments d'un deuxième manuscrit en franco-vénitien[9], 16 en français picard de Cepoy[n 5], 18 en vénitien, 17 en toscan et plus de 70 en latin[19]. Chaque copiste le mettait dans son dialecte, en interpolant parfois des additions de source orale plus ou moins sûre. On pense que les copies plus anciennes en franco-vénitien ont disparu à force d'être utilisées comme modèle pour des copies ultérieures en d'autres langues[10]

Entre 1302 et 1314 le texte est traduit en latin par Francesco Pipino, un dominicain de Bologne. Cette version, dont il reste une soixantaine de manuscrits, « offre une recomposition du texte de Polo. La structure de l'œuvre, les abrègements notables (par exemple la disparition des chapitres consacrés aux Mages), la suppression du nom de Rustichello dans le prologue, la christianisation du texte, la réécriture au plan stylistique, tout cela traduit non pas l'existence d'une rédaction antérieure et différente due à Marco Polo, mais l'activité du religieux dominicain[11]. » Même le titre est modifié, pour devenir De condicionibus et consuetudinibus orientalium regionum (« Des modes de vie et coutumes des régions d'Orient »). Imprimé dès 1483[20], il servira de référence à Christophe Colomb, qui l'annotera copieusement.

Couverture du livre de Ramusio (1558)

Marco Polo a probablement été lui-même à l'origine de bien des ajouts au manuscrit initial : « Un examen, même léger, des manuscrits et des éditions imprimées de la relation de Marco Polo, démontre qu'il existe diverses rédactions de l'ouvrage de ce voyageur célèbre, rédactions qui paraissent avoir été faites ou dictées à différentes époques de sa vie[21]. » Parmi d'autres, le philologue Antonio Montefusco pense que l'Ordre des Prêcheurs a collaboré avec Marco Polo pour l'édition de l'ouvrage en latin, en jouant le rôle d'un moderne « éditeur »[14].

Vers 1555, le géographe vénitien Giovanni Battista Ramusio, voyant que tant de détails décrits par Marco Polo sur des contrées éloignées se trouvent confirmés par des découvertes récentes[22], décide de publier une édition du texte en établissant une collation des manuscrits. Il a l'avantage de trouver dans la famille de ses amis Ghisi un manuscrit très ancien (« di maravigliosa antichità »), rédigé en latin, qui remonterait selon lui à la toute première version rédigée par Marco Polo[23]. Or, comme on l'a vu plus haut, l'original n'a pas été rédigé en latin. La version qu'il a retenue est toutefois très intéressante car elle utilise des manuscrits anciens aujourd'hui disparus[24]. Imprimée à Venise en 1559, après la mort de Ramusio, cette édition rend publique la narration du coup d'État des Chinois contre les Mongols en 1282. Cet ouvrage servira de base à l'édition anglaise de William Marsden (1818)[25], qui relancera au XIXe siècle l'intérêt pour Marco Polo.

Le texte établi par Ramusio a beaucoup intrigué les spécialistes parce qu'il contient des passages absents de tous les autres manuscrits. Après bien des recherches, Benedetto a pu retrouver une de ses sources dans un manuscrit de la Bibliothèque Ambrosienne, lui-même copié d'un original découvert en 1932 dans la bibliothèque du Chapitre de la cathédrale de Tolède[26]. Ce manuscrit en latin, identifié par la cote Z[n 6], tout en résumant les 17 premiers chapitres en deux pages et en omettant plusieurs chapitres ou sections de chapitres, contient « un grand nombre d'additions curieuses (environ 250 ajouts) [déjà présentes] dans le recueil italien édité par Ramusio [...] Plusieurs de ces additions sont fort intéressantes et ne peuvent pas avoir été inventées par un remanieur. Ainsi les canaux souterrains d'irrigation en Perse, l'effet bénéfique de l'air des montagnes du Pamir sur la santé du voyageur, etc.[27]. »

L'édition Yule-Cordier a établi son texte à partir d'une compilation de 80 manuscrits.

Les différentes rédactions

Frontispice du Livre des merveilles (fr. 2810) remis en 1412 à Jean sans Peur.

Selon le philologue Philippe Ménard[6], il existe six "familles" de manuscrits auxquelles on peut faire reconduire les copies connues. On pense que les manuscrits originaux ont été détruits dans l'activité de copiage[7].

Version franco-vénitienne

Une première famille de manuscrits est connue sous le nom de "rédaction F"[7]. Il s'agit d'une version en langue franco-vénitienne intitulée "Le devisement dou monde", c'est-à-dire "La description du monde". Le seul manuscrit qui nous est parvenu entier est le Ms. Fr. 1116 (Le divisiment dou monde)[28] (XIVe s.), qui se trouve à la Bibliothèque nationale de France. Il est considéré comme le plus proche de l'original[29],[6]. Une édition récente de cette version a été menée par Mario Eusebi et Eugenio Burgio[30].

Chiara Concina (2007)[31] et ensuite Philippe Ménard (2012) ont publié des fragments d'un deuxième manuscrit en langue franco-vénitienne, ce qui prouverait une circulation de cette famille de manuscrits indépendante des traductions en latin et en français[31]. On pense que d'autres documents appartenant à cette version ont été détruits à force de servir de modèle pour l'activité de copiage[7].

Version française

Une version écrite en ancien français est titrée "Le Livre des merveilles". Cette version est transmise par 18 manuscrits, dont le plus connu est le Ms. Fr. 2810[32], qui se trouve à la Bibliothèque nationale de France. Le Ms. Fr. 2810 est célèbre pour ses enluminures. Une édition de cette version a été menée récemment par Philippe Ménard[6].

En 1307, Marco Polo offre "la première copie" de son livre[n 3] à Thibault de Cepoy  noble au service de Charles de Valois, frère de Philippe le Bel  qui était de passage à Venise au retour d'une expédition pour le roi de France[n 4]. Cette version, qui est la plus sobre, incorpore de nombreuses corrections de l'auteur. La langue vulgaire utilisée est un dialecte picard-champenois typique des marchands des foires de Champagne[16], qui était aussi la langue littéraire courante à l'époque[17].

Il n'est pas clair si la copie offerte par Marco Polo était rédigée en franco-vénitien ou bien s'il s'agissait de sa première édition en latin.

Version latine

Le latin étant la langue de la « haute culture » de l'époque, c'est la traduction en latin qui a assuré le succès du volume. L'Ordre des Prêcheurs a tout de suite montré un profond intérêt pour cet ouvrage, dont la première traduction par le frère dominicain Francesco Pipino se situe entre 1302 et 1314[33], peu après le retour de Marco Polo à Venise.

Il existe en fait deux versions en latin :

  • la « rédaction P »[34], qui est transmise par 70 manuscrits avait pour titre Liber Marci Pauli de Veneciis de consuetudinibus et condicionibus orientalium regionum (Iter Marci Pauli Veneti ex Italico Latine versum) [translatio ex italico][35],[14]. Le frère Francesco Pipino a très clairement modifié le texte, en le « christianisant »[6] et en motivant la traduction en latin. En plus, Pipino ressent la nécessité de défendre la véridicité des contenus du livre dans sa préface[36]. Le manuscrit conservé à l'Alcázar de Séville appartient à cette famille. On pense que cet exemplaire montre les notes de Christophe Colomb[37].
  • la « rédaction Z » est transmise par deux documents. Un document a été trouvé par le francisant Luigi Foscolo Benedetto, à la Bibliothèque « Ambrosiana » de Milan : ce manuscrit Y 160 sup. avait été écrit pour le cardinal Toaldo. Ce fut ce document qui poussa Benedetto à faire l'hypothèse d'une « phase précédente à la rédaction F »[34]. En 1932 à l’Archivo Capitulár de Toledo on retrouva le manuscrit « Zelada » 49.20, qui appartenait au cardinal Francisco Xavier de Zelada (1717-1801). Il est très probable que le manuscrit Zelada ait servi de modèle pour le document identifié par Benedetto. On hésite à attribuer l'auteur à un savant vénitien ou toscan[34]. Ce manuscrit est datable du XVe s. et contient environ trois cents ajouts concernant la dimension religieuse et ethnographique de l'Extreme Orient. Il a été publié par Moule & Pelliot en 1939[34]. Les experts se demandent si ces ajouts dérivent de modifications ultérieures demandées par Marco Polo[6]. En effet, plusieurs chercheurs pensent que l'Ordre des Prêcheurs a collaboré avec Marco Polo pour l'édition de l'ouvrage en latin, comme des éditeurs modernes[14].

Version vénitienne

On pense que la version latine de Francesco Pipino a été traduite d'une "rédaction VA" en dialecte vénitien, qui a été perdue[38]. D'autres versions en vénitien sont transmises par 6 manuscrits, mais elles sont truffées d'erreurs et ne sont pas considérées comme de bonnes versions[6],[39].

Version toscane

La première traduction en toscan date avant 1309 et nous est transmise par 5 manuscrits, dont le plus connu se trouve à la Bibliothèque nationale centrale de Florence. Compte tenu du fait qu'il a été publié peu longtemps après l'original et que la qualité du texte était bonne, les membres de l'Accademia della Crusca ont élu ce manuscrit "ottimo" (le meilleur) parmi les versions en italien[40]. La version italienne porte comme titre "Il Milione". Selon Giovanni Battista Ramusio, les vénitiens avaient commencé à appeler Marco "Marco Milioni" en raison du fait que Marco parlait toujours des millions que possédait le Grand Khan[41]. Selon le francisant Luigi Foscolo Benedetto, "Milione" est une abréviation de "Emilione", un second nom de la famille de Marco et Niccolò Polo[42].

Les principaux manuscrits

Les manuscrits les plus intéressants pour l'établissement du texte sont ceux de la famille française (18 manuscrits), le manuscrit franco-italien (fr 1116) et le manuscrit Z. Les spécialistes continuent à débattre de la famille de manuscrits qui devrait avoir la préséance. Benedetto (1928), Moule et Pelliot (1938) ainsi que Kappler et Michaud (2004) optent pour la version franco-italienne, tandis que Pauthier (1865), Badel (1998) et Ménard (2001; 2012) optent pour des manuscrits de la famille française[n 7].

Cet ouvrage était particulièrement recherché et ornait les bibliothèques des rois et des princes de l'église, qu'il intéressait non seulement pour les aspects géographiques, mais aussi pour la description de mœurs et de pratiques religieuses exotiques, comme on peut notamment le voir par les annotations apposées sur son exemplaire par le cardinal Nicolas de Cues[43]. Les deux plus beaux manuscrits ont été offerts à la famille du roi de France, à vingt ans d'intervalle[44]. Charles V en avait cinq manuscrits dans sa bibliothèque[45].

  • Livre qui est appelé le Divisiment dou monde, de Marc Pol. 1320 (BnF fr. 1116) Cette version dite « franco-italienne »[46] est la seule de sa catégorie. Selon Ménard, « le contenu du texte est de loin le meilleur parmi toutes les rédactions conservées […] Le fond du texte est constitué par du français, mais l'œuvre est parsemée de traits italiens[47]. » Benedetto, qui le désigne comme « le texte géographique », en a fait la base de son édition critique[48]. Sans être l'original, ni l'archétype des autres versions, « il est assez proche d'une rédaction plus ancienne et il nous donne une bonne version du texte[49] ». Pour Ménard, ce texte est « le témoin le plus fidèle[50] ». Il est à l'origine de versions en dialectes toscan et vénitien.
  • Roman d'Alexandre en prose and other texts, 1333 (British Library Royal MS 19 D I). Version française tirée de la copie en franco-italien remise par Marco Polo à Thibaut de Cepoy en 1307[n 8]. Manuscrit copié pour le roi de France Philippe VI de Valois, fils de Charles de Valois, frère de Philippe le Bel[50]. Cette version sert de base, avec neuf autres manuscrits, à l'édition de Philippe Ménard[51]. Ce dernier ne croit toutefois pas que « la version française l'emporterait par ses qualités sur toutes les autres et qu'elle serait la meilleure, sortie de la bouche même de Marco ou encore qu'elle aurait été révisée par ses soins[52]. »
  • Livre des merveilles, 1410 (BnF fr. 2810). Version française incluse dans un recueil de plusieurs textes géographiques offerts à Jean sans Peur, duc de Bourgogne. Le texte de Marco Polo est illustré de 84 miniatures, souvent commentées[54].

Contenu du livre

La caravane de Marco Polo voyageant vers les Indes. Miniature d'Abraham Cresques, Atlas catalan.
Miniature illustrant « l'arbre à vin » (ch. 165) « Ils ont une manière d'arbre et quand ils veulent du vin, si en taillent une branche [et ce vin] est moult bon à boire »
« Sur cette frontière devers les Géorgiens, il y a une fontaine d'où sourd une liqueur telle que huile en grande abondance […] point n'est bonne à manger [contrairement à ce qui est alors l'huile par excellence, l'huile d'olive], mais est bonne à brûler et pour oindre les hommes et les animaux galeux, et les chameaux pour les urticaires et les ulcères. Et viennent les hommes chercher cette huile de très loin, et toute la contrée alentour ne brûle huile que celle-là. […] Et sachez aussi que sur cette montagne se trouve une veine de laquelle on tire la salamandre, laquelle ne peut brûler quand on la met au feu; et c'est la meilleure que l'on trouve dans le monde. Et sachez-le bien : la salamandre dont je parle n'est ni bête ni serpent car point n'est vrai que ce tissu soit du poil d'un animal vivant dans le feu, comme on dit en notre pays, mais c'est ce que je vous dirai. Quand on extrait des montagnes un peu de cette veine, et qu'on l'a rompue et broyée, elle se tient ensemble et forme des fils comme la laine. Et pour cela, quand elle sèche, on la pile dans un grand mortier de cuivre; puis on la lave à l'eau : seuls surnagent ces filaments dont je vous ai dit semblables à la laine […] Puis ce fil semblable à la laine est facilement filé, puis tissé, et on en fait des toiles que nous appelons salamandre. Quant au serpent salamandre qu'on dit vivre dans le feu, je n'en ai pas entendu mot dans les régions de l'Est. Et toutes les autres choses qu'on en raconte sont mensonges et fables. »

Récit de Marco Polo sur le pétrole et l'amiante[56].

Le livre comporte un prologue et trois parties, comptant entre 192 et 200 chapitres, selon les éditions[n 9].

  • Le prologue raconte en dix-huit courts chapitres le premier voyage de Nicolo et Matteo Polo, ses père et oncle entre (1255 et 1269), puis le voyage qu'ils accomplirent ensemble de 1271 à 1295 et le retour à Venise : « c'est la partie de l'œuvre la plus personnelle [...] où les voyageurs apparaissent dans une situation noble, comme des envoyés du Khan et des ambassadeurs du Pape[57] ».
  • La première partie décrit le départ du port d'Aias (Lajazzo) et les contrées environnantes : la Turquie, l'Arménie, l'Anatolie, la Géorgie (ch. 1-4); la ville de Mossoul, ses différents groupes ethniques et religieux, la fabrication de la mousseline (chap. 5) ; Baudas, conquise en 1255 par les Tartares et où un miracle sauva les résidents chrétiens (6-10) ; Tauris célèbre pour ses soieries et son orfèvrerie (11-12) ; la Perse et la ville de Saba d'où venaient les Rois mages (13) ; Yazd et Kerman, célèbre pour ses turquoises (chap. 16-17) puis Ormuz (chap. 18-19) ; l'Afghanistan, le Cachemire, le plateau de Pamir et Samarcande (ch. 43-51) ; l'ouest de la Chine et le désert de Gobi (ch. 52-61) ; la Mongolie et l'histoire des Mongols : la prise du pouvoir par Gengis Khan, sa guerre contre le Prêtre Jean, les mœurs des Mongols et la cour du Grand Khan (ch. 62-74).
  • La deuxième partie est consacré à Kūbilaï Khān : comment il a pris et affermi son pouvoir (75-80), ses quatre femmes et ses favorites (81), ses fils (82), ses palais (83-84), sa salle à manger et ses gardes (85), ses fêtes et la couleur des vêtements (86), les cadeaux qu'on lui fait (87), les grandes expéditions de chasse qu'il organise (88-92), la ville de Cambaluc (94), l'instauration du papier-monnaie comme seule monnaie légale (95), l'administration du pays (96), les relais de poste (97), les dégrèvements d'impôts en cas de calamité naturelles (98), le réseau de routes bordées d'arbres (99)  « toutes choses qui étaient encore dans l'enfance en Europe[2] » , le vin de riz (100), l'usage du charbon « pierre noire qui maintient mieux le feu que ne fait la buche » (101), le développement de l'agriculture et la pratique du stockage des céréales dans d'immenses silos pour réguler les cours et prévenir les disettes (102), le système d'aide aux démunis (103).
  • Les chapitres 104-156 présentent les « observations effectuées par Marco Polo à l'occasion de la mission de messager que lui avait confiée le Grand Khan dans diverses régions de Chine[58] ». Il décrit ainsi l'itinéraire de Pékin à la Thaïlande, au Tibet, au Yunnan, à la Birmanie, au Tonkin (ch. 104-129) ; enfin la Chine du sud, l'empire Song, Hangzhou (ch. 130-156). À la fin, une analyse des immenses recettes fiscales de Kūbilaï Khān fait comprendre la base de sa puissance (ch. 152).
  • La troisième partie, qui s'intitule dans les manuscrits le Livre d'Inde, compte près de 40 chapitres. Il décrit la mer de Chine et l'océan Indien : Japon, Sumatra, Indonésie (ch. 157-166) ; Ceylan et Inde (ch. 167-182) ; océan Indien jusqu'à Madagascar et Ormuz (ch. 192). L'ouvrage comporte beaucoup d'informations justes, qui témoignent d'une expérience réelle, notamment sur l'escale de cinq mois à Sumatra, en raison de la mousson d'hiver. Marco décrit aussi les jonques chinoises, la disparition de l'étoile polaire sous cette latitude, les hauts fonds de la mer de Java, l'arbre à vin de Sumatra, le bois de brésil[n 10] et les rubis de Ceylan, le poivre, l'indigo, le gingembre, les cuirs rouges du Gujarat. Il s'intéresse aussi aux croyances religieuses, et l'aspect des brahmanes, et la nudité des ascètes[59]. Le récit mentionne divers endroits de la côte africaine où il n'est pas allé et dont il rapporte des traditions orales, telle l'existence de deux îles, « Maale » et « Fumelle », habitées respectivement par des hommes et des femmes à l'exception d'une période de cohabitation en mars, avril et mai (ch. 183). À Mogadiscio, il y aurait des griffons (rucs) capables d'emporter des éléphants dans les airs ; à Zanzibar, les habitants seraient d'une taille gigantesque ; à Shir, les moutons seraient dépourvus d'oreilles.
  • Une quatrième partie, absente de la plupart des versions, compte 34 chapitres faits de fragments historiques, qui racontent des pratiques cannibales de tribus nordiques et surtout les guerres fratricides entre Mongols, qui font comprendre l'origine de leur chute. L'essentiel des faits rapportés correspond bien à la vérité historique : « expéditions répétées de Khaidu contre les troupes du Grand Khan en Asie centrale et en Mongolie, combats des troupes du Khan de Perse contre celles de Borak allié de Khaidu, révolte d'Argon contre Ahmed pour s'emparer du trône[60] ». Mais le récit comporte beaucoup d'erreurs de détails, ce qui laisse supposer que ces événements ont été rapportés par voie orale à Marco Polo après sa sortie de captivité[61].

Chapitres saillants

Marco Polo à la cour du grand Khan.

Le livre se présente comme un recueil de « merveilles » (au sens ancien : étonnant, surprenant, voire effrayant). Il y a 177 chapitres. Mais sa trame est une base continue d'informations précises, beaucoup plus nombreuses, exactes et savantes que la légèreté des récits et sa langue simple ne le laissent supposer :

  • Xiangfan (ch. 145), qui révèle le rôle des parents Polo dans l'introduction des pierrières qui livrèrent l'empire Song aux Mongols, et suggère que Kūbilaï ait pu vouloir faire faire carrière à leur fils.
  • Évaluation des recettes fiscales de la province de Hangzhou (ch. 152). Ce chiffre, le plus astronomique du livre (23 tonnes d'or annuellement pour le seul sel), est exactement vérifié par les annales et démontre que M. Polo n'affabulait pas[n 11].
  • Chapitre posthume racontant l'histoire de l'assassinat du Premier ministre en 1282. Il prouve que Marco Polo eut connaissance des détails, tenus ultra secrets, d'un des évènements les plus graves du règne de Kūbilaï. Les historiens chinois créditent Po-lo d'avoir su informer Kūbilaï de façon qu'il réhabilite les assassins chinois d'Achmat.
  • Chapitres décrivant l'économie : intervention sur le marché des grains (ch. 102) et fonds sociaux (ch. 98 et 103) ; appareil de production proche de l'industrie à Hangzhou (ch. 151) ; introduction du papier-monnaie, rendu obligatoire sous peine de mort (ch. 95), que Polo considère comme un formidable détournement de l'économie au profit de l'État[n 12] ; bateaux et commerce naval (ch. 156, 157, 177).
  • Relais de chevaux, routes et rapidité des transports (ch. 97 et 99).
  • Tyrannie : massacre de dizaines de milliers de personnes à l'enterrement de chaque grand khaân avant Kūbilaï Khān (ch. 68, confirmé par d'Ohsson et Pétis de la Croix) ; répression terribles (ch. 133 et 149) ; appareil militaro-policier omniprésent dans les villes et couvre-feu permanent à Pékin (ch. 84, 85), soldats sur chacun des 12 000 ponts de Hangzhou (151).
  • Histoire des ismaéliens assassins (ch. 40-42). En Iran aussi, pillages des Karaonas, qui attaquent même les Polo et la princesse mongole (ch. 35 et 18).

Réception

L'ouvrage a été immensément populaire dès sa parution et ce succès a été durable. Encore en 1430, un voyageur raconte que la ville de Venise en avait installé un exemplaire attaché par une chaîne dans un lieu public pour que chacun puisse le lire[62].

En 1375, l'Atlas catalan inclut une carte de la Chine et une trentaine de toponymes. En 1450, le cartographe Fra Mauro inclut aussi tous les toponymes du Devisement dans sa carte du monde. Il servira de référence aux explorateurs durant trois siècles. Au XIVe : Andalò da Savignone auteur de quatre voyages en 1330, 1334, 1336 et 1339, Galeotto Adorno (it), Gabriele Basso[63] ; aux XVe et XVIe siècles : Vasco de Gama et Christophe Colomb, qui lors de son troisième voyage, l'avait emporté avec lui et scrupuleusement annoté (366 notes de dénombrées sur son édition en latin)[64].

Bibliographie

Principales éditions

Frontispice de la première édition en allemand (Nuremberg 1477).
« Das is der edel Ritter. Marcho Polo von Vendig der grost landfahrer, der uns beschreibt die grossen wunder der welt die er selber gesehen hat. Von dem aufgang bis zu dem nydergang der sonne der gleychen vor nicht meer gehort seyn[n 13]
  • 2018 : Mario Eusebi et Eugenio Burgio, Marco Polo, Le Devisement dou Monde, Venise, Edizioni Ca'Foscari,
    Cette édition se base sur le manuscrit franco-vénitien fr. 1116, nouvelle édition révisée[65].
  • 2007 : Chiara Concina, Prime indagini su un nuovo frammento franco-veneto del Milione di Marco Polo. In: Romania, tome 125 n°499-500, 2007. pp. 342-369, Genève, Société des amis de la Romania,
    Cette édition présente des excerpts d'un nouveau manuscrit franco-italien[66].
  • 2004 : René Kappler, Roland Michaud et Sabrina Michaud, Marco Polo, Le Devisement du Monde, Paris, Imprimerie nationale,
    Cette édition se base sur le manuscrit franco-italien, mais ajoute en italique les compléments fournis par le manuscrit Z[27].
  • 2001-2008 : Philippe Ménard, Jeanne-Marie Boivin, Laurence Harf-Lancner, Laurence Mathey-Maille, Jean-Claude Faucon, Danielle Quéruel, Monique Santucci, Joël Blanchard, Michel Quereuil, Marie-Luce Chênerie et Michèle Guéret-Laferté, Marco Polo, Le Devisement Du Monde : (6 volumes), Genève, Droz, 2001-2008 (lire en ligne)
    Édition critique scientifique basée sur la famille française de manuscrits.
  • 1998 : Pierre-Yves Badel, Marco Polo, La Description du Monde : Édition, traduction et présentation, Le livre de Poche, coll. « Lettres gothiques »,
    Cet ouvrage se base sur le manuscrit Fr 5649.
  • 1938 : (en) A. C. Moule et Paul Pelliot, Marco Polo. The Description of the world, vol. 3, Londres, Routledge, (lire en ligne)
    Prend pour base le manuscrit F (fr. 1116) — comme le fait Benedetto, mais de façon indépendante de ce dernier[67] — et complète le texte à l'aide des additions trouvées dans 17 autres manuscrits[68]. Au total, l'ouvrage compte 232 chapitres. Fournit une liste des manuscrits (I, p. 40-52).
  • 1931 : (en) Luigi Foscolo Benedetto (trad. Aldo Ricci), The Travels Of Marco Polo, (lire en ligne)
    Traduction anglaise de la version franco-italienne retenue par Benedetto.
  • 1928 (en) Luigi Foscolo Benedetto, Devisement du monde, (lire en ligne)
    Cette édition présente pour la première fois le manuscrit fr. 1116, que L.F. Benedetto a découvert.
  • 1903 (en) Henry Yule et Henri Cordier, The Book of Ser Marco Polo, vol. 2, Londres, John Murray, (lire en ligne)
    Cet ouvrage de deux orientalistes combine les informations provenant de 80 manuscrits. Les notes géographiques sont très détaillées.
  • 1865 : M. G. Pauthier, Le livre de Marco Polo : citoyen de Venise, conseiller privé et commissaire impérial de Khoubilaï-Khaân : rédigé en français sous sa dictée en 1298 par Rusticien de Pise, vol. 2, Paris, Firmin Didot,
    Cet ouvrage a servi de base à l'édition de Yule-Cordier. Il se fonde sur le manuscrit fr. 5631 ainsi que fr. 2810 et fr. 5649. L'ouvrage compte 200 chapitres, suivis de deux douzaines de « chapitres historiques supplémentaires » qui sont absents des trois manuscrits utilisés par Pauthier, mais présents dans le manuscrit fr. 1116 : il y est question « de combats dans le Turkestan entre un khan nommé Khaidu et les armées du Grand Khan, puis entre Argon, fils du Khan de Perse Abaga et les armées de Khaidu, sans doute en Afghanistan, enfin entre Argon et Acomat, qui s'était emparé du trône de Perse à la mort d'Abaga [...] Ces développements se trouvent aussi de manière complète dans le manuscrit latin conservé à Tolède, dit ms. Z[47]. » Cette édition a fait autorité jusque vers 1980[53]. Lire en ligne : Première partie et Deuxième partie
  • 1824 : Jean Baptiste Gaspard Roux de Rochelle et Dominique Martin Méon, Voyages de Marco Polo, Paris,
    tome I du Recueil de voyages et de mémoires publié par la Société de géographie de Paris, 1824, avec la première transcription du plus ancien manuscrit conservé de la version franco-vénitienne du texte (Bibliothèque nationale de France, Ms. Fr. 1116, XIXe siècle).
  •  1818 : (en) William Marsden, The Travels of Marco Polo The Venitian, Londres, (lire en ligne)
    Cette première édition moderne, due à un orientaliste britannique, relance l'intérêt pour le récit de Marco Polo en révélant l'existence de l'ouvrage de Ramusio (1559).
  • 1559 Giovanni Battista Ramusio, Secondo Volume delle Navigationi et viaggi, Venise, (lire en ligne)
    Première tentative de collation des manuscrits.
  • 1556 Marc Paule gentilhomme Venetien, La description géographique des provinces & villes plus fameuses de l’Inde Orientale, meurs, loix, coustumes des habitans d’icelles, mesmement de ce qui est soubz la domination du grand Cham Empereur des Tartares : Nouvellement reduict en vulgaire François, Paris, Groulleau,
    Cette édition, disponible dans Wikisource, ne comporte que les 50 premiers chapitres. Elle est traduite du latin, sans doute depuis la version de Pipinus, qui « offre des abrègements notables[11] ».

Ouvrages et articles cités

  • Anonyme, Encyclopédie des gens du monde. Tome XVII, (lire en ligne)
  • Christine Gadrat, « Le Livre de Marco Polo et les géographes de l’Europe du nord au xve siècle », dans Henri Bresc et Emmanuelle Tixier du Mesnil, Géographes et voyageurs au Moyen Âge, Nanterre, Presses universitaires de Paris Nanterre, (ISBN 9782840160663, lire en ligne), p. 147-162
  • (es) Gianni Guadalupi, « Viajes y aventuras de Messer Milione », dans Michael Yamashita, La ruta de Marco Polo. Viaje de Venecia a Pekín, Barcelone, Art Blume, , p. 16-39
  • Christine Gadrat, « Le rôle de Venise dans la diffusion du livre de Marco Polo (xive-début xvie siècle) », Médiévales, no 58, (lire en ligne)
  • Jacques Heers, « De Marco Polo à Christophe Colomb : comment lire le Devisement du monde ? », Journal of Medieval History, vol. 10, no 2, (lire en ligne)
  • M. Klaproth, « Observations », dans Nouveau journal asiatique: ou recueil de mémoires, d'extraits et de notices relatifs aux études orientales, Volume 12, (lire en ligne), p. 252-254
  • Jean-François Kosta-Théfaine, « Du récit de voyage et de sa mise en image : l'exemple du manuscrit de New York (Pierpont Morgan Library, M.723) du Devisement du Monde de Marco Polo », dans Jean-Loup Korzilius, Art et littérature: le voyage entre texte et image, Rodopi, (lire en ligne), p. 31-59
  • Chiara Concina, « Prime indagini su un nuovo frammento franco-veneto del Milione di Marco Polo », Romania, vol. 125, , p. 342-369 (lire en ligne)
  • Robert S. Lopez, « Nouveaux documents sur les marchands italiens en Chine à l'époque mongole », Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 121, no 2, , p. 445-458
  • Philippe Ménard, « L'édition du Devisement du Monde de Marco Polo », Comptes rendus des séances de l'Académie des inscriptions et Belles-Lettres, nos 149-1, , p. 407-435
  • Philippe Ménard, « Marco Polo à la découverte de l’Extrême-Orient », Académie Stanislas, Nancy, , p. 22-47 (lire en ligne [PDF])
  • Paulin Paris, « D'une notice sur la relation originale de Marc-Pol, Vénitien », dans Nouveau journal asiatique: ou recueil de mémoires, d'extraits et de notices relatifs aux études orientales, Volume 12, (lire en ligne), p. 244-254
  • Pierre Racine, « Marco Polo, marchand ou reporter ? », Le Moyen Age, vol. cxvii, no 2, , p. 315-344
  • Pierre Racine, Marco Polo et ses voyages, Perrin, (ISBN 9782262031329)
  • Giovanni Battista Ramusio, Secondo Volume delle Navigationi et viaggi, Venise, (lire en ligne)
  • Jean-Louis Tremblais, « Sur les traces de Marco Polo », Le Figaro, (lire en ligne)
  • (en) Hans Ulrich Vogel, Marco Polo Was in China: New Evidence from Currencies, Salts and Revenues, Leiden; Boston, Brill, (lire en ligne)
  • (es) Michael Yamashita, La ruta de Marco Polo : Viaje de Venecia a Pekìn, Barcelone, Art Blume,

Notes et références

Notes

  1. Ouvrages importants avant M. Polo : Villehardouin, La conquête de Constantinople, 1213 ; Latini, Le livre du trésor, 1265. Mais la Vie de saint Louis de Joinville, 1309, est postérieure, comme les Chroniques de Froissart, 1380. La Grande Chronique de France tenue à l'abbaye de Saint-Denis n'est traduite en français qu'à partir de 1274 et restera rédigée en latin jusqu'en 1340. Quant aux « romans » courtois, c'étaient des épopées en vers et non en prose.
  2. En ancien français, devisement signifie « Description, discours portant sur un sujet précis, récit, narration » selon le DMF.
  3. « Veez-ci le livre que monseigneur Thiebault, chevalier, seigneur de Cepoy, requist que il en eust la coppie à Sire Marc-Pol, bourgeois et habitans la cité de Venise. Et ledit sire Marc-Pol […] bailla et donna au dessus dit seigneur de Cepoy la première coppie de son dit livre. […] Et fut celle copie baillée dudit sire Marc-Pol audit seigneur de Cepoy quand il alla en Venise pour monseigneur de Valois et pour madame l'Empereris sa fame […] Ce fut fait en l'an de l'incarnation N.S.J.C. mil trois cent et sept, mois d'aoust. (Paris 1833, p. 247-248). »
  4. Sur Thibaut, voir ce qu'en dit le capitaine catalan Ramon Montaner dans ses mémoires.
  5. De ce nombre, treize manuscrits sont complets (Ménard 2005, p. 417).
  6. Cette cote Z réfère à son dernier propriétaire, le cardinal Francesco Saverio de Zelada, qui a été bibliothécaire de l'Église et a fait don de 1540 manuscrits et livres imprimés à la Cathédrale de Tolède deux ans avant sa mort survenue en 1801 (Moule & Pelliot, p. 51).
  7. Pour la liste et le classement des manuscrits, voir Moule & Pelliot, p. 509-516. On trouvera dans Ménard 2001 et Ménard 2005 un état de la question. Ménard soutient, contre Benedetto, que la version française n'est pas « un remaniement », mais une simple transcription avec correction des fautes (Ménard 2005, p. 420-421.
  8. « À partir du manuscrit remis par Marco Polo, qui était forcément en franco-italien, un copiste a procédé à une petite révision linguistique pour rendre le texte plus lisible par un prince français. La version française a dû être confectionnée sans doute en 1310-1311. Nous avons un terminus a quo : le retour de Thibaut à Paris en 1310 et un terminus ante quem : la date de novembre 1312 où, dans les comptes de Mahaut d'Artois, il est fait mention de sommes versées à trois enlumineurs pour un roman du Grant Khan. » (Ménard 2005, p. 420)
  9. Voir une table comparative des chapitres selon les versions dans Moule & Pelliot, p. 504-507.
  10. Il s'agit d'un bois rouge, le caesalpinia sappan, natif d'Asie du sud-est. Il s'en fit un commerce important au XVIIe siècle. Très intéressé par la beauté de ce bois et ses nombreux usages, Marco Polo a tenté de l'introduire en Europe, mais sans succès, selon Pauthier, tome 2, p. 576.
  11. Entre 1281 et 1286 le Yuan sse (94/14) évalue l'impôt en sel à Hangzhou entre 218 000 et 450 000 yin, moyenne 339 521 yin valant 763 922 onces chinoises d'or (1 yin = 2 sacs = 2 x 9 onces d'argent / 8 = 2,25 onces d'or). M. Polo dit 5 600 000 saggio d'or, valant 933 333 onces vénitiennes (1 saggio = 1/6 once). En Chine l'once faisait 35 g, à Venise 25 g (12 dans la livre sottile, pour les précieux, de 301 g). Ce qui fait côté chinois une moyenne de 28,3 tonnes or, contre 23,3 tonnes or selon M. Polo. Son chiffre est 17 % inférieur à la moyenne chinoise. Même en faisant varier les paramètres de conversion, on ne sort pas de la fourchette des annales mongoles.
  12. Grâce à ce papier d'écorce « qui ne lui coûte rien… l'empereur achète tant chaque année que c'est sans fin son trésor… il a de cette façon tout le trésor de ses terres… la manière et la raison pourquoi il doit avoir et a plus de trésor que tous ceux du monde ».
  13. « Le célèbre chevalier. Marco Polo de Venise, le plus grand des voyageurs nous décrit les grandes merveilles du monde qu'il a vues de ses yeux. Du levant au couchant, on n'entendra plus jamais rien de semblable.»

Références

  1. Ménard 2001, p. 89-90.
  2. Ménard 2001, p. 96.
  3. Repertorio informatizzato dell'antica letteratura franco-italiana
  4. Encyclopédie 1842, p. 315.
  5. Paris 1833.
  6. Philippe Ménard, "Marco Polo", 15 novembre 2007
  7. Eugenio Burgio e Samuela Simion, La redazione F
  8. Maria Bellonci, "Nota introduttiva", Il Milione di Marco Polo, Milano, Oscar Mondadori, 2003, p. XI
  9. Concina.
  10. Eugenio Burgio, La redazione F, Université de Venise
  11. Ménard 2005, p. 412.
  12. Francesco Pipino da Bologna, Encilopedia Treccani
  13. Liber Marci Pauli de Veneciis
  14. UniVenews, 18.11.2019, "Un nuovo tassello della vita di Marco Polo: inedito ritrovato all'Archivio"
  15. Eugenio Burgio e Samuela Simion, La redazione P
  16. Racine 2012, p. 117.
  17. Ménard 2001, p. 77.
  18. Moule& Pelliot, p. 586.
  19. Gadrat 2010 donne un stemma des copies et traductions manuscrites.
  20. De consuetudinibus et condicionibus orientalium regionum
  21. Klaproth 1833, p. 252.
  22. Moule & Pelliot, p. 45.
  23. Moule & Pelliot, p. 586.
  24. Gadrat 2010, 13.
  25. Yule-Cordier 1903, p. 141.
  26. Moule&Pelliot, p. 47.
  27. Ménard 2005, p. 414.
  28. Scansione Fr. 1116, in gallica.bnf.fr.
  29. Luigi Foscolo Benedetto, Marco Polo, Il milione, Firenze, 1928.
  30. Marco Polo, Le devisement dou monde, Mario Eusebi & Eugenio Burgio
  31. Concina Chiara. Prime indagini su un nuovo frammento franco-veneto del Milione di Marco Polo. In: Romania, tome 125 n°499-500, 2007. pp. 342-369.
  32. Scansione Fr. 2810, in expositions.bnf.fr.
  33. Francesco Pipino, Enciclopedia Treccani
  34. Eugenio Burgio e Samuela Simion, Ramusio e la tradizione del «Milione»
  35. Francesco Pipino, Iter Marci Pauli Veneti
  36. Eugenio Burgio e Samuela Simion, La redazione P.
  37. Anots. mss. marginales al texto de D. Cristobal Colón
  38. Eugenio Burgio e Samuela Simion, La redazione VA
  39. Eugenio Burgio et Samuela Simion, La redazione VB
  40. Valeria Bertolucci Pizzorusso, ed., 1975, Marco Polo, Il Milione, Adelphi
  41. Moule & Pelliot, p. 585.
  42. Benedetto, L. F.: Marco Polo, il Milione, Firenze, 1928 in Marco Polo, Il Milione, Istituto Geografico DeAgostini, 1965, p.22
  43. Gadrat 2010, 12.
  44. Ménard 2005, p. 425-426.
  45. Notice du ms M 304.
  46. Ménard 2005, note 2, p. 407.
  47. Ménard 2005, p. 409.
  48. Benedetto, p. xi.
  49. Ménard 2005, p. 410.
  50. Ménard 2005, p. 426.
  51. Ménard 2005, p. 435.
  52. Ménard 2005, p. 422.
  53. Ménard 2005, p. 407.
  54. Ménard 2005, p. 418-419.
  55. Ménard 2005, p. 419.
  56. Marco Polo, Le Devisement du monde, Paris, La Découverte, 1980, p. 73 p. 149-151.
  57. Ménard 2001, tome I, p. 92.
  58. Ménard 2001, tome IV, p. 34.
  59. Ménard 2001, tome VI (2209), p. VIII-IX.
  60. Ménard 2001, tome VI, p. CXIX.
  61. Ménard 2001, tome VI, p. CXVIII.
  62. Gadrat 2010.
  63. Basso 1977.
  64. Tremblais 2010.
  65. Eusebi-Burgio 2018.
  66. Concina 2007.
  67. Moule & Pelliot, p. 6.
  68. Moule & Pelliot, p. 53.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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