Daniel Cohn-Bendit face à un CRS devant la Sorbonne

Daniel Cohn-Bendit face à un CRS devant la Sorbonne est une photographie prise par Gilles Caron le à Paris[1] lors de la comparution de Daniel Cohn-Bendit face à un conseil de discipline universitaire.

Cinquante ans après, le « CRS » photographié apportera un « petit rectificatif » à la télévision pour préciser qu'il n'était « pas CRS » mais policier « en compagnie d'intervention de Paris » directement sous l'autorité du préfet[2].

Audrey Leblanc, docteure en histoire et civilisations de l'EHESS, a montré dans sa thèse L'image de Mai 68 : du journalisme à l'histoire, soutenue en novembre 2015[3], que la photographie a eu peu d'influence sur les événements, même si elle est devenue par la suite la plus médiatisée jusqu'à devenir le symbole de Mai 68. L'exposition Icônes de Mai 68 : les images ont une histoire présentée à la BnF en 2018 du 17 avril au 26 août 2018 [4], dont Audrey Leblanc et Dominique Versavel, historienne française de la photographie, sont les deux co-commissaires est une vulgarisation de ces travaux de recherches. L'idée largement répandue que cette photographie portait en elle une destinée d'icône de Mai 68 est démontée : c'est au fil des années que la presse construit un récit [5],[1].

Une semaine après le début de l'exposition, le quotidien Le Télégramme de Brest a retrouvé l'autre personnage de la photo, le policier, dont les révélations ont été médiatisées.

Description

Image externe
Daniel Cohn-Bendit face à un CRS devant la Sorbonne

Le face-à-face de Daniel Cohn-Bendit avec un CRS est jugé, des décennies plus tard, comme emblématique des manifestations de Mai 68[6].

Le jeune Daniel Cohn-Bendit, convoqué une semaine plus tôt avec sept autres étudiants devant le conseil de discipline de l'université, « pour des brutalités et des exactions variées »[7], est photographié le devant la Sorbonne en contre-plongée. Il regarde en souriant un policier au casque noir, de trois quart arrière.

Le cliché est en noir et blanc, comme la plupart des photos de Mai 68.

Une autre photo, en couleur, des deux mêmes personnes, est prise par un autre photographe, au même instant et au même lieu, « la teinte orangée de la chemise de l'étudiant », assortie à sa couleur de ses cheveux, y « tranche avec le bleu sombre des uniformes policiers »[8]. Le cliché est publié dans l'hebdomadaire Paris Match du 18 mai, surlendemain de la participation de Daniel Cohn-Bendit à un débat télévisé sur les ondes de l'ORTF et jour où il a proposé à l'hebdomadaire de l'accompagner dans une tournée des mouvements contestataires en Europe.

Auteur

L'auteur de cette photo, Gilles Caron est un photo-reporter de guerre célèbre qui travaille à l'Agence Gamma entre 1967 et 1970[5]. Peu avant Mai 68, il avait couvert le conflit du Biafra, ainsi que les combats de la Bataille de Đắk Tô, en dans la province de Kon Tum dans les hauts-plateaux centraux du Sud-Viêt Nam, quand 'Armée populaire vietnamienne a lancé une offensive appelée les « batailles des frontières »[9]. Le 28 mars, il avait photographié des habitants du bidonville de Nanterre où vivent des immigrés algériens[9] et des ouvriers du chantier de la faculté dans l'herbe avec des étudiants[9].

Lorsqu'il meurt deux ans plus tard, le 5 avril 1970, au cours d'un de ses reportages sur la route reliant Phnom Penh à Saigon[10], son corps n'est pas retrouvé. Il ne verra jamais sa photo iconique de mai 68 dans la presse d'actualité.

Mode opératoire

La démarche de Gilles Caron

Les planches contact, dévoilées en 2016 dans un petit film inédit de Mariana Otero[11] montrent que Gilles Caron a d'abord pris en photo les huit étudiants convoqués une semaine plus tôt pour le conseil de discipline, sur le trottoir, peu avant qu'ils arrivent à la Sorbonne[12]. Il cherche des angles de vue, grimpe sur un rebord de fenêtre offrant une vue plus générale[10], puis il prend quelques photos en plongée[10], avant de redescendre s'approcher des différente personnes dans la Cour de la Sorbonne[10],[13]. Sur l'une des photos, Daniel Cohn-Bendit porte un mégaphone et sur une autre lui et un deuxième étudiant lèvent le poing.

« Témoin scrupuleux » de Mai 68[10], Gilles Caron prend le soir même, de nuit, la « fameuse image du lanceur de pavé la rue Saint-Jacques », en direction d'une « masse informe de CRS »[10], un cliché devenu « à jamais l’incarnation d’une jeunesse révoltée », selon Télérama [10].

La part de mise en scène de l'étudiant photographié

Les planches contact montrent également « une part de mise en scène »[10] de la part du sujet de la photo, Daniel Cohn-Bendit. Celui-ci connait le photographe car il est venu le 29 mars à Nanterre photographier un petit groupe d'ouvriers devant le complexe sportif[11]; l'inverse n'est pas forcément vérifié. Cette « part de mise en scène »[10] justifie la non-publication des photos par la presse.

Daniel Cohn-Bendit adresse dans un premier temps des « regards complices » au photographe[10], « surjoue un peu son personnage », se tourne[11], présente son profil[11], sourit avec insistance [11], et s'approche volontairement d'un policier « qu’il nargue, insolent »[10].

Un document télévisé tourné par l'ORTF[14] le même jour, montrant aussi Daniel Cohn-Bendit et les sept autres arriver au conseil de discipline le 6 mai et rediffusée la semaine suivante le 14 mai, de même qu'une courte séquence tournée le 14 mai 1968, le montrant en train d'annoncer l'occupation de la Sorbonne avec un mégaphone et une emphase qui tranche avec la décontraction des autres étudiants visibles dans le cadre[15].

Acteurs et circonstances de la photo

Les deux jeunes protagonistes de la photo ont vécu des émotions quelques jours plus tôt, ce qui n'apparait pas à l'image.

Le policier, blessé au visage le vendredi précédent

Le policier, Christian Le Padellec, regarde l'étudiant avec circonspection et retenue[12]. Il révèle cinquante ans plus tard qu'aucune parole n'a été échangée à ce moment-là, malgré les poses très rapprochées de Cohn-Bendit autour de lui. Les journalistes, les policiers et les 8 étudiants sont les seuls ce lundi matin: le vendredi, 48 heures plus tôt, la cour de la Sorbonne a été évacuée des 150 étudiants qui l'occupent, provoquant à leur sortie des échauffourées et des arrestations, puis le lundi qui suit une manifestation matinale pour libérer les arrêtés qui parcourt Paris, alors qu'on sait que la décision du conseil de discipline n'est rendue publique que plus tard dans la semaine.

Le vendredi précédent, Christian Le Padellec est déjà au même endroit: il conduit[16] l'un des fourgons de police[17] emmenant les étudiants, parmi lesquels se trouvaient Marguerite Duras, Jean-Pierre Jeunet et Roland Castro[16]. Ce dernier se casse la clavicule en s'enfuyant par une vitre brisée du fourgon, lorsque l'un des pneus endommagé force le véhicule à s'arrêter, avant d'être rattrapé par Christian Le Padellec[16]. En sortant du véhicule, le policier est blessé au visage par le jet d’un morceau de bitume, boulevard Saint-Michel[16], selon son témoignage en avril 2018, qui recoupe les archives de police rendues publiques en 1998 par le Ministre de l'intérieur, Jean-Pierre Chevènement. Roland Castro, qui est militant du 22 mars depuis la fin avril, l'a probablement reconnu en accompagnant Daniel Cohn-Bendit le 6 mai.

En raison de ces violences du vendredi après-midi précédent, le préfet de police, également photographié sur place le 6 mai par Gilles Caron, avait donné l'ordre de n'interpeller aucun des 8 étudiants convoqués en conseil de discipline.

L'étudiant visé six jours plus tôt par une information judiciaire

Daniel Cohn-Bendit doit ce matin-là passer devant le conseil de discipline à la suite de divers incidents survenus à Nanterre, qui dépend administrativement de la Sorbonne. Six jours plus tôt, il a été visé par l'ouverture d'une information judiciaire pour "menaces verbales de mort sous condition et coups et blessures volontaires"[18], après la plainte déposée par un militant de Nanterre de la FNEF, Hubert de Kervenoael. Après avoir contredit Cohn-Bendit lors d'un séminaire en lettres dans la Faculté, il a été frappé par une dizaine d'étudiants et délesté de son portefeuille[19],[20]. Selon l'historien américain Bertram Gordon, cité par son compatriote Michael Seidman[21], Hubert de Kervenoael, qui écope de dix points de suture et dix jours d'interruption de travail[22], ne militait pas à Occident. Quelques jours plus tôt, la FNEF, qui éditait un bulletin local et avait fait élire un de ses militants, Didier Gallot, à la présidence de l'Association des étudiants en lettes, avait réuni plusieurs centaines d'étudiants dans un amphithéâtre, pour protester contre les interruptions de cours.

Le juge d'instruction Jean Sablayrolles [23] est également chargé d'instruire une information judiciaire contre X ouverte pour "provocation publique non suivie d'effets à incendie volontaire", afin de rechercher les auteurs et les distributeurs d'un tract diffusé à Nanterre par le Mouvement du 22 Mars et donnant la formule du cocktail Molotov, observe Le Monde[24].

Daniel Cohn-Bendit avait été arrêté chez lui le 27 avril, perquisitionné, puis relâché vers 20 heures après avoir été interrogé au commissariat de Nanterre et à la préfecture de police de Paris[24]. Il avait alors expliqué aux policiers que la recette du cocktail molotov en mars était une simple blague et qu'il avait pris la défense de l'étudiant molesté en avril.

Sa garde à vue avait ensuite déclenché le lendemain des représailles d'un groupe mené par ses amis Jean-Marc Salmon et Jacques Rémy des "Comités Vietnam de base" (CVB), qui ont fait une vingtaine de blessés[25],[26] dans une exposition sur les « crimes des Vietcongs », organisée au 44 rue de Rennes à Paris[25], une partie de la droite française étant alors unie, depuis le début de l'année 1968, à l'extrême-droite dans un front commun de soutien au Sud Viêt Nam.

Malgré les explications de Daniel Cohn-Bendit lors de sa garde à vue du 27 avril, le juge avait annoncé le 30 avril l'ouverture d'une information judiciaire contre lui[18].

Principaux acteurs hors-champs

Le président de la commission, les journalistes et le préfet

Une trentaine de journalistes[27] attendent les étudiants qui arrivent à 9 heures, alors qu'il n'y a pas encore de manifestants dans la rue. Le principal acteur du fait d'actualité couvert est Robert Flacelière, directeur de l'École normale supérieure de la Rue d'Ulm qui préside la Commission des affaires contentieuses et disciplinaires de l’Université de Paris.

Aucune notification des motifs ne figure dans les convocations des huit étudiants. Comparaissant « pour des brutalités et des exactions variées », ils « risquaient des peines d'exclusion de l'Université, allant de six mois à un an », expliquera 20 ans plus tard le doyen de Nanterre Pierre Grappin[7].

La décision n'est attendue que quelques jours plus tard. Les juges, « intimidés, disparaissaient l'un après l'autre[7]. Deux demeurèrent jusqu'à la fin, constatant l'impossibilité » de décider quoi que ce fût[7]. La commission de discipline ne devait plus jamais siéger, selon Pierre Grappin[7]. « Les autorités universitaires se sont abstenues d'une punition, étant donné le peu d'importance » de l'audience face aux nouveaux enjeux, selon la version d'abord retenue[28].

Jugé trop tolérant envers les contestataires, Robert Flacelière sera démis de la direction l'ENS en 1971 après l'occupation de l'école par des maoïstes lors de la « Nuit de la Commune ». Une commission de ce type s'était montré sévère deux ans plus tôt contre deux contestataires du règlement à la Résidence universitaire Jean-Zay d'Anthony qui avaient dû faire un procès pour prouver qu'ils étaient absents de la résidence au moment des faits reprochés[27]. Hors-champs également, mais photographié un peu plus tôt par Gilles Caron, le préfet de police Maurice Grimaud qui a subi un affront 48 heures plus tôt quand plusieurs fourgons de police évacuant la Sorbonne ont été attaqués par des étudiants.

Les six étudiants du 22 mars et les professeurs

Parmi les huit étudiants de Nanterre convoqués, six sont des militants du 22 mars, dont quatre sont maoïstes, et deux anarchistes, l'un des deux, Daniel Cohn-Bendit, étant lui-même un proche d'André Glucksmann, alors maoïste. Selon les historiens, le campus de Nanterre comptait alors moins d'une dizaine de militants maoïstes[29].

Ce lundi 6 mai Daniel Cohn-Bendit est venu accompagné de ses amis proches Jean-Pierre Duteuil et Daniel Schulmann, qui a quitté la JCR pour se rapprocher des « pro-chinois »[30]. Autre ami proche Olivier Castro avec qui les jours précédents il a été interviewé par l'ORTF, dans l'un des très rares reportages télévisés consacrés aux étudiants, que l'ORTF décidera finalement, une dizaine de jours plus tard, de diffuser le 14 mai dans l'émission de télévision Zoom[31].

La convocation est décidée le 2 mai, jour où le directeur de l'enseignement supérieur, venu à Nanterre, arrêté à la barrière par un piquet de « gardes rouges », parvint à leur échapper et à convaincre le doyen de fermer la Faculté[7].

Parmi les huit étudiants convoqués, Jean-Louis Ploix, autre militant du Mouvement du 22 Mars, qui se nomme en réalité Pierre Ploix[32], ex-adhérent du PSU devenu maoïste[33], et Yves Fleischl, le petit ami de Danièle Schulmann[34], une étudiante maoïste qui habite une chambre, derrière la place de Clichy[35]. Ploix et Fleisch sont aux comités maoïstes pour le Viet Nam.

Décrit par la presse plus tard comme « une très intelligente force de la nature »[36] car il « appelle à la contre-attaque, physique s'il le faut »[36], Fleisch est passé dans Paris Match du 26 avril, la légende de la photo lui attribuant à tort l'étiquette "trotskiste", la semaine où il a introduit sur le campus Gérard Miller[34], maoïste [34], et Jacques-Alain Miller[34], qui le rejoindront un an après à la Gauche prolétarienne[37], au sein d'une troupe de « vaillants défenseurs » qui ont rallié Nanterre en train, fin avril 1968, depuis l'École normale supérieure de Saint-Cloud[34]. Isabelle de Saint-Saens et Olivier Castro, également maoïste[37], deux amis d'enfance de Danièle Schulmann, autre proches de Cohn-Bendit à Nanterre, ne sont pas convoqués.

Ces six militants du Mouvement du 22 Mars sont défendus par l'un ou l'autre des professeurs de sociologie qui sont très proches d'eux depuis plusieurs mois, Henri Lefebvre, Guy Michaud, Paul Ricœur et Alain Touraine[27].

Michel Pourny, trotskiste CLER/FER de Nanterre

Le groupe compte aussi deux autres étudiants de Nanterre, Michel Pourny et René Riesel, qui sont des rivaux des six autres, dans un milieu déchiré par de réelles jalousies[38], et brouillés avec eux pour des raisons politiques. Membre du Bureau National de la FER, Michel Pourny, qui a été présenté par Cohn-Bendit comme voulant tenter d'empêcher de parler Laurent Schwartz[Lequel ?] lors d'une réunion le 25 avril à Nanterre, en présence de journalistes du Monde. Un groupe de 15 étudiants de la FER qui veulent annoncer au micro une manifestation à 18 heures devant la mairie de Nanterre avaient alors été chassés de la tribune, dans un énorme « chahut »[39] par une centaine de « prochinois » qui avaient déjà chassé le communiste Pierre Juquin d'une autre salle une demi-heure plus tôt[27]. La FER, qui s'appelait Comité de liaison des étudiants révolutionnaires (CLER), avait changé de nom deux jours après cet incident, lors d'un congrès[40]. Cet incident n'avait pas fait l'objet d'un article dans Le Monde du lendemain, mais se retrouve quinze jours plus tard dans celui daté du 7 mai, où Daniel Cohn-Bendit est présenté comme l'homme qui a permis à Laurent Schwartz de s'exprimer.

Michel Pourny a décidé de récuser ses juges "universitaires" improvisés. Il quittera rapidement le conseil de discipline, après avoir lu une déclaration ronéotypée[41], distribuée sur le boulevard Saint-Michel dès 11 heures, alors qu'on y compte 2000 manifestants à partir de 10 heures 30[27].

La déclaration, rédigée en trois points, s'inspire de la lettre ouverte adressée aux Recteurs des Universités européennes par un groupe d'artistes surréalistes, non signée mais attribuée à Antonin Artaud et Michel Leiris, citée dans l'édition du 15 avril 1925[28] de La Révolution surréaliste, la plus importante revue surréaliste fondée en 1924 :

  • « Je vous récuse, parce qu'aujourd'hui, je n'ai pas en face de moi mes professeurs mais des hommes qui ont accepté de faire le travail des CRS et d'avaliser cette décision sans précédent de fermeture de la Sorbonne »[28],[42].
  • « Je veux rester fier du nom que je porte, des sacrifices que mon père, ouvrier métallurgiste, a consentis pour mes études »[28],[42].
  • « A présent. Messieurs, mes juges, je ne répondrai à aucune de vos questions »[28],[42].

René Riesel, situationiste de Nanterre

René Riesel, 18 ans, étudiant en philosophie à Nanterre[43] et situationiste, est lui déjà venu un mois plus tôt car le 1er avril[38] le Pierre Grappin avait prononcé contre son ami Gérard Bigogne une exclusion de cinq ans de toutes les universités [43]. Selon lui, Cohn-Bendit risquait la même peine mais fut seulement convoqué par Pierre Grappin le 6 mai avec les sept autres[38]. Le 6 mai, les camarades de René Riesel distribuent «La rage au ventre», un tract contre les groupuscules estimant que «La seule contestation de l'université bourgeoise est insignifiante quand c'est toute cette société qui est à détruire»[43]. En sortant du conseil de discipline à 11 heures, René Riesel lance à la radio un appel à « la poursuite des luttes »[43].

Patrick Cheval, exclu dès janvier 1968 de la résidence universitaire de Nanterre, Gérard Bigorgne et René Riesel avaient fondé en 1966 à Nanterre au sein de l'UNEF la "Tendance Syndicale Révolutionnaire Fédéraliste"[38] et diffusé la bande dessinée des étudiants situationnistes de Strasbourg, Le Retour de la colonne Durutti[44],[45], puis l'année suivante avaient constitué un groupe situationiste[38]. Proches du conseillisme, ils avaient pris leur distance avec Informations et correspondances ouvrières en raison de son anti-syndicalisme[38]. René Riesel deviendra au XXIe siècle secrétaire général de la Confédération paysanne.

Postérité

« L'image a fait le tour du monde », est la phrase la plus associée à cette photo[10], reprise par le magazine culturel Télérama dans sa critique de l'exposition organisé à l'Hôtel de Ville de Paris, consacrée à 300 tirages argentiques de l'auteur de cette photo, Gilles Caron, pour les 50 ans de Mai 68.

La renommée du cliché se fait cependant tardivement[5]:

  • D'abord à la mort de Gilles Caron en avril 1970, le magazine Photo valorise son oeuvre de manière très large, en saluant ses talents de photographe d'actualité, sans l'associer étroitement à Mai 68[5], même s'il dévoile trois images d’archives, dont celle, non-publiée dans la presse d'actualité de 1968, de Cohn-Bendit[5].
  • Puis au début des années 1970, la profession des photo-reporters commence à valoriser l’agence Gamma par une exposition nommée « Trois ans d’actualité photographiés par cinq grands reporters de l’agence Gamma »[5];
  • En 1977, lors des manifestations culturelles pour fêter les dix ans de l'agence Gamma[5], Mai 1968 devient « le printemps de Gamma ». La photo « Cohn-Bendit face à un CRS » devient alors une image clé du corpus Mai 68, dans le catalogue de l’exposition sur l’agence[5]. Entretemps, les agences Sygma et Sipa ont été fondées à Paris, peu à peu considérée comme une capitale du photo-reportage à la fin des années 1970[5];
  • Patrick Poivre d'Arvor la publie dans son livre de 1978 qui se veut un anniversaire de Mai 68. Il est alors depuis 1977, présentateur unique du journal de 20h sur la 2e chaine, après avoir été chef adjoint du service « politique intérieure » de France Inter à seulement 29 ans et chargé de la revue de presse à l'âge de 24 ans, une carrière météoritique qui suit de peu celle qu'il avait débuté en politique, en étant vice-président du Mouvement des républicains indépendants en 1971[46], un engagement dont il s'est souvenu par la suite dans les années 2000[47]. Dans ce livre de 1978, il affirme s'être « nourri de l’encre des journaux » vendus au carrefour Saint-Germain et Saint-Michel[48] et « avoir été un témoin passionné de ces folles semaines »[48] vécues comme « l’explosion de liberté, de la fête, mais aussi des drames, de la violence, de la peur »[48]. Il dit s'être associé à l’Agence Gamma pour « un album-souvenir (qui) retrace sa jeune et brillante carrière »[48] car elle « s’est fait connaître » par « ses reportages photographiques sur les remous de cette année exceptionnelle, en France et dans le monde »[48].
  • En 1978, pour les dix ans de Mai 68, la photographie est utilisée en double page entière dans la presse d'actualité.
  • Mais son « iconisation » se fixe « de manière définitive » en 1988 par le biais d'une consécration plus large comme la meilleure photographie du meilleur photographe.
  • Quarante ans après, en 2008, le cliché fait de nouveau la première page du magazine Télérama.
  • Cinquante ans après, en 2018, une exposition à la Bibliothèque nationale de France dévoile le dessous de la photo et la démystifie[5],[1].

Non-publication de la photo

La photo de Gilles Caron n'a été publiée par aucun journal en Mai 68, probablement parce que l'Agence Gamma ne l'a pas transmise. Elle parait sous forme de vignette, plus d'un mois et demi plus tard, dans l'inventaire d'une revue spécialisée, confidentielle au milieu professionnel des photographes, sous un tout petit format[49], qui sort à la mi-juin ou plus tard[5].

La plupart des photographies de Mai 68 viennent des agences Reporters Associés, Dalmas, Apis, mais aussi Gamma, fondée en janvier 1967, pas encore célèbre[5] mais en train de le devenir. En France, L'Express travaille essentiellement avec ces fournisseurs, tandis que Le Nouvel Observateur publie peu de photos et que Paris Match est le seul à avoir de vrais équipes de photo-reporters, ressource combinée au recours à des agences[5], ce qui lui permet de publier à lui seul plus de 200 pages de reportages sur Mai 68, sur cinq numéros[5], pour la plupart des photos publiées en juin.

Photos prises au même instant par L'Express et Paris Match

Deux autres versions photographiques, du face-à-face de Cohn-Bendit avec le policier sont connus.

La photo de Georges Melet dans Paris Match du 18 mai

Une autre photo a été prise ce lundi 6 mai, exactement au même endroit et au même moment, en couleur, par Georges Melet, pour Paris Match[12]. Mais elle n'est pas non plus publiée dans le numéro suivant le 11 mai.

Paris Match publie la photo de Georges Melet dans son numéro du 18 mai, au surlendemain du passage de Cohn-Bendit dans un débat public de l'ORTF, aux côtés de Jacques Sauvageot (président de l'UNEF) et Alain Geismar (secrétaire général du SNESup). Gilles Caron est alors en reportage en Roumanie, pour couvrir le voyage du Général de Gaulle[50].

À son retour le 18 mai, Cohn-Bendit se rend au siège de Paris Match, où il demande à Jean Durieux, rédacteur en chef et également présent dans l'avion présidentiel, une voiture mise à sa disposition avec un chauffeur et deux photographes. Il s'agit de photographier un éventuel voyage à Berlin, qui est décidé et démarre dès le lendemain[51], avec Georges Melet et Jean Durieux dans la voiture.

Le magazine publie ce jour-là six pages d'actualité sur les émeutes de la nuit du 10 mai mais aussi 15 pages de photos sur le lundi 6 mai, pour « comprendre » les causes des barricades. La parution du journal est ensuite suspendue en raison de la grève dans les imprimeries[52]. Le magazine ne publiera des photos de Cohn-Bendit, à Berlin et dans son appartement à Paris, près d'un mois plus tard à la mi-juin.

La photo de Jacques Haillot dans L'Express

La photo de Jacques Haillot est prise quasiment sous le même angle et au même moment[12], mais avec une expression de visage très différente de Cohn-Bendit, qui rit. Il existe à cette époque une rivalité entre lui et Gilles Caron, qui s'est déjà fait un nom, selon Raymond Depardon[53]. La photo du second est prise au téléobjectif, avec un fond flou, en noir et blanc.

Celle de Haillot est publiée, en petit format dans L'Express du 13 au 19 mai[12], alors que Daniel Cohn-Bendit vient d'être invité au premier débat public de l'ORTF donnant la parole, à la suite de la révélation le 11 mai par un groupe de journalistes que l'ORTF a censuré au dernier moment le vendredi 10 mai au soir, une émission interviewant Alain Geismar et Jacques Sauvageot.

Tous deux apparaissent photographiés aussi dans ce numéro de L'Express en compagnie des prix Nobel Alfred Kastler et Jacques Monod[5], dans un bandeau de quatre photos où figurent aussi le préfet Maurice Grimaud et le recteur Jean Roche, la quatrième et dernière photo étant celle de Cohn-Bendit[5], avec pour la légende « Valsons la Grapignole », chanson potache de Nanterre[5]. L'article en reprend brièvement les paroles pour parler de Nanterre, mentionnée deux fois, à chaque fois sur moins d'une phrase[5]. Dans l'un des deux, c'est pour préciser que Cohn-Bendit fait partie du Mouvement du 22 mars destiné à « paralyser la machine administrative de Nanterre ».

Selon ses proches, Jacques Haillot, décédé en 1998 après avoir été chef du service photo de L'Express, « ne parlait jamais de sa photo de Cohn-Bendit ni d’une quelconque amertume qu’il en aurait conservée »[53].

La photo de Jacques Haillot a servi à confectionner l'affiche de Gilles Rancillac Nous sommes tous « indésirables », le 22 mai 1968, juste après l'annonce de l'interdiction de séjour en France de Cohn-Bendit. Dans sa première version, elle mentionne Nous sommes tous des juifs allemands, mais un vote en assemblée général des étudiants aux Beaux-Arts s'y oppose, préfèrent la formulation Nous sommes tous « indésirables », ce qui oblige Rancillac à refaire son affiche[54]. Dans la nuit, une manifestation contre l'interdiction de séjour réunit environ 4 000 personnes.

Des 415 affiches recensées de Mai 68 par une exposition en 2018, c'est la seule qui n'a jamais été affichée dans la rue par les étudiants[55] et la seule qui représente le visage d'un manifestant.

Retrouvailles des protagonistes

Parti en 1996 en retraite, le policier entend un jour l’ex-préfet de police Maurice Grimaud répondre à un journaliste lui demandant ce qu'il était devenu : « Il doit sans doute être mort », ce qui l'« a glacé ».

Cinquante ans plus tard, le quotidien Le Télégramme de Brest le retrouve[12]. Peu après, il est invité comme Daniel Cohn-Bendit sur le plateau de l'émission C Politique sur France 5 pour parler des événements de mai 68[12]. Les deux hommes ne s’étaient pas vus depuis cinquante ans[12]. Après l’émission, les deux hommes prennent le temps de poser pour une photo dans la même configuration que celle prise un demi-siècle auparavant [56].

Autres photos signée par Gilles Caron le même jour

Gilles Caron a aussi assuré la couverture des manifestations plus tard dans la journée, avec un autre cliché resté célèbre, mais lui publié dans la presse et très remarqué, celui d’un CRS matraquant un jeune homme, alors qu’il est en train de tomber, rue du Vieux-Colombier à Paris, également le 6 mai 1968[9]. « Je n'ai pas arrêté d'y penser », dira le policier, Roger Charretier[57], affecté par la large diffusion de la photo et son intensité dramatique, qualifiée « d'apogée du photojournalisme » et « d'icône de la photographie mondiale »[58].

Certaines légendes de cette photo, ajoutées par la suite, parlent d'un étudiant « enragé poursuivi par un CRS sous une pluie fine vers deux heures du matin »[57], mais en réalité la photo est prise vers 21 heures, par temps sec, et la chaussée est mouillée car les deux hommes se trouvent devant une caserne de pompiers[57]. Ils se retrouvent un demi-siècle plus tard pour un documentaire diffusé le 15 mai 2010 sur France 5[57].

L'homme poursuivi est un simple curieux, venu avec son petit en train au Quartier Latin, par curiosité, après avoir entendu parler des émeutes à la radio[57]. Il est au lycée en classe de seconde, vit dans une HLM de La Celle-Saint-Cloud et ne connaît rien à la politique[57].

Autres photos de Cohn-Bendit au 1er semestre 1968

En mai 68, plus d’une vingtaine de photographes de France-Soir opéraient à Paris. Le fonds photographique du premier quotidien de l'époque contient des photos de Cohn-Bendit postérieures au 6 mai, une de Tony Bosco le lendemain, le 7 mai, lors d'une conférence de presse qu'il donne au Jardin du Luxembourg avec son ami de Nanterre Jean-Pierre Duteuil[59].

Un autre photographe du journal, Michel Pansu a pris une dizaine de clichés d'une autre conférence de presse donnée par les deux, le 28 mai 1968 lors du retour provisoire de Cohn-Bendit en France[60] ainsi qu'une série le montrant avec Alain Geismar Jacques Sauvageot et Michel Recanati le 13 mai[60].

Le fonds contient deux photos du 9 mai[61], dont l'une avec son mégaphone, prise par Claude Poensin-Burar place de la Sorbonne[62], le jour et le lieu de son altercation avec le poète Louis Aragon venu soutenir les étudiants, à qui il déclare dans son mégaphone, « Tu as du sang sur tes cheveux blancs ! »[63], racontée par André Glucksmann dans son livre de février 2008, en expliquant que c'est sa rencontre avec Daniel Cohn-Bendit et le début de leur amitié[63].

Les autres photos du Fonds France-Soir avec son nom en légende datent de la manifestation du 22 mai protestant contre son interdiction de revenir en France[60]. Les photos de Paris-Match à Nanterre, en mars et en avril, ne représentent pas Cohn-Bendit, le magazine lui consacrant ensuite un reportage entier à Berlin et Amsterdam, publié à la mi-juin.

Une autres des photos de Cohn-Bendit de l'époque le montre avec Alain Geismar, Jacques Sauvageot et Michel Recanati, représentant des lycéens, lors de la conférence de presse du 11 mai à midi, commentant la Nuit des Barricades de Mai 68 de la veille, trois heures avant l'annonce de la grande manifestations avec les syndicats de salariés du 13 mai. L'une des versions, diffusée par l'AFP, coupe la présence de Michel Recanati.

Notes et références

  1. Valérie Oddos, « exposition Icônes de Mai 68, les images ont une histoire », sur France Télévisions, .
  2. "Daniel Cohn-Bendit face au CRS qu'il avait défié en mai 68", Le Point du 21 mai 2018
  3. , Texte de soutenance
  4. Présentation de l'exposition sur le site de la BNF
  5. Audrey Leblanc, « Gilles Caron, Le photographe de Mai 68, l'oeuvre d'une politique culturelle? », dans Gil Bartholeyns, Politiques visuelles, Presses du réel, (lire en ligne).
  6. http://motsdimages.ch/Daniel-Cohn-Bendit-Gilles-Caron.html
  7. "La faculté de Nanterre de 1964 à 1968. Entretien avec Pierre Grappin, par Geneviève Dreyfus-Armand dans la revue Matériaux pour l'histoire de notre temps en 1988
  8. "L'iconographie de Mai 68 : un usage intentionnel du photoreportage noir et blanc ou couleur - L'exemple de Paris Match (mai-juin 1968)", par Audrey Leblanc, le 16 février 2009 dans la revue web Sens Public
  9. Aurélie Cavanna, « Gilles Caron, photographe des années 1968 », Art Press, (lire en ligne).
  10. Mai 68 : Gilles Caron, les clichés iconiques d'un photographe redoutable"" par Hugo Guyon dans Télérama du 12/06/2018.
  11. "Gilles Caron, un autre regard", Le Monde du 2 août 2018
  12. "L’icône de mai 68 : Daniel Cohn-Bendit et le policier casqué", par le journaliste de RTL Jérôme Godefroy, le 4 mai 2018
  13. « BNF - Dossier thématique - Le portrait », sur classes.bnf.fr (consulté le )
  14. "Daniel Cohn Bendit et ses camarades se rendent au conseil de discipline", archives INA
  15. 14 mai 68: Daniel Cohn-Bendit dans la cour de la Sorbonne - Archive INA
  16. "Mai 68. Il était policier face à Cohn-Bendit" dans Le Télégramme du 29 avril 2018
  17. « Mai 68 Les archives secrètes de la police », sur www.lexpress.fr, (consulté le ).
  18. Le Monde, 2 mai, p. 7
  19. Les Trublions, par Jean Bertolino, page 369
  20. En mai, fais ce qu'il te plaît, par Maurice Grimaud Stock, 1977
  21. The Imaginary Revolution: Parisian Students and Workers in 196 aux Éditions en 2004,
  22. "La droite buissonnière" par François Bousquet, Éditions du Roche, 2017
  23. Nécrologie dans La Dépêche du 30/08/2019
  24. Le Monde, 28 avril, p. 8 et 30 avril, p. 4 []
  25. Génération (histoire sociale et politique) sur le gauchisme, aux Éditions du Seuil de Hervé Hamon et Patrick Rotman
  26. Jean-Paul Gautier, Les extrêmes droites en France : De 1945 à nos jours, Syllepse (ISBN 9782849505700, lire en ligne).
  27. "Lucien Rioux et René Backmann, L'Explosion de mai 1968. Histoire complète des événements, Paris, Robert Laffont, 1968
  28. Wolfgang Drost, Mai dix-neuf cent soixante-huit : anthologie crit. de documents polit. et littéraires, Frankfurt am Main, Lang, coll. « Publications universitaires européennes. » (no Sér. 13, 109), , 238 p. (ISBN 978-3-820-49126-5, OCLC 246629884), p. 64.
  29. Jean-Paul Salles, La Ligue communiste révolutionnaire (1968-1981). Instrument du Grand Soir ou lieu d'apprentissage ?, éditions Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2005,
  30. "Les groupes politiques d'extrême-gauche à Nanterre", par Jean-Pierre Duteuil, dans la revue Matériaux pour l'histoire de notre temps de 1988
  31. "Mai 68 à l'ORTF : Une radio-télévision en résistance"de Jean-Pierre Filiu , éditions Nouveau Monde, 2008  Préface de Jean-Noël Jeanneney  
  32. Communiqué de soutien d’anciens militants du 22 mars, le 11 avril 2018
  33. "La section des ESU à Nanterre", par Jean-Pierre Dupuis, dans Tribune socialiste
  34. Interview d'Isabelle de Saint-Saens Médiapart le 25 MARS 2008 par Antoine Perraud
  35. "Yves Fleischl : « Une énorme transgression »", par Antoine Perraud dans Médiapart, mars 2008
  36. Nouvel Observateur du 19 juin 1968
  37. "Mai en héritage" par Élisabeth Salvaresi - 1988
  38. "L'amère victoire du Situationnisme: pour une histoire critique de l'Internationale Situationniste, 1956-1971" par Gianfranco Marelli, aux Éditions Sulliver, 1998
  39. "Histoire de la république gaullienne: Le temps des orphelins Août 1962-Avril 1969" par Pierre Viansson-Ponté, Fayard, 1970, page 419
  40. François Duprat, Nouvelles éditions latines, 1968
  41. Conservée aux archives nationales, numérisée
  42. "Mai retrouvé: Contribution à l'histoire du mouvement" par Jacques Baynac - 1978
  43. "Entretien de René Riesel par Béatrice Vallaeys, Libération du 6 mai 1998
  44. "Nanterre 68: vers le mouvement du 22 mars" par Jean-Pierre Duteuil, 1988
  45. 68, une histoire collective (1962-1981), par Philippe ARTIÈRES et Michelle ZANCARINI-FOURNEL - 2018
  46. Il figure d'ailleurs à la une du mensuel France Moderne no 350 de mars 1970, le journal de la Fédération nationale des républicains indépendants.
  47. "Il y a 30 ans, VGE était élu président" dans L'Obs du 25 mai 2004 , AFP
  48. Notice de lecture, Tribune socialiste
  49. Journalistes, Reporters, Photographes n° 15
  50. "Le général de Gaulle est en voyage officiel en Roumanie" par L'Obs du 7 mai 2008
  51. "Paris Mazch" le 26/05/2018, article de Patrick Mahé
  52. Audrey Leblanc, « La couleur de Mai 1968 : Paris Match face aux événements de mai-juin 1968 », Études photographiques, (lire en ligne)
  53. Analyse par Patrick Artinian, pour Tous les jours heureux, au printemps 2008
  54. Selon l'historien des médias Christian Delporte
  55. Artprecium Vente aux enchères d'oeuvres d'art
  56. Maël FABRE, « Mai 68. Christian Le Padellec, le flic vannetais qui a fait face à Cohn-Bendit », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  57. "Le jeune homme sur une célèbre photo de Mai 68 témoigne, cinquante ans après" par Anne Lamotte sur Radio France le 10 mai 2018
  58. par Sam Caro, France 5 le 15 mai 2010
  59. Conférence de presse au Jardin du Luxembourg, par Tony Bosco
  60. Michel Pansu / Fonds France-Soir / BHVP / Roger-Viollet
  61. "Archives photo de France-Soir
  62. "Et si mai 68 avait pris le pouvoir ?", par Brice Perrier, dans Le Parisien du 9 mars 2018
  63. "Mai 68 expliqué à Nicolas Sarkozy", par Raphaël Glucksmann et André Glucksmann, Denoël, février 2008, page 98

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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