Cours Belsunce

Le cours Belsunce est une voie située dans le 1er arrondissement de Marseille. Il relie la rue de Rome et le cours Saint-louis à la rue d'Aix. C'est l'axe principal du quartier du même nom. Il a été considéré comme une des plus belles places de l'Europe baroque dont il ne reste plus que quelques vestiges.

Pour les articles homonymes, voir Belsunce.

Cours Belsunce
Situation
Coordonnées 43° 17′ 52″ nord, 5° 22′ 37″ est
Arrondissement 1er
Quartier Belsunce
Tenant La Canebière / Cours Saint-louis
Aboutissant Rue d’Aix
Morphologie
Type Place
Forme Rectangle
Longueur 340 m
Largeur 40 m
Superficie 13 600 m2
Transport
Tramway
Histoire
Création 1670
Anciens noms Le Cours
Le Grand Cours
Cours des Phocéens
Géolocalisation sur la carte : Marseille

Origine du nom

Il est dénommé à l’origine cours Saint-Hommebon[1] puis Le Cours ou Le Grand Cours. Il devient cours de Phocéens pendant la Révolution, puis de façon éphémère en cours de la Fédération. Enfin, le , le conseil municipal décide de lui attribuer le nom de Cours Belsunce en hommage à François-Xavier de Belsunce de Castelmoron, évêque de Marseille qui s'est distingué en lors de la grande peste de Marseille et commande au sculpteur Joseph Marius Ramus une statue de celui-ci, érigée sur le cours en [2],[3].

Histoire

L'origine du cours

Extrait du plan geometral de la ville citadelles port et arcenaux de Marseille dressé par Joseph Razaud (ingénieur militaire, cartographe), 1743.

Le Grand Cours, artère majeure de l'agrandissement de Marseille prescrit par Louis XIV (les lettres patentes du ), est créé en . Il se situe entre la vieille ville et les faubourg des Roubauds et des Oliers qui connaissement un début d'urbanisation, sur un glacis militaire à l’est du rempart voués à la démolition. Cet espace, dit Lou grand Caire (le grand côté) est déjà un lieu de promenade agrémenté de fontaines et, d’arbres d’ornement[3],[4].

Le modèle du cours, élément caractéristique de le ville baroque italienne est introduit en France sous Marie de Médicis. Le terme italien corso vient d’une voie de la Rome Antique lieu de flânerie et de divertissements. Le cours à carrosses, large avenue hors les murs est d’abord réservé aux nobles et à la bonne société qui s’y montrent en tenue d’apparat, puis devient un lieu de processions, de foires et de marchés. Il est plantés d’arbres : marronniers, micocouliers, mûriers ou ormeaux, alors que ceux-ci sont absents à l’intérieur des remparts[5]. Dix ans avant Marseille Aix-en-Provence est la première ville française, après Paris, à se doter d’un cours à l'emplacement de son rempart sud. Les deux promenades assurent l'articulation entre vieille ville et nouveaux quartiers, mais le cours marseillais diffère de l'aixois par la régularité de ses façades dont l’ordonnancement parait inspirée par les palais italiens, en particulier ceux de la strada Nuova de Gênes[6],[7],[8].

Le rôle de Pierre Puget

En , alors qu’il travaille à Gênes le sculpteur, dessinateur, peintre et architecte marseillais Pierre Puget reçoit des échevins marseillais la commande des plans d’extension de la ville. De toutes ses propositions, dont une place royale qui aurait dû se situer entre l’extrémité sud du cours (actuel cours Saint-Louis) et l’arsenal des galères, seul le Grand Cours est réalisé, dans des dimensions réduite par rapport au projet initial jugé trop coûteux, par son frère Gaspard Puget et par Mathieu Portal, maîtres-maçon et architectes. Le principe du cours à carrosses est même un temps refusé par Nicolas Arnoul, membre de la commission chargée par Louis XIV de gérer les travaux dans l’agrandissement, partisan d’une simple voie permettant de traverser la ville nouvelle de la porte Royale (actuelle Porte d’Aix) à la porte de Rome (actuelle place de Rome)[4],[8].

La part de Pierre Puget dans réalisation du cours fait débat, il semble que certains de ses biographes l’aient exagérée, peut-être du fait d'une confusion entre les deux frères Puget[9]. Mais le père Joseph Bougerel, son premier biographe au milieu du XVIIIe siècle, qui a vu des dessins de Pierre Puget perdus depuis, témoigne de son influence. Il écrit : « Puget se rendit à Marseille, où il fut employé pour donner des dessins de l’embellissement du Cours… Il donna à l’architecte l’ordre que tous les particuliers devaient suivre pour la régularité de l’architecture en six feuilles de grand papier. Le Cours de Marseille, quelque beau qu’il soit, l’aurait été encore davantage si l’on avait suivi exactement son dessin… Il voulait que l’on donnât plus de largeur et de longueur à ce Cours qu’on ne lui en a donné ; qu’à chaque île on fît une belle porte cochère à la maison du milieu ; ce qui… aurait fait croire aux étrangers que c’étaient tout autant de palais magnifiques. »[10].

L'architecture du cours

Vue du Cours pendant la peste de 1720

Les immeubles du cours sont pour l’essentiel construits entre et selon un modèle imposé : soubassement avec entresol, deux étages encadrés par des pilastres, attique sous un entablement débordant, pierre de taille des carrières de la Couronne, balcons en ferronnerie, mascarons. Les portes peuvent être ornées de cariatides ou d'atlantes comme celle de l’hôtel Pesciolini, seul exemple qui a résisté au temps et inscrit aux monuments historiques en . La continuité des toitures veut donner l'impression d'une grandiose suite de palais, bien que, derrière les façades, les immeubles soient plus proche de la maison de rapport que des prestigieux hôtels particuliers du cours à carrosses d'Aix-en-Provence[4],[6],[8].

Le tableau de Michel Serre : Vue du Cours pendant la peste de 1720, permet de se représenter l'imposante perspective du cours, exemple exceptionnel d'urbanisme baroque, dont l'historien Antoine de Ruffi écrit à la fin du XVIIe siècle qu'elle fait de Marseille « l'une des belles villes du Royaume »[11].

Pendant la Révolution

Le , un autel consacré à la Patrie est dressé lors de la fête de la Fédération, à l'angle avec la Canebière. Il entoure une statue figurant Marseille. Des messes y sont célébrées ainsi que des serments d'obéissance aux lois.

XXe et XXIe siècles

Marseille zéro pointé
Entée de la bibliothèque de l'Alcazar

Au carrefour de la Canebière et des cours Saint-Louis et Belsunce, se trouve le point géodésique zéro de Marseille permettant le calcul de la distance de Marseille à Paris, ainsi que le numérotage des immeubles, établi en [10].

Au début du XXe siècle, le quartier "derrière la Bourse" est considéré comme insalubre. Après de nombreuses années sans travaux autres qu'une démolition (1912-1927), trois tours d'habitation, éléments d'un ensemble architectural visant à mettre en valeur le quartier, y sont construites par l'architecte Jacques Henri Labourdette entre 1960 et 1962[12]. En 2003, ces tours font l'objet d'une vague de sympathie face à un nouveau projet immobilier.

La bibliothèque municipale à vocation régionale est construite sur l’emplacement de l'ancien théâtre l'Alcazar. Elle a ouvert se portes au public 30 mars 2004.

Transports

La tramway cours Belsunce

Le cours Belsunce est traversé par la ligne 2 Arenc Le Silo-La Blancarde du tramway, mise en service le , et par la ligne 3 Arenc Le Silo-Castellane, mise en service le . Il est desservi par la station Belsunce-Alcazar.

La station de bus Canebière-Bourse du réseau de bus de Marseille, terminus des bus desservant le nord de l’agglomération, jouxte le cours.

Le cours est réaménagé à l'occasion de la construction de la voie du tramway, l'espace est rendu aux piétons, seule une voie de service côté ouest est autorisée aux véhicules à moteur.

De nombreuses lignes de l’ancien réseau de tramways, en activité entre et les années cinquante, l'ont également emprunté[13].

Musique

Chanson en rapport avec ce quartier du centre-ville marseillais :

  • "Belsunce Breakdown" de Bouga sur la B.O.F "Comme un aimant", où le rappeur décrit la vie du quartier. Sortie en 2000, elle reste toutefois encore d'actualité.

Voir aussi

Article connexe

Lien externe

Bibliographie

  • Charles Bastide-Fouque, Le cours de Marseille, un exemple de l’embellissement des villes au XVIIe siècle, mémoire de master, Université Aix-Marseille, 2014, 2 vol., 236 p.

Références

  1. Du nom de la congrégation de Saint-Hommebon implantée à partir de 1636 à l’emplacement de l’actuelle bibliothèque de l’Alcazar. Voir l'Atlas archéologique de l'INRAP.
  2. Frédérique Bertrand, « Le Cours de Marseille une forme urbaine remarquable », dans Revue Marseille, vol. 247 : Marseille au long des rues, Marseille, Ville de Marseille, , pages 10-17.
  3. Adrien Blès, Dictionnaire historique des rues de Marseille : Mémoire de Marseille, Marseille, Jeanne Laffitte, , 441 p. (ISBN 2-86276-195-8).
  4. Hénin Béatrice, « L'agrandissement de Marseille (1666-1690) : Un compromis entre les aspirations monarchiques et les habitudes locales. », dans Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Marseille et les marseillais, XVIIe-XXe siècles, Toulouse, Éditions Privat (no N°173), (lire en ligne).
  5. Raymond Bizot), « [#Memoria] La naissance des cours », sur lamarseillaise.fr, (consulté le ).
  6. Jean-Marc Chancel, Urbanisme et morphologie architecturale : la genèse d'un processus moderne. Le quartier Belsunce : une étude de cas à Marseille, Marseille, École nationale Supérieure d'Architecture de Marseille (travail personnel de fin d’études), .
  7. Thierry Durousseau, Belsunce, une figure de ville: un quartier de l'agrandissement de Marseille au XVIIe siecle, Edisud, (ISBN 2-85744-459-1).
  8. Marie-Paule Vial et Luc Georget, Pierre Puget: sculpteur, peintre, architecte, Paris, Artlys, (ISBN 978-2-85495-582-8).
  9. Pierre Lavedan, Jeanne Hugueney et Philippe Henrat, L'Urbanisme à l'époque moderne : XVIe-XVIIIe siècles, Genève, Librairie Droz, coll. « Bibliothèque de la Société française d’archéologie », (ISBN 978-2-600-04614-5), page 168.
  10. Cité dans : Michel Méténier, « Belsunce et Saint-Louis : des cours toujours courus (XIXe et XXe siècles) », dans Revue Marseille, vol. 247 : Marseille au long des rues, Marseille, Ville de Marseille, , pages 18-21.
  11. Antoine de Ruffi et Louis-Antoine de Ruffi, Histoire de la ville de Marseille, (lire en ligne) cité dans Georges Reynaud, « l'hôtel Pesciolini (1673) : Une nouvelle identité pour la « maison aux cariatides » du cours Belsunce à Marseille », Provence historique, Marseille, Fédération historique de Provence, vol. XXXVIII « Aspects de la Provence urbaine aux XVIIe et XVIIIe siècles », no 154, , p. 377-401 (lire en ligne [PDF]).
  12. « Notice 2.0102 - La Bourse », sur culture.gouv.fr/Regions/Drac-Provence-Alpes-Cote-d-Azur (consulté le ).
  13. (en) « 1930 Marseille at the height of its tramway network »
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