Cotton Club (film)

Cotton Club (The Cotton Club) est un film musical américain réalisé par Francis Ford Coppola, sorti en 1984. C'est une fiction fortement inspirée par l'histoire du véritable Cotton Club, salle de spectacle à Harlem, et de personnages ayant réellement existé.

Pour l’article homonyme, voir Cotton Club.

Cotton Club
Façade du Cotton Club dans les années 1930
Titre original The Cotton Club
Réalisation Francis Ford Coppola
Scénario William Kennedy[1]
Musique John Barry
Acteurs principaux
Sociétés de production Zoetrope Studios
PSO International
Totally Independent
Pays d’origine États-Unis
Genre drame musical
Durée 127 minutes
Sortie 1984


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film connait d'importants dépassements de budget et est un échec commercial. Il est malgré tout plutôt bien accueilli par la presse et nommé aux Oscars et aux Golden Globes.

Synopsis

En 1928, la prohibition a engendré une vague de violence qui a déferlé sur les États-Unis. À New York, le gangster Owney Madden est propriétaire du Cotton Club et le dirige avec son bras droit, Frenchy. Il s'agit d'un club de jazz où la plupart des artistes sont noirs mais où tous les clients sont blancs.

Dans ce cabaret, la pègre, les politiciens et les vedettes du moment goûtent aux plaisirs interdits. Un trompettiste blanc, Dixie Dwyer, est engagé avec son frère Vincent. Dixie se lie par ailleurs avec un danseur noir. Pour faire décoller sa carrière, Dixie se rapproche de gangsters. Il va alors tomber amoureux de la petite amie de Dutch Schultz, un chef de gang.

Fiche technique

 Sauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.

Production délégué : Joey Cusumano et Dyson Lovell
Producteurs exécutifs : Barrie M. Osborne
Productrice associée : Melissa Prophet
Coproducteurs : Fred Roos et Sylvio Tabet

Distribution

Production

Genèse et développement

Le scénario est partiellement basé sur un livre illustré de James Haskins publié en 1977[5]. Le producteur Robert Evans souhaite initialement réaliser le film. Producteur du Parrain (1972), il engage Mario Puzo comme scénariste. Evans engage ensuite l'écrivain et journaliste William J. Kennedy et Francis Ford Coppola, pour retravailler le script. Environ 20 versions du script seront écrites. William J. Kennedy sera le seul crédité comme scénariste au générique  William J. Kennedy, Francis Ford Coppola et Mario Puzo sont crédités comme auteurs de l'histoire d'origine[3].

Finalement, Robert Evans abandonne la réalisation à la dernière minute et la confie à Francis Ford Coppola. Ce dernier souhaite faire ce film après l'important échec financier de Coup de cœur (1982), autre film musical[3].

Distribution des rôles

Sylvester Stallone est le premier choix pour incarner Dixie, mais il aurait refusé en apprenant que sa compagne d'alors avait eu une liaison avec le producteur du film Robert Evans. Francis Ford Coppola voulait quant à lui Matt Dillon, qu'il avait déjà dirigé auparavant[3]. C'est finalement Richard Gere qui incarne Dixie.

Lorsque Francis Ford Coppola contacte Bob Hoskins par téléphone, l'acteur croit à une blague. Il répond « Yeah, and this is Henry the fucking Eighth » (« Ouais, et c'est le putain de Henri VIII ») et raccroche[3].

Selon Robert Evans, Richard Pryor devait incarner Sandman Williams. Cependant, le budget du film ne permettait d'assumer son salaire[3].

Le rôle de Vera Cicero est initialement prévu pour Brooke Shields, mais elle préfère se concentrer sur ses études à Princeton. Sigourney Weaver refuse quant à elle le rôle de Lila Rose Oliver. Par ailleurs, Robert Evans voulait engager son ami Alain Delon pour incarner Lucky Luciano, finalement confié à Joe Dallesandro[3].

Tournage

Le tournage a lieu à New York, principalement à Manhattan (Kaufman Astoria Studios, Broadway, Park Avenue, Central Park, Grand Central Terminal, Plaza Hotel) ainsi qu'à Brooklyn et dans le Queens[6].

Le tournage est marqué par divers évènements. Les relations sont très tendues entre Francis Ford Coppola et le producteur. Ce dernier sera même banni du plateau par le réalisateur. Coppola entretient également des rapports tendus avec l'acteur principal, Richard Gere. De plus, le tournage s'éternise et le script change quasiment chaque jour. Francis Ford Coppola improvise beaucoup et ne tourne parfois aucun plan utilisable. Les coûts de production sont colossaux, environ 250 000 $ par jour, avec de nombreux techniciens engagés[3].

Bande originale

The Cotton Club
Original Motion Picture Soundtrack

Bande originale de John Barry et divers artistes
Sortie
Enregistré A&R Recording[7] (New York)
Clinton Recording(New York)
Genre musique de film, jazz, Dixieland, big band
Compositeur John Barry, ...
Label Geffen

La musique du film est composée par John Barry. L'album contient également des compositions jazz de Duke Ellington ou encore Cab Calloway. L'album remporte le Grammy Award for Best Large Jazz Ensemble Album en 1986.

Liste des titres

No TitreAuteur Durée
1. The MoocheDuke Ellington, Irving Mills 3:29
2. Cotton Club Stomp #2Ellington, Mills, Mitchell Parish 2:40
3. Drop Me Off in HarlemEllington, Nick Kenny 3:03
4. Creole Love CallEllington 3:01
5. Ring Dem BellsEllington, Mills 2:46
6. East St. Louis Toodle-OoEllington, Bubber Miley 3:20
7. Truckin'Rube Bloom, Ted Koehler 2:00
8. Ill WindHarold Arlen, Koehler 2:17
9. Cotton Club Stomp #1Ellington, Harry Carney, John Hodge 2:49
10. Mood IndigoEllington, Mills, Barney Bigard 3:34
11. Minnie the MoocherCab Calloway, Mills 3:07
12. Copper Colored GalJ. Fred Coots, Benny Davis 1:15
13. Dixie Kidnaps VeraJohn Barry 2:37
14. The Depression Hits / Best Beats SandmanBarry 2:42
15. Daybreak Express MedleyBarry 3:43
42:58

Crédits

  • John Barry : compositeur et chef d'orchestre
  • Bob Wilber : chef d'orchestre, saxophone alto et soprano, clarinette
  • Frank Wess : saxophone alto, soprano et baryton, clarinette
  • Chuck Wilson : saxophone alto et soprano, clarinette
  • Lawrence Feldman : saxophone alto et soprano, clarinette
  • Joe Temperley : saxophone alto et bariton, clarinette basse
  • Dave Brown : trompette, chant
  • Marky Markowitz : trompette
  • Randy Sandke : trompette
  • Lew Soloff : trompette
  • Dan Barrett : trombone, trombone à valve
  • Joel Helleny : trombone
  • Britt Woodman : trombone
  • Tony Price : tuba
  • Bob Stewart : tuba
  • Mark Shane : piano
  • John Goldsby : guitare basse
  • Mike Peters : guitare, banjo
  • Chuck Riggs : percussions
  • Brian Brake : percussions
  • Dave Samuels, Danny Druckman, Gordon Gottlieb, Ronnie Zito : percussions
  • Priscilla Baskerville : chant sur Creole Love Call[7]

Accueil

Critique

Le film reçoit des critiques globalement positives. Sur l'agrégateur américain Rotten Tomatoes, il récolte 76% d'opinions favorables pour 29 critiques et une note moyenne de 6,4610[8]. Sur Metacritic, il obtient une note moyenne de 68100 pour 14 critiques[9].

Les célèbres critiques américains Gene Siskel et Roger Ebert classent tous deux le film dans leur top de 1984[10].

Sur le site de la chaîne Arte, on peut notamment lire « Sans parvenir à égaler les œuvres magistrales du cinéaste, Cotton Club prend comme prétexte l’univers du film noir et de la comédie musicale à costumes pour offrir une mise en abyme sur le monde du spectacle et du cinéma, et narre avec beaucoup de brio la chute d’un caïd, les coulisses du show business et l’histoire d’amour de deux couples » ou encore « Malgré les nombreux incidents qui parsemèrent le tournage et la lourdeur du projet, Coppola transforme Cotton Club en autre chose qu’un film de producteur ou un simple divertissement décoratif grâce à son talent de conteur et de directeur d’acteurs et parvient à insuffler au résultat ses idées de mises en scène, notamment la séquence de meurtre en montage alterné qui renvoie à celles du Parrain et de Apocalypse Now »[11].

Sur le site DVD Classik, on peut notamment lire « En dépit de ces scènes réellement émouvantes, il faut avouer que Cotton Club est une œuvre trop "froide" pour plaire au grand public. Le ton particulier du film, si ce n’est son malaise, vient du contraste volontaire entre l’euphorie des numéros et l’enfermement que ressentent tous les personnages [...] Une chose est certaine toutefois : si Cotton Club était signé par un réalisateur inconnu, la critique crierait au génie, à la virtuosité suprême »[5].

Box-office

Malgré des critiques globalement positives, Cotton Club est un échec au box-office. Aux États-Unis et au Canada, le film ne récolte que 25 928 721 $, pour un budget de production estimé à 58 millions de dollars[2]. En France, il attire tout de même 1 639 038 spectateurs en salles[12], soit le 26e meilleur résultat au box-office français de 1985.

Distinctions

Récompenses

Nominations

Problèmes financiers et juridiques

Le tournage a dépassé le budget de loin et a pris fin avec la faillite du producteur. Il a été suivi par un litige opposant le réalisateur et le producteur[14] ;

Pour produire le film, Robert Evans s'associe notamment avec le promoteur Roy Radin (en). Ce dernier est retrouvé mort en juin 1983 (il aurait été tué le 10 mai). S'il n'est pas suspecté, le producteur est interrogé pour les liens avec la victime, qui lui aurait été présentée par une trafiquante de drogues nommée Karen Greenberger (parfois Lanie Jacobs) qui est jugée comme étant commanditaire du meurtre[15],[3]. De plus, le film fera longtemps parler de lui pour son financement par des personnalités comme le vendeur d'armes Adnan Khashoggi[3].

Victor L. Sayyah poursuit en justice les investisseurs Edward Doumani et Fred Doumani, leur avocat David Hurwitz, le producteur Robert Evans et Orion Pictures pour fraude et rupture abusive de contrat. Victor L. Sayyah avait investi 5 millions de dollars dans le film. Par ailleurs, Robert Evans poursuivra à son tour les frères Doumani, Francis Ford Coppola et Orion Pictures[3]. Robert Evans et Francis Ford Coppola se reprochent mutuellement la responsabilité des dépassements budgétaires du film[11].

Version director's cut

En 2015, Francis Ford Coppola retrouve une vieille copie Betamax de son montage initial, plus long de 25 minutes que la version sortie en salles. Entre 2015 et 2017, il dépense près de 500 000 $ pour faire lui-même restaurer la bande. Cette version, intitulée The Cotton Club: Encore, dure 139 minutes. Elle est présentée au festival du film de Telluride en septembre 2017[16]. Lionsgate sort le film en salles, puis en vidéo fin 2019.

The Film Stage donne à cette nouvelle version la note A-, alors que Rolling Stone la décrit comme « enrichissante »[17],[18].

Notes et références

  1. Hoskyns 2011, p. 250
  2. (en) « The Cotton Club », sur Box Office Mojo (consulté le )
  3. (en) Trivia sur l’Internet Movie Database
  4. Hoskyns 2011, p. 220
  5. « Critique Cotton Club de Francis Ford Coppola », sur DVD Classik (consulté le )
  6. (en) Locations sur l’Internet Movie Database
  7. (en) « John Barry - The Cotton Club (Original Motion Picture Sound Track) », sur Discogs (consulté le )
  8. (en) « The Cotton Club (1984) », sur Rotten Tomatoes, Fandango Media (consulté le )
  9. (en) « The Cotton Club Reviews », sur Metacritic, CBS Interactive (consulté le )
  10. (en) « Siskel and Ebert Top Ten Lists (1969–1998) », sur Innermind.com (consulté le )
  11. « Cotton Club de Francis Ford Coppola », sur Arte, (consulté le )
  12. « Cotton Club », sur JP's Box-office (consulté le )
  13. (en) Awards sur l’Internet Movie Database
  14. Cotton Club von Francis Ford Coppola, 2 novembre 2015
  15. "Jury Finds Four Guilty in 'Cotton Club' Murder Case." Sun-Sentinel, 23 July 1991.
  16. (en) Anne Thompson, « Francis Ford Coppola: Why He Spent $500K to Restore His Most Troubled Film, ‘The Cotton Club’ », sur IndieWire,
  17. (en) NYFF Review: With 'The Cotton Club Encore', Francis Ford Coppola Brings Grandeur to New Reworking
  18. (en) ‘The Cotton Club’: Francis Ford Coppola's Mangled Epic Gets an Encore Rolling Stone

Annexes

Article connexe

Bibliographie

  • Barney Hoskyns (trad. de l'anglais), Tom Waits, une Biographie : Swordfishtrombones et chiens mouillés, Paris, Rivages, , 456 p. (ISBN 978-2-7436-2467-5)

Liens externes

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