Communion des saints

La communion des saints désigne dans le catholicisme l'union de l'ensemble des fidèles vivants ici-bas et des fidèles ressuscités auprès de Dieu, par leur appartenance au Christ, dans une sorte de solidarité à travers l'espace et le temps. Pour l’Église catholique, le Christ est la seule pierre sur laquelle repose la foi ; ainsi, Dieu étant Trinitaire, Il invite les Croyants à s'aider les uns les autres pour croître dans leur foi, leur espérance et leur charité et, en cela, obtenir, entre autres bénédictions de Dieu, des récompenses telles que des grâces spirituelles, corporelles et matérielles, des dons du Saint-Esprit, etc.

La croyance à la communion des saints est un des articles de foi du Symbole des Apôtres.

Origine

Cette doctrine, appelée aussi, dogme du 'corps mystique', repose sur la doctrine de saint Paul dans l'épître aux Corinthiens, chapitre 12, lorsqu'il parle des dons spirituels.

« Je vous déclare donc que personne, s'il parle par l'Esprit de Dieu, ne dit : Jésus est anathème ; et personne ne peut dire : " Jésus est le Seigneur Fils de Dieu , " si ce n'est par l'Esprit-Saint.

Il y a pourtant diversité de dons, mais c'est le même Esprit ;
diversité de ministères, mais c'est le même Seigneur ;
diversité d'opérations, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous.
À chacun la manifestation de l'Esprit est donnée pour l'utilité commune. » [1]

Saint Paul considère que ces dons se manifestent aux baptisés dans le Christ dans un même Esprit :

« Mais c'est le seul et même Esprit qui produit tous ces dons, les distribuant à chacun en particulier, comme il lui plaît.
Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps, ainsi en est-il du Christ.
Tous, en effet, nous avons été baptisés dans un seul esprit pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. » [2]

Saint Paul insiste sur les membres du corps les plus faibles :

« Il y a donc plusieurs membres et un seul corps.
L'œil ne peut pas dire à la main : " Je n'ai pas besoin de toi ; " ni la tête dire aux pieds : " Je n'ai pas besoin de vous. "
Au contraire, les membres du corps qui paraissent les plus faibles sont plus nécessaires ;
et ceux que nous tenons pour les moins honorables du corps, sont ceux que nous entourons de plus d'honneur. Ainsi nos membres les moins honnêtes, nous les traitons avec plus de décence,
tandis que nos parties honnêtes n'en ont pas besoin. Dieu a disposé le corps de manière à donner plus de respect à ce qui est moins digne,
afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns des autres.
Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres s'en réjouissent avec lui. » [3]

La communion des saints dans l’Eucharistie

L'Église catholique romaine honore la mémoire des saints pendant l'Eucharistie :

« À l'offrande du Christ s'unissent non seulement les membres qui sont encore ici-bas, mais aussi ceux qui sont déjà dans la gloire du ciel : c'est en communion avec la Très Sainte Vierge Marie et en faisant mémoire d'elle, ainsi que de tous les saints et saintes, que l'Église offre le sacrifice eucharistique. Dans l'Eucharistie l'Église, avec Marie, est comme au pied de la Croix, unie à l'offrande et à l'intercession du Christ. » [4]

La mémoire des saints est rappelée dans les quatre formes de prière eucharistique[5].

La communion des saints dans la théologie patristique et médiévale

La théologie patristique et médiévale, en termes plus techniques, expliquera qu'elle représente la solidarité entre :

  • L'Église souffrante des âmes au purgatoire
  • L'Église militante des fidèles encore vivants sur la terre
  • L'Église triomphante des saints du ciel

Elle est intimement liée à une autre notion qui est celle de rédemption.

« Les morts sont entraînés dans l'immense fleuve de la vie de la communion des saints », explique le théologien orthodoxe Olivier Clément.

Encyclique Mystici Corporis Christi

Pie XII a abordé cette notion dans l'encyclique Mystici Corporis Christi (1942), en rapport avec la prière :

« Et quoique la prière publique, comme procédant de notre Mère l'Église, à cause de sa qualité d'Épouse du Christ, l'emporte sur toute autre, cependant toutes les prières, même les plus privées, ne manquent ni de valeur ni d'efficacité, et contribuent même beaucoup à l'utilité du Corps mystique dans lequel rien de bien, rien de juste n'est opéré par chacun des membres qui, par la communion des saints, ne rejaillisse aussi sur le salut de tous. Et, pour être membres de ce Corps, les chrétiens individuels ne perdent pas le droit de demander pour eux-mêmes des grâces particulières, même d'ordre temporel, tout en restant dépendants de la volonté de Dieu : ils demeurent, en effet, des personnes indépendantes, soumises chacune à des nécessités spéciales. Quant à l'estime que tous doivent avoir de la méditation des vérités célestes, ce ne sont pas seulement les documents de l’Église qui l'indiquent et la recommandent, mais aussi l'usage et l'exemple de tous les saints. »

La Communion des saints comme problème philosophique

Jean-Louis Vieillard-Baron estime que chez Blondel et Bergson, rompant ce qui sépare philosophie et théologie, la question de la communion des saints devient un véritable problème philosophique, l'interconnexité des êtres humains entre eux pouvant être traitée comme n'étant pas religieuse même si, quoique parfaitement laïque, « elle ne se laisse décrypter, analyser et finalement comprendre que dans la lumière du christianisme[6].» Pour Vieillard-Baron, l'idéalisme allemand en particulier Hegel et Schelling ont libéré la pensée philosophique de cadres étriqués « en traitant la Révélation chrétienne comme un objet philosophique privilégié[7]

Notes

  1. 1Co 12, 4-7
  2. 1Co 12, 11-13
  3. 1Co 12, 20-26
  4. Catéchisme de l'Église catholique, numéro 1370
  5. Prières eucharistiques
  6. Jean-Louis Vieillard-Baron, Un problème philosophique : la comunion des saints, dans Transversalités, 2010/4, p. 95-126, p.111
  7. art. cité, p. 105.

Voir aussi

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