Rédemption

La Rédemption (du latin Redemptio qui veut dire « rachat ») est un concept théologique présent dans le judaïsme, christianisme, et l’islam qui met l’accent sur l’aspect divin du mystère du Salut de l’Homme.

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Judaïsme

Dans le judaïsme, la rédemption vient du concept du « rachat » de personnes qui avaient perdu leur liberté - prisonniers, esclaves, personnes endettées - était une activité humaine courante et bien connue chez de nombreux peuples de l’Antiquité, y compris en Israël[1]. Le « droit de rachat » (גְּאוּלָּה Gueoulah) est accordé à tout vendeur de terrain en Israël (Lévitique 25, 23-25) ainsi qu'au bénéficiaire du lévirat.

YHWH se présente dans le livre de l'Exode comme le Dieu qui libère, pas seulement une personne, mais tout un peuple de l’oppression et de l'esclavage en Égypte (cf. le cantique de Moise en Ex. 15 :1-21, et textes parallèles)[1]. C’est le point de départ d’une relation particulière (alliance) de YHWH avec celui qui devient « son » peuple (notion de peuple élu).

L’expérience se répète et s’approfondit lors de l’exil à Babylone. Israël est infidèle à son Dieu mais, par amour (scellé dans l’Alliance), Dieu, Lui, reste infiniment et éternellement fidèle (Is. 41:14; 44:24; 54:8). Il rachète son peuple de l’exil babylonien, et promet le retour en Terre promise par le biais du Messie.

Christianisme

Dans la théologie chrétienne, la rédemption est en Jésus-Christ, le Rédempteur étant Dieu se faisant homme (Jean 10:30 ; Jean 14:9)[2]. Toujours fidèle, après de multiples rappels et tentatives (parabole des vignerons meurtriers : Lc 20 :9-14), Dieu envoie son Fils unique pour racheter l’homme et l’extirper par sa passion de l’esclavage du mal et du péché (I Corinthiens 15, 3 et Colossiens, 1, 14) dans lequel il retombe souvent. Par amour, Dieu rétablit l’homme dans sa liberté, car ce qu'il souhaite, c'est recevoir de l’homme un hommage d’amour librement consenti. Ce rachat est définitif et final (Hébreux, 7:27).

Catholicisme

Le pape Benoît XVI écrit : « Dans la Passion de Jésus, toute l'abjection du monde entre en contact avec l'immensément pur, avec l'âme de Jésus-Christ et ainsi avec le Fils de Dieu. Si habituellement, une chose impure contamine par contact et souille ce qui est pur, nous avons ici le contraire : là où le monde, avec toute son injustice et toutes les cruautés qui le souillent, entre en contact avec l'immensément Pur – là, lui le Pur, se révèle en même temps le plus fort. En ce contact, la souillure du monde est réellement absorbée, annulée, transformée à travers la douleur de l'amour infini[3] ».

Par ailleurs, pour Benoît XVI, l'exclamation que Matthieu impute aux habitants de Jérusalem « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants » (Mt 27, 25) doit être interprétée plutôt comme une rédemption : « Ce n'est pas une malédiction, mais une rédemption, un salut », car le sang de Jésus « n'exige ni vengeance ni punition, mais est réconciliation ». Il laisse donc entendre que le sang de Jésus a racheté son peuple[4].

René Girard, dans son ouvrage Des choses cachées depuis la fondation du monde, analyse la manière dont Jésus a voulu racheter l'humanité. Selon ce philosophe, Jésus n'était nullement obligé de se faire tuer ou crucifier pour racheter les péchés des hommes. Jésus ne s'est pas incarné pour racheter l'humanité sur une croix mais pour annoncer une parole évangélique non violente destinée à transformer, transfigurer le monde. Que Jésus se soit laissé condamner et crucifier résulte du fait qu'il a respecté lui-même jusqu'au bout l'impératif de non-violence qu'il s'est fixé, alors que ses adversaires ne l'ont pas respecté et se sont laissés influencer par Satan, principe violent. Mais par sa résurrection, Jésus a tout de même vaincu Satan et la mort, et cela toujours de manière non violente.

Protestantisme

Dans le protestantisme, y compris le christianisme évangélique, la rédemption est pleinement accomplie par le sacrifice de Jésus-Christ sur la croix : le croyant est pardonné par la foi et la grâce[5] , [6].

Islam

Dans l’Islam, la rédemption s'obtient en étant musulman et en ne faisant aucune action qui renoncerait à son identification avec l'Islam[7].

Notes et références

  1. Maxine Grossman, The Oxford Dictionary of the Jewish Religion, USA, Oxford University Press, , p.616.
  2. Alister E. McGrath, Christian Theology: An Introduction, John Wiley & Sons, USA, 2011, p. 114
  3. Benoît XVI, Jésus, 2e tome, p. 263.
  4. Benoît XVI, Jésus, 2e tome, p. 216.
  5. Nigel G. Wright, The Radical Evangelical: Seeking a Place to Stand, Wipf and Stock Publishers, USA, 2016, p. 41
  6. Timothy Larsen, Daniel J. Treier, The Cambridge Companion to Evangelical Theology, Cambridge University Press, UK, 2007, p. 86
  7. Hava Lazarus-Yafeh, Some Religious Aspects of Islam: A Collection of Articles, Brill Archive, UK, 1981, p. 48.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • P. Descouvemont, Guide des difficultés de la foi catholique, Paris, Plon, 2009, p. 391-409.
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