Chute de la république de Venise

La chute de la république de Venise est un ensemble d'événements survenus durant l'année 1797 et qui aboutissent à la fin de 1 100 ans d'indépendance pour Venise, dont les territoires sont partagés entre le Saint-Empire romain germanique et la République française.

Chute de la république de Venise
L'abdication du dernier doge, Ludovico Manin, en 1797.
Date 1797
Lieu Venise (actuelle Italie)
Résultat

Fin de la république de Venise

Chronologie
- Pâques véronaises.
Déclaration de guerre de la France à Venise.
Dernière réunion du Grand Conseil, abdication du doge Ludovico Manin et dissolution de la république.
Début de l'occupation française de Venise et mise en place de la municipalité provisoire de Venise.
Établissement d'un comité de salut public
Traité de Campo Formio : partage des territoires vénitiens entre le Saint-Empire (province vénitienne) et la France (départements de Grèce)
Mise en place d'un gouvernement militaire.
Entrée des troupes autrichiennes dans Venise, fin de l'occupation française et de la municipalité provisoire.

Contexte

L'épisode fait partie des bouleversements politiques liés à la Révolution française et aux guerres révolutionnaires déclenchées par l'entrée en guerre de l'Autriche le 20 avril 1792. Après l'exécution de Louis XVI (21 janvier 1793), de nombreux états européens, réunis au sein de la Première coalition, s'engagent pour combattre le phénomène révolutionnaire.

Dans ce contexte, Venise choisit d'adopter — tout en luttant en sous-main contre la propagation des thèses révolutionnaires — une position officielle de stricte neutralité (proclamation du 23 février 1793). Observant avec attention et prudence les péripéties politiques et militaires de la jeune République, les autorités vénitiennes maintiennent le statu quo diplomatique, tout en passant progressivement à une neutralité armée.

En 1794, le comte de Provence (futur Louis XVIII), alors prétendant au trône de France, se réfugie un moment à Vérone, où il est accueilli, sous le nom de comte de Lille, par la République de Venise. Cette hospitalité provoque les protestations des représentants de la France, à tel point que le droit d'asile dont il bénéficiait ayant été révoqué, il doit quitter Vérone le 21 avril 1796[1]. En signe de protestation, il exige que son nom soit retiré du livre d'or de la noblesse italienne et demande qu'on lui restitue l'armure d'Henri IV, alors conservée à Vérone. De nombreuses cours européennes manifestent alors leur désapprobation au gouvernement de Venise.

En 1795, la Constitution de l'an III marque la fin de la Terreur, les débuts du Directoire et une nouvelle expansion des idées et des armées révolutionnaires. Ces dernières entament une vaste opération en tenailles contre les forces de la coalition ennemie : une attaque principale sur le Rhin visant les forces du Saint empire romain germanique, doublée d'une expédition destinée à frapper les Autrichiens et leurs alliés depuis le sud, à travers le nord de l'Italie.

La campagne d'Italie, confiée au jeune général Bonaparte, débute avec le passage des Alpes (avril 1796) et l'arrivée, dans le Piémont italien, d'une armée de 45000 hommes bien décidée à défaire les forces autrichiennes et piémontaises qui leur sont alliées.

La campagne victorieuse des armées révolutionnaires met rapidement à bas le Royaume de Sardaigne et le duché de Milan, précédemment contrôlés par les Impériaux. Le 9 mai, l'archiduc Ferdinand, gouverneur de Milan, se retranche avec sa famille à Bergame, alors terre vénitienne. Six jours plus tard, le 15 mai, Bonaparte entre à Milan, contraignant Victor Amédée de Savoie à signer l'humiliant traité de Paris (mai 1796), tandis que les Autrichiens reculent pour se réorganiser en défense de la principauté archiépiscopale de Trente. Le 17 mai, le duché de Modène doit, lui aussi, accepter de signer un armistice avec les Français.

Le jeune général français Napoléon Bonaparte.

Pendant les hostilités, la république de Venise avait maintenu sa position habituelle de neutralité. Quand les Français dénoncent l'armistice (20 mai) et reprennent leur marche sur Vienne, les possessions vénitiennes se trouvent sur leur chemin.

Un régime affaibli

Au moment où se prépare sa disparition, entre l'émergence des démocraties et le règne des souverains absolus, le gouvernement aristocratique de la cité-État est déjà très affaibli.

Venise est alors à la fois une cité-État régnant sur ses domaines da mar (l'outre-mer vénitien incluant l'Istrie, la Dalmatie, l'Albanie et ce qui reste des possessions de la Sérénissime au Levant) et de terraferma (la terre ferme, principalement Vénétie et Lombardie vénitienne, d'où proviennent une grande part des revenus des patriciens de Venise[2], ce qui en fait une puissance régionale.

L'aristocratie vénitienne est alors scindée en deux classes : les patriciens aisés et modestes, d'une part, sacrifiant leurs fortunes au service de l'État et obsédés par leur généalogie et le maintien de la cohésion familiale et patrimoniale et, de l'autre, les patriciens pauvres, attendant de l'État emplois et subsistance. A la veille de la chute de Venise, la fraction aisée est parvenue à conserver les rênes du gouvernement (le conseil des Sages) tandis que les patriciens pauvres, qui occupent alors la moitié (peut-être les deux tiers) des sièges du Grand conseil, noyautent le conseil des Dix et l'Inquisition d'État. Cette situation produit un immobilisme qui, combiné au paternalisme bénin de la République envers ses sujets, permet de maintenir une apparence de stabilité en temps de paix, mais s'avérera délétère dès les premiers bouleversements.

À ces lézardes viennent s'ajouter celles qui séparent la noblesse de Venise de celle de Terre ferme. Cette dernière, reléguée au second plan géographique, social et politique, sans aucune perspective d'avancement civil ou militaire, souffre en effet de la situation de sujétion que lui impose le colonialisme bénin, mais "despotique", de la cité-mère.

Enfin, pour maintenir ce fragile statu quo, le gouvernement ne dispose plus, sur terre, d'une véritable armée, ses forces se résumant aux garnisons indolentes dispersées dans les forteresses de Terre ferme et à quelques troupes mercenaires[1].

Occupation des Domini di terraferma

À l'approche des troupes françaises, le Sénat de la Sérénissime avait déjà nommé, le 12 mai 1796, un intendant général pour la terraferma, chargé de coordonner les magistrats de toutes les provinces. Mais l'état de préparation de ces dernières était désastreux : armement insuffisant, fortifications dégradées. La Lombardie se trouva rapidement envahie par les réfugiés fuyant la guerre et par les troupes autrichiennes en déroute, suivies de près par les avant-gardes françaises. Les autorités de Venise parvinrent à grand mal à éviter que les troupes autrichiennes du général Kerpen, puis les français de Berthier, ne traversent Crema. A son arrivée sur place, Bonaparte et son commissaire à la Guerre, Saliceti, irrités par la duplicité qu'ils pressentent chez les Vénitiens, leur proposent une alliance, à laquelle ces derniers ne donneront pas suite[1].

Du fait de leur impréparation, les autorités vénitiennes n'opposent qu'une résistance de principe aux troupes autrichiennes en déroute qui traversent leurs territoires. Elles refusent cependant fermement de leur fournir vivres, munitions et assistance. Rapidement, la situation devient critique pour les Vénitiens. Le général Beaulieu, commandant en chef des Autrichiens, s'empare de Peschiera par traîtrise. Le 29 mai, Augereau fait son entrée à Desenzano. Dans la nuit du 29 au 30 mai, Bonaparte force le passage du Mincio, repoussant l'ennemi vers le Tyrol. L'intendant général Foscarini s'étant plaint à Bonaparte des dégâts causés par ces opérations militaires, celui-ci (convaincu que les Vénitiens ont pris le parti de la coalition en donnant asile au prétendant au trône de France et favorisé l'Autriche en restant neutres après la prise de Peschiera ) menace de mettre Vérone à feu et à sang et de marcher sur Venise.

Ouverture des territoires de Venise aux troupes françaises

La Porta Nuova de Vérone, ville où les troupes de Bonaparte sont entrées le 1er juin 1796.
Le château de Brescia, occupé par les troupes françaises le 31 juillet 1796.

Le 1er juin, l'intendant Foscarini, soucieux de ne pas provoquer davantage Bonaparte, accepte l'entrée des troupes françaises à Vérone. Les territoires de la Sérénissime deviennent alors le théâtre des affrontements entre les forces ennemies. Progressivement, une cohabitation tendue se met en place, dans de nombreuses localités, entre les populations, les troupes vénitiennes et les soldats français.

Sentant la menace se préciser, le Sénat de Venise rappelle sa flotte et ordonne, pour organiser sa défense, la mobilisation de la milice, la nomination d'un intendant général à la lagune et au littoral. De nouvelles taxes sont levées pour financer le réarmement de l'état. L’ambassadeur de Venise à Paris est invité à protester, auprès du Directoire, contre la violation de la neutralité. Parallèlement, les diplomates vénitiens se plaignent aux Autrichiens qui ont porté la guerre sur les terres de la Sérénissime.

Le 5 juin, à Brescia, les représentants du roi de Naples, Ferdinand I des Deux Siciles, signent l'armistice avec Bonaparte. Le 10, le duc de Parme, Louis I de Bourbon, se réfugie à Venise. Le 12, les armées françaises envahissent la Romagne, alors sous tutelle des Etats pontificaux. Le 23 juin, ces derniers acceptent l'occupation de leurs légations septentrionales, laissant ainsi aux Français la jouissance du port d'Ancône. L'apparition de navires de guerre français dans l'adriatique conduit alors les Vénitiens à remettre en vigueur, après en avoir informé expressément Paris, un ancien décret interdisant l'accès aux lagunes de tout armement étranger. Des fortifications sont édifiées et des flottilles déployées tout autour de la lagune et le long des canaux, pour faire face à toute tentative ultérieure d'invasion, sachant que les possessions de terre ferme étaient données pour perdues, sans toutefois que Venise ne se résigne à les abandonner totalement pour rapatrier des forces.

Vers la mi-juillet, une trève ayant été négociée, les troupes françaises prennent leurs quartiers dans les villes de Crema, Brescia et Bergame, afin qu'elles puissent être séparées des troupes impériales.

Dans le même temps, des manœuvres diplomatiques tendent à convaincre Venise d'abandonner sa neutralité pour forger une alliance avec la France et l'Empire ottoman contre la Russie. Le 22 juillet, ayant eu vent des préparatifs du général autrichien von Wurmser, qui rallie alors ses troupes pour organiser une contre-offensive à partir du Tyrol, Venise rejette officiellement toute alliance.

En ville, l'intendant général Foscarini est officiellement appuyé, mais en réalité évincé, par la nomination d'un intendant extraordinaire, Francesco Battagia. Pour assurer l'ordre et la sécurité publique, le gouvernement ordonne la mise sur pied de patrouilles nocturnes composées de commerçants et de leurs commis, et commandées par deux citoyens et deux patriciens. Pour canaliser l'ardeur des patriotes italiens, des milices sont discrètement assemblées dans d'autres villes comme Bergame, en prenant soin qu'elles n'entrent pas en conflit avec les troupes françaises.

Le 31 juillet, Bonaparte occupe la forteresse de Brescia.

L'échec de la contre-offensive autrichienne

Le 29 juillet, von Wurmser lance la contre-offensive autrichienne, descendant du Trentin dans une manœuvre en tenailles le long des rives du lac de Garde et de celles de la Brenta, entre le territoire de Venise et celui de Mantoue. Les deux colonnes autrichiennes sont arrêtées respectivement à Lonato del Garda (3 août) et à Castiglione delle Stiviere, où, le 5 août, Würmser, battu, est contraint de se replier sur Trente. Après s'être réorganisé, il tente une nouvelle contre-attaque en suivant cette fois le cours de l'Adige, mais le 8 septembre les impériaux sont à nouveau durement battus lors de la bataille de Bassano et contraints à une retraite précipitée sur Mantoue, au cours de laquelle ils abandonnent artillerie, armes et bagages.

Pendant l'automne et l'hiver, les Français renforcent leur présence dans la péninsule italienne avec la création des Républiques cispadane et transpadane (15 et 16 octobre). Dans le même temps, sur la terraferma vénitienne, les troupes françaises s'emparent du système défensif, des villes et de leurs forteresses. Tandis que les directives provenant du gouvernement de la Sérénissime enjoignent aux responsables locaux d'éviter tout motif d'affrontement, les Français encouragent au soulèvement les Jacobins du cru.

Le 29 octobre, les Autrichiens, regroupés en Frioul, lancent une nouvelle offensive. Sous les ordres du général Alvinzi von Berberek, ils franchissent le Tagliamento, passent le Piave le 2 novembre et parviennent, le 4, les rives de la Brenta. Après avoir battu les français le 6 novembre à Bassano, l'armée autrichienne entre à Vicence deux jours plus tard. Les batailles de Caldiero (12 novembre) et d'Arcole (17 novembre) bloquent l'avancée autrichienne. Enfin, la bataille de Rivoli (14 janvier 1797) rétablit la situation en faveur de Bonaparte.

Les révoltes de Bergame et Brescia

La prise de Mantoue (2 mars 1797) débarrasse les Français de la dernière poche de résistance autrichienne. Sûrs de leur force, ils poussent les citoyens de Bergame à la rébellion contre les Vénitiens (13 mars). Trois jours plus tard, l'intendant extraordinaire Battagia tente de ramener l'ordre à Bergame en décrétant une amnistie générale pour ceux qui auraient participé au soulèvement. Mais il est déjà conscient des risques de révolte à Brescia, ville dans laquelle il réside et vers laquelle se dirigent les insurgés bergamasques.

Le 16 mars, Bonaparte, ayant battu l'archiduc Charles sur le Tagliamento, voit s'ouvrir devant lui la route de l'Autriche. Le jour suivant, le Sénat de Venise fait parvenir des gages de reconnaissance aux villes et forteresses restées loyales, leur donnant enfin des ordres pour la défense de leurs positions. L'accès à la lagune est barré, des rondes armées sont instituées, les navires stationnés en Istrie sont rappelés. L'activité de l'arsenal redouble et des troupes de marine sont déployées en terraferma. Le 19 mars, les trois inquisiteurs de l'État rendent compte de l'état général de la situation. Les communications avec Bergame révoltée et avec les vallées attenantes ont été coupées. Brescia semble alors épargnée par la révolte, sous le contrôle de l'intendant général Battagia, tout comme Crema, qui demande cependant un renfort pour sa garnison. Vérone est en proie à une forte agitation anti-française, tandis que Padoue et Trévise apparaissent calmes, la première restant sous observation constante en raison des risques de sédition liés à la présence de l'université.

Les inquisiteurs ignorent cependant que le jour précédent (18 mars), à Brescia, un groupe de notables, arguant d'anciennes querelles avec Venise, a tenté de soulever le peuple, dans l'indifférence générale mais avec le soutien des Bergamasques et des Français, qui menacent la ville depuis la forteresse qu'ils occupent au motif de réprimer un brigandage imaginaire. L'intendant général Battagia, afin de ne pas nuire à la population encore favorable à Venise, décide alors de quitter la ville avec les troupes étrangères de marine (les schiavoni ou esclavons).

La nouvelle de ces événements ne parvient au Sénat que le 20 mars, quand Battagia arrive lui-même à Vérone. Le gouvernement tente de galvaniser ses forces en envoyant un ordre de mobilisation générale et en demandant à chaque cité et place forte de renouveler son serment de fidélité à Venise. Le 21 mars, alors que Bonaparte entre à Gradisca et prend le contrôle de Tarvisio et de l'accès aux vallées autrichiennes, les premières réactions parviennent à Venise. Trente se déclare entièrement fidèle. Le lendemain, arrive un courrier des ambassadeurs vénitiens envoyés à Udine pour parlementer avec Bonaparte. Ils décrivent l'attitude de plus en plus équivoque et suspecte du général français à leur égard. Des instructions sont immédiatement circularisées aux responsable de la défense pour leur recommander la plus grande vigilance et d'éviter le moindre incident qui puisse donner prétexte aux Français d'entrer en conflit ouvert. Le 24, les villes de Vicence et de Padoue renouvellent leur allégeance à Venise, suivie par Vérone, Bassano, Rovigo, et par toutes les autres possessions vénitiennes. Des députations venues des vallées bergamasques arrivent pour témoigner de leurs sentiments anti-français.

Le 25 mars, les révolutionnaires lombards occupent Salò, puis, le 27 mars, Crema, où est proclamée, le jour suivant la Repubblica Cremasca. Les Français abandonnent toute retenue et font intervenir directement un corps de cavalerie contre la résistance de Crema. Le 31 mars, ils bombardent Salò, qui s'est soulevée contre les Jacobins, sans parvenir à mater la ville, qui se redonne à Venise.

La contre-offensive anti-jacobine de Venise

Ces événements conduisent les magistrats vénitiens de terraferma à autoriser la mobilisation partielle des milices territoriales et la préparation défensive de Vérone, principale place forte militaire. Les occupants français sont d'abord contraints de sauver les apparences en acceptant de ne pas interférer avec les forces vénitiennes déterminées à reprendre le contrôle de leurs possessions lombardes. Par un accord signé le 1er avril, Venise s'engage par ailleurs à verser un million de lires par mois à Napoléon pour le financement de sa campagne contre l'Autriche. De cette façon, la République espère favoriser à la fois une conclusion rapide du conflit, avec pour conséquence le départ des occupants, et l'achat d'une certaine liberté d'action contre les révolutionnaires lombards.

Cependant, face à la propagation des soulèvements populaires en faveur de Venise et à l'avance rapide des troupes vénitiennes, les Français sont contraints d'aider les Jacobins lombards, révélant définitivement leurs véritables intentions. Le 6 avril, une escouade de cavalerie vénitienne est capturée par les Français et emmenée à Brescia. Le 8 avril, le Sénat est informé des raids effectués, jusqu'aux portes de Legnago, par les révolutionnaires de Brescia portant des uniformes français. Le 9 avril, une proclamation de Bonaparte invite les populations de terraferma à secouer le joug de Venise. Au même moment, le général Junot reçoit une lettre de Bonaparte dans laquelle il se plaint des mouvements anti-français qui se développent en terraferma. Le 10 avril, les Français, après avoir capturé un navire vénitien chargé d'armes sur le lac de Garde, accusent Venise d'avoir rompu sa neutralité en incitant les habitants des vallées de Brescia et de Bergame à la révolte anti-jacobine. Le général Miollis dénonce l'attaque contre un bataillon de volontaires polonais intervenu dans l'un des affrontements. Le 12 avril, les ports vénitiens sont placés en alerte maximale en raison de la présence toujours plus fréquente de navires de guerre français. Enfin, le 15 avril, l'ambassadeur français à Venise informe la Signoria de l'intention française de soutenir les révoltes contre le gouvernement tyrannique de la République. En réponse, le gouvernement de Venise lance à tous ses sujets un appel au calme et au respect de la neutralité.

Les préliminaires de Leoben et les Pâques véronaises

Assaut du Castel Vecchio de Vérone pendant les Pâques véronaises.
Le fort Saint-André, à Venise, d'où furent tirées les salves d'artillerie qui coulèrent Le Libérateur d'Italie.
Une audience ducale à Venise (tableau de Francesco Guardi, entre 1770 et 1775).

Le 17 avril 1797, Napoléon signe un accord de paix préliminaire avec les représentants de l'empereur François II à Leoben, en Styrie. Dans les clauses secrètes annexées au traité, il a déjà décidé du transfert des domaines de terraferma à l'Empire, en échange de l'évacuation des Pays-Bas de la part de ce dernier.

Le même jour, à Vérone, les événements se précipitent. La population et une partie des troupes vénitiennes cantonnées en ville, lasses de l'arrogance des Français, s’insurgent. L'épisode, connu sous le nom de Pâques véronaises, met les troupes d'occupation sur la défensive, les contraignant à s'enfermer dans les endroits fortifiés de la ville.

Alors que l'interdiction d'entrée des navires de guerre étrangers dans les eaux vénitiennes a été renouvelée, le 20 avril, la frégate française Le Libérateur d'Italie tente de forcer l'entrée du port du Lido pour tester ses défenses. En réponse, la puissante artillerie du fort de Sant'Andrea détruit le navire, tuant son commandant. Les Vénitiens n'exploitent pas l'avantage temporaire que leur donne cet incident et, toujours dans l'espoir d'éviter un conflit ouvert, refusent de mobiliser l'armée et d'envoyer des renforts à Vérone qui, le 24 avril est contrainte de se rendre.

Le 25 avril, jour de la saint Marc, devant les émissaires vénitiens consternés qui sont arrivés à Graz, Bonaparte, affirmant avoir quatre-vingt mille hommes en armes et vingt canonnières prêtes à renverser Venise, menace: « Je ne veux plus d'Inquisition, je ne veux pas de Sénat, je serai l'Attila de l'État vénitien. ».Le général en profite pour accuser Venise d'avoir refusé ses propositions d'alliance, afin de reprendre les villes rebelles dans le seul but de pouvoir garder ses hommes en armes et pouvoir ainsi couper la retraite des Français en cas de défaite.

Les jours suivants, l'armée française procède à l'occupation définitive des possessions continentales de Venise, arrivant au bord de la lagune. Le 30 avril, une lettre de Bonaparte informe la Seigneurie de l'intention du général de changer la forme de gouvernement de la République, tout en proposant de maintenir sa substance. L'ultimatum accordé est de quatre jours.

Malgré toutes les tentatives de conciliation, le 2 mai, la France déclare la guerre à Venise, alors même que la veille, Bonaparte a été informé de l'intention vénitienne de réviser l'ordre constitutionnel dans un sens plus démocratique. Le 3 mai, Venise révoque l'ordre de mobilisation de ses troupes dalmates. Le 4 mai, dans une énième tentative d'apaisement de Napoléon le 4 mai, le Grand Conseil délibére sur l'acceptation des demandes françaises : par 704 voix pour, 12 contre et 26 abstentions, il consent à l'arrestation du commandant du fort de Sant'Andrea di Lio, responsable du naufrage du Libérateur d'Italie et des trois Inquisiteurs d'État, un pouvoir judiciaire particulièrement visé par les révolutionnaires comme garant suprême du système oligarchique vénitien.

Le 8 mai, malgré l'avis du conseiller ducal Francesco Pesaro qui l’exhorte à fuir vers Zadar, place vénitienne encore sûre, le Doge se déclare prêt à remettre ses insignes entre les mains des chefs jacobins, invitant tous les magistrats à la même démarche. Venise conservait pourtant une flotte puissante et des possessions fidèles en Istrie et en Dalmatie, ainsi que les défenses intactes de la ville et de la lagune. Mais la noblesse est paralysée par la peur d'un soulèvement populaire. L'ordre est donné de démobiliser les troupes de marine présentes en ville. Francesco Pesaro échappe de justesse à l'arrestation, ordonnée pour complaire à l'occupant, et quitte Venise.

12 mai 1797: chute de la République

Au matin du 12 mai, au milieu des rumeurs de complots et d'une attaque française imminente, le Grand Conseil de la République se réunit pour la dernière fois. Sont présents 537 des mille deux cents patriciens ayant droit à y siéger. Malgré l'absence de quorum, le Doge, Ludovico Manin, ouvre la séance et expose la situation. Les demandes françaises, apportées par certains Jacobins vénitiens, sont ensuite présentées. Elles prévoient l'abdication du gouvernement en faveur d'une municipalité provisoire, la plantation d'un arbre de la liberté sur la place Saint-Marc, le débarquement d'un contingent de 4000 soldats français et la remise des magistrats qui ont soutenu l'hypothèse de la résistance. Venant de la place, le fracas des salves de mousqueterie tirées par les troupes de marine (les schiavoni, ou esclavons, mercenaires dalmates employés dans la marine vénitienne) qui quittent la ville, en hommage à saint Marc, font trembler l'assemblée qui imagine qu'une révolte vient d'éclater. On procède donc immédiatement au vote : par 512 voix pour, 5 abstentions et 20 contre, la République de Venise est déclarée caduque. L'administration de l'État est confiée à une municipalité de soixante membres, jacobins et patriciens réformateurs. Pendant que le conseil se disperse en hâte, le Doge et les magistrats déposent leurs enseignes. Puis ils se présentent au balcon du Palais des Doges pour faire l'annonce à la foule rassemblée sur la place en contrebas.

À la lecture du décret de dissolution, le peuple se soulève. Mais au lieu de célébrer la révolution, les Vénitiens, aux cris de « Viva San Marco! » et « Viva la Repubblica ! », hissent le drapeau de saint Marc en haut des mats de la place, et tentent de restaurer le Doge, attaquant les maisons et les biens des Jacobins vénitiens les plus en vue. Les magistrats tentent de rétablir l'ordre, craignant de devoir répondre de l'émeute aux occupants français. Vers le soir, des patrouilles armées et le positionnement de l'artillerie sur le Rialto ramènent l'ordre dans la ville[3].

Le vote du Grand Conseil signe la chute du régime aristocratique et met fin à l'intégrité et à l'indépendance de l'État, réduit à une municipalité sans autre soutien que celui des troupes françaises. En outre, cette municipalité n'est en rien différente de celles qui vont naître en Vénétie dans les mois qui suivent. Héritière de la Sérénissime, elle reprend à son compte l'animosité des villes de terre Ferme à son encontre, achevant de défaire l'unité territoriale de la Sérénissime. Venise cesse d'être un État pour devenir une ville comme les autres[3].

L'occupation française

Derniers actes du Prince sérénissime

Le balcon du palais ducal de Venise d'où l'abdication du Grand conseil et la fin de la sérénissime République furent annoncées à la population le 12 mai 1797.
Le drapeau, portant le lion de saint Marc, hissé par la population vénitienne brièvement soulevée en défense de la défunte république.

Le matin du 13 mai, toujours au nom du Prince sérénissime et sous les armoiries habituelles de saint Marc, trois proclamations sont émises, menaçant de mort quiconque oserait se révolter, exigeant le retour des fruits du pillage aux Procuraties et reconnaissant les chefs jacobins comme ayant bien mérité de la patrie. Le dernier jour de l'armistice accordé par Napoléon expirant le lendemain, et les Français étant prêts à forcer l'entrée dans la ville, on accepte finalement de leur envoyer les bateaux nécessaires au transport de quatre mille hommes, dont mille deux cents à destination de Venise et du reste aux îles et forteresses alentour.

Le 15 mai, le Doge quitte le palais des Doges pour toujours pour se retirer dans la résidence de sa famille, annonçant dans le dernier décret de l'ancien gouvernement l’instauration d'une municipalité provisoire qui prend le pouvoir le lendemain, 16 mai 1797.

L'institution de la municipalité provisoire

La municipalité provisoire s'installe dans le palais des Doges, dans la salle qui avait été celle du Grand Conseil. Le 16 mai, elle émet une proclamation annonçant l'ordre nouveau : « Le gouvernement vénitien souhaitant donner un dernier degré de perfection au système républicain qui a façonné la gloire de ce pays depuis plusieurs siècles, et faire en sorte que les citoyens de cette capitale jouissent de plus en plus d'une liberté qui assurera subitement la religion, les individus et propriétés, et désireux de rappeler les habitants de la terraferma à leur patrie qui s'en sont détachés, et qui conservent néanmoins leur ancien attachement pour leurs frères de la capitale, persuadé, en outre, que l'intention du gouvernement Français pour accroître la puissance et le bonheur du peuple vénitien, en associant son sort à celui des peuples libres d'Italie, annonce solennellement à toute l'Europe, et en particulier au peuple vénitien, la réforme libre et franche qu'il jugeait nécessaire, la constitution de la république. Les nobles seuls ont été admis à l'administration d'État par le droit d'aînesse, ces nobles eux-mêmes renoncent volontairement à ce droit, de sorte que les plus méritants de toute la nation soient admis à l'emploi public à l'avenir. [...] Le dernier vœu des nobles vénitiens, faisant le glorieux sacrifice de leurs titres, est de voir tous les enfants du pays une fois égaux et libres, jouir, au sein de la fraternité, des bienfaits de la démocratie et d'honorer, par le respect des lois, le titre le plus sacré qu'ils ont acquis de citoyens » (Proclamation de la municipalité provisoire de Venise du 16 mai 1797).

Le même jour, une paix humiliante est signée à Milan et, à la demande de la municipalité, conformément aux articles du traité, les Français entrent dans la ville : ce sont les premières troupes étrangères à y mettre le pied depuis la naissance de Venise.

Dans le même temps, les provinces commencent à se rebeller contre l'autorité de la municipalité de Venise, essayant d'établir leurs propres gouvernements, tandis que la hausse de la dette publique, qui n'est plus soutenue par les revenus des domaines, la suspension des paiements des banques et d'autres mesures fiscales, attisent l'impatience de la population.

Le 4 juin, sur la piazza San Marco, l'arbre de la Liberté est planté : lors de la cérémonie, la bannière de la République de Venise est déchirée et le livre d'or de la noblesse est brûlé, tandis qu'est dévoilé le nouveau symbole du lion ailé portant la devise DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN. Le 29 juin, Bergame et Crema sont définitivement annexées à la République Cisalpine naissante.

Un mois plus tard (11 juillet), le ghetto de Venise est supprimé et la liberté de mouvement est accordée aux Juifs.

La perte du stato da mar

Le 13 juin, les Français, craignant que la municipalité ne soit pas en mesure de garder le contrôle de Corfou, quittent Venise avec une flotte, dans l'intention de déposer le Provveditore generale da Mar, qui dirige toujours les provinces d'outre-mer, et d'établir un gouvernement démocratique. Le 27 juin, une municipalité temporaire des îles Ioniennes est créée.

Pendant ce temps, en Istrie et en Dalmatie, les magistrats et les nobles ont refusé de reconnaître le nouveau gouvernement. La flotte qui avait ramené de Venise les troupes de marine reste au mouillage sans aucune intention de retourner dans la lagune, ni d'imposer le nouvel ordre municipal. À Trogir, les biens des pro-révolutionnaires sont pillés, tandis qu'à Sibenik, le consul de France lui-même est assassiné. La révélation des clauses négociées à Leoben pousse la population à appeler de ses vœux une occupation rapide par les Autrichiens. Le 1er juillet, les impériaux sont entrés à Zadar, accueillis par des cloches et des vivats. Les enseignes de saint Marc sont portées en procession dans la cathédrale pour recevoir l'hommage de la population. À Perasto, une ville qui s'honorait du titre de fidèle Gonfalonier, la bannière est enfouie symboliquement sous le maître-autel.

La côte istriano-dalmate passe rapidement sous le contrôle de l'Autriche, suscitant les vaines protestations de la municipalité provisoire.

La Terreur à Venise

Le 22 juillet, le Comité de salut public, organe de la municipalité de Venise, se plaignant de la situation politique difficile de la ville, institue une giunta criminale chargée de réprimer les dissidents et décrète la peine de mort pour quiconque prononce l'ancienne devise « Viva san Marco ! ». Il est interdit de circuler sans laissez-passer. Le 12 octobre, la municipalité annonce la découverte d'un complot contre le gouvernement, incitant le général Balland, commandant militaire français de la ville, à décréter l'état de siège, à procéder à des arrestations et à demander que des otages lui soient livrés.

Le traité de Campo-Formio et la fin de l'indépendance

La signature du traité austro-français

Villa Manin, ou fut signé le traité de Campo-Formio.
Les chevaux de bronze de la Basilique Saint-Marc, emportés à Paris par les Français, ne seront restitués à Venise qu'en 1815.

Après le coup d'État du 18 fructidor an V (4 septembre 1797), l'aile dure prend le contrôle de la France, faisant pression pour la reprise des hostilités avec l'Autriche. Le 29 septembre, un ordre du Directoire est envoyé à Bonaparte, lui ordonnant d'annuler les accords de Leoben et lançant un ultimatum à l'Empire, pour ne pas lui laisser la possibilité de reprendre le contrôle de la péninsule. Le général, cependant, ignorant les directives de Paris, poursuit les négociations de paix avec les Habsbourg.

Pendant ce temps, face à l'accélération des bouleversements politiques et au risque que les dispositions de Leoben soient mises en œuvre, les villes de terraferma acceptent de participer à une conférence à Venise, pour décider du sort commun des ex-territoires de la Sérénissime. L'union avec la République Cisalpine est décidée, mais les Français ne donnent pas suite au choix de la population.

La dernière rencontre entre Français et Autrichiens se tient le 16 octobre à Passariano di Codroipo, dans une propriété appartenant au Doge. Le 17 octobre 1797, le traité de Campo-Formio est signé. Ainsi, conformément aux clauses secrètes de Leoben, les territoires de la République de Venise, qui avaient survécu sous le gouvernement de la municipalité provisoire, sont remis à l'Autriche. Les municipalités provisoires jacobines installées par les Français cessent d'exister.

Le 28 octobre à Venise, le peuple se rassemble par paroisses pour choisir entre l'acceptation des décisions françaises ou la résistance : sur 23 568 électeurs, 10 843 choisissent de se résigner. Alors que la municipalité tente de résister et envoie des émissaires à Paris (ils seront arrêtés à Milan), les agents autrichiens appuyés par le patriciat déchu préparent la voie à l'Autriche.

Le sac de Venise et la remise à l'Autriche

Le 21 novembre, lors des traditionnelles festivités della Salute, les représentants de la municipalité sont publiquement ridiculisés par le peuple et abandonnent le pouvoir. Pendant ce temps, les occupants se livrent au pillage le plus débridé. Sur les 184 navires présents dans l'Arsenal, ceux déjà armés sont envoyés à Toulon, les autres coulés. Les entrepôts de la flotte sont pillés. Afin de ne rien laisser à l'Autriche, les deux mille ouvriers des arsenaux sont licenciés et l'immense chantier est incendié.

Les ordres religieux sont dispersés. Les églises, les couvents et les palais sont pillés, tout comme la Monnaie et le trésor de la basilique Saint-Marc, qui est en partie fondu pour payer les soldats français. Le Bucentaure, le prestigieux navire ducal, est découpé en morceaux et ses sculptures brûlées sur l'île de San Giorgio Maggiore pour faire fondre la feuille d'or qui les recouvrait. Les chevaux de bronze de la basilique Saint-Marc sont amenés à Paris. Certains particuliers sont emprisonnés et contraints de verser une rançon en échange de leur liberté.

Les Noces de Cana, du Véronèse, exposées dans le réfectoire des bénédictins de San Giorgio Maggiore, est coupé en deux pour être envoyé au Louvre. Les œuvres du Tintoret, de Bellini, Tiepolo et bien d'autres n'ont jamais été restituées. Des centaines de lions ailés et de sculptures représentant la République de Venise sont détruits. Environ 30 000 œuvres d'art disparaissent dans le pillage de la ville.

La population réagit aux vexations et au saccage, et des échauffourées éclatent entre les Français et des Vénitiens agitant des drapeaux autrichiens. Le 28 décembre, le pouvoir est repris par le gouvernement militaire français et une junte policière. Le 18 janvier 1798, les troupes autrichiennes entrent à Venise. Elles y resteront jusqu'en 1805.

Suites

Le gouvernement autrichien dure sept ans. Le 18 mars 1805, le traité de Presbourg cède la province vénitienne autrichienne à la France : le 26 mai, Napoléon, récemment devenu empereur des Français, se fait couronner roi d'Italie à Milan, ceignant la couronne de fer. Venise revient ainsi sous contrôle français. Napoléon supprime les ordres religieux et commence de grands travaux dans ce qui va devenir une des capitales de son empire. Une nouvelle aile de ce qui devait être son palais royal est construite sur la Piazza San Marco : l'aile napoléonienne ou Procuratie Nuove. Il fait ouvrir une nouvelle artère, la via Eugenia (renommée via Garibaldi en 1866), du nom du vice-roi d'Italie Eugène de Beauharnais, fils de l'impératrice Joséphine.

En 1808, la Dalmatie est également annexée au royaume napoléonien d'Italie, dirigée jusqu'en 1809 par un Intendant général de Dalmatie. Après le traité de Schönbrunn, elle devient partie intégrante des provinces illyriennes de l'Empire français.

La seconde domination française dure jusqu'à la chute de Napoléon. Le 20 avril 1814, Venise est rendue aux Habsbourg et, avec la chute du Royaume d'Italie le même mois, la ville et toute la Vénétie reviennent à l'Empire d'Autriche, qui incorpore les territoires à son Royaume lombard-vénitien (1815).

Notes et références

  1. L'ultima fase della serenissima - La politica : la fine della Repubblica aristocratica Piero Del Negro, Treccani.
  2. Province de Padoue, Bassano del Grappa, Abano, Este, Polésine, Rovigo, Vérone et sa province, Peschiera del Garda, Vicence et sa province, Asiago, Brescia et sa province, Salò, Lonato, Chiari, Bergame et sa province, Crema et sa province, Marche trévisane et Frioul.
  3. « 12 mai 1797 : la république meurt sans combattre », sur lhistoire.fr, (consulté le )

Annexes

    • Portail de Venise
    • Portail de la Vénétie
    • Portail de la Révolution française
    • Portail du Saint-Empire romain germanique
    • Portail du XVIIIe siècle
    • Portail de l’histoire militaire
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.