Christophe Arciszewski

Krzysztof Arciszewski, armoiries Prawdzic, né le à Rogalin et mort le près de Gdańsk est un général polonais de l'armée de la République des Deux Nations (Pologne-Lituanie), vice-gouverneur et chef de l'armée des Provinces-Unies au Brésil, poète et ethnologue. Il est connu pour ses exploits militaires comme pour ses précieuses notes sur les coutumes des Indiens Tapouïa[1].

Biographie

Fils d'Eliasz Arciszewski et de Helena née Zakrzewska, Krzysztof Arciszewski est né en 1592 dans une famille de protestants, membres de la Petite Église polonaise. Dans sa jeunesse, il sert à la cour de Biržai du hetman du Grand duché de Lituanie Krzysztof Radziwiłł. En 1623, condamné au bannissement et à l'infamie pour avoir fait justice soi-même en tuant Kacper Brzeźnicki, l'avocat véreux de sa famille, il est contraint de quitter la Pologne .

Il part alors pour la Hollande et s'installe à La Haye. C'est probablement à cette époque qu'il se converti au calvinisme auquel il sera jusqu'à la fin de sa vie. Grâce au soutien de son protecteur Krzysztof Radziwiłł, il étudie l'artillerie, le génie militaire et la navigation à l'université de Leyde. Bientôt, il a l'occasion de mettre ses connaissances en pratique pendant la guerre hispano-néerlandaise, l'un des épisodes de la guerre de Trente Ans. À la fin de 1623, il combat sous le commandement du prince Maurice d'Orange et participe au secours de Bréda assiégé.

Fin 1625, Arciszewski se rend incognito en Pologne, puis en France où il étudie l'artillerie à Paris. Sa mission secrète pour l'hetman Radziwiłł à la cour de France, le met en délicatesse avec le roi de Pologne Sigismond III Vasa qui en prend ombrage.

Sa foi protestante ne l'empêche pas de participer au siège de la Rochelle (1627) et de s'emparer de cette forteresse protestante pour le cardinal catholique de Richelieu.

Au Brésil

En novembre 1629, Arciszewski signe un contrat de trois ans et se met au service de la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales. Promu capitaine, il s'embarque avec la puissante flotte de l'amiral Hendrick Lonoque, forte de sept mille hommes, qui part au Nouveau Monde pour s'emparer de la capitainerie de Pernambouc, la partie la plus orientale du Brésil. Le Brésil est alors une colonie portugaise.

Avec ses vastes plantations de canne à sucre et des moulins à sucre, la capitainerie de Pernambouc est la partie la plus riche du Brésil, protégée par dix forts célèbres pour leurs puissantes fortifications. Au début 1630, les 67 navires de la flotte hollandaise atteignent la côte brésilienne et reprennent aux Portugais une à une les îles du delta, puis les villes de Recife [2]. Arciszewski participe à de nombreuses batailles et escarmouches. Il prend d'assaut les forteresses d'Olinda et de Recife. Sous son commandement, les Hollandais s'emparent de l'îlot d'Itamaracá et il est promu au grade de major. En 1633, Arciszewski retourne aux Pays-Bas, où on le promeut au grade de colonel et on le renvoie au Brésil, en tant que l'adjoint du commandant en chef Sigismund von Schkopp.

Les Hollandais s'emparent de Natal et Salvador de Bahia, ce qui les amène à s'assurer la plus grande partie de la production sucrière du Brésil portugais. Il leur faut cependant 25 ans pour vaincre la résistance menée par le général portugais Matias d'Albuquerque[3] et achever leur conquête, au prix de la destruction d'une large partie des moulins à sucre par les Portugais, dont un bon tiers se replient dans le sud[4].

Arciszewski retourne au Brésil en 1634 et se rend célèbre avec la prise de la forteresse d'Arrayal (1635) et de Porto Calvo (1636) et le siège du port de Nazareth[5].

Une carte du Brésil attribuée à Krzysztof Arciszewski

En 1637, Arciszewski devient vice-gouverneur du Brésil hollandais gouverné par le comte Maurice von Nassau-Siegen. Il est également chef des forces militaires néerlandaises dans ce pays. C'est à lui que Rio de Janeiro, Bahia et Pernambouc doivent leurs fortifications[6]. Pour célébrer les succès militaires du Polonais, la Compagnie hollandaise des Indes occidentales lui érige un obélisque et frappe une médaille en son honneur[7].

Rebelle mais juste, Arciszewski critique la corruption et la mauvaise gestion de la colonie brésilienne ce qui irrite le gouverneur Maurice von Nassau-Siegen et oblige Arciszewski à rentrer aux Pays-Bas[8]. Un an plus tard, la mauvaise tournure des événements sur le continent sud-américain incite la Compagnie à envoyer Arciszewski, devenu entre temps général, de nouveau au Brésil. Le gouverneur de Nassau se sent menacé et force le Conseil politique de la colonie à congédier Arciszewski et le renvoyer aux Pays-Bas. La décision du Conseil n'est reconnue par les États généraux (parlement néerlandais), mais l'honneur d'Arciszewski le pousse à demander la démission lui-même.

De retour en Europe et privé de moyens de subsistance, il demande pendant plusieurs années que les autorités de le Compagnie des Indes lavent son nom. Il est réhabilité, entre autres grâce à l'intercession du roi polonais Władysław IV.

Tout au long de son séjour en Amérique, Arciszewski note ses observations sur les tribus indiennes qui combattent du côte des Hollandais. Soucieux du sort de cet ouvrage en cas de sa mort sur le champ de bataille, il l'envoie par bateau à un ami scientifique, Gérard Voss. En 1642, paraît à Amsterdam, l'ouvrage de Voss, De theologia gentili et physiologia christiana sive de origine et progressu idolatriae, dans lequel il cite avec enthousiasme les notes du Polonais.

Arciszewski possède un véritable talent narratif. Les archives de La Haye contiennent des centaines de ses lettres et des rapports dans lesquels il décrit de manière colorée la vie des Indiens Tapuya qui pratiquent le cannibalisme. Puisque ces tribus sont rapidement anéanties, les descriptions d'Arciszewski constituent un matériau unique et précieux pour les scientifiques européens. Il est également l'auteur d'une thèse de médecine, des poèmes et même des portraits. Il réalisé quelques travaux cartographiques.

En Pologne

Le vieux soldat retourne en Pologne en 1648 où le roi Władysław IV le nomme à la tête de l'artillerie du Royaume. Pendant le règne de son successeur Jan Kazimierz, Arciszewski construit des ponts et des fortifications, combat l'armée de Khmelnytsky, défend Lwów, fortifie Zbaraż.

En 1650, à la suite d'un conflit ouvert avec le grand chancelier de la Couronne Jerzy Ossoliński nommé généralissime, Arciszewski démissionne de ses fonctions et se retire de la vie publique.

Les jugements sur Arciszewski sont aujourd'hui partagés. Certains historiens brésiliens considèrent qu'Arciszewski était «un pur conquistador, un troupier capable, mais sauvage» alors que d’autres voient en lui le porte-parole d’une politique humanitaire à l’égard des indigènes, désireux de les élever à un niveau supérieur de la culture[9].

Notes et références

  1. P. C. Emmer et Mireille Cohendy, Les Pays-Bas et la traite des Noirs, p. 33
  2. G. Engelberts Gerrits, Fastes de la marine hollandaise, 460 p. (lire en ligne), p. 286
  3. « L'histoire du Brésil : Le début de la colonisation », sur cosmovisions (consulté le )
  4. Pieter C. Emmer (trad. Mireille Cohendy), Les Pays-Bas et la traite des Noirs (ISBN 2-84586-604-6), p. 35
  5. P. C. Emmer, Les Pays-Bas et la traite des Noirs, , 208 p. (ISBN 978-2-84586-604-1, lire en ligne).
  6. Auguste Baron, Biographie universelle, ancienne et moderne,
  7. Edward Raczyński, Le Médailler de Pologne Ou Collection Des Médailles, Ayant Rapport À L'histoire de Ce Pays Depuis Les Plus Anciennes Jusqu'a Celles Qui Ont Été Frappées Sous Le Régne Du Roi Jean III (1513 - 1696), Asher,
  8. H. Bots and P. E. Leroy, « Le Brésil sous la colonisation néerlandaise Douze lettres de Vincent-Joachim Soler, pasteur à Recife, à André Rivet (1636-1643) », Bulletin de la Société de l'Histoire du Protestantisme Français (1903-2015), vol. 130, octobre-novembre-décembre 1984, p. 556-594
  9. Janusz Tazbir, « La conquête de l'Amérique à la lumière de l'opinion polonaise », sur Repozytorium Cyfrowe Instytutów Naukowych, rcin.org.pl

Voir aussi

Liens externes

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