Chiquinha Gonzaga

Francisca Edwiges Neves Gonzaga, appelée plus couramment Chiquinha Gonzaga (Rio de Janeiro, État de Rio de Janeiro, - Rio de Janeiro, État de Rio de Janeiro, ) fut une compositrice brésilienne et pianiste, la première femme chef d'orchestre du Brésil[1].

Pour le feuilleton télévisé, voir Chiquinha Gonzaga (série télévisée).

Elle est fut la première pianiste de choro et autrice de la première marche carnavalesque, Ó Abre Alas (1899)[1]. Ses œuvres théâtrales, comme les opérettes Forrobodó et Juriti remportèrent un grand succès auprès du public parce qu'elle utilisait des éléments de la culture populaire brésilienne de l'époque.

Dans le Passeio Público de Rio de Janeiro, il y a un hermès créé en son honneur par le sculpteur Honorius Peçanha. En a été promulgué au Brésil la loi 12 624 qui a établi la Journée Nationale de la Musique Populaire Brésilienne, célébrée le jour de son anniversaire.

Hermès en l'honneur de Chiquinha Gonzaga

Biographie

Enfance et adolescence

Fille naturelle de Rose Maria de Lime, Chiquinha Gonzaga naquit le [1]. Son parrain était Luís Alves de Lima e Silva, Duc de Caxias.

Pour sa mère, femme métisse et pauvre, la naissance de Francisca fut un moment très difficile, en partie à cause du risque que son époux ne reconnaisse pas la paternité de sa fille. En effet, José Basileu, militaire à la carrière prometteuse, originaire d'une famille aisée, a souffert de la pression de ses parents, qui étaient contre son union avec Rose. Malgré tous ces désaccords, il a accepté l'enfant comme sa fille[1].

Comme toutes les filles de militaires du XIXe siècle, Chiquinha Gonzaga a été très bien instruite. Son père, très sévère avec son éducation, a préparé pour elle un avenir prometteur : un bon mariage qui l’élèverait au rang de « dame ». Elle a donc appris à lire et à écrire, faire des comptes et, principalement, jouer du piano. Dès lors, la musique deviendra son unique but dans la vie. À l'âge de 11 ans, elle composa sa première œuvre musicale, Canção dos Pastores, composé pour la nuit de Noël 1858.

Il faut savoir qu'au Brésil de la fin du XIXe siècle, les femmes étaient souvent réduites quasiment au rôle d'esclave ; peu d'entre elles osaient défier leurs parents et maris ; quand cela se produisait, elles étaient rapidement envoyées dans des maisons de correction et des couvents.

Mais depuis 1808, avec l'arrivée de la Famille Royale au Brésil (le roi Jean VI de Portugal en tête), les femmes ont commencé à circuler plus dans les rues, à danser dans des réceptions, à venir à des soirées, au théâtre et à l'opéra.

Le Rio de Janeiro de ces temps-là se transformait déjà en un centre métropolitain, au fur et à mesure que grandissaient les exigences du commerce extérieur. Les modes et la consommation se modifiaient. Le port de Rio de Janeiro était devenu le centre financier et commercial de l'Empire, où se négociaient café, esclaves et marchandises étrangères qui fascinaient les nouveaux consommateurs. La ville avait maintenant l'apparence d'une cité européenne. Même avec tous ces changements sociaux, les mœurs n'avaient pas tellement évolués. Pour la jeune Chiquinha Gonzaga, rien n'avait changé, elle obéissait toujours aux ordres de son père.

Mariage et famille

Chiquinha Gonzaga âgée de 78 ans.

À 16 ans, en 1863, Chiquinha Gonzaga est contrainte de se marier avec Jacinto Ribeiro do Amaral, jeune garçon de 24 ans, officier de la Marine impériale[1]. Ne pouvant supporter la prison du navire où son mari sert (il passait plus de temps à travailler qu'avec sa famille), ses ordres et les humiliations subies pour que Chiquinha Gonzaga ne joue pas la musique, elle se sépare de lui et initie le divorce légal, ce qui fut un scandale à l'époque. Elle prend avec elle son fils aîné, João Gualberto (né en 1864). Le mari, cependant, n'a pas permis que Chiquinha Gonzaga garde ses enfants plus jeunes : sa fille, Maria do Patrocínio (née en 1865) et son autre fils, Hilário (né en 1867). Après avoir quitté son mari, Chiquinha Gonzaga a été "déclaré morte et de nom imprononçable" par son père[1].

En 1870, Chiquinha Gonzaga va habiter en Minas Gerais avec l'ingénieur João Batista de Carvalho, avec qui elle a eu une fille, Maria Alice (née en 1876). Elle a vécu de nombreuses années avec lui, mais Chiquinha Gonzaga n'acceptant pas les trahisons extra-conjugales, se sépare, et encore une fois perd une fille. João Batista de Carvalho n'a pas laissé Chiquinha Gonzaga garder Maria Alice.

En 1876, Chiquinha Gonzaga, à 29 ans, habite à Rio de Janeiro avec son fils aîné, João Gualberto, pour travailler comme musicienne indépendante et initier avec succès sa carrière en tant que pianiste et compositrice.

En 1899, après plusieurs décennies concentrées dans sa musique, Chiquinha Gonzaga rencontre João Batista Fernandes Lage, un jeune homme plein de vie et talentueux apprenti musicien. Ils deviennent amoureux mais la différence d'âge était trop grande et causerait plus de préjugés et de la souffrance dans la vie de Chiquinha Gonzaga[1]. Elle était âgée de 52 ans et Jean-Baptiste, seulement 16 ans. Chiquinha Gonzaga a du l'adopter comme un fils, pour pouvoir vivre ce grand amour. Cette décision a été prise pour éviter les scandales en ce qui concerne leurs enfants et la société de l'époque, et pour ne pas affecter sa brillante carrière. Pour cette raison également, Chiquinha Gonzaga et João Batista, déménagent à Lisbonne au Portugal, où ils ont vécu plusieurs années loin des connaissances du Rio de Janeiro. Les enfants de Chiquinha Gonzaga d'abord n'ont pas accepté le couple, mais ils ont vite compris l'importance de João Batista pour la musique et la vie de Chiquinha Gonzaga .

Après quelques années, le couple retourne au Brésil sans éveiller les soupçons de vivre comme mari et femme. Chiquinha Gonzaga n'a jamais avoué publiquement sa relation avec João Batista, ce qui a été découvert seulement après sa mort, à travers des lettres et des photos du couple. Elle est morte à côté de João Batista Fernandes, son meilleur ami, partenaire et fidèle compagnon, son grand amour, en 1935, pendant le début d'un nouveau Carnaval. Elle fut enterré dans le cimetière de São Francisco de Paula, quartier du Catumbi, à Rio de Janeiro.

Carrière

Après sa séparation d'avec son mari, Chiquinha Gonzaga s'emploie à vivre en tant que musicienne indépendante, jouant du piano dans les magasins d'instruments de musique. Elle donne des leçons de piano pour soutenir son fils João Gualberto, souffrant du préjugé de la société contre les enfants naturels élevés sans leur père. Elle se consacre entièrement à la musique, et devient très connue en tant que compositrice de polkas, valses, tangos et chansonnettes. Chiquinha Gonzaga commence à participer à des bals et des « Chorões » (réunions), normalement réservées aux hommes, où elle rencontre le flûtiste Joaquim Antônio da Silva Callado et commence à jouer dans son groupe, O Choro do Calado, en tant que première femme de la formation.

La nécessité d'ajuster le son du piano au goût populaire vaut à Chiquinha Gonzaga la gloire de devenir la première compositrice populaire du Brésil. Le succès commence en 1877 avec la polka Atraente, « composée au piano, comme une improvisation, au cours d'une réunion 'choro' ». Devant le succès de sa première composition imprimée, elle décide de se jeter dans le vaudeville et la revue[1]. Elle fait ses débuts en composant l'opérette costumée A Corte na Roça en 1885. En 1911, son plus grand succès dans le théâtre : l'opérette Forrobodó, atteint 1 500 présentations sans arrêts après la première - à ce jour la meilleure performance de son genre au Brésil. Vers 1900, Chiquinha Gonzaga rencontre l'artiste irrévérencieuse Nair de Tefé von Hoonholtz, la première femme caricaturiste au monde, une femme bohème mais de famille noble, avec qui elle se lie d'amitié. Chiquinha Gonzaga voyage à travers l'Europe entre 1902 et 1910, devenant spécialement connue au Portugal, où elle écrit des chansons pour divers auteurs. Peu après son retour d'Europe, son amie Nair Tefé épouse le président de la République Hermes Rodrigues da Fonseca, devenant la première dame du Brésil. Chiquinha Gonzaga est invitée par Nair de Tefé à quelques soirées au Palace du Catete, le palais présidentiel, même contre la volonté de la famille Nair. À cette époque, Chiquinha Gonzaga était déjà célèbre mais très critiquée par la société masculine de son temps.

Une fois, en 1914, pendant la première de « Corta Jaca » au palais présidentiel, la première dame Nair de Tefé accompagne Chiquinha à la guitare, jouant un air composé par la pianiste. Cet épisode fut considéré comme un scandale à l'époque, avec une critique de la part du gouvernement et des commentaires sonores sont faits sur les « scandales » dans le palais, pour la promotion et la diffusion de la musique dont les origines étaient les danses vulgaires, selon la conception de l'élite sociale aristocratique. Jouer de la musique populaire dans le palais du Gouvernement brésilien était considéré à l'époque comme une violation du protocole, ce qui a provoqué la controverse dans les échelons supérieurs de la société et des politiciens. Après la fin du mandat présidentiel, Hermes da Fonseca et Nair de Tefé déménagent en France. En raison de cet épisode, Chiquinha Gonzaga et Nair de Tefé finissent par perdre contact.

En 1934, à 87 ans, elle écrit sa dernière composition, l'opéra Maria. Elle a été la compositrice de la partition de la célèbre opérette Juriti, avec Viriato Corrêa.

Chiquinha Gonzaga est également la fondatrice de la Société brésilienne des auteurs de théâtre[1]. À la fin de sa vie, elle a composé la musique pour 77 pièces de théâtre et a été l'autrice d'environ deux mille compositions dans différents genres: valses, polkas, tangos, lundus, matchiches, Fado, quadrilles, mazurkas, choros et des sérénades.

Engagement civique

Ayant souffert de sa condition d'enfant naturel et de plusieurs injustices dans sa vie, Chiquinha Gonzaga a été en réaction une citoyenne très active et impliquée dans quantité de mouvements sociaux de son époque au Brésil, comme l'abolition de l'esclavage[1], avec la Loi d'Or de 1888, et la proclamation de la République en 1889. Dans de nombreuses occasions, elle a occupé une position de leader des mouvements suffragistes.

Notes et références

  1. « Chiquinha Gonzaga, la compositrice brésilienne qui défiait les conventions », sur ICI Radio-Canada Première, (consulté le )

Liens externes

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