Guitare classique

La guitare classique, également appelée guitare espagnole, est un instrument de musique de la famille des cordes pincées.

Guitare classique

Vue latérale et frontale d'une guitare classique.

Variantes historiques
Classification Instrument à cordes
Famille Instrument à cordes pincées
Tessiture
Œuvres principales Compositions pour guitare
Instrumentistes bien connus Liste de guitaristes classiques
Facteurs bien connus Liste de fabricants de guitares
Articles connexes Techniques de jeu pour guitare

Plutôt jouée et connue comme instrument solo à cause de sa puissance sonore relativement modeste, la guitare classique a été également utilisée en instrument soliste ou d'orchestre par de nombreux compositeurs classiques tels que Giuliani, Mahler, Rodrigo, Villa-Lobos. Cet instrument populaire aux innombrables possibilités d'expression est exploité par de nombreux et différents styles de musiques dans le monde.

De nombreuses déclinaisons de la guitare classique ont vu le jour au XXe siècle — les guitares d'accompagnement et folk, les guitares de jazz, les guitares électriques — et ont permis d'étendre les possibilités et les styles de musique de cet instrument, actuellement le plus répandu, sous ses différentes formes, avec le piano.

La guitare classique est normalement jouée sans amplification.

Sa forme actuelle est l'évolution de la « guitare romantique » à 6 cordes simples apparue à la fin du XVIIIe siècle prenant la suite de la guitare baroque qui comportait des cordes doubles (également nommées « chœurs »). La guitare romantique à faible sonorité est remplacée par le modèle actuel à accord inchangé à caisse de résonance plus volumineuse mis au point par le luthier Antonio de Torres vers 1870-1880.

La conception de base très simple de la guitare classique, qui permet des prix très bon marché, de l’ordre 100 € pour une guitare d'étude d'entrée de gamme, (mais jusqu'à plus de 10 000 € pour celles réalisées par les luthiers les plus prestigieux), est certainement une des raisons du succès de l’instrument.

Description

Éléments d'une guitare classique.

Ses caractéristiques sont les suivantes :

  • c'est un instrument acoustique à cordes pincées dont le son est amplifié par une caisse de résonance ;
  • c'est un instrument très ancien dont les origines remontent à la plus haute Antiquité (le mot guitare pourrait provenir du mot perse kitar), dont la forme et les dimensions ont évolué au cours des siècles, de la guitare renaissance, baroque puis romantique jusqu'à la guitare classique moderne, créée par Antonio de Torres, grand luthier espagnol du XIXe siècle, qui reste le standard actuel ;
  • la guitare classique est constituée d'une caisse de résonance faite d'une table d'harmonie en bois tendre (épicéa ou cèdre en général), d'éclisses et d'un fond en bois dur (palissandre, acajou, érable...) et d'un manche (en acajou ou cèdre) portant une touche (en palissandre ou ébène) frettée. Sur les instruments de qualité, les bois sont massifs et le choix des essences utilisées et des différents paramètres de construction a un fort impact sur la sonorité. Sur les instruments de bas de gamme, la caisse de résonance voire la table d'harmonie peut être en contreplaqué, et leur construction est standardisée pour une production de masse ;
  • en général, elle possède six cordes nouées sur un chevalet collé sur la table d'harmonie, le plus souvent accordées, du grave à l’aigu, mi-la-ré-sol-si-mi[1]. Cependant, certaines guitares classiques ont sept cordes ou plus, jusqu'à 11, afin d'en élargir la tessiture vers les notes basses et renforcer les harmoniques ce qui permet de jouer un répertoire plus étendu, œuvres pour luth et compositions contemporaines. Enfin, mentionnons que le luthier espagnol Ignacio Fleta a fabriqué en 1957 une guitare classique (donc pourvue de cordes en nylon) à 12 cordes organisées en 6 chœurs doubles [2], fait assez rare pour être souligné (les guitares à 12 cordes sont quasi toujours des instruments de type "folk" montés de cordes en métal, ou des guitares électriques).
  • à l'origine, les cordes étaient fabriquées à partir de catgut (dérivé de l'intestin de mouton, en dépit du nom), mais de nos jours elles utilisent le nylon, par opposition aux cordes en métal trouvées sur la plupart des autres guitares. Ces cordes ont une tension bien moindre par rapport aux cordes d'acier, ce qui autorise des manches entièrement faits en bois. Les trois cordes inférieures (dites « cordes basses ») sont cependant filées avec du métal, généralement de l'argent ou du nickel ;
  • son manche est plus large que celui des guitares possédant des cordes en acier, ce qui facilite les phrasés complexes mais peut exiger une position plus difficile pour la main gauche (de la main droite pour une guitare de gaucher). Le manche possède généralement 18 ou 19 barres (également nommées frettes), soit 18 ou 19 cases (chacune entre deux frettes), qui réduisent la longueur des cordes, par pression d'un doigt de la main gauche, et d'aller de demi ton en demi ton. Chaque corde peut donc produire en principe 19 ou 20 notes de la gamme chromatique (en d'autres termes notes de la gamme diatonique et altérations) : corde à vide + les 18 ou 19 longueurs possibles de la corde par pression de la main gauche, auxquelles s'ajoutent les harmoniques. En pratique, les 2 ou 3 cases extrêmes (les notes les plus aiguës) sont peu utilisées.

Ambitus de la guitare classique

Ambitus avec un accordage classique et sans tenir compte des harmoniques, sachant que les partitions pour guitare sont écrites en clé de sol transposées d'une octave dans le grave.

Tessiture de la guitare classique, indiquée sur une portée.
Ambitus de la guitare classique (info)
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De nombreux morceaux nécessitent d'accorder la sixième corde en ré (au lieu de mi), en la détendant, ce qui étend l'ambitus d'un ton dans le grave.

Par ailleurs, il existe des guitares à cordes supplémentaires, de 7 à 11 cordes, étendant l'ambitus de l'instrument, généralement dans le grave, ce qui permet, notamment, de jouer des pièces écrites pour luth de l'époque baroque dans leur tessiture d'origine ou des compositions contemporaines écrites spécifiquement pour ces instruments.

Technique de jeu

Position

La position encore courante aujourd'hui a été précisée à la fin du XIXe siècle par Francisco Tarrega, grand guitariste espagnol : position assise, le pied gauche sur un trépied, guitare posée sur la cuisse gauche, position de la main gauche permettant de presser les cordes entre le pouce, derrière le manche, et un des quatre autres doigt avec le maximum de force. La main droite est positionnée de façon à attaquer perpendiculairement les cordes.

Main gauche

Pour produire le son, les cordes sont appuyées avec les doigts de la main gauche (droite pour une guitare de gaucher) placées dans la case entre deux frettes avant d'être mises en vibration par une attaque de la main droite (gauche pour une guitare de gaucher)

Le guitariste bénéficie de hauteurs de son préparées dans les cases, ce qui est une facilité par rapport aux instrumentistes à cordes frottées sans frettes qui doivent fixer avec précision la position du doigt pour la justesse de chaque note. La technique de la main gauche présente cependant d'autres difficultés pour le guitariste, particulièrement dans les pièces complexes à plusieurs voix distinctes simultanées, jusqu'à quatre, se développant en une polyphonie élaborée qui ne se limite pas à une succession d'accords. De plus, sauf dans les pièces faciles où les débutants restent en première position ou dans des positions proches du haut du manche, la main gauche est amenée à se déplacer sur la longueur du manche (comme sur les instruments à archet) pour passer du registre grave à l'aigu en s'approchant de la rosace. Des extensions, grands écarts entre deux doigts ou sur l'ensemble de la main entre l'index et l'auriculaire, qui exigent une certaine force, sont souvent nécessaires pour certains accords. La technique du barré consiste à plaquer plusieurs cordes par un doigt sur une même case ce qui permet de produire plusieurs notes par un seul doigt (les barrés sont pratiqués sur les 4 doigts de l'index à l'auriculaire). Le pouce qui ne pourrait servir que sur la corde grave de mi n'est normalement pas utilisé car cet usage, par ailleurs d'un intérêt limité, nuirait à la souplesse de la main.

Main droite

On peut se limiter à un jeu mélodique (notes uniques successives) ou à l'opposé à une succession d'accords mais la pratique de la guitare classique, comme celle du luth (et bien entendu celle des instruments à clavier ou de la harpe) est une polyphonie plus élaborée dans laquelle plusieurs cordes séparées sont pincées simultanément par différents doigts de la main droite. La pratique des études des compositeurs classiques, particulièrement celles de Sor et de Tarrega, permet d'acquérir et de développer cette compétence.

Les techniques d'attaque de la corde sont multiples : pincé, piqué, brossé ou buté.

La plupart des guitaristes utilisent leurs ongles longs à la main droite (gauche pour une guitare de gaucher), soigneusement taillés et polis. Certains préfèrent cependant jouer sans ongle, en attaquant les cordes directement avec la pulpe du doigt. Cette dernière technique donne un son moins puissant mais plus rond et donc moins sec; elle permet en outre d'éviter l'entretien très fastidieux des ongles de la main droite. Ainsi Fernando Sor, un des meilleurs guitaristes de son époque jouait sans ongles mais le musicologue Fétis qui reconnaissait la qualité musicale de ses compositions lui reprochait sa faible sonorité. Francisco Tarrega, qui a jeté les bases de la technique actuelle, a fini par jouer sans ongles à partir de 1902. Son disciple, Emilio Pujol, l'un des grands guitaristes, et sans doute le plus grand pédagogue du XXe siècle jouait sans ongle.

Harmoniques

Les harmoniques ne font pas partie de la technique de base de la guitare mais sont plutôt un effet particulier qui était connu des guitaristes de l'époque romantique.

La manière la plus simple de produire les harmoniques consiste à effleurer d'un doigt de la main gauche une frette d'une corde à vide, la 12ème pour produire l'octave au-dessus du son de cette corde, la 7ème pour produire un son d'une douzième (soit une octave et une quinte) au-dessus et de la pincer par un doigt de la main droite. Il est préférable de retirer le doigt qui effleure la frette immédiatement après l'attaque laissant la corde continuer à vibrer en harmonique et s'éteindre progressivement. La 5ème frette peut également être utilisée mais les harmoniques sonnent plus difficilement.

Une autre technique consiste à appuyer un doigt de la main gauche sur une case (comme pour produire un note normale), d'effleurer avec l'index de la main droite la frette à l'octave de la note de la main gauche (12ème frette à partir de la case du doigt de la main gauche), de pincer la corde par le pouce de la main droite et de retirer le doigt qui effleure la frette pour laisser sonner la corde ce qui produit un son d'une octave au-dessus de celui de la note sans harmonique. Cette deuxième technique, contrairement à la précédente limitée aux harmoniques cordes à vide, permet de produire les harmoniques de toutes les notes de la gamme chromatique. On peut produire plusieurs notes harmoniques simultanément par l'action de plusieurs doigts (deux au maximum par la deuxième technique).

Variété des sonorités

En modifiant la façon d'attaquer les cordes par la main droite, il est possible de produire une vaste palette de sonorités, d'une grande douceur jusqu'à des pizzicatos, des pizzicatos stridents et des sons particulièrement claquants. La force relative de l'attaque permet également une certaine dynamique bien que les nuances forte et fortissimo soient difficiles ou désagréables, la guitare classique restant un instrument discret contrairement aux guitares amplifiées.

Il est possible aussi de produire des harmoniques, des effets de "campanella" (même note jouée successivement sur deux cordes différentes, donc avec des timbres différents et une résonance particulière), de tambourin, de vibratos discrets par oscillations des doigts de la main gauche.

Le mode détaché est le plus habituel mais des legatos peuvent être produits sur une même corde en attaquant d'un doigt de la main droite uniquement la première note (corde à vide ou appui d'un doigt sur une case du manche), en positionnant ensuite le doigt de la main gauche sur la deuxième note (ou retour sur la corde à vide), éventuellement encore sur une troisième note, sans attaque de la main droite. Cette technique permet d'exécuter des ornements. Ceux limités à une seule note ajoutée à la note principale tels que des appogiatures sont bien rendus, une deuxième rapide (3 notes sur une seule attaque de la main droite) est encore acceptable mais les trilles sonnent moins bien car ceux-ci nécessitent plusieurs attaques de la main droite. En effet, si une corde peut résonner un certain temps sur une même note, encore plus sur une corde à vide, l'extinction du son est fortement accélérée par une deuxième note sans attaque de la main droite et d'autant plus avec une troisième note. Des successions de notes liées deux par deux avec des attaques délicates et en jouant sur les résonances peuvent cependant donner l'illusion de passages liés. Ces legatos ne peuvent être exécutés que dans des passages rapides à cause de cette extinction rapide du son et n'ont pas l'égalité, ni la fluidité de ceux produits par les instruments à son entretenu (à cordes frottées ou vent) mais sont un des effets particuliers qui distinguent la guitare du clavecin.

Claude Debussy qualifiait la guitare de « clavecin expressif »[3].

On peut choisir de laisser sonner une ou plusieurs cordes (sur une même note la résonance se prolonge un certain temps) ou d'éteindre le son par un appui délicat d'un doigt sur la corde vibrante pour limiter la durée de la note correspondante et respecter la polyphonie.

Cette variété sonore est probablement une des raisons du succès de la guitare.

Répertoire

Guitare romantique vers 1838

Son répertoire, s'il n'approche pas l'immense ampleur de celui du piano, est cependant très vaste et varié et se développe, non seulement par des compositions originales, mais également par de nouvelles transcriptions.

Il comprend des musiques de diverses époques :

  • Renaissance (XVIe siècle) : transcriptions de pièces pour luth très proches des compositions originales, le luth Renaissance ayant un ambitus équivalent. En abaissant la corde de sol de la guitare d'un demi-ton (au fa #), on retrouve l'accord du luth de cette époque.
  • époque baroque (fin XVIIe siècle, première moitié du XVIIIe siècle) : pièces pour guitare baroque de Gaspar Sanz, de Robert de Visée) ou pour luth (de Bach, de Weiss) également transcrites, dans un ambitus plus réduit concernant les pièces pour luth qui comportait plus de cordes graves que celui de la Renaissance. Les exécutions sur guitare à 10 cordes d'une étendue équivalente se rapprochent cependant des compositions d'origine.
  • époque classique (première moitié du XIXe siècle mais tr̩ès peu de compositions originales de la deuxième moitié du XVIIIe siècle avant la mise au point de la guitare à 6 cordes). Cette période de l'instrument actuellement nommé « guitare romantique » est celle du premier « âge d'or » de la guitare, que l'on a pu appeler guitaromanie. Le répertoire abondant de compositeurs guitaristes tels que Carulli, Fernando Sor, Giuliani, Aguado, Paganini (plus connu comme violoniste mais qui fait partie de cette catégorie), contemporains du début du romantisme, est dans un style Biedermeier typique de cette époque ou classique dans l'esprit de Haydn, de Mozart ou des œuvres de jeunesse de Beethoven pour les meilleurs. Ces œuvres sont encore appréciées, et plusieurs études de Sor, très connues, font partie de l'enseignement de l'instrument. Schubert jouait de la guitare mais ne l'a utilisée dans ses compositions que dans de rares pièces de musique de chambre. Cependant, de nombreux accompagnements au piano de ses lieder ont visiblement été pensés à la guitare.
  • musique romantique, surtout espagnole : (Francisco Tárrega, Isaac Albéniz, Enrique Granados) etc. Tárrega a fixé la technique et la position couramment pratiquée actuellement et a mis au point la notation du doigté de la guitare sur les partitions musicales (doigts de la main droite désignés par leurs initiales (p, i, m, a), doigts de la main gauche par leur numéro (de 1 pour l'index à 4 pour l'auriculaire), numéro de la corde à utiliser par son numéro entouré d'un cercle (de 1 pour la plus aigüe à 6 pour la plus grave) et case à utiliser (pour les barrés) en chiffres romains, notes harmoniques indiquées par un losange. Mort relativement jeune, il n'a pas consigné sa notation et c'est son disciple Emilio Pujol qui l'a détaillée dans un ouvrage monumental en 6 volumes, Escuela Razonada de la Guitarra, préfacé par Manuel de Falla. Le compositeur romantique Berlioz jouait de la guitare mais n'a composé pour l'instrument que quelques pièces de jeunesse sans intérêt. N'étant pas pianiste, il s'aidait cependant de la guitare pour composer et tester ses harmonisations, contrairement à la plupart des musiciens de premier plan qui composent au piano.
  • musiques latines : brésiliennes (chôro, bossa nova), cubaines
  • musique contemporaine : (Ohana, Koshkin, Takemitsu etc).

Outre les transcriptions de pièces écrites pour luth, instrument proche, un grand nombre de compositions pour d'autres instruments, clavecin (notamment une grande partie des sonates de Scarlatti), piano (pièces de Chopin, extraits de sonates, mouvements lents le plus souvent, rarement une sonate entière), violon (suites et partitas pour violon seul dont la célèbre chaconne est un morceau de bravoure), violoncelle (Suites pour violoncelle seul de Bach) sont adaptées à la guitare. Ces transcriptions couvrent une gamme variée de niveau de difficulté, de moyen à avancé. L'ensemble de la littérature pianistique ne peut certes pas être adaptée mais les virtuoses étendent les transcriptions à des pièces qui auraient semblé injouables à la guitare.

La guitare flamenca utilisée pour le flamenco espagnol lui est apparentée, bien que s'en différenciant sur de nombreux points (construction, technique de jeu, sonorité).

Compositeurs célèbres

Compositeurs pour guitare du XIXe siècle

Compositeurs non-guitaristes du XXe et XXIe siècles

De nombreux compositeurs non-guitaristes ont écrit pour l'instrument :

Guitaristes-compositeurs des XXe et XXIe siècles

Sergey Rudnev

Guitaristes classiques du XXe et XXIe siècles

Les guitaristes jouent également souvent des transcriptions de musique originellement écrites pour d'autres instruments, tel que le luth. Les transcriptions de la Renaissance et de l'ère baroque sont communes.

Notes et références

  1. Accorder sa guitare avec un accordeur, sur laguitareen3jours.com.
  2. Barcelone, Museu de la Musica, inv. 1450.
  3. http://trionitetis.com/trionitetis/Accueil.html

Voir aussi

Instruments

Luthiers

Liens externes

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