Cichorium intybus

Chicorée sauvage, Chicorée amère, Chicorée commune, Chicorée intybe

La Chicorée sauvage ou Chicorée amère (Cichorium intybus L.) est une espèce de plantes herbacées vivaces de la famille des Astéracées. Elle est à l'origine de salades comme la barbe de capucin , les endives ou chicons ou les chicorées rouges italiennes (voir Radicchio), mais aussi des chicorées à café, etc.

Il faut prendre garde de ne pas confondre cette espèce cultivée avec l'espèce proche : la Chicorée endive (Cichorium endivia) qui donne les chicorées frisées et chicorées scaroles.

Elle fait partie des plantes dont la culture est recommandée dans les domaines royaux par Charlemagne dans le capitulaire De Villis (fin du VIIIe ou début du IXe siècle).

Dénominations

En langue étrangère, la plante est appelée par exemple Chicory en anglais, Gemeine Wegwarte en allemand ou achicoria común en espagnol.

Description

Appareil végétatif

C'est une plante herbacée robuste, plus ou moins pubescente, vivace, de 40 cm à m de haut. La racine est pivotante et charnue. La tige unique, très rameuse, velue, à rameaux rigides (participant à la résistance au vent) et minces formant avec elle un angle obtus, présente des feuilles basales en rosette profondément découpées (roncinées) en lobes écartés ou renversés, semblables aux feuilles de pissenlit, des feuilles intermédiaires entières lancéolées, embrassant la tige, et des feuilles supérieures réduites à des bractées. Ces feuilles sont très velues sur les nervures principales. Toutes les parties de la plante produisent un latex blanc et sont amères[9].

Appareil reproducteur

Les inflorescences sont des capitules formées de fleurs ligulées, bleues, poussant souvent directement sur la tige voire à la base des ramifications. Ces capitules s'étalent dès l'aube (l'inflorescence étant orientée vers l'est) et se referment définitivement vers midi (phénomène de photonastie). Cependant, un ciel couvert perturbe ce cycle et les fleurs peuvent rester ouvertes jusqu'à la tombée de la nuit voire jusqu'au lendemain alors que de nouvelles fleurs s'ouvrent. La brièveté de la floraison de chaque inflorescence conduit à ce que la plante porte peu de fleurs ouvertes en même temps, ce qui lui donne un aspect dégarni. La période de floraison va de juillet à septembre. La pollinisation est entomogame et autogame. Les fruits sont des akènes à aigrettes avec des graines à dissémination barochore[9].

Formes cultivées

Habitat et répartition

  • Habitat type : friches vivaces xérophiles européennes. Très commune dans les prés, les champs incultes et au bord des chemins. Originaire d'Europe, d'Asie et d'Afrique du Nord, elle est naturalisée en Amérique du Nord.
  • Aire de répartition : eurasiatique méridional[14]

Usage

Utilisation alimentaire

Plusieurs groupes de cultivars issus de cette espèce sont cultivés à divers usages.

On consomme directement les jeunes feuilles cuites ou crues en salades, des cultigroupes de la variété foliosum dont l'amertume est limitée : radicchio, chicorée pain de sucre, puntarelle, etc.

Par forçage à l'obscurité des racines d'autres cultigroupes de la variété foliosum on obtient des salades d'hiver plus tendres : les cultivars à grosse racine émettent à l'abri de la lumière de jeunes pousses pâles et renflées, les chicons, plus largement vendus sous le nom d'endives. C'est une culture souvent industrialisée dans le nord de l'Europe. Les formes plus sauvages, à longue racine droite, donnent une salade commercialisée sous le nom de barbe de capucin[15]. C'est une salade obtenue par la mise en forçage de racines disposées dans des couches de fumier, à l'obscurité, dans une cave par exemple. Ce forçage provoque la pousse de feuilles étiolées, longues et étroites. Cette culture s'était beaucoup développée aux environs de Paris au milieu du XIXe siècle, en particulier à Montreuil.

Les grosses racines de la chicorée à café (Cichorium intybus subsp. intybus var. sativum), issue d'une sous-espèce distincte des plantes précédentes, sont utilisées torréfiées pour fabriquer un succédané du café, plus digeste que ce dernier quand il est notamment mélangé au lait. Avant la seconde moitié du XXe siècle, dans les campagnes françaises, le « café » était souvent de la chicorée ou un mélange chicorée café.

Usage médicinal

La Chicorée sauvage est un tonique amer, cholagogue, dépuratif et légèrement laxatif[16].

Certaines variétés de chicorée à café sont également cultivées pour la production d'inuline, dont on tire un édulcorant et de l'amidon à usage diététique[réf. souhaitée].

Au Moyen Âge, la Chicorée sauvage était considérée comme une plante magique, anaphrodisiaque. La plante était broyée puis appliquée[où?]. Elle était censée diminuer voire ôter toute ardeur de luxure[17].

« Le 26 janvier 1709, on sait que la princesse de Soubise, qui languit depuis longtemps, et qui s’est trouvée inopinément soulagée par l'usage de la chicorée crue, est retombée dans ses premiers accidents. »

 Comte de Cosnac & Edouard Pontal, Mémoires du marquis de Sourches sur le règne de Louis XIV[18].

Utilisation fourragère

Traditionnellement donnée aux lapins dans les élevages familiaux et parfois aux chevaux pour lesquels elle était réputée pouvoir remplacer l'avoine[19], la chicorée sauvage fait l'objet d'une redécouverte dans les élevages de ruminants en Europe[20]. Son utilisation est plus commune en Nouvelle-Zélande[21]. Sa valeur alimentaire est élevée ; exemple : Unité fourragère lait = 0,97 ; PDIN (protéine digestibles) = 171 au stade feuillu, mi-juin)[20]. Elle est riche en minéraux, vitamines et tannins mais pauvres en fibres[20]. Les tannins augmentent le taux d'assimilation des protéines (d'où un indice PDIN élevé) et offrirait une certaine protection contre la météorisation et contre les parasites digestifs[22].

La chicorée est le plus souvent paturée car sa conservation est difficile, l'ensilage de mélanges contenant de la chicorée est possible. Du fait de sa pauvreté en fibres , elle ne doit pas représenter plus de 25 % de la ration. Étant pérenne, elle peut par exemple être semée avec un ray-grass anglais et un trèfle blanc et doit être paturée toutes les trois semaines pour éviter la montée à graines[20].

Sa culture est en particulier appréciée par les éleveurs bio[23].

La sélection de variétés fourragères est ancienne en France (Grosse chicorée fourragère, par exemple)[24] et en Italie. Les variétés actuelles sont majoritairement sélectionnées en Nouvelle-Zélande : Puna II (monte moins à graines) , Forage feast (variété d'origine française), Six Point, Oasis, Choice, Grouse, Spadona.

Classification

Cette espèce a été décrite pour la première fois en 1753 par le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778).

Liste de sous-espèces et variétés

Selon Tropicos (29 mai 2014)[25] (attention liste brute contenant possiblement des synonymes) :

  • sous-espèce Cichorium intybus subsp. divaricatum (Schousb.) Bonnier & Layens
  • sous-espèce Cichorium intybus subsp. glabratum (C. Presl) Arcang.
  • sous-espèce Cichorium intybus subsp. glaucum (Hoffmanns. & Link) Tzvelev
  • sous-espèce Cichorium intybus subsp. sativum (Bisch.) Janch.
  • variété Cichorium intybus convar foliosum (Hegi) Holub
  • variété Cichorium intybus convar radicosum (Alef.) Holub
  • variété Cichorium intybus var. eglandulosum Freyn & Sint.
  • variété Cichorium intybus var. endivia (L.) C.B. Clarke
  • variété Cichorium intybus var. foliosum Hegi
  • variété Cichorium intybus var. glabratum (C. Presl) Gren. & Godr.
  • variété Cichorium intybus var. intybus
  • variété Cichorium intybus var. radicosum Alef.
  • variété Cichorium intybus var. sativum Bisch.

Notes et références

  1. The Plant List, consulté le 29 mai 2014
  2. Bock, B. (Tela Botanica, FCBN, Ministère chargé de l'Ecologie, MNHN). Base de données des Trachéophytes de France métropolitaine, consulté le 29 mai 2014
  3. Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  4. Nom vernaculaire en français d’après Termium plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada
  5. Voir la fiche de cette espèce sur le site VASCAN (Base de données des plantes vasculaires du Canada) de Canadensys.
  6. Voir cette espèce sur le site Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN)
  7. Voir définition donnée par le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française.
  8. Chicorée sauvage sur le site Le jardin, consulté le 29 mai 2014.
  9. François Couplan, Eva Styner, Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, Delachaux et Niestlé, , p. 162
  10. Voir endive, définition donnée par le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française.
  11. Définitions lexicographiques et étymologiques de « chicon » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  12. chicon dans Meyer C., ed. sc., 2009, Dictionnaire des Sciences Animales. consulter en ligne. Montpellier, France, Cirad.
  13. Claire Doré et F. Varoquaux, Histoire et amélioration de cinquante plantes cultivées, Éditions Quae, 2006. (ISBN 2738012159), (ISBN 9782738012159)
  14. Données d'après : Julve, Ph., 1998 ff. - Baseflor. Index botanique, écologique et chorologique de la flore de France. Version : 23 avril 2004.
  15. Attention, Barbe-de-capucin est aussi le nom botanique donné à la plante sauvage (Cichorium intybus var. foliosum L.), voir INPN
  16. Henri Leclerc, Précis de phytothérapie : essais de thérapeutique par les plantes françaises, Masson, (ISBN 2-225-45595-3 et 978-2-225-45595-7, OCLC 21072399, lire en ligne)
  17. Guide de visite, les plantes magiques, du jardin des neuf carrés de l'abbaye de Royaumont
  18. « Mémoires du marquis de Sourches sur le règne de Louis XIV - janvier 1708-juin 1709 », tome onzième 1891, p. 256.
  19. (en) Bureau of Foreign and Domestic Commerce, Department of Commerce, Commerce reports, partie 3, (lire en ligne), p. 74
  20. Robin Vergonjeanne, « Chicorée et plantain, des espèces de pâturage aux nombreux atouts », sur web-agri, (consulté le )
  21. (en) « Making good use of chicory » (version du 27 juillet 2011 sur l'Internet Archive), sur Rural living,
  22. (en) S. Athanasiadou, D. Gray, D. Younie et O. Tzamaloukas, « The use of chicory for parasite control in organic ewes and their lambs », Parasitology, vol. 134, no 2, , p. 299–307 (ISSN 0031-1820 et 1469-8161, DOI 10.1017/S0031182006001363, lire en ligne, consulté le )
  23. (en) Dr Robert Blair, Nutrition and Feeding of Organic Cattle, (lire en ligne), p. 68
  24. une variété indiquée par l'Encyclopédie Quillet, article "Chicorée, 1946
  25. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 29 mai 2014

Voir aussi

Article connexe

Bases de référence

Autre lien externe

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