Charles de France (1686-1714)

Charles de France, duc de Berry, est un fils de France né le à Versailles et mort le à Marly-le-Roi. Il est le troisième fils du dauphin Louis et de Marie-Anne de Bavière.

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Charles de France
Portrait de Charles de France, duc de Berry, par Nicolas de Largillière.

Titres

Prince héritier du trône d'Espagne


(6 ans, 9 mois et 24 jours)

Prédécesseur Joseph-Ferdinand de Bavière (indirectement)
Successeur Louis, prince des Asturies

Duc de Berry


(27 ans, 8 mois et 3 jours)

Prédécesseur Louise de Lorraine-Vaudémont (indirectement)
Successeur Louis Auguste de France (indirectement)
Biographie
Titulature Fils de France
Duc de Berry
Dynastie Maison de Bourbon
Surnom Berry-Bon-Cœur
Naissance
Château de Versailles (Royaume de France)
Décès
Marly-le-Roi (Royaume de France)
Sépulture Nécropole de Saint-Denis
Père Louis de France
Mère Marie-Anne de Bavière
Conjoint Marie Louise Élisabeth d'Orléans
Religion Catholicisme

Biographie

Charles duc de Berry

Troisième petit-fils du roi Louis XIV, le prince Charles est le fils du dauphin Louis et de Marie-Anne de Bavière.

Un cadet

Né au château de Versailles le , il est ondoyé peu après sa naissance dans la chambre de sa mère par le premier aumônier du roi, Pierre du Cambout de Coislin, évêque d'Orléans[1]. Son grand-père lui octroie le titre de duc de Berry.

Le , le même jour que ses deux frères Louis et Philippe, Charles est baptisé par Pierre du Cambout de Coislin dans la chapelle royale de Versailles, en présence de François Hébert, curé de l'église Notre-Dame de Versailles. Son parrain est « le duc de Chartres » Philippe d'Orléans, le futur Régent, et sa marraine est « Mademoiselle d'Orléans », Anne-Marie-Louise d'Orléans[2].

La dauphine meurt en 1690, à vingt-neuf ans. Faisant ses adieux à ses proches, elle embrasse son fils en disant « Berry, tu sais que je t'ai tendrement aimé, mais tu me coûtes bien cher ». Marie-Anne était en effet persuadée que son état de santé, lamentable depuis quelque temps, était dû à son dernier accouchement qui s'était mal passé. L'autopsie écarta cette hypothèse et l'on songea à une tuberculose, sans plus de précisions tant la maladie de la dauphine faisait débat.

Grandeur et simplicité

Cadet d'une maison royale, il a peu de chance de porter la couronne et se fait remarquer par sa joie de vivre et son affabilité. Sa grand-tante Élisabeth-Charlotte, la duchesse d'Orléans, le surnomme « Berry bon cœur ». Si son frère aîné, le duc de Bourgogne, est appelé à devenir roi de France, le second, Philippe, duc d'Anjou, est choisi comme successeur par le roi Charles II d'Espagne. Berry s'en plaint avec humour affirmant que tous les professeurs de son frère vont lui « tomber sur le dos… »

Le roi transforme le départ du duc d'Anjou pour l'Espagne en voyage pédagogique ce qui permet aux trois frères de découvrir le royaume. La guerre de Succession d'Espagne éclate peu après.

La cour : mariage, débauche et succession

Le duc de Berry atteint l'âge de se marier mais, l'Europe étant coalisée contre la France, une union avec une princesse étrangère semble impossible et c'est au sein de sa famille que le roi trouve une épouse à son petit-fils. Le duc de Berry épouse en 1710 une fille du duc d'Orléans, Marie-Louise-Élisabeth d'Orléans (1695-1719). La duchesse de Bourbon avait d'abord proposé sa fille Mademoiselle de Condé mais Louis XIV, toujours méfiant envers la famille de Condé, lui préféra Mademoiselle d'Orléans.

Le couple aura trois enfants, tous venus avant terme et morts à la naissance ou peu après, dont une fille posthume.

À peine mariée, Madame de Berry fait subir ses caprices à son époux. Celle-ci prend un amant, monsieur La Haye, écuyer de son époux, avec lequel elle fait des projets insensés.

« Les lettres les plus passionnées et les plus folles de ce projet ont été surprises, et d’un tel projet, le roi, son père, et son mari pleins de vie, on peut juger de la tête qui l’avait enfanté et qui ne cessait d’en presser l’exécution… »

 Duc de Saint-Simon, Mémoires

.

La fin du règne

Le roi et ses héritiers : le dauphin, le duc de Bourgogne et le duc de Bretagne avant la tragédie (1710)

En 1711 le Grand Dauphin meurt victime d'une épidémie de petite vérole. Le duc de Bourgogne, frère aîné du duc de Berry devient héritier de la couronne et nouveau dauphin et son épouse la pétulante Marie-Adélaïde de Savoie, dauphine. Le jeune couple a deux fils. La succession, fragilisée par la mort du dauphin, est cependant assurée.

L'année suivante, la dauphine succombe à une épidémie de rougeole entraînant dans la mort son mari, et son fils aîné, seul leur fils cadet, protégé par sa gouvernante, survit. La mort si rapprochée de trois héritiers du trône émeut. La cour et la ville parlent de poison et soupçonnent le duc d'Orléans, beau-père du duc de Berry. Mais le roi vieillissant veut éviter le scandale et fait taire les rumeurs. Cette hécatombe anéantit le vieux roi, et la joie causée par la naissance, en , du duc d'Alençon, nommé Charles comme son père, est de courte durée. Malingre et chétif, l'enfant meurt de convulsions trois semaines plus tard.

La même année, l'Europe, épuisée par douze années de guerre, ouvre des pourparlers de paix.

La mort de Berry-bon-cœur

Victime d'un accident de chasse en forêt de Marly (une hémorragie interne à la suite d'une glissade de son cheval, selon Saint Simon[3]), le duc de Berry meurt à 27 ans le [4] en réclamant la grâce pour celui qui l'a blessé. Il n'a joué aucun rôle politique conformément à sa place dans la ligne de succession.

Son corps est porté le même jour au palais des Tuileries à Paris et il est inhumé le en la basilique Saint-Denis. La duchesse de Berry, qui se trouvait en état de grossesse avancée lors de la mort de son époux, accouche le d'une fille qui est baptisée comme elle Marie Louise Élisabeth avant de mourir le lendemain. La paternité réelle de cet enfant posthume est sujette à caution, les nombreuses aventures extra-conjugales de la duchesse de Berry alimentant déjà les poèmes satiriques bien avant le décès de son époux[5].

Épilogue

Le roi meurt l'année suivante, laissant le trône à son arrière-petit-fils Louis XV qui a 5 ans. La régence est confiée au duc d'Orléans, père de la duchesse de Berry. Ses ennemis prétendent que père et fille, habitués de la débauche, ont une liaison incestueuse et attribuent au régent la paternité des grossesses que cache la duchesse après la mort de son mari. Le fait est qu'une fois la période de deuil terminée, la duchesse de Berry s'abandonne publiquement à sa fièvre de plaisirs licencieux. Installée au palais du Luxembourg, elle y mène un train de vie royal et ne met aucun frein à sa voracité alimentaire et sexuelle. Fin , officiellement alitée à cause d'un « gros rhume », la jeune veuve met au monde une fille[6]. En 1717, elle passe le printemps et l'été au château de la Muette pour y accoucher d'un second enfant illégitime[7]. La santé ruinée par la débauche et ses grossesses clandestines, la « féconde Berry » (comme la nomment les poèmes satiriques) meurt le des suites d'un accouchement très laborieux. L'autopsie la révèle à nouveau enceinte[8].

L'homme

Sa nature gaie et généreuse lui valut d'être surnommé « Berry-Bon Cœur » par la duchesse d'Orléans, « la Palatine », sa grand-tante et la grand-mère de sa femme. Il éprouve une réelle affection pour ses deux frères aînés et manifeste ouvertement qu'il n'envie pas leur brillante carrière, l'aîné étant promis au trône de France, le second recevant à 17 ans, le trône d'Espagne.

En 1710, Louis XIV aliène, entre autres, le comté de Ponthieu pour en composer son apanage. Le duc de Berry étant mort sans postérité, le comté de Ponthieu, le duché d'Alençon et le comté de Cognac sont réunis au domaine de la couronne.

Ascendance

Descendance

Trois enfants sont nés de son mariage  :

  • une fille, née et morte le à Fontainebleau ;
  • Charles, duc d'Alençon, né à Versailles le , y meurt le (21 jours) ;
  • Marie Louise Élisabeth, posthume, née à Versailles le , morte le lendemain.

Notes et références

  1. L'acte d'ondoiement est introuvable dans le registre paroissial de l'église Notre-Dame de Versailles pour 1686, mais l'information est présente sur l'acte de baptême du .
  2. Registre des baptêmes (1687) de l'église Notre-Dame de Versailles, Archives départementales des Yvelines
  3. Louis de Rouvroy, duc de Saint Simon, Mémoires, Tome 11, chapitre 6
  4. Registre paroissial (1714) de l'église Saint-Vigor de Marly-le-Roi, Archives départementales des Yvelines
  5. Antonia Fraser, Love and Louix XIV : The Women in the Life of the Sun King, Anchor, 2007, p. 308.
  6. Édouard de Barthélemy (éditeur scientifique), Gazette de la Régence : -, Paris, G. Charpentier et Cie, , 352 p., in-12 (notice BnF no FRBNF30180967, lire en ligne), p. 68.
    « On dit Mme la duchesse de Berry accouchée d’une fille qui n’a vécu que trois jours, etc. »
  7. Édouard de Barthélemy (éditeur scientifique), Gazette de la Régence : -, Paris, G. Charpentier et Cie, , 352 p., in-12 (notice BnF no FRBNF30180967, lire en ligne), p. 192 + 196.
    Page 192 : « Mme la duchesse de Berry ne sort pas de la Muette, où elle est incommodée, devenant si puissnte qu’il est à craindre qu’elle ne fournisse pas une longue carrière ici-bas. »
    Page 196 : « (…) le bruit courut en même temps que la duchesse de Berry étoit à l’extrémité : elle se délivroit d’un enfant, mais cela n’a pas été à la Muette ; elle est mieux et va y revenir. »
  8. Dans ses Mémoires Saint-Simon décrit avec ironie l'accouchement tragi-comique de la duchesse de Berry au palais du Luxembourg. Enceinte du lieutenant de sa garde, le comte de Riom, la princesse prétend cacher son état en poursuivant sa vie mondaine jusqu'au terme de sa grossesse. Saisie par les douleurs le , elle subit un accouchement très violent et se trouve bientôt à l'article de la mort. Ces couches provoquent un scandale public et la parturiente se voit refuser les sacrements par le curé de Saint-Sulpice avant d'être enfin délivrée d'une fille le . Mais elle retombe déjà enceinte en mai, alors qu'elle se trouve en convalescence au château de Meudon.

Source

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