Charles Ier de Bourbon (archevêque de Rouen)

Charles Ier de Bourbon ( - ), Charles X selon la Ligue, cardinal de Vendôme, était un prince de sang de la maison de Bourbon. Au cours de sa carrière ecclésiastique, il devient abbé commendataire de plus de vingt abbayes. L'accumulation de ces bénéfices fait de lui un des plus riches princes d'Europe[2].

Pour les articles homonymes, voir Cardinal de Bourbon.

Ne doit pas être confondu avec Charles Ier de Bourbon ou Charles X.

Pour les autres membres de la famille, voir Maison de Bourbon-Vendôme.

Charles Ier de Bourbon

Portrait de Charles Ier de Bourbon, château de Beauregard, galerie des illustres, XVIIe siècle.
Biographie
Naissance
La Ferté-sous-Jouarre
 Royaume de France
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Décès (à 66 ans)
Fontenay-le-Comte
 Royaume de France
Cardinal de l’Église catholique
Créé
cardinal

Par S.S. le pape Paul III
Titre cardinalice Cardinal-diacre :
de « S. Sisto »
de « S. Crisogono »
Évêque de l’Église catholique
Administrateur de Beauvais
(« Évêque-comte de Beauvais et pair de France »)
Administrateur de Carcassonne
[réf. à confirmer][1]
Archevêque de Rouen
Primat de Normandie
Évêque de Nantes
Administrateur de Carcassonne
Évêque de Saintes
Évêque de Nevers
Autres fonctions
Fonction religieuse
Légat pontifical à Avignon

Auctor ego audendi
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Bien que dénué de caractère et d'intelligence, il fut un personnage important des guerres de religion. En 1585, la Ligue catholique l'imposa au roi Henri III comme héritier de la couronne de France à la place de son neveu protestant le futur Henri IV. Lors des États généraux de 1588 à Blois, il est mis en arrestation sur l'ordre du roi. À la mort de ce dernier, alors qu'il est toujours séquestré, il est reconnu par les ligueurs comme le seul roi de France légitime. Il est proclamé par le Parlement de Paris sous le nom de « Charles X » en 1589. Il meurt l'année suivante à l'âge de soixante-six ans.

Biographie

Famille

Né le à La Ferté-sous-Jouarre, il est le fils de Charles IV, duc de Vendôme, et de son épouse Françoise d'Alençon, duchesse de Beaumont. Il est le frère puîné d'Antoine de Bourbon, père d'Henri IV. Grand-neveu du cardinal Charles II de Bourbon, il est le neveu du cardinal Louis de Bourbon-Vendôme et l'oncle du cardinal Charles II de Bourbon[2].

Il aurait eu un fils illégitime, Nicolas Poulain[2].

Carrière ecclésiastique

Il commence sa carrière comme clerc à la cathédrale de Meaux.

Élu évêque de Nevers le , il résigne le siège le . Transféré à Saintes le , il résigne ce dernier siège le [2].

Cardinalat

Il est créé cardinal lors du consistoire tenu le par le pape Paul III, et reçoit le titre de San Sisto le . Il participe au conclave de 1549/1550 qui élit Jules III[2].

À la mort de Martín de Saint-André, il est désigné administrateur de l'évêché de Carcassonne du au . Il le redevient le après la mort de François de Faucon jusqu'en 1567. Le , il est promu archevêque de Rouen[2]. Il le restera jusqu'à sa mort.

En 1551, il est nommé lieutenant-général du gouvernement de Paris et d’Île-de-France[2].

Il participe aux conclaves de 1555 qui élisent Marcel II puis Paul IV[2].

Abbé commendataire

En 1550, il est nommé abbé commendataire de Saint-Ouen de Rouen. De 1556 à 1558, il est l'abbé commendataire de l'abbaye Notre-Dame du Tronchet[3], de Corbie à partir de 1557[2] et de l'abbaye de Saint-Wandrille de 1569 à 1578 ainsi que de l'abbaye de Bourgueil[4]. En 1574, il devient abbé commendataire de Jumièges.

Il ne participe pas au conclave de 1559 qui élit Pie IV. Le , il devient cardinal de San Crisogono[2].

Rôle politique

Il participe aux États généraux à Orléans. Il assiste au colloque de Poissy en 1561, organisé par Michel de L'Hospital. À partir de 1562, il devient abbé commendataire de Saint-Germain-des-Prés[2].

Il accompagne en 1565 le roi Charles IX dans son voyage à Bayonne. Il devient cette année légat du pape en Avignon. Il ne participe pas au conclave de 1565/1566 qui élit Pie V.

Le , il administre l'évêché de Beauvais. À ce titre, il devient comte et pair de France. Il résigne le , par échange avec Nicolas Fumée, abbé de la Couture. Il ne participe pas au conclave de 1572 qui élit Grégoire XIII.

En 1573, des laïcs auraient voulu abolir les privilèges universitaires, mais l'intervention du cardinal de Bourbon, selon Julien Beré, sauvegarda ces droits. Le prélat, en dépit de son titre de conservateur apostolique des privilèges universitaires n'était néanmoins qu'un protecteur fort tiède[5].

Il préside en 1580 l'Assemblée générale du clergé de France tenu à Melun. Il ne participe pas au conclave de 1585 qui élit Sixte V[2].

Il présida le concile de Rouen en 1581.

Les guerres de religion, fidèle au catholicisme

Le palais que le cardinal de Bourbon se fit construire à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés (Paris).

Durant les guerres de religion, il fut partagé entre sa fidélité au pape et la défense de sa famille convertie en partie au protestantisme. Il favorisa la lutte contre la nouvelle religion et entreprit parfois avec succès de ramener au catholicisme les princes de sa famille.

Il occupe au sein de la cour une position fragile du fait de l'engagement de ses frères pour la Réforme protestante. Même s'il soutient activement la lutte contre les protestants, il prend toujours à cœur la défense des intérêts familiaux contre les autres maisons rivales (Guise et Montmorency). Lorsque son frère le prince de Condé est arrêté sur l'ordre personnel de François II, il se jette en larmes au pied du roi pour implorer sa clémence (1560). Très attaché à la religion traditionnelle, il a pendant longtemps l'espoir de faire revenir les membres de sa famille au catholicisme. Il y parvient partiellement avec son frère le roi de Navarre, puis après le massacre de la Saint-Barthélemy avec les fils cadets du prince de Condé.

Assidu à la vie de cour, il est du fait de son statut de prince de sang, toujours placé au premier rang des grandes cérémonies. Sa présence au sein du conseil royal est un gage de légitimité pour un gouvernement en manque de reconnaissance. Comme les autres Bourbon catholiques (La Roche-sur-Yon et Montpensier), il est un familier de la reine Catherine. Homme faible et réputé simple d'esprit, la reine-mère se plaît à l'utiliser. Elle l'emmène souvent dans ses voyages, notamment pour servir de contact privilégié avec les princes révoltés de sa famille.

Le , c'est lui qui unit Henri de Navarre et Marguerite de Valois à Notre-Dame de Paris.

Il est le premier commandeur de l’ordre du Saint-Esprit, lors de la première promotion du .

Le , il sacre [1] archevêque-duc de Reims Louis II de Lorraine, cardinal de Guise. La même année il offre aux Jésuites l'hôtel de La Rochepot, qui y aménagent leur maison professe dite « couvent des Grands Jésuites »[6].

Proclamé roi par la Ligue

Charles X
Médaille de « Charles X » frappée par la Ligue, vers 1589.

Succession

Prétendant au trône de France


(9 mois et 7 jours)

Nom revendiqué « Charles X »
Prédécesseur Henri III
Successeur Henri IV
Biographie
Dynastie Maison de Bourbon-Vendôme
Nom de naissance Charles Ier de Bourbon
Naissance
La Ferté-sous-Jouarre
 Royaume de France
Décès
Fontenay-le-Comte
 Royaume de France
Sépulture Église de la chartreuse Notre-Dame de Bonne-Espérance
Père Charles IV de Bourbon
Mère Françoise d'Alençon
Religion Catholicisme

En 1584, à la mort du duc François d'Anjou, les ligueurs considèrent le cardinal comme l'héritier du trône de France, excluant de la succession tous les protestants.

En 1588, lors de la seconde assemblée des États généraux tenus à Blois, Henri III le fait arrêter. Il est emprisonné un premier temps à Amboise avec les autres princes catholiques, mais craignant une trahison de son geôlier le baron de Laugnac, et devant l'avancée de l'armée ligueuse sur Orléans, Henri III le fait transférer à Chinon[7].

Après l'assassinat d'Henri III en 1589, le conseil de la Ligue dont fait partie le duc de Mayenne le reconnaît officiellement comme roi de France sous le nom de Charles X [8]. A cette date, il est toujours détenu prisonnier à Chinon. Le 3 septembre, il est cédé par le gouverneur de la place au protestant Duplessis-Mornay. Le cardinal est alors déplacé à Maillezais, puis à Fontenay-le-Comte en territoire huguenot.

Les ligueurs se souciaient peu de lui ; dans un premier temps, le conseil de la Ligue avait demandé au Parlement de Paris de ne pas le proclamer roi de France, de peur que s'il venait à mourir, ses cousins Bourbon ne se prévalent de cette reconnaissance pour réclamer le trône [9]. C'est seulement le que le Parlement de Paris rend un jugement qui le reconnaît roi de France légitime[2]. Durant cette période où il est toujours détenu prisonnier au château de Fontenay, il envoie une lettre à son neveu Henri IV qu'il reconnaît comme roi légitime.

Il meurt le . Ses cendres reposent dans le tombeau familial de l'église de la chartreuse Notre-Dame de Bonne-Espérance qu'il a fondée en 1553. Cet établissement détruit par le feu en 1764, la dalle de marbre qui recouvrait son tombeau est transférée à l'église Saint-Georges d'Aubevoye où elle est visible de nos jours.

À partir du début de l'année 1590, ses partisans firent battre monnaie à son nom, notamment des écus d'or, des quarts et des huitièmes d'écus d'argent. La légende latine de ces monnaies proclame Charles roi des Français par la grâce de Dieu[10].

Héraldique et devise

Le cardinal portait d'azur, à trois fleurs de lys d'or, au bâton péri en bande de gueules[11],[12]

Il avait pour devise : « Auctor ego audendi » (« Je me porte garant de ton audace »), formule prononcée (au féminin) par la déesse Junon, dans l'Énéide, de Virgile (Livre XII, v. 159). On peut aussi traduire, plus littéralement, le texte original, par : « Je suis l'auteur de ce qui est à oser ».

Ascendances

Notes et références

  1. Cheney 1996.
  2. The Cardinals of the Holy Roman Church: Consistory of January 9, 1548 (XI).
  3. Liste des abbés du Tronchet.
  4. Revue de l'Anjou et de Maine et Loire, p. 132.
  5. La faiblesse du cardinal de Bourbon est connue par toute l'histoire, il entra si peu dans les vues de l'Université dont il étoit protecteur par sa charge qu'il reçut dans ce temps-là même et lui envoya une requête des jésuites. Jean-Baptiste-Louis Crevier, Histoire de l'Université de Paris, t. VI, p. 299.. Or, les jésuites étaient alors en guerre avec l'Université.
  6. Aux Arch. nat., cote MC/ET/CXXII/307, on peut lire le marché de cinq pages passé le 12 mai 1584, entre lui et un drapier de Paris, pour la fourniture d'habits, pendant neuf ans, aux "paiges et lacquais " du cardinal.
  7. Nicolas Le Roux, Un régicide au nom de Dieu : l'assassinat d'Henri III, 1er août 1589, Paris, Gallimard, coll. « Les journées qui ont fait la France », 2006, p. 217.
  8. Nicolas Le Roux, Un régicide au nom de Dieu : l'assassinat d'Henri III, 1er août 1589, Paris, Gallimard, coll. « Les journées qui ont fait la France », 2006, p. 308.
  9. Nicolas Le Roux, Un régicide au nom de Dieu : l'assassinat d'Henri III, 1er août 1589, Paris, Gallimard, coll. « Les journées qui ont fait la France », 2006, p. 308.
  10. Gildas Salaün, « Charles X de la Ligue, le Roi oublié », Monnaie magazine, , p. 44-49 (ISSN 1626-6145)
  11. Bunel 2010.
  12. Popoff 1996, p. 5.

Annexes

Bibliographie

  • Eugène Saulnier, Le rôle politique du cardinal de Bourbon (Charles X), 1523-1590, Paris, Librairie ancienne Honoré Champion, coll. « Bibliothèque de l'École des Hautes Études publiée sous les auspices du Ministère de l'Instruction publique, Sciences historiques et philologiques » (no 193), , V-324 p. (présentation en ligne, lire en ligne).
  • (en) Frederic J. Baumgartner, « The Case for Charles X », The Sixteenth Century Journal, vol. 4, no 2, , p. 87-98 (JSTOR 2539725).
  • Michel Popoff (préf. Hervé Pinoteau), Armorial de l'Ordre du Saint-Esprit : d'après l'œuvre du père Anselme et ses continuateurs, Paris, Le Léopard d'or, , 204 p. (ISBN 2-86377-140-X).
  • Arnaud Bunel, Armorial illustré des archevêques de Rouen, vol. 1.1, .

Articles connexes

Liens externes

Chronologie

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