Château de Carneville

Le château de Carneville est une demeure, du XVIIe siècle, remaniée au XVIIIe siècle, qui se dresse, dans le Val de Saire sur la commune de Carneville dans le département de la Manche, en région Normandie.

Le château fait l’objet d’une protection partielle au titre des monuments historiques[1].

Localisation

Le château est situé à 1,1 kilomètre au sud de l'église Saint-Malo de Carneville, dans le département français de la Manche.

Historique

Un château connu sous le nom de château de la Motte existait à Carneville dès le Moyen Âge, et détruit en 1405 par les Anglais[2].

C'est François Simon (vers 1592 † 1660), qui fit construire, sur les terres de la seigneurie, un nouveau manoir, en 1640, encore visible et qui porte gravé, sur un linteau, la date de 1640[3]. Son fils, Hervé François Simon (1652 † 1708) fait construire un second manoir daté de 1699[3]. Ces deux manoirs, seront par la suite transformés en dépendances du nouveau château.

Le château lui-même est édifié en 1755[4] par François Hervé Simon de Carneville (1721 † 1798)[5], sur le modèle du château de Saint-Pierre-Église. Il comporte une boulangerie et un parc d'arbres fruitiers, avec l'idée de développer la rusticité, suivant les idées des physiocrates[6]. De son union avec Françoise Charlotte Brohier (1729 † 1804), François Hervé eu cinq enfants, dont François Charles Adrien Symon (1754 † 1816), vicomte de Carneville, lieutenant-général honoraire, qui émigra à la Révolution pour servir dans l'armée des Princes puis au service de l'empereur d'Autriche. En 1792[7] il finança une « Légion de Normandie » ou premier « corps de Carneville » dans laquelle il dépensa 600 000 francs et dont il était colonel propriétaire. Ce corps eut une durée éphémère[note 1]. En 1793[8], il crée un nouveau corps franc, et deviendra feld-maréchal ainsi que chambellan de l'empereur d'Autriche. Son frère, Georges François Symon (1750 † 1837)[9], comte de Carneville, lieutenant-général honoraire, servira également à la tête des « Hussards de Carneville ». Le plus jeune des frères, Louis François Paulin Symon, né en 1769, sera maire de Carneville de 1822 à 1831. En 1836[8], il vend le château à un avocat d'Avranches, monsieur Jean-Jacques La Hougue. En 1880[8], Georges Ernest Symon, né en 1831 et mort en 1915, officier, comte de Carneville, fils de Georges François Dominique Symon[10] de Carneville (1799 † 1868) et de Marguerite Émilie Montmorin de Saint-Herem (1797-1871), rachète l'ancien domaine familial.

En 1927, le château est la possession du comte René Clérel de Tocqueville (1899 † 1989), fils du châtelain de Tocqueville, maire de Carneville de 1947 à 1977, et de son épouse née Marie de Gargan (1902 † 1989). Lors de la Seconde Guerre mondiale, le château sert de lupanar aux Allemands[réf. nécessaire]. Après le conflit, le comte et la comtesse de Tocqueville le restaurent. Hélène de Tocqueville, leur fille, crée notamment la roseraie, avant de vendre le château en 2011 à un antiquaire. En 2012[11], le château est acquis par Guillaume Garbe. Son nouveau propriétaire engage alors des aménagements pour ouvrir au public le parc du château. Des manifestations culturelles et des événements festifs pour la commune sont notamment organisées dans ses jardins. Dans le parc, on peut admirer un chêne centenaire datant d'au moins 600 ans.

L'intérieur du château, très dégradé par la mérule, est actuellement en travaux[6]. En 2015, le prix Hélie de Noailles, doté de 15000 euros, récompensant un jeune repreneur, est attribué à Guillaume Garbe[12].

En mai 2018, il est retenu pour bénéficier du loto du patrimoine[13].

Description

Précédé d'une vaste cour d'honneur de 26 mètres de long, le château de Carneville couvre 900 m2, auxquels il faut ajouter 2 000 m2 de dépendances et un parc de 7 hectares[6], avec derrière le château un jardin à la française[14].

Le château se présente sous la forme d'un corps de logis quadrangulaire au plan massé long de 26 mètres haut d'un étage sur rez-de-chaussée surélevé. Sa façade sud-ouest donnant sur la cour d'honneur arbore un pavillon central, surmonté d'un fronton triangulaire, avec trois fenêtres, souligné par deux rangées verticales de pierres en bossages est flanqué de deux ailes très courtes qui s'éclairent par deux fenêtres à chaque niveau.

Sa façade côté cour, au rythme tertiaire, très en vogue au XVIIe siècle, est percée de quatorze baies, alors que sa façade arrière en compte dix-huit. Les diverses formes des linteaux apportent à l'ensemble une certaine harmonie[15]. De par son architecture, il peut être rapproché du château de Tourville à Lestre ou encore de l'hôtel de Folliot de Ferville à Valognes, situé rue de Wéléat.

Les deux manoirs construit en matériaux du pays, dont le granit rose de Fermanville et le schiste des toitures, ont subi peu de transformations, depuis leurs édifications. Le plus ancien, un temps écurie, s'agrémente d'un escalier extérieur protégé par un auvent. Subsiste à proximité de ce bâtiment les vestiges d'un pigeonnier détruit à la Révolution. Le second manoir, d'époque Louis XIV, se présente sous la forme d'un long bâtiment couvert en schistes, agrandi en 1725[3] d'une boulangerie, avec son toit de chaume ondulé, bâtie par Charles François Simon (1697 † 1736), fils d'Hervé François.

La cour est agrémentée au XIXe siècle de différents bâtiments, notamment avec l'écurie de 1895, aujourd'hui la « salle du canal » et d'une dindonnerie. Une pierre porte toutefois le millésime 1078 mais il s'agit d'une pierre de réemploi, venant certainement de l'église primitive du village du XIe siècle entièrement reconstruite à la fin du XIXe siècle.

Le parc

Il est situé sur d'anciens marais asséchés, entre 1764 et 1770, sur ordre de Louis XV[5]. Le jardin à la française fait suite à un jardin à l'anglaise ravagé par la tempête de 1987[5]. Le parc est ouvert à la visite du printemps jusqu'à la fin septembre

Protection

Sont classés, par arrêté du [1] :

  • les façades et toitures ;
et avec leurs décors :
  • la salle à manger ;
  • le bureau et le petit salon au rez-de-chaussée ;
  • la chambre située au-dessus du petit salon à l'entresol ;
  • les cheminées des chambres 4, 8, 15 avec leur trumeau.

Sont inscrits par arrêté du [1] :

  • les façades et toitures du bâtiment ancien des communs et de la boulangerie.

Notes et références

Notes

  1. Elle viendra notamment renforcer le Régiment Loyal-Émigrant et participera à la bataille d'Austerlitz.

Références

  1. « Chateau », notice no PA00110357, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. « Secrets de châteaux et manoirs - Cotentin - Saint-Lô - Coutances », La Presse de la Manche, no Hors-série, , p. 18 (ISBN 979-1-0937-0115-8).
  3. Centorame 2013, p. 48.
  4. Centorame 2013, p. 49.
  5. Secrets de châteaux et manoirs, 2008, p. 19.
  6. Maryvonne Ollivry de Montalembert, « Guillaume Garbe, 27 ans : "Ma vie pour un château" », Paris Match, semaine du 16 au 22 août 2018, p. 99-102.
  7. Centorame 2013, p. 50.
  8. Centorame 2013, p. 51.
  9. Il est enterré au cimetière de Montmartre, 32e division.
  10. Selon l'orthographe de leur nom sur leur sépulture au cimetière de Montmartre (division 32) en bordure de l'avenue Saint-Charles.
  11. Centorame 2013, p. 52.
  12. « Le château reconnu au plan national », Ouest-France, 14 février 2015.
  13. « Le Figaro dévoile la liste des monuments retenus pour bénéficier du loto du patrimoine », sur lefigaro.fr, .
  14. Secrets de châteaux et manoirs, 2008, p. 9.
  15. Edmond Thin, « Promenade archéologique », Vikland, la revue du Cotentin, no 5, avril-mai-juin 2013, p. 15-16 (ISSN 0224-7992).

Voir aussi

Bibliographie

  • Bruno Centorame, « Le domaine de Carneville », Vikland, la revue du Cotentin, no 5, avril-mai-juin 2013, p. 48-53 (ISSN 0224-7992).

Articles connexes

Liens externes

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