Château de Bagatelle (Somme)

Le château de Bagatelle est un château du XVIIIe siècle situé à Abbeville, dans le département de la Somme.

Cet article concerne le château situé à Abbeville. Pour le château de Bagatelle du bois de Boulogne à Paris, voir Château de Bagatelle (Seine). Pour homonymes, voir Château de Bagatelle.

Château de Bagatelle

Façade avant.
Période ou style Folie
Début construction XVIIIe siècle
Propriétaire initial Josse Van Robais
Propriétaire actuel Christophe Carbonnier-Pauwels
Protection  Inscrit MH (1926, château)
 Inscrit MH (1946, jardin régulier)
Coordonnées 50° 05′ 42″ nord, 1° 50′ 36″ est [1]
Pays France
Province Picardie
Région Hauts-de-France
Département Somme
Commune Abbeville
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Hauts-de-France
Géolocalisation sur la carte : Somme

Histoire

« Un bijou qui joignait l'agréable à l'utile. »

 Michel-Jean Sedaine

[réf. nécessaire]

La maison est édifiée sur un terrain nu du faubourg de Saint-Gilles, acquis en 1752 par Abraham Van Robais (1698-1779 - son portrait par Jean-Baptiste Perronneau, de 1769, est au musée du Louvre), dernier fils d'Isaac van Robais († 1703) et héritier de son oncle Josse, dit de Ryxdorpen, en 1735. Disposant alors de grands moyens, il remplace l'ex-hôtel Leroy de Valine à Abbeville par une autre demeure.

Fin 1665, son grand-père Josse - puis Joseph - Van Robais († 1694), drapier et négociant de Middelbourg, a été attiré par Jean-Baptiste Colbert, surintendant des bâtiments et manufactures royales depuis 1664, qui veut relancer l'industrie textile locale. Pour ce faire, il est naturalisé français, autorisé à pratiquer la religion protestante, exonéré d'impôts et de taxes d'importation, obtient une « prime » de 12 000 livres et le monopole de fabrication de draps fins pour vingt ans, afin de créer la manufacture des Rames (en référence aux rangées de rames utilisées pour le séchage des draps).

Ce n’était à l’origine qu’un petit pavillon dit en rez-de-jardin de quatre pièces, une « bagatelle » ou « Folie (château de plaisance) », selon les traités d'architecture de Jacques-François Blondel (1737) et de Charles-Étienne Briseux (1743), utilisée pour recevoir les clients importants de l'industriel et qui, pour cette raison, ne comptait qu'un salon d'hiver, un salon d'été et une salle à manger, mais pas de chambres, d'office ou de pièces de commodités.

La construction en brique qui n'a ni fondations ni cave, est dotée d'un toit plat dit « en terrasse » ou « à l'Italienne », comme ceux du château de Versailles et des Trianons; elle est disposée « en lanterne », les pièces étant éclairées de chaque côté (dite aussi "en vue traversante") pour laisser entrer le plus de lumière possible.

En 1763, afin de pouvoir créer un étage de chambres, fut ajouté à l'élévation un niveau ou attique, « dernier étage d'une façade qui n'a que la moitié ou au plus les deux tiers de la hauteur de l'étage inférieur », selon Jules Adeline (p. 35 de la réédition de 1889 de son Lexique des termes d'art).

En 1793 les Van Robais, dont le privilège n'avait pas été renouvelé en 1768, vendent le château à Pierre-François Roze (officier de la marine royale ?), puis, en 1802, la manufacture familiale à Michel Grandin, manufacturier d'Elbeuf.

En 1810, Bagatelle est revendu à François-Gabriel de Wailly, dont les héritiers feront ajouter un comble dit « à la Mansard », puis, en 1898, deux pavillons latéraux, par l'architecte Parent. En 1878, la ferme, devenue vétuste, a été remplacée par deux ailes. Depuis, l'aspect extérieur de la demeure n'a pas changé[2]. Ces importantes transformations et agrandissements d'une « folie[N 1] » de la seconde moitié du XVIIIe siècle, modifient son aspect originel, évoquent - en plus harmonieux - ceux que subit un siècle plus tard le plus célèbre « Bagatelle » du monde, celui du bois de Boulogne à Paris, entre autres lourdement surélevé par le 4e marquis d'Hertford († 1870) , puis par son héritier Richard wallace († 1890).

Les de Wailly conservent Bagatelle pendant près de deux siècles, avant de le vendre aux actuels propriétaires qui ont entrepris une campagne de restauration des intérieurs et du jardin.

Situé dans le sud de la ville, à proximité de la route de Paris (entre le faubourg Saint-Gilles et la route d'Amiens), il dispose également d'un parc botanique de 10 hectares.

La maison a été inscrite à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques le 18 mai 1926, puis le 26 novembre 1946, le jardin régulier, jardin à la française, et le parc[3].

Caractéristiques

Le château est généralement ouvert à la visite sur rendez-vous.

Dans le vestibule se trouve un escalier à double-révolution dont la fine rampe en fer forgé d'origine est due à Simon Pfaff de Pfaffenhoffen, il donne accès au premier étage du corps central où se trouvent deux petits appartements et un boudoir. Le visiteur est frappé par la légèreté de cet escalier, pourtant placé dans une pièce aux dimensions réduites.

Le salon rond, ancien « salon d'été », pièce centrale qui a conservé ses lambris peints et des dessus-de-porte, est éclairé par trois fenêtres et offre une vue sur le jardin « à la française » et, plus loin, sur les allées du parc botanique. Les peintures originales ornant ses boiseries, qui n'ont jamais été restaurées, représentent des fontaines, des brûle-parfums et des œufs d'autruche qui auraient été inspirés par un cadeau de la reine Marie-Antoinette (on sait que Madame van Robais fut invitée à Paris par Marie-Antoinette en 1784 et, à son retour, fit repeindre le salon d'été dans le style "pompéïen" qui était alors la dernière mode parisienne[4]).

Son plafond est un ciel orné au centre de « l'aigle de Washington », en hommage au baron Jean de Kalb, époux de Anne Élisabeth Émilie van Robais et héros de la Guerre d'indépendance des États-Unis (il est mort en 1780 des suites de blessures reçues à la bataille de Camden).

Cette pièce est encadrée respectivement par la salle à manger et le « salon d'hiver ».

Le parc

Le parc du château de Bagatelle de 11 ha se compose de plusieurs ensembles :

  • un jardin à la française datant du XVIIIe siècle;
  • un jardin à l'anglaise conçu de 1810 à 1847 lorsque le parc fut agrandi de 10 hectares ;
  • un arboretum ;
  • un potager.

Le jardin à la française

Le jardin à la française entoure le château, avec à l'ouest un boulingrin planté de parterres de rosiers et à l'est un alignement de tilleuls. La grande pelouse est agrémentée d'un bassin de 54 mètres de long.

Le jardin à l'anglaise

Le jardin à la française est prolongé par un parc paysager à l'anglaise, avec une collection d'arbres rares et anciens : érable de Montpellier âgé de 150 ans, hêtre à feuilles de fougère âgé de 200 ans, hêtre tricolore âgé de 200 ans, Ginkgo biloba âgé de 200 ans... Des topiaires remarquables : lapin de 6 mètres de haut et chat en Buxus sempervirens... Un petit pavillon du XIXe siècle, un kiosque, une fontaine, des statues... complètent l'aménagement du parc.

Notes et références

Notes

  1. Ce nom de folie, qu’on retrouve par exemple pour le château de Long, n’a rien à voir avec de prétendues dépenses pharaoniques de construction : il vient du latin « folium », et désigne une demeure de plaisance bâtie dans le feuillage.

Références

Bibliographie

  • Bertrand Fournier, Van Robais et Saint Frères, l'héritage de deux dynasties industrielles, revue "Vieilles Maisons Françaises", no 234, septembre 2010, p. 42 à 49, illustré.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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