Canal du Nord (France)

Le canal du Nord est un canal de jonction reliant la vallée de l'Oise au canal Dunkerque-Escaut. Il possède deux biefs de partage alimentés par pompage depuis l'Oise et l'Aisne, et reçoit également les excédents de la Somme à hauteur d’Épénancourt. Imaginé vingt ans après le plan Freycinet pour promouvoir un gabarit de navigation supérieur au canal de Saint-Quentin, sa construction, amorcée en 1913, a été interrompue par les deux guerres mondiales et les difficultés économiques de l'entre-deux-guerres. Il a été finalement ouvert à la navigation en 1965.

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Canal du Nord

Entrée nord du tunnel de Ruyaulcourt.
Géographie
Pays France
Coordonnées 50° 16′ 44″ N, 3° 07′ 00″ E
Début Oise
Fin Canal Dunkerque-Escaut
Traverse Oise, Somme et Pas-de-Calais
Caractéristiques
Longueur 95 km
Gabarit 91 m × 5,70 m
Histoire
Année début travaux 1908
Année d'ouverture 1965

Histoire

Tranchée du canal pendant la bataille de 1918.
Troupes canadiennes à côté d'une écluse du canal inachevé en 1918.

Avant la construction du canal du Nord, le canal de Saint-Quentin était la seule voie navigable entre le bassin de la Seine et le nord de la France. Le développement du bassin houiller du Nord et de la consommation de charbon de la région parisienne accrut le trafic du canal de Saint-Quentin. En prévision de sa saturation, le Comité des Houillères du Nord et du Pas-de-Calais proposa la construction d’un nouveau canal qui fut compris dans le plan Freycinet de 1878 de rénovation du réseau navigable et de construction de voies ferrées. Le 23 décembre 1903, le gouvernement décida sa construction qui débuta en 1908, avec une contribution financière des compagnies minières du tiers des dépenses. Le canal qui aurait été accessible aux péniches de 300 tonnes, aurait diminué le coût de transport de 30 %. Au début de la Première Guerre mondiale, la construction était en bonne voie. Les ¾ des terrassements étaient effectués, 11 écluses construites ainsi que la totalité des ponts. Le percement des souterrains était également avancé. Les combats de la Première Guerre mondiale détruisirent ces travaux, particulièrement ceux de la bataille du canal du Nord du 27 septembre au 1er octobre 1918.

Le projet resta en suspens pendant la période de l'entre-deux-guerres et jusqu'à la fin des années 1950 où la croissance du trafic le fit apparaître nécessaire. Sa construction fut entreprise sur un gabarit plus large que celui décidé avant 1914 et il fut ouvert en 1966.

Parcours et villes traversées

Le canal du Nord vient s'embrancher sur le canal Dunkerque-Escaut par le canal de la Sensée, au port fluvial d’Arleux, et établit une connexion fluviale avec le canal latéral à l'Oise à Pont-l’Évêque, non loin de Noyon.

D'une longueur de 95 km, il compte 19 écluses  au gabarit : 91 m × 5,70 m  et deux biefs de partage :

  • celui du souterrain de Ruyaulcourt au nord, d'une longueur de 4,35 km. Le dénivelé entre Arleux et ce bief, de 40 m, est rachetée par sept écluses, tandis que la descente vers la vallée de la Somme, de 28 m, emploie cinq écluses ;
  • celui du tunnel de la Panneterie (long de 1,10 km). Le dénivelé entre la vallée de la Somme et ce bief est de 13 m et est rachetée par trois écluses, tandis que la descente vers la vallée de l'Oise au sud est de 22 m franchis en quatre écluses.

Sa section centrale emprunte le canal de la Somme de Péronne à Voyennes sur 20 km environ. Ce tronçon a donc été élargi et mis au gabarit du canal du Nord.

Souterrain de Ruyaulcourt

Ce tunnel fluvial, long de 4 350 m, permet de franchir le seuil du Cambrésis. Il est doté d'une gare centrale de 1 150 mètres en son centre permettant le croisement de bateaux. En France, il est le seul à posséder cet aménagement. Le poste de commande se trouve à la tête nord du passage souterrain, et la surveillance de l'ouvrage se fait par un éclairage continu et des caméras. Des bornes décamétriques dans le tunnel donnent la distance à l'entrée nord : de la borne 166 à la borne 269. Le dépassement (« trématage ») des bateaux y est interdit. Il y a une banquette permettant la circulation des piétons de chaque côté mais celles-ci sont fermées au public depuis 2009. À la verticale de Ytres, un puits de 40 mètres de profondeur et 5 mètres de diamètre a été creusé. Équipé d'un ventilateur, il se situe au niveau de la borne 219. À la borne 276, se trouve un puits d'évacuation menant par des escaliers aux deux banquettes de circulation.

Nord

Le port de Marquion sur le canal du Nord.

Arleux

Pas-de-Calais

Palluel, Sauchy-Cauchy, Marquion, Sains-lès-Marquion

Nord

Mœuvres

Pas-de-Calais

Graincourt-lès-Havrincourt, Hermies, Ruyaulcourt, Ytres

Somme

Étricourt-Manancourt, Moislains, Allaines et son lieu-dit Feuillaucourt, lieu-dit Halles sur la commune de Péronne (Subdivision de Péronne), Épénancourt, Pargny, Béthencourt-sur-Somme (jonction avec le canal de la Somme), Rouy-le-Grand, Rouy-le-Petit, Quiquery près de Nesle, Breuil, Buverchy, en suivant les cours de l'Ingon et du Petit Ingon

Oise

Libermont, Campagne, Catigny, Noyon, Pont-l'Évêque.

Jonction avec le canal de Saint-Quentin.

Jonction avec le canal latéral à l'Oise.

Projet de liaison Seine-Nord Europe

Bien que supérieur au gabarit Freycinet, celui du canal du Nord, conçu en 1913, qui ne permet pas le passage de péniches de plus de 900 tonnes, est inférieur à celui de la Seine et du canal latéral à l'Oise, au sud, et de la liaison Dunkerque-Escaut, au nord, aménagés pour des péniches de 2 000 tonnes. C'est pourquoi, la construction d'une nouvelle liaison à grand gabarit, le canal Seine-Nord Europe est actuellement envisagée. Cette liaison remplacerait le canal du Nord pour lequel divers projets de reconversion touristique, de valorisation agricole et d'aménagements urbains sont envisagés[1].

La rumeur d'Abbeville

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En 2001, il y eut une crue mémorable de la Somme. À la suite de pluies continues et diluviennes, l’eau commença à monter le 27 mars 2001.

Rapidement, une rumeur prit corps : il y avait un complot pour noyer Abbeville pour que Paris ne soit pas submergé par les eaux. La Somme qui arrose Abbeville est reliée à la Seine par le Canal du Nord, avec bien sûr un certain nombre d’écluses. Les Parisiens auraient détourné l’eau qui menaçait Paris par ce canal pour protéger la capitale, sans se soucier bien sûr de ces provinciaux de la Picardie. Au même moment, du 25 au 30 mars, la capitale reçoit en effet une délégation du Comité international olympique (CIO) venant statuer sur la candidature de la ville aux Jeux de 2008, et se doit donc de faire bonne figure.

Le 30 mars, Daniel Cadoux, le préfet de région, est obligé de tenir une conférence de presse. Sans résultats. Le 6 avril, la situation est très préoccupante : 58 communes concernées, 880 habitations inondées, 170 maisons évacuées et 500 personnes sinistrées, dont une centaine à Abbeville. Le 8 avril, le préfet menace de poursuite en diffamation les élus qui colporteraient les bruits calomnieux pour les plus hautes autorités. Le 9 avril, Lionel Jospin, le Premier ministre, se rend à Abbeville ; au cours de sa visite, il est vivement pris à partie par les sinistrés, et Maxime Gremetz, député (PC) de la Somme, lui écrit cette lettre ouverte : « Ne faut-il pas examiner sérieusement pourquoi j’ai constaté que la Somme recevait de l’eau du canal du Nord ? Comme tous les Picards, je me pose des questions. »

Un « Comité de défense des riverains de la Somme » se met en place, avec à sa tête André Boulogne, un retraité du Trésor public. Il écrit au directeur de la direction départementale de l'Équipement (DDE) et organise même une manifestation à laquelle participent un millier de personnes à Amiens le 11 avril. Gilles de Robien, maire d’Amiens, demande une commission d’enquête. Ce même jour, Joël Hart, le maire d’Abbeville fait constater par un huissier que le déversoir d’Épénancourt (« composé de poutrelles qui s'enlèvent les unes après les autres »[2]), qui sert de trop-plein au canal du Nord, débite dix mètres cubes par seconde dans la Somme, « soit le contenu de dix mille camions-citernes par jour ».

Les grands médias nationaux se sont tous fait l’écho de la rumeur de la Somme au même moment, à partir du 9 avril, le jour de la visite de Lionel Jospin à Amiens, soit deux jours après les médias régionaux. Entre le 9 et le 11 avril, huit reportages évoquant cette rumeur ont été diffusés dans les journaux télévisés des chaînes nationales, en particulier sur TF1 (voir les JT de Jean-Pierre Pernaut, picard natif d'Amiens, et le 20 h du 9 avril de Patrick Poivre d’Arvor, qui commence par ces mots : « Les Picards cherchent des explications et certains sont persuadés qu’on les inonde pour épargner Paris ».

La rumeur a ensuite totalement disparu du devant de l’actualité télévisuelle.

Galerie de photographies

Notes et références

  1. « Idées d'avenir pour le canal du Nord », sur avenircanaldunord.fr (consulté le ).
  2. Sénat (10 juillet 2001), Les inondations de la Somme, établir les causes et les responsabilités de ces crues, évaluer les coûts et prévenir les risques d'inondations (auditions), Rapports de commission d'enquête, consulté 26 avril 2017

Voir aussi

Liens externes

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