Boris Le Lay

Boris Le Lay, né le à Quimper, est un blogueur et militant français d'extrême droite.

Pour les articles homonymes, voir Le Lay.

Se réclamant du nationalisme breton, il anime le site extrémiste breizatao.com et serait l'administrateur du site democratieparticipative, ouvertement néonazi, antisémite, homophobe et raciste.

En 2021, en fuite depuis plusieurs années au Japon, il cumule plus de dix ans de condamnations à de la prison ferme, une fiche S, une notice rouge, treize mandats de recherche. Ces mesures sont inopérantes en l'absence de convention d'extradition entre la France et le Japon.

Biographie

Boris Le Lay naît le à Quimper, en France, au sein d'une famille bretonne. Il est élevé par sa seule mère, entre Elliant et Rosporden[1].

Vers 2004, titulaire d'une licence en histoire et d'un BTS en audiovisuel, Boris Le Lay rejoint le mouvement nationaliste breton Adsav[2]. En 2006, menacé d'exclusion pour des « questions de comportement », il le quitte de lui-même[1],[2]. Aux alentours de 2005, il est également surveillant à mi-temps dans un lycée de sa ville natale[1].

En juin 2006, il fonde avec Dominique Lambert[n 1] une association d'amitié entre la Bretagne et Israël appelée « Breizh-Israël », avant de s'en éloigner[Quand ?][2] et de changer radicalement de point de vue après avoir lu Les Espérances planétariennes d'Hervé Ryssen[3].

En , dans le cadre d'un canular et afin de revendiquer son nationalisme breton, Boris Le Lay publie une annonce dans la catégorie « Arts et antiquités » du site de vente en ligne eBay, proposant de mettre la France aux enchères[4]. Il précise notamment aux éventuels acheteurs que « la République est composée de nations minoritaires muselées » et qu'elle est dotée d'un « superbe appareil d'État à rénover »[4].

Fin 2008, il crée le « blog de Boris Le Lay » qui publie plusieurs billets par jour avec un antisémitisme des « plus crus »[3]. Il y développe notamment des éloges de l'Allemagne nazie sur le complot juif, l'inceste, la « pédomanie » et l'homosexualité judaïque[3] et appelle à la « croisade » contre la « secte mahométane »[5]. Se considérant comme un nationaliste breton[6], il commente l'actualité sur les réseaux sociaux et sur YouTube[7], commençant chacune de ses vidéos par le gimmick « Bevet Breizh, Breizh Atao ! », ce qui signifie « Vive la Bretagne, Bretagne toujours ! »[n 2],[5].

En , il est présenté comme le chargé des relations Europe du nouveau Mouvement des damnés de l'impérialisme de Kémi Séba, et signe une tribune favorable à ce dernier sur Vox NR[8]. En 2009, il s'en prend à Pierre Sautarel, animateur de François Desouche, le qualifiant de « traître et suceur de juifs »[3]. Il anime à la même époque un autre site intitulé Le Journal des indigènes[3]. Il se rapproche d'Hervé Ryssen, qu'il accueille sur son nouveau blogue, leprojetjuif.info[1], avant que leurs relations ne se refroidissent vers 2013[9].

En 2014, il s'installe au Japon, « pays d'origine de son épouse »[10], dans lequel il a déjà travaillé auparavant, notamment dans un établissement gastronomique, propriété du chef cuisinier français Joël Robuchon[1]. Il travaille alors comme crêpier dans des « restaurants français de Tokyo »[11]. Fin 2018, objet d'une fiche S, pour son appartenance à la mouvance d'extrême droite radicale, et d'une notice rouge d'Interpol, il serait « activement recherché » par la police[12],[13].

En , à l'approche des élections législatives, il diffuse sur Internet des vidéos à caractère pornographique ainsi que divers documents accusant de harcèlements et de chantages le député et maire de Limoux, Jean-Paul Dupré. En fin de mandat, celui-ci n'était pas candidat à une réélection. Selon Alain Baute (L'Indépendant), Jean-Paul Dupré est victime d'une « manipulation de caniveau » organisée par un « élément de la "fachosphère" » qui diffuse des vidéos de caractère privé sur Internet[14],[15].

En 2019, en fuite depuis plusieurs années au Japon, il cumule plus de dix ans de condamnations à de la prison ferme, une fiche S, treize mandats de recherche et une notice rouge d'Interpol[1],[16],[17].

Cybermilitantisme

Boris Le Lay est une figure du cybermilitantisme d’extrême droite. Actif notamment sur les réseaux sociaux populaires, tels que Facebook et Twitter, et sur le média social YouTube  il cumule plus de 200 000 abonnés sur ces plates-formes internet[1],[16] , il est à l'initiative, en [18], d'une résurgence de Breiz Atao, un site internet nationaliste breton, dont il est le « responsable légal et principal rédacteur »[5]. Après une condamnation pour provocation à la haine raciale[19], la page d'accueil du site est déréférencée en par le moteur de recherche Google[20].

En , il lance une « campagne pour la remigration de Bourama »[1], un adolescent malien installé à Concarneau, dont le visa provisoire arrive bientôt à échéance et ayant fait l'objet d'un portrait dans Le Télégramme[21]. Il organise ensuite une campagne de harcèlement contre la journaliste à l’origine de ce papier[1].

En , son compte YouTube, qui hébergeait une centaine de vidéos, a été supprimé après de nombreuses requêtes judiciaires[22].

Democratieparticipative.biz

D'après divers médias[23],[24], la direction générale de la police nationale soupçonne Boris Le Lay d'être l'administrateur de « Démocratie participative » (Democratieparticipative.biz), un site web créé en 2016 et décrit comme « néonazi[25],[26], antisémite, raciste, homophobe », et dont le procureur de la République de Paris François Molins cherche à faire interdire la diffusion en France, à la demande de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH)[13],[27]. Le , le tribunal de grande instance de Paris accède à la demande du procureur et ordonne aux fournisseurs d'accès français le blocage DNS du site dans les quinze jours du jugement sous peine d'astreinte de 10 000 euros par jour de retard dans l'application de la mesure[28],[29]. L'intéressé a réagi en changeant le nom du site, mais la DILCRAH est parvenue à obtenir en référé des décisions non contradictoires contraignant les fournisseurs d'accès internet à appliquer le même blocage à ces nouveaux sites. En outre, selon la DILCRAH, le déréférencement Google rend également l'accès au site plus difficile[30].

Appels au harcèlement

En 2017, le site publie des articles emplis d'insultes racistes et sexistes et de messages appelant au harcèlement de la journaliste lyonnaise Julie Hainaut, qui a publié dans la presse locale un article critiquant les patrons d'un bar vantant l'esprit colonial. En décembre 2020, le procès en appel de la seule personne poursuivie sur quinze plaintes déposées par la journaliste se conclut par une relaxe, pour défaut de procédure. Le site démocratieparticipative n'est alors pas encore inquiété malgré l'incitation au harcèlement et à la violence[31],[32],[33].

En août 2018, en réaction à la mort d'Adrien Perez, un jeune homme tué d'un coup de couteau en juillet, Génération identitaire organise une manifestation de soutien sans l'accord de la famille. Celle-ci s'indigne, par le biais de son avocat, Denis Dreyfus, d'une « récupération politique » et d'« incitations au racisme orchestrées par les identitaires ». Le site démocratieparticipative publie alors une diatribe antisémite visant Me Dreyfus appelant à la violence et au meurtre. Le Syndicat des avocats de France condamne le libelle et le parquet de Grenoble ouvre une enquête pour provocation à la haine raciale[34],[35].

Après la diffusion en direct des attentats de Christchurch, le , l'entreprise américaine Facebook, critiquée pour son inaction[36], lance une campagne de suppression de comptes propageant des discours de haine sur son réseau social. Le , la page Facebook de Boris Le Lay est alors effacée[16].

Le , la justice française ordonne la fermeture du site en raison de la « menace à l'ordre public » que représentent deux de ses publications après l'attentat du 9 août 2020 à Kouré, au Niger. Selon l'ordonnance en référé du tribunal de Paris, les contenus incriminés « exhortent à la haine en valorisant, par les mots et l'image, un passage à l'acte terroriste »[37].

En janvier 2021, c'est une rappeuse indépendante, Héro Écho, qui est la cible du site et subit une campagne de harcèlement, après la publication d'un clip féministe critiqué sur le site démocratieparticipative ; elle reçoit également de nombreuses insultes antisémites, racistes et sexistes, ainsi que des menaces de mort[17].

Condamnations

En 2011, à la suite d'une perquisition à son domicile, Boris Le Lay est condamné pour insultes racistes envers Yannick Martin, le sonneur du Bagad Kemper, à 18 mois de prison avec sursis, à 1 500  de dommages et intérêts et à 1 000  de frais d’avocats[38] pour un commentaire posté par un internaute sur le forum du site Breiz Atao qui écrivait « Que cela plaise ou non on n'a jamais vu de Celtes noirs, peut-on lire à propos de Yannick Martin, et nous n'en verrons jamais »[39]. Le jugement de première instance est confirmé en 2013 par un arrêt de la cour d'appel[40].

En octobre 2013, il est condamné notamment pour contestation de crimes contre l'humanité[41], et en octobre 2014 pour des propos antisémites[42]. En 2015, il est condamné à six mois de prison, 8 000 euros de dommages et intérêts, ainsi que 800 euros de remboursement des frais de procédure[43] pour provocation à la discrimination raciale à l'encontre de Yannick Martin dans une vidéo postée en juin 2013[44]. En 2016, il est condamné à deux ans de prison ferme pour des insultes contre la magistrate Fatou Mano. Étant parti vivre au Japon[6], il est toujours condamné par défaut[45],[46].

Début 2016, il cumule une douzaine de condamnations[10]. Il est défendu durant ses procès par Pierre-Marie Bonneau, lui-même militant nationaliste[10]. En février 2018, Boris Le Lay écope d'une nouvelle peine de deux ans de prison avec mandat d'arrêt. La plainte vient du recteur de l'académie de Rennes, qui lui reproche l'utilisation de trois photos de classe d'une école de Pontivy, publiées et récupérées dans le journal local. Les images avaient été utilisées dans un article de Breizatao pour dénoncer une « africanisation et islamisation fulgurante de la ville »[47]. En septembre 2018, il est condamné à Saint-Brieuc à un an de prison ferme pour provocation à la haine raciale[19]. L'ensemble de ses condamnations, essentiellement pour incitation à la haine raciale, représente, début 2019, un total de dix années de prison ferme[1].

En février 2019, il est condamné à un an de prison ferme et cinq ans d'inéligibilité pour provocation publique à la discrimination, après avoir diffusé les coordonnées personnelles d'un conseiller municipal de Callac, et l'avoir qualifié de « factieux communiste » cherchant à « imposer des afros-musulmans infiltrés sur le territoire breton » et visant à « faire prendre en charge ces colons par les travailleurs de la commune »[48].

Il est de nouveau condamné en juin 2021 à deux ans et huit mois de prison ferme et 31 500 € d'indemnisations pour différentes affaires d'antisémitisme, de provocations à la haine raciale, d'injures publiques, menaces de mort, etc. touchant une quinzaine de victimes, dont Guy Birenbaum, des conseillers généraux du Finistère, le président d'une association ou la directrice d'une école primaire[49].

Ces condamnations sont inopérantes en l'absence de convention d'extradition entre la France et le Japon, ou d'autres conventions d'entraide pénale[50].

Notes et références

Notes

  1. Dominique Lambert est conseiller municipal divers droite de Quimper depuis 2016.
  2. « Vive la Bretagne, Bretagne toujours ! » en français.

Références

  1. Théo du Couëdic et Maxime Recoquillé, « Boris Le Lay, itinéraire d’un multirécidiviste de la haine raciale », sur Slate.fr, Slate, (consulté le ).
  2. La Fachosphère 2016, p. 286
  3. La Fachosphère 2016, p. 288
  4. « Il met la France en vente sur Internet », sur Le Télégramme, (consulté le ).
  5. La Fachosphère 2016, p. 283.
  6. Hervé Chambonnière, « Boris Le Lay localisé au Japon », Le Télégramme, 22 novembre 2016.
  7. Agnès Laurent, « Boris Le Lay, le troll breton qui répand la haine », L'Express, 15 juillet 2017.
  8. La Fachosphère 2016, p. 290
  9. La Fachosphère 2016, p. 289
  10. La Fachosphère 2016, p. 285.
  11. La Fachosphère 2016, p. 293
  12. La Fachosphère 2016, p. 294
  13. « Antisémite, raciste, homophobe : la justice tente de bloquer un site Internet étendard de la fachosphère », Marianne, (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Limoux - L'édito d'Alain Baute: "Immoral" »,
  15. « Aude: un militant de l'ultra droite en fuite au Japon dévoile sur YouTube une sex-tape du député maire de Limoux », FranceSoir, (lire en ligne, consulté le )
  16. « Facebook supprime la page de Boris Le Lay, figure de la fachosphère », Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  17. Christophe-Cécil Garnier, Une rappeuse indépendante harcelée par les néonazis, StreetPress, .
  18. La Fachosphère 2016, p. 291
  19. Jean-Yves Hinault, « L’ultranationaliste breton Boris Le Lay condamné à un an de prison pour provocation à la haine », sur ouest-france.fr, .
  20. Marc Rees, « Non, le blog ultranationaliste Breiz Atao n'a pas été totalement déréférencé de Google », Next INpact, (lire en ligne, consulté le )
  21. Pascale Tamalet, « Bourama Sinayoko. Une vie d'adulte à 17 ans », sur Le Telegramme, (consulté le ).
  22. J.G., « YouTube supprime le compte du blogueur ultranationaliste Boris Le Lay », 20 Minutes, (consulté le ).
  23. Jérôme Gicquel, « Qui est Boris Le Lay, le blogueur breton qui déverse sa haine sur Internet? », 20 Minutes, (lire en ligne).
  24. « Le site raciste "Démocratie participative" bloqué, les auteurs évoquent une "attaque" », France-Soir, 19 aôut 2019 (lire en ligne, consulté le ).
  25. Philippe Graziani, « Un vif émoi à Tulle après la publication sur un site néo-nazi de propos haineux contre l'ancien déporté Jean Viacroze », sur France Bleu, (consulté le ).
  26. Dominique Desaunay, « Un site néo-nazi bloqué par la justice française de nouveau en ligne », sur RFI, (consulté le ).
  27. Marc Rees, « Blocage de DemocratieParticipative.biz : ce que révèle l’assignation du procureur de Paris », sur Next INpact, (consulté le ).
  28. Martin Untersinger, « La justice française ordonne le blocage du site raciste Démocratie participative », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  29. TGI Paris, LICRA, MRAP et autres / Orange, SFR, FREE et autres, (lire en ligne).
  30. Hakima Bounemoura, « Pourquoi n'arrive-t-on pas à bloquer définitivement «Démocratie participative», l'un des sites les plus influents de la fachosphère? », 20 Minutes, (lire en ligne, consulté le ).
  31. Maïté Darnault, « Cyberharcèlement : une journaliste prise dans la Toile », sur liberation.fr, (consulté le ).
  32. Lucie Delaporte, « Cyberharcèlement d’une journaliste par des néonazis : le fiasco judiciaire », sur Mediapart (consulté le ).
  33. « France : RSF se porte partie civile pour la journaliste Julie Hainaut - une affaire qui démontre la nécessité de renforcer la loi contre la haine en ligne », sur Reporters sans frontières, (consulté le ).
  34. « Grenoble. Visé par des propos antisémites, Me Denis Dreyfus va déposer plainte », Le Dauphiné libéré, (consulté le ).
  35. Cécilia Sanchez, AFP, « Grenoble : enquête ouverte après des propos antisémites contre l'avocat de la famille d'Adrien Perez », sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, (consulté le ).
  36. Michaël Szadkowski et Damien Leloup, « Après l’attentat de Christchurch, Facebook, YouTube et Twitter accusés de mal modérer les discours haineux », Le Monde, (consulté le ).
  37. AFP, « La justice ordonne la fermeture du site raciste «Démocratie participative» », 20 Minutes (consulté le ).
  38. « Bagad Quimper. Un procès pour injures racistes au tribunal », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le ).
  39. La Fachosphère 2016.
  40. « Diffamation. Peine confirmée en appel contre Boris Le Lay », Le Télégramme, (lire en ligne, consulté le ).
  41. « Propos négationnistes. Le fondateur de Breiz Atao une nouvelle fois condamné », sur ouest-france.fr, .
  42. AFP, « Propos antisémites: un blogueur condamné », Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  43. J.G., AFP, « Bretagne : Le blogueur Boris Le Lay condamné à de la prison ferme », sur www.20minutes.fr (consulté le ).
  44. AFP, « Racisme : un blogueur breton condamné à de la prison ferme », Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  45. Yannick Guérin, « Deux ans de prison ferme contre l'ultranationaliste breton Boris Le Lay », Ouest-France, .
  46. « Deux ans de prison ferme pour l'ultranationaliste Boris Le Lay », France 3 Bretagne, .
  47. « Pontivy. Utilisation de photos de classe : Boris Le Lay à nouveau condamné », article archivé sur Internet Archive, Le Télégramme, (consulté le ).
  48. « Justice. Le créateur de Breiz Atao de nouveau jugé et de nouveau condamné », Ouest-France, .
  49. Pierre Fontanier, « Quimper. Deux ans et huit mois ferme pour Boris Le Lay », sur ouest-france.fr,
  50. « Provocation à la haine : nouvelle convocation en justice pour l’ultranationaliste breton Boris Le Lay », sur Le Telegramme, (consulté le )

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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