Biguine


La Biguine est un style musical ainsi qu'une danse, originaire de Saint Pierre Martinique, datant probablement de la période de l'esclavage[1], présente et connue lors de l'émancipation des esclaves en 1848, ce qui a permis aux écoles de musique des États-Unis d'Amérique, qui la font remonter à cette époque, d'en faire un des ancêtres du jazz. Un film de 2004 porte également le nom de cette danse.

Pour un article plus général, voir Musique des Antilles françaises.

Histoire

Le nom de la biguine viendrait pour certains auteurs du verbe embéguiner[2]. On le trouve imprimé deux fois « béguine » dans un article de M. Monchoisy intitulé « Les Antilles Françaises en 1893 » paru dans un numéro de de La Revue des deux Mondes [3].

La biguine suscita un grand engouement en France métropolitaine dans les années 1930[4], surtout lors de l'Exposition coloniale internationale de 1931[5], puis des années d'après-guerre (la période de l'Occupation allemande - de 1940 à 1944 - ayant par contre été peu propice à l'expression des artistes antillais).

L'apogée de cette célébrité survient lorsque Cole Porter, grand compositeur de Jazz et, coutumier de la vie parisienne, l'honore de l'air aujourd'hui universellement connu : Begin The Beguine qui n'est d'ailleurs pas un rythme de biguine mais un rythme de Jazz : « when they begin the beguine, it brings back sounds of music so tender, it brings back sounds of tropical splendor » : « quand ils entonnent la biguine, elle fait surgir la sensation d'une musique si tendre, elle fait renaitre des impressions de splendeur tropicale » (paroles et musique de Cole Porter).

Cependant, sa popularité décline pendant les années 1970, avec l'arrivée des rythmes cubains et surtout haïtiens dont la cadence rampa et le compas.

Les liens avec le jazz

La biguine possède de nombreux traits communs avec le jazz de la Nouvelle Orléans, et a pu influencer son développement [6]. Ceci explique qu'à leur arrivée à Paris, de nombreux musiciens antillais tels Ernest Léardée, Robert Mavounzy, Al Lirvat, Emilien Antile ont intégré sans la moindre difficulté le jazz à leur répertoire, musique jouée au même titre que la biguine dans les "bals Nègres" de l'époque. À l'inverse, le clarinettiste martiniquais Alexandre Stellio (1885-1939), qui popularisa la biguine à Paris de 1929 à 1939, fut un farouche défenseur de la pure biguine traditionnelle telle qu'on la jouait à Saint-Pierre et resta un inconditionnel de ce répertoire.

Une tradition encore vivante

De nos jours, la biguine n'a plus la même renommée hors des Antilles françaises, mais elle continue d'être un style honoré voire prestigieux dans celles-ci. Dans une société en perpétuel mouvement culturel, de nombreux artistes l'actualisent en lui apportant de nouvelles sonorités. Néanmoins, elle reste souvent interprétée, en particulier dans les bals, comme elle l'était à son âge d'or.

Le groupe Malavoi est une référence parmi les musiciens actuels inspirés par la biguine, avec une composition proche de celle de l'orchestre cubain Aragon, où les instruments à cordes ont une place prépondérante. La reprise par le groupe d'un titre de Léona Gabriel, Asi Paré, avec Edith Lefel, fut très populaire aux Antilles françaises, dans les années 1990. Guy Vadeleux ou Gisèle Baka sont eux aussi souvent cités parmi les artistes actuels délivrant une musique proche de la biguine d'antan.

En danse, le Ballet Pomme-Cannelle de Basse-Pointe s'est forgé une renommée mondiale en se produisant en des spectacles où ils ont fait vivre les danses traditionnelles martiniquaises et en particulier la biguine, avec une authenticité, tant dans les habits que dans les pas, qui fut souvent appréciée des spectateurs.

Sur le plan cinématographique, le film Biguine, avec en vedette Micheline Mona et Max Télèphe, retraçant l'épopée d'un couple de musiciens de biguine, connut un vif succès aux Antilles françaises, lors de sa sortie en 2004. La bande-originale contient quelques célèbres morceaux, interprétés par Micheline Mona.

Ces nombreuses références sont représentatives de l'intérêt et de l'attachement que portent les martiniquais à ce genre qui constitue l'un des principaux de leur patrimoine. Fréquemment, des spectacles de biguine sont donnés lors des manifestations culturelles organisées par les mairies, les écoles, les centres culturels, les associations ou les particuliers, sensibilisant ainsi toutes les générations à cet aspect de leur tradition.

Les grands noms de la Biguine

  • Manuela Pioche (1932-), chanteuse guadeloupéenne
  • Roger Fanfant (1900-1966), musicien guadeloupéen
  • Henri Debs (1932-2013), musicien guadeloupéen
  • Émilien Antile, musicien guadeloupéen
  • Gérard La Viny, musicien guadeloupéen
  • Al Lirvat (1916-2007), musicien guadeloupéen
  • Léona Gabriel (1891-1971), chanteuse martiniquaise
  • Fernand Donatien (1922-2003), musicien martiniquais
  • Sam Castendet (1906-1993), musicien martiniquais
  • Robert Mavounzy, musicien guadeloupéen
  • Barel Coppet (1920-2009), musicien martiniquais
  • Ernest Léardée (1896-1988), musicien martiniquais
  • Alexandre Stellio (1885-1939), musicien martiniquais
  • Félix Valvert, musicien guadeloupéen
  • Fernande de Virel, musicienne guadeloupéenne (mère de Moune de Rivel)
  • Moune de Rivel (1918 -2014), chanteuse guadeloupéenne
  • Honoré Coppet (1910-1990), musicien martiniquais
  • Hurard Coppet, musicien martiniquais
  • Eugène Delouche (1909-1975), musicien martiniquais
  • Marius Cultier, musicien martiniquais
  • Paulo Rosine (1948-1993), chanteur, musicien martiniquais
  • Francisco, musicien martiniquais
  • Maurice Jallier, musicien martiniquais
  • Loulou Boislaville (1919-2001), musicien martiniquais
  • Lola Martin (1939), chanteuse martiniquaise
  • Gertrude Seinin, chanteuse martiniquaise
  • Gisèle Baka, chanteuse martiniquaise
  • Malavoi, groupe martiniquais
  • Max Ransay musicien martiniquais
  • Abel Zenon
  • Camille Sopran'n (Léopold Hildevert), musicien guadeloupéen
  • Justin Angel saxophoniste Guadeloupéen

Notes et références

  1. Rosemain, Jacqueline, 1930-, La musique dans la société antillaise : 1635-1902, Martinique, Guadeloupe, L'Harmattan, (ISBN 2-85802-685-8 et 9782858026852, OCLC 16572451, lire en ligne)
  2. Frémeaux et Associés - Anthologie des Musiques de Danse du Monde - biguine
  3. Les Antilles en 1893 cité par Jean-Pierre Meunier dans le livret de l'éditeur Frémeaux & Associés Anthologie des Musiques de Danse du Monde (édition 2011)
  4. Elle est devenue illustre dans la période de l'entre-deux guerres alors qu'elle était interprétée dans les dancings de Paris par des artistes antillais tels qu'Alexandre Stellio.
  5. Musique et immigration dans la société antillaise, Frédéric Negrit
  6. Rosemain, Jacqueline, 1930-, Jazz et biguine : les musiques noires du Nouveau-Monde, Paris, L'Harmattan, , 154 p. (ISBN 2-7384-1995-X et 9782738419958, OCLC 32703623, lire en ligne)

Liens externes

Voir aussi

  • Portail des musiques du monde
  • Portail de la danse
  • Langues créoles et créolophonie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.