Bernard de Lattre de Tassigny

Bernard de Lattre de Tassigny est un officier français, né le à Paris (16e) et mort le près de Ninh Binh (Tonkin).

Pour les articles homonymes, voir De Lattre.

Bernard de Lattre de Tassigny

De lattre de tassigny en 1951 à Haiduong.

Naissance
Paris 16e, France
Décès
Ninh Binh (Tonkin, Viêt Nam)
Mort au combat
Origine Français
Allégeance France
Arme Arme blindée et cavalerie
Grade Lieutenant
Années de service 19441951
Commandement Escadron
Conflits Seconde Guerre mondiale
Guerre d'Indochine
Distinctions Légion d'honneur (chevalier)
Médaille militaire
Croix de guerre 1939-1945
Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs
Médaille des évadés
Ordre national du Vietnam (chevalier)
Famille Jean de Lattre de Tassigny, maréchal de France, son père
Simonne Calary de Lamazière, sa mère

Biographie

Bernard de Lattre de Tassigny est le fils unique du maréchal Jean de Lattre de Tassigny et de Simonne Calary de Lamazière. En , il organise, avec sa mère puis le concours de la Résistance, l'évasion de son père de la prison de Riom[1],[2],[3]. Le général de Lattre, se ralliant à de Gaulle, rejoint Londres en puis Alger en . S'ensuit, pour Bernard de Lattre et sa mère, une période de clandestinité[4] qui ne s'achève que par leur exfiltration organisée par la Résistance et les services secrets de Londres[5]. Partant de Paris le , ils traversent la France, puis l'Espagne  entre le et le   pour rejoindre Alger, via Gibraltar[5]. Désireux de s'engager dans les Forces françaises libres, Bernard de Lattre est jugé trop jeune pour être admis dans l'armée de libération qui se prépare pour le débarquement de Provence ; néanmoins, devant sa volonté de combattre, le général de Gaulle lui accorde une dispense d'âge[6],[7]. Le , il est affecté au 2e régiment de dragons. Lors de la bataille pour la libération d'Autun, le , il est sérieusement blessé[7]. Il reçoit la médaille militaire des mains du colonel Demetz, commandant le 2e dragon, lors d'une prise d'armes à Masevaux, le [8] au cours de laquelle son père lui donne l'accolade[9].

Entré à l'École militaire interarmes, le (promotion Victoire), il choisit l'arme blindée et cavalerie à sa sortie. Le , il est aspirant. Stagiaire à l'École de cavalerie de Saumur, il est nommé sous-lieutenant le . Affecté ensuite au 4e régiment de cuirassiers, à Mourmelon-le-Grand, il est promu lieutenant le [7].

Il quitte la métropole pour l'Indochine le . Chef d'un peloton blindé du 1er régiment de chasseurs, il est commandant du poste de Yen My, qui contrôle quinze villages et une population d'environ 20 000 habitants[10]. Il est cité à l'ordre de la brigade le .

Le , le général de Lattre devient haut-commissaire, commandant en chef en Indochine et commandant en chef du corps expéditionnaire français en Extrême-Orient. Son fils Bernard refuse de faire partie de son état-major ; il veut rester avec ses hommes de troupe.

Bernard de Lattre prend le commandement d'un escadron composé en grande partie de volontaires vietnamiens, le . À la suite des combats de Maï Dien, il est cité à l'ordre du corps d'armée le . Fin , Giap lance une grande offensive-surprise sur la rivière Day. Le 30, Bernard est transpercé de quatre-vingts blessures (des éclats de mortier) au pied du blockaus ouest du rocher de Ninh Binh, qui garde le passage du trafic fluvial (le blockhaus garde la ville)[7],[11]. Son corps est transporté depuis les lignes de front après que le commando Vandenberghe a repris la position[12]. De Lattre a alors une phrase merveilleuse ; "Bernard n'est pas mort pour la France, il est mort pour le Vietnam", ce qui était vrai, car il était profondément amoureux du pays et de sa population.

Ses obsèques sont célébrées par l'aumônier militaire Xavier Louis de la promotion Galliéni en la cathédrale Saint-Joseph de Hanoï (dite cathédrale des Martyrs de Hanoï), en présence de son père. Sa dépouille et celles du lieutenant Mercier et du brigadier Mellot, tombés à ses côtés, sont ensuite rapatriées en métropole, accompagnées par le général de Lattre, où une cérémonie officielle, en forme d'hommage aux combattants d'Indochine, est organisée[13] à l'église Saint-Louis-des-Invalides en présence de membres du gouvernement et de l'État-Major des armées[14]. Terrassé par un cancer à la hanche mal soigné et dévasté par la mort de son fils unique, son pére meurt 7 mois plus tard à Paris le .

La mort de Bernard de Lattre reçut un large écho dans la presse nationale et internationale, en particulier par des articles dans Le Figaro, Le Monde, Paris Match[15], The New York Times[16] ainsi que dans le TIME magazine[17]. Ses funérailles furent présentées dans LIFE comme Picture of the Week[18].

Peu de temps avant son départ pour l'Indochine, le , Bernard de Lattre avait eu l'occasion d'ouvrir le bal avec la princesse Margaret à l'ambassade du Royaume-Uni en France  bal donné en l'honneur de la princesse  ; la revue Radar avait fait paraitre un dessin en couverture, dessin qui fut offert à la famille après sa mort[19].

Le tombeau de Bernard de Lattre de Tassigny est situé au cimetière de Mouilleron-en-Pareds, aux côtés de ceux de ses parents[20],[21].

Décorations

Hommages

  • Une chapelle a été érigée à sa mémoire à Wildenstein[27],[28]. Cette chapelle est située près de l'ancien centre de repos et de vacances « Rhin et Danube », dont la construction avait été décidée par le général de Lattre, en 1949, pour accueillir les orphelins de l'armée ; inaugurée par lui le , il décida qu'elle porterait le nom de « Bernard de Lattre »[29],[30],[31].
  • La 24e promotion (1984-1985) de l'École militaire interarmes porte son nom.

Notes et références

  1. Robert Aron, Grands dossiers de l'histoire contemporaine, Paris, CAL (Club des amis du livre), (1re éd. : Grands dossiers de l'histoire contemporaine ; Nouveaux grands dossiers de l'histoire contemporaine, Paris, Librairie Académique Perrin, 1962-1964), 494 p., « L'évasion de De Lattre de Tassigny », p. 277-283.
  2. Robert O. Paxton (trad. Claude Bertrand, préf. Stanley Hoffmann), La France de Vichy – 1940-1944, Paris, Éditions du Seuil, coll. « Points-Histoire », (réimpr. novembre 1999) (1re éd. 1973), 475 p. (ISBN 978-2-02-039210-5), p. 337.
  3. Robert O. Paxton (trad. de l'anglais par Pierre de Longuemar), L'Armée de Vichy – Le corps des officiers français 1940-1944, Paris, Éditions Tallandier, (réimpr. Le Seuil, coll. « Points-Histoire », 2006 (postface de Claude d’Abzac-Epezy) 567 p. (ISBN 2020679884)) (1re éd. 1966), 588 p. (ISBN 2-84734-139-0), p. 407 et 427.
  4. Simonne de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari, t. I : 25 septembre 1926 – 8 mai 1945, Paris, Presses de la Cité, 1972, 507 p., p. 358-368.
  5. Simonne de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari, t. I : 25 septembre 1926 – 8 mai 1945, op. cit., p. 369-387.
  6. Archives départementales de la Vendée. Bernard de Lattre de Tassigny.
  7. « Site de la promotion Bernard-de-Lattre à l'EMIA », sur emia.delattre, archivé par wikiwix (consulté le ).
  8. Simonne de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari, t. I : 25 septembre 1926 – 8 mai 1945, op. cit., p. 476.
  9. « Dans l'Alsace libérée » [vidéo], sur ina.fr, Les Actualités Françaises, (consulté le ).
  10. Simonne de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari, t. II : 8 mai 1945 – 11 janvier 1952, Paris, Presses de la Cité, 1972, 417 p., p. 183.
  11. Sur le piton du pagodon de Non Nuoc, au sommet duquel il reste deux blockhaus, l'un dominant le fleuve Day et l'autre la ville de Ninh Binh.
  12. Simonne de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari, t. II, op. cit., p. 294.
  13. René Gilli, « La « Marque » du général de Lattre en Indochine », sur Saint-Cyr.org, archivé par wikixwix, (consulté le ).
  14. Simonne de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari, t. II, op. cit., p. 295-296.
  15. « Ici fut tué Bernard de Lattre, il est vengé par ce drapeau », Paris Match, no 118, 23 juin 1951.
  16. (en) « French Chief's Son Slain; Lieut. Bernard de Lattre Dies in Combat in Indo-China », sur select.nytimes.com, (consulté le ).
  17. (en) « War: Soldier's Son », sur time.com, TIME magazine, (consulté le ).
  18. Kiss for a Soldier Son, LIFE, 25 juin 1951, p. 27
  19. Simonne de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari, t. II, op. cit., p. 169-170.
  20. « De Lattre de Tassigny Bernard Jean Marie Michel », sur memorialgenweb.org (consulté le ).
  21. « Patrimoine », sur mairie-mouilleronenpareds.fr, commune de Mouilleron-en-Pareds (consulté le ).
  22. Simonne de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari, t. I, op. cit., p. 492.
  23. Simonne de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari, t. II, op. cit., p. 283.
  24. Simonne de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari, t. I, op. cit., p. 464.
  25. Simonne de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari, t. II, op. cit., p. 299.
  26. Simonne de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari, t. II, op. cit., p. 129.
  27. « Chapelle Saint-Bernard à la mémoire du fils du maréchal de Lattre de Tassigny », sur souvfrancais-stamarin.com (consulté le ).
  28. « Chapelle Saint-Bernard à la mémoire du fils du maréchal de Lattre de Tassigny », sur wildenstein.fr, commune de Wildenstein (consulté le ).
  29. Simonne de Lattre de Tassigny, Jean de Lattre, mon mari, t. II, op. cit., p. 325-329.
  30. 47° 58′ 57″ N, 6° 57′ 26″ E
  31. Pierre Normand, Histoire d'un chantier, Centre Bernard de Lattre – Wildenstein (Haut-Rhin), 1972, 61 p.

Bibliographie

Annexes

Lien externe

  • Portail de l’histoire militaire
  • Armée et histoire militaire françaises
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.