Bataille du pont de Lodi

La bataille du pont de Lodi oppose, le (21 floréal an IV), l’armée d'Italie du général Bonaparte aux armées coalisées commandées par le général Sebottendorf, pour la prise du pont de Lodi sur l’Adda. Elle conclut de manière victorieuse la deuxième partie de la campagne d’Italie.

Pour un article plus général, voir Campagne d'Italie (1796-1797).

Bataille du pont de Lodi
Bonaparte donnant ses ordres à la bataille de Lodi
par Louis-François Lejeune.
Informations générales
Date 21 floréal an IV
Lieu Sur la rivière Adda,
sud-est de Milan,
Duché de Milan (Autriche)
Issue Victoire tactique et stratégique française
Belligérants
 République française Saint-Empire
Commandants
Napoléon Bonaparte
Claude Dallemagne
Karl Philipp Sebottendorf
Forces en présence
17 500 hommes9 500 hommes
Pertes
1 000 morts ou blessés3 200 morts ou blessés
2 000 prisonniers
14 canons

Première Coalition

Batailles

Coordonnées 45° 20′ nord, 9° 30′ est
Géolocalisation sur la carte : Lombardie
Géolocalisation sur la carte : Italie

Campagne précédant la bataille

Bonaparte surprend tout le monde par son début de campagne : il sépare les armées austro-sardes, lors des batailles de Montenotte et Mondovi, et contraint cette dernière, forçant le royaume de Piémont-Sardaigne à signer l'armistice de Cherasco, le , puis le traité de Paris, le . Il trompe ensuite le général Beaulieu en franchissant, après un petit engagement au cours duquel le général Laharpe trouve la mort, le à Plaisance alors que le général autrichien l’attendait 80 km plus en amont, à Valenza. Beaulieu réussit néanmoins à éviter d’être tourné et à franchir l’Adda et la Mincio mais il doit abandonner Milan. Bonaparte borde alors l'Adda à hauteur de Pizzighetone mais les défenses ennemies sont trop puissantes à cet endroit-là. Il longe l'Adda vers le nord et parvient à Lodi. C'est ici qu'il trouve la faille dans le dispositif adverse : l’arrière-garde autrichienne, commandée par Sebottendorf, qui cherche à détruire le pont.

Information sur le champ de bataille

Lodi est situé sur la rive droite de l’Adda, un affluent du Pô. Devant les murs de la ville, des maisons de pêcheurs et une statue de Saint-Jean Népomucène font face au pont.

Dispositions des Autrichiens

Sebottendorf a ordre de rester à Lodi seulement 24 heures avec ses 10 000 hommes, puis se replier de nuit aussi sur Crema. Il dispose de : 12 bataillons (inclus un Italien, le 3e du régiment Belgioioso, IR Nr. 44) 14 canons et 16 escadrons (inclus 1 071 cavaliers de la 2e brigade napolitaine, commandés par Ruiz)[1],[2],[3] .

Il est installé sur la rive gauche où s’élèvent les levées de terre formant la digue. Il a rangé ses soldats sur deux lignes : 3 bataillons de croates au débouché du pont appuyés par 14 canons (6 pièces régimentaires de 3 livres des grenz, 6 pièces de 12 livres et 2 obusiers de 7 livres de la réserve) positionnés sur une langue d’alluvions au pied de la digue pouvant battre le pont, 5 autres, 100 pas en arrière. La cavalerie est positionnée à Fontana (1/2 h de marche de Lodi). Ce corps retranché derrière l'Adda, contrôle un pont de bois sans parapet, pas très large (de 6 à 8 mètres), long de 195 mètres, seul point de passage de la région.

3 bataillons sont détachés à Corte Palasio, à une lieue en aval, où se trouve un second passage (probablement un bac ou un gué). Le général Rosselmini avec 1 bataillon et 2 escadrons sont restés au-delà du pont, à Lodi, pour recueillir Wukassovitch qui rejoint avec son arrière-garde.

Ordre de batailles autrichiens[4]

Légendes :

LtG. = lieutenant général GEC = général en chef GdB. = général de brigade

MjG. = major général Cap. = capitaine GdD. = Général de division

Col. = colonel LtCol. = lieutenant colonel

Unité Eff. hist. notes
LtG. Sebottendorf – corps d'opération 9 455
Première ligne à Lodi  
MjG. Vukassovich – arrière-garde 2757
Rég. d'inf. – combiné du district de Carlstädt
__Bataillon "Liccaner-Grenzer" + Artillerie régimentaire 2 x 3 livres 480
__Bataillon "Ottocaner-Grenzer" + Artillerie régimentaire 2 x 3 livres 1 104
Rég. d'inf. – 1st "Warasdiner-Grenzer" / 2nd "Banater-Grenzer"
__bataillon de Grenz + Artillerie régimentaire 2 x 3 livres 510
Rég. d'inf. – Nadasdy
__1er bataillon de fusiliers 623
Artillerie
4 pièces de 12 livres de campagne  32
2 obusiers de 7 livres de campagne 8
Deuxième ligne à Lodi  
MjG. Roselmini – brigade d'infanterie 2 145
Rég. d'inf. – "Terzy"
__1er, 2e et 3e bataillon de fusiliers 1 212
Rég. d'inf. – 44e Belgioso
__2 cie du 3e bataillon de fusiliers 311
Rég. d'inf. – "Thurn"
__1er bataillon de fusiliers 622
Brigade de cavalerie 910
Rég. de cav. – 1er uhlans "Meszaros"
__2 escadrons 286
Rég. de cav. – 2e hussards "Erzherzog Joseph"
__4 escadrons 624
Détachement de  Fontana  
CdB. Ruiz – division de « cavalieri napoletani » 1 000
Rég. de cav. – Reggimenti Dragoni – "Principe"
__4 escadrons de dragons 500
Rég. de cav. – Reggimenti Dragoni – "Napoli"
__4 escadrons de dragons 500
Détachement de Corte di Palasio  
MjG.Nicolleti – brigade d'infanterie 2 310
Rég. d'inf. – "Strassoldo" – Major Strassoldo
__2e bataillon de fusiliers + Artillerie régimentaire 2 x 3 livres 920
__3e bataillon de fusiliers + Artillerie régimentaire 2 x 3 livres 599
Rég. d'inf. – "Grossherzog von Toscana"
__3e bataillon de fusiliers + Artillerie régimentaire 2 x 3 livres 755
Artillerie
6 pièces de 6 livres de campagne 36
Brigade de cavalerie 333
Rég. de cav. – 9e hussards "Erdödy"
__2 escadrons 333

Disposition des Français

Bataille du pont de Lodi, (musée de la Révolution française).

Le pont doit être pris intact car Bonaparte veut franchir l’Adda rapidement pour poursuivre le gros de l’armée autrichienne, commandée par le général Beaulieu, qui se replie sur Mantoue. Les batteries d’artillerie françaises sont placées de part et d’autre de la ville, tenant le pont sous leur feu afin d’empêcher l’ennemi de le détruire. En amont, la cavalerie traverse à gué pour attaquer la redoute et contraindre les Autrichiens à l’évacuer. L’instant choisi est celui où la colonne française, formée dans la rue principale de Lodi, progresse sur le pont[1],[2],[3].

Ordre de batailles français

Légendes :

LtG. = lieutenant général GEC = général en chef GdB. = général de brigade

MjG. = major général Cap. = capitaine GdD. = général de division

Col. = colonel LtCol. = lieutenant colonel CdB = chef de bataillon

Unité Eff. hist. notes
Bonaparte - GEC
GdD. Berthier – chef état-major
GdB. Dallemagne – avant-garde 2 952 Attaque par le pont
GdB. Gardanne – brigade d'infanterie 1 000
Rég. d'inf. – 1er bataillon de carabiniers réunis
__3 Cie de carabiniers de la 1re demi-brigade légère
__3 Cie de carabiniers de la 3e demi-brigade légère
Rég. d'inf. – 2e bataillon de carabiniers réunis - CdB. Dupas
__3 Cie de carabiniers de la 4e demi-brigade légère
__3 Cie de carabiniers de la 18e demi-brigade légère
GdB. Lanusse - brigade d'infanterie 976
Rég. d'inf. – 1er bataillon de grenadiers réunis
__3 Cie de grenadiers de la 21e demi-brigade
__3 Cie de grenadiers de la 84e demi-brigade
Rég. d'inf. - 2e bataillon de grenadiers réunis
__3 Cie de grenadiers de la 39e demi-brigade
__3 Cie de grenadiers de la 69e demi-brigade
GdB. Lannes – brigade d'infanterie 976
Rég. d'inf. – 3e bataillon de grenadiers réunis
__3 Cie de grenadiers de la 99e demi-brigade
__3 cie de grenadiers de la 70e demi-brigade
Rég. d'inf. – 4e bataillon de grenadiers réunis
__3 cie de grenadiers de la 19e demi-brigade
__3 cie de grenadiers de la 20e demi-brigade
Artillerie à cheval
2 pièces légères de 8 livres à cheval 21
GdB. Beaumon – 2e division de cavalerie 1 519 Passe l'Adda a gué par le Nord 
Rég. de cav. – 7e hussard
__4 escadrons  360
Rég. de cav. – 10e chasseurs
__4 escadrons  594
Rég. de cav. – 15e dragons
__4 escadrons  300
Rég. de cav. – 20e dragons
__4 escadrons  244
Artillerie à cheval
2 pièces légère de 8 livre à cheval 21
GdD. Massena – division d'infanterie 3 061  
GdB. Cervoni – brigade d'infanterie 1440 Suit le corps de Dallemagne
Rég. d'inf. – 8e demi-brigade légère – CdB. Destaing
__1er, 2e et 3e bataillons de la 8e demi-brigade légère 1 200
__3 cie de carabiniers de la 8e demi-brigade légère 240
GdB. x – Brigade d'inf. 921
Rég. d'inf. – 1er demi-brigade légère – CdB Fornesy arrive à la fin des combats, poursuit l'ennemi
__1er, 2e et 3e bataillons de la 1re demi-brigade légère 921
Artillerie de division 700
6 pièces légères de 3 livres de campagne 52
2 pièces légères de 3 livres de campagne 17
6 obusiers de 6 livres de campagne 50
Sapeurs du 5e bataillon 193
2e, 3e cie de sapeurs du 6e bataillon 236
7e cie de sapeurs du 6e bataillon 118
Artillerie attachée
2 pièces de 8 livres de campagne 21
Artillerie à cheval
2 pièces légères de 8 livres à cheval 13
GdD. Augereau – division d'infanterie 2 193  
GdB. Rusca – brigade d'infanterie 990 Attaque par le Sud
Rég. d'inf. – 4e demi-brigade légère allobroge
__1er, 2e et 3e bataillons de la légion des Allobroges 990
CdB. Dessaix – brigade d'infanterie 921 Suit le corps de Cervoni
Rég. d'inf. – 18e demi-brigade légère – CdB. Boyer
__1er, 2e et 3e bataillons de la 18e demi-brigade légère 921
Détachement de cavalerie 194
Rég. de cav. – 25e chasseurs 1 esc. par le pont, 1 par le Sud
__2 escadrons  194
Artillerie de division 88
6 pièces légères de 3 livres de campagne 52
Artillerie attachée
2 pièces de 8 livres de campagne 27
1 obusier de 6 livres de campagne 9

La bataille

Vers 9 h, à Zorlesco, les Français trouvent l’arrière-garde autrichienne. Ayant à combattre le bataillon aux portes de la ville, ils concluent de la présence même de ce bataillon que le pont ne devait pas être coupé. Vers 11 h, Vukassovich et le 2e bataillon de Carlstadt atteignent le pont de Lodi sans encombre. Le bataillon et les deux escadrons de la rive droite se retirèrent aussi, sans être serrés d’assez prêt pour que l’ennemi passât à leur suite. Vers 12 h, Bonaparte courut de sa personne jusqu’au débouché de ce pont, et fit aussitôt, sous le feu adverse, mettre en batterie deux pièces d’artillerie à cheval de son avant-garde à la droite du pont, le long de la rive (vraisemblablement un peu à couvert), afin d’empêcher d’éventuel travaux de destruction du pont par les sapeurs autrichiens. Dans le même temps, le bataillon autrichien Nadasky rejoint la première ligne.

Vue actuelle du lieu de la bataille (côté français). Le pont de 1796 a été détruit, et il se situait à 40 mètres à droite de l'actuel pont. On voit encore des traces de son commencement, en bord de rive.

N’ayant que l’avant-garde à sa disposition, Bonaparte attendit l’arrivée de renfort pour essayer de passer le pont. Vers 17 h, une canonnade violente commença de part et d’autre, car au fur et à mesure de l’arrivée des renforts (Masséna avec son avant-garde commandée par le général Cervoni), une batterie plus imposante de 28 canons fut constituée sous le chef de brigade Sugny, au pied du mur d’enceinte qui faisait face au pont et le long de la rive. Un feu nourri fut ouvert sur l’artillerie autrichienne, qui, entièrement découverte, paraît en avoir beaucoup souffert et fut contrainte de retirer ses pièces quelque peu en arrière pour échapper à des salves de mitrailles très efficaces.

Vers 18 h, Bonaparte résolut d’enlever le pont de vive force : il forme une colonne serrée avec ses grenadiers et carabiniers réunis, qu’il cache au plus près du débouché du pont. Les Savoyards sous les ordres du chef de bataillon Dupas, commandant le 2e de carabiniers (les deux bataillons des carabiniers réunis), reçoivent la mission d'être les premiers à franchir le pont. Le général en chef envoie également chercher un gué au sud, et Beaumont au nord, avec ses cavaliers qui doivent normalement déboucher dans deux heures à droite et à gauche des Autrichiens, forçant la décision.

Dès que le feu des batteries ennemies ralentit, la colonne d’infanterie s’ébranla sur le pont, soutenue par le feu de ces pièces et malgré le feu des canons adverses. Les Autrichiens retiennent leur feu puis tirent à mitraille sur les premiers qui s'engagent. Autour de Dupas, c'est un massacre, l'assaut se rompt. Voyant que ce coup d'arrêt peut tout perdre, les généraux réagissent, Masséna, Dallemagne, Lannes, Berthier et Cervoni, suivis par leurs aides de camp, se ruent en avant aux cris de « Vive la République ». Cette charge des chefs fait merveille. Passé le milieu du pont, des carabiniers savoyards et dauphinois remarquent que la profondeur du fleuve diminue d'un coup. Ils se glissent dans le flot et poursuivent l’attaque jusqu’au débouché du pont en hurlant. Au même moment, en quelques minutes, deux compagnies abordent l'autre rive par le pont. La première salve a couché de nombreux soldats, mais la fumée gêne les artilleurs autrichiens et ces derniers sont sabrés par les carabiniers du 2e bataillon alors qu'ils rechargent leurs pièces.

Entretemps, Beaumont passe un gué à Mozzanica (à une demi-lieue au nord de Lodi), mais la traversée du passage s'avère plus difficile que prévu, et Beaumont ne peut pas coopérer efficacement à l’attaque. La division Masséna suit les grenadiers : Cervoni a passé le pont. Joubert traverse et se porte à sa gauche. Augereau, qui arrive à son tour, se porte lui aussi sur le pont. Le 25e chasseurs à cheval passe sous le commandement du général Rusca. Une partie du régiment est chargé, de concert avec un corps d'infanterie légère, de se porter sur le pont de Lodi, tandis qu'un deuxième contingent galope jusqu'à l'Adda qui est passé à la nage, afin de couper la retraite de l'ennemi.

Le 25e chasseurs passa le pont le premier, immédiatement après les premières troupes d'infanterie, qui se sont dispersées à droite et à gauche dans le pays coupé. Le 25e chargea l'ennemi sur la grande route et lui prit plusieurs pièces de canon défendues par les hulans et hussards autrichiens qui, chargés à plusieurs reprises, furent obligés d'abandonner le terrain. Les chasseurs les poursuivirent et les tuèrent et prirent beaucoup de monde et de chevaux. Les deux lignes autrichiennes cèdent : les bataillons autrichiens sont repoussés sans peine et l’artillerie enlevée. La cavalerie autrichienne charge mais les Français lui opposent un mur de baïonnettes.

Sebottendorf rallie alors son infanterie à Fontana sous la protection de sa cavalerie et de la brigade Nicoletti. Les hussards du régiment Meszaros arrêtent l’avance de l’infanterie française. Les premières unités de Beaumont arrivées sur le flanc droit ennemi sont repoussées par les hussards hongrois. Un peu au sud, des éléments du 25e chasseurs à cheval passent tant bien que mal l’Adda à la nage. Les Napolitains chargent les éléments de la division Augereau qui était en train d’attaquer Cantonada. Vers 19 h, lors de leur repli au sud, les Napolitains se heurtent à la division Masséna qu’ils arrivent à contourner afin de poursuivre leur repli sur Benzona. La fatigue de l’infanterie empêche les Français de poursuivre[1],[2],[3].

Bilan

Les pertes françaises sont estimées de 500 à 900 hommes. Les Autrichiens se retirent en bon ordre (le régiment Terzy fait l’arrière-garde avec la cavalerie) sur Benzona, puis dans la nuit à Crema. Ils ont perdu 21 officiers, 2 015 hommes (dont 277 Napolitains), 235 chevaux, 12 canons, 2 obusiers et 30 caissons.

Bonaparte entre à Milan, capitale de la Lombardie, quelques jours plus tard. Après avoir conquis le Piémont, l’armée française s’empare de la Lombardie, et élimine une armée de l'empereur d'Autriche.

Hommages

Notes et références

Notes
    Références
    1. Fabry, Campagne de l'armée d'Italie.
    2. Clausewitz, La Campagne d’Italie.
    3. Rapports historiques des régiments de l'armée d'Italie.
    4. (en) Nafziger, OOB de 1796-04-24_Austrian Army_796DAI.

      Bibliographie

      • Mémoire sur la campagne de 1796 en Italie de Fabry.
      • Campagne d'Italie de 1796 de Fabry.
      • Correspondance de Bonaparte.
      • Correspondance inédite et officielle de Bonaparte.
      • Rapports historiques des régiments de l'armée d'Italie.
      • Mémoire de Marmont.
      • Mémoires_de_Massena.
      • Clausewitz, La Campagne de 1796.

      Liens externes

      Jeux vidéo

      Bataille de Lodi, Napoleon: Total War de Sega (2010).

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